Guillaume Bernard analyse la crise à l'UMP. Extraits :
"[…] À l’évidence, François Fillon n’entend pas subir
la même destinée que Ségolène Royal, qui, après avoir perdu la direction
du PS, n’a jamais réussi à rattraper son retard dans la course à la
candidature pour la présidence de la République. Tous savent que celui qui conserve la "marque" (connue des électeurs
et pourvoyeuse de la plus grande part du financement public des partis)
sort généralement vainqueur de l’affrontement. […] Bien entendu, il s’agit de compter ses soutiens et de disposer d’un
financement public (les parlementaires ayant jusqu’au 30 novembre pour
déclarer leur rattachement partisan, cela explique la précipitation de
cette création). Cela lui permettra de peser. […]Car
derrière une crise interne de légalité pour le contrôle de l’appareil
s’en profile une seconde portant sur la ligne politique. La dureté des conflits internes à l’UMP ne peut être comprise sans
prendre en considération les résultats des motions. Le camp qui assume
et revendique un discours "droitier" est sorti largement vainqueur
de la consultation des militants : la Droite forte et la Droite
populaire atteignent, à elles deux, près de 40% des suffrages. Les
autres courants arrivent assez loin derrière. Conséquence ? […]La crise légale à l’UMP révèle au grand jour une distorsion entre les
aspirations de nombre des militants et les orientations de bien de
leurs leaders et élus : tous les éléments sont réunis pour voir émