Analyse du scrutin remporté par la Ligue de Salvini en Ombrie, fief historique de la gauche, par Christophe Bouillaud pour FigaroVox :
“Avec 37 % des voix exprimées pour la Ligue lors des élections régionales anticipées en Ombrie, le parti de Matteo Salvini confirme son statut de premier parti italien sur le plan électoral.
Ce score, inattendu par son ampleur dans une région du centre de l’Italie où, encore au début des années 2000, la Ligue du Nord faisait des scores proches de zéro, confirme les sondages nationaux qui mettent la Ligue nettement au-dessus des 30 % des suffrages. En 2015, lors des précédentes élections régionales, la Ligue était déjà le premier parti de la droite locale, mais avec seulement 14 % des voix. Le camp de la droite réunifiée à l’occasion de ces régionales porte sa candidate à pas moins de 57 % des suffrages exprimés en sa faveur. Pour la première fois, la droite est devenue nettement majoritaire dans cette désormais ancienne «région rouge» du centre de l’Italie. C’est vraiment une victoire par K.O.(…)
Il est à supposer que les électeurs vivant en périphérie des grandes agglomérations sont plutôt des électeurs populaires et qu’ils ont donc basculé du côté de la Ligue et de ses alliés. De toute façon, vu le score de la candidate de la droite (57 %), il est nécessaire qu’une grande partie de l’électorat populaire ait basculé dans sa direction.
Sur un plan plus général, comme lors des élections politiques de mars 2018, les bons scores de la Ligue tiennent à sa capacité à mobiliser à son profit une grande partie de l’électorat populaire (…)
Pour des raisons nationales, le PD et le M5S se sont alliés dans l’espoir de garder la région. Une partie des électeurs attentifs aux affaires locales a donc pu trouver l’affaire saumâtre et a pu se décider à aller voter pour faire le ménage à la région Ombrie. D’autre part, il ne faut pas négliger les efforts accomplis par Matteo Salvini pour faire de cette élection régionale un test national. Bêtement, acceptant le défi posé par le perdant de cet été, le PD et le M5S ont tenté de lui répondre en s’alliant pour cette élection régionale, sans que cela soit préparé en aucune façon par un rapprochement des deux partis à la base. Du coup, il est probable qu’une partie des électeurs de cette petite région qu’est l’Ombrie, où il ne se passe rien d’habitude, aient décidé d’aller voter pour donner une leçon de vie au gouvernement national (…)
Salvini efface par cette victoire éclatante en Ombrie l’impression de flottement dans sa stratégie depuis cet été. Il est désormais le leader incontesté de la coalition des droites italiennes. La manifestation unitaire tenue à Rome le samedi 19 octobre avait déjà marqué ce nouveau statut, puisque Silvio Berlusconi s’y était finalement ralliée.
Par ailleurs, le gouvernement Conte II se trouve à des bas niveaux de confiance dans l’électorat italien, avec plus de 57 % d’insatisfaits et seulement 30 % de satisfaits (…)”