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L'Eglise : L'Eglise en France

Sur la fraternité chrétienne pour la coexistence commune dans l’Eglise…

Sur la fraternité chrétienne pour la coexistence commune dans l’Eglise…

La Congrégation pour la doctrine de la foi avait demandé en avril 2020 à tous les évêques du monde de lui envoyer un rapport sur la situation de la messe traditionnelle dans leurs diocèses. Pour ce qui concerne la France, ce rapport vient d’être envoyé sous la forme d’une synthèse compilée sous l’égide de la Conférence des évêques de France (CEF), utilisant le poétique acronyme FERR, soit « forme extraordinaire du rite romain ».

Deux articles de tonalité assez parallèle ont été tout récemment publiés à ce sujet. Le premier l’a été le 19 janvier sur le blog de M.Yves Daoudal et s’intitule abruptement : « Le soviet CEF et la messe ». Son premier objet est de s’élever contre une procédure jugée hérétique :

« Lorsque Rome demande un rapport à un évêque, l’évêque doit rendre à Rome son rapport, et non à un soviet national qui le mixera avec les autres (ou fera semblant), et qui fait donc écran entre Rome et les évêques ».

Le deuxième, plus étoffé, a été publié le 20 janvier par le Salon beige. Rédigé par M.Cyril Farret d’Astiès (qui vient de faire paraître Un heureux anniversaire ? essai sur les 50 ans du missel de Paul VI), il éreinte également la tonalité assez générale donnée à ce rapport marquée par un sentiment prégnant de condescendance bureaucratique qu’il associe, comme M.Daoudal, à

« cette morgue si typique de la CEF dont on ne dira jamais assez combien elle n’est qu’un organe administratif, centralisateur, technocratique et bureaucratique qui ne remplace aucunement la charge de chaque pasteur, de chaque évêque, de paître le troupeau que nous sommes et envers qui nous ne négocions pas notre piété filiale ».

Extrait de sa critique du texte :

« Quel fourre-tout indescriptible ! Ce document mêle sentiments, avis personnels, chiffres, hypothèses sans que l’on puisse démêler et identifier les réponses brutes des évêques. Aucune méthode n’est clairement définie quand bien même de pseudo-synthèses sont censées donner à la Congrégation pour la doctrine de la foi les réponses collectives pour la France. On assène ainsi sans aucun début de commencement de preuve que dans les messes célébrées en forme extraordinaire les « prédications sont médiocres », que les communautés ecclésiales font preuve d’une « faible dimension missionnaire », qu’on y manque « d’union des cœurs », qu’on se désintéresse de l’Esprit-Saint ; que l’on y manque de vertus théologales ; qu’on y fait preuve de « subjectivisme et d’individualisme » ; que ces groupes sont « marqués sociologiquement » ; qu’il s’agit d’une jeunesse « fragile et identitaire » ; que pour beaucoup de fidèles la vie chrétienne « se résume à la pratique dominicale » ; on juge la formation théologique des prêtres des communautés traditionnelles et on se méfie a priori de leur obéissance (mais à qui ou à quoi on ne le précise pas)… ».

Voilà, pour juger sur pièces, tout d’abord des extraits de la (longue) liste des « aspects négatifs » (il y en a trente de recensés) relevés dans le document en réponse à la question n°3 « Quels sont, selon vous, les aspects positifs et les aspects négatifs de l’usage de la forme extraordinaire ? » :

  • Groupe en milieu fermé ; isolé ; repli sur soi ; entre-soi. Subjectivisme et individualisme
  • Pas de participation à la vie diocésaine.
  • Accès limité à la Parole de Dieu.
  • L’Esprit Saint est peu mentionné
  • Lire son missel bilingue ne favorise pas une union des cœurs
  • Les fidèles de la FERR sont marqués par une vision singulière du mopnde et par un choix politique (forte influence monarchique). Groupe marqué sociologiquement, souvent intransigeant.
  • La pauvreté des prédications.
  • Faible dimension missionnaire.

Voilà ensuite cette réaffirmation d’une faiblesse de la dimension missionnaire dans la réponse à la question n°9 (« Treize ans après le motu proprio Summorum Pontificum, quel conseil donneriez-vous au sujet de la forme extraordinaire du Rite romain ? ») caractérisée par la recommandation qui-ne-mange-pas-de-pain : « remédier à la faiblesse du dynamisme missionnaire des communautés ecclésiales célébrant selon la FERR », avec les commentaires suivants :

« Pour beaucoup de fidèles pratiquant en forme extraordinaire, la vie chrétienne se résume à la pratique dominicale sans autre formation spirituelle ou théologique. Nous sommes loin de la conception de disciple missionnaire du pape François… Points d’attention : être vigilant à ne pas étendre la FERR pour ne pas induire une compréhension erronée de la place de cette forme qui en viendrait à être considérée comme un rite. La jeunesse fragile et identitaire est facilement fascinée par la FERR. Elle est confortée dans sa fièvre obsidionale par des prédications médiocres et des réseaux sociaux appauvrissant la réflexion et confortant chaque jeune dans ses idées, voire ses excès ».

Et le document (page 10 sur 24) de terminer en synthèse par :

« La publication du Motu proprio manifeste une intention louable mais qui ne porte pas les fruits attendus. Si elle honore un principe de réalité, un inlassable travail d’unité apparaît toujours nécessaire. Des méfiances réciproques stérilisantes demeurent ».

Cette lecture est cependant ensuite enrichie par M.Cyril Farret d’Astiès dans le même article au nom de ce qu’il appelle Pouvoir à bon droit inverser l’enquête, en posant une question sur la responsabilité des réformateurs des années 60 :

« Le cardinal Sarah s’inquiète d’une Église qui s’apparente à celle du Vendredi Saint, quand doute, trahison, fuite et mort s’abattaient sur la petite communauté. D’où vient cette tempête ? Ce cataclysme ? Cette déchristianisation ? Mais d’où vient donc ce relativisme qui parcourt l’institution bi-millénaire ? Pourquoi tant de troubles dans la formulation de la foi en l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne ?… / … La volonté des réformateurs des années 60 de transformer le missel pour rendre plus manifestes les aspects — bien réels en soi mais non essentiels — communautaire et participatif n’a-t-elle pas conduit à une célébration autocentrée et horizontale qui, perdant de vue le caractère essentiel de la présence réelle sous les apparences du pain et du vin, finit de nos jours par ne plus voir qu’une présence spirituelle promise à ceux qui se réunissent au nom du Christ et partagent en mémoire de la Cène les symboles du pain et du vin ? ».

Nous voudrions juste compléter ces deux articles par une référence et une réflexion.

La référence ? Un extrait qui semble approprié du livre d’entretien de Joseph, cardinal Ratzinger avec le journaliste Vittorio Messori, intitulé Entretien sur la foi et publié en 1985 (Mgr Ratzinger est alors le président de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi). L’extrait provient du sous-chapitre intitulé Le problème des Conférences épiscopales (page 65) :

« Le Concile voulait justement renforcer le rôle et la responsabilité de l’évêque [dont il est rappelé qu’il est le successeur des Apôtres, qu’il détient la plénitude du sacerdoce, est le maître authentique de la doctrine chrétienne, jouit d’une autorité propre, ordinaire et immédiate sur l’Eglise qui lui est confiée] ».

Mais, remarque Mgr Ratzinger,

« la nette remise en valeur du rôle de l’évêque s’est en réalité atténuée, au risque même de se trouver étouffée par l’intégration des évêques à des conférences épiscopales de plus en plus organisées, dotées de structures bureaucratiques souvent lourdes. Nous ne devons pas oublier que les conférences épiscopales n’ont pas de base théologique, elles ne font pas partie de la structure irréfragable de l’Eglise telle que l’a voulue le Christ : elles n’ont qu’une fonction pratique et concrète » (p.66/67).

La réflexion ? Serait-il possible d’avoir au sein de l’Eglise a minima le même niveau de fraternité que celui exprimé (si lourdement) par le pape François à l’égard du grand imam de l’université cairote d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, avec lequel il a signé à Abou Dabi en février 2019 un Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune ?

Et puis après tout, voilà le dernier tweet figurant sur le compte officiel du Pape, en ce 2 janvier :

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7 commentaires

  1. Jerelève une phrase, car je n’en peux plus de lire ces horreurs… ‘Points d’attention : être vigilant à ne pas étendre la FERR pour ne pas induire une compréhension erronée de la place de cette forme qui en viendrait à être considérée comme un rite.’

    Excellent !!! Les cons, ça ose tout !

    Il y avait la question de ‘l’être et le néant’, mais auj. on est au bout : néantisation ! L’être n’existe plus… Dissolution !

    Bizarement, M Maffesoli a mis en avant sa conception de la ‘saturation’…

    Mais q’attent-on pour leur botter le cul à ces types et au revoir !!!

  2. Mon Dieu que de souffrances! Ceux qui se dévouent dans le silence pour transcender la forme ordinaire via le latin et le chant grégorien sont totalement ignorés, écrasés du pîed comme de vulgaires cafards, c’est du moins ce qu’ils peuvent ressentir. On veut que la CEF nous montre une fraternité non cléricale mais bienréelle.

  3. …….Suite: Ce que nous essayons de faire depuis plus de 10 ans c’est de créer un pont entre les deux formes le FERR et le FORR pour reprendre leurs abréviations. Nous sommes donc ballottés au gré des humeurs mais uniquement par les FORRiens chez qui nous sommes au mieux des “intermittents”. Que faut-il en conclure? Chanter en forme extraordinaire ne présente pour nous aucune difficulté. Nous le faisons de temps à autre mais le quotidien du grégorien en paroisse rencontre très peu de fraternité cléricale chez les FORR. Que faut-il en conclure?

  4. “Nous sommes loin de la conception de disciple missionnaire du pape François…”
    Heuh!
    J’avais cru comprendre qu’un catholique est un disciple du Christ?
    Je découvre avec stupéfaction que c’est le Pape François dont je suis supposée aujourd’hui être disciple !!!
    Mais c’est peut-être seulement un malentendu résultant d’une formulation ambigüe, et que j’aurais dû lire “disciple missionnaire, conception que le Pape François rappelle régulièrement”???
    Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement … (non, ce n’est pas un propos du Pape François, ni du rapporteur de la CEF, d’ailleurs).

  5. Je relève, entre autres mensonges, bizarreries et expressions de rancœurs rancies, la mention “pauvreté des prédications” au passif de la “FERR” … Si je n’avais les lèvres gercées, je m’esclafferais d’un bon rire gras, on lit rarement une telle contrevérité.
    On peut constater également que la FSSPX reste l’abomination suprême, l’ultime référence négative pour ces bons évêques pratiquant une fraternité exemplaire.
    Comme disait avec humour un lecteur du SB dans un forum, tout cela disparaîtra dans les EHPAD.

  6. “Etre vigilants à ne pas étendre la FERR” … Qu’ils ne s’inquiètent surtout pas, nous on va se charger de l’étendre !

  7. Né à Lyon, j’ai appris tout petit la prière pour l’Unité des Chrétiens, écrite par l’Abbé Couturier. Papa, qui était administrateur de l’association “Unité Chrétienne”, nous la faisait réciter tous les soirs de la Semaine pour l’unité des Chrétiens :
    “Seigneur Jésus,
    qui à la veille de mourir pour nous,
    as prié pour que tous tes disciples
    soient parfaitement un,
    comme toi en ton Père,
    et ton Père en toi,
    Fais-nous ressentir douloureusement
    l’infidélité de notre désunion.
    Donne-nous la loyauté de reconnaître
    et le courage de rejeter
    ce qui se cache en nous
    d’indifférence, de méfiance,
    et même d’hostilité mutuelle.
    Accorde-nous de nous rencontrer tous en toi,
    afin que, de nos âmes et de nos lèvres,
    monte incessamment ta prière
    pour l’unité des chrétiens,
    telle que tu la veux,
    par les moyens que tu veux.
    En toi, qui es la charité parfaite,
    fais-nous trouver la voie
    qui conduit à l’unité,
    dans l’obéissance à ton amour
    et à ta vérité.”

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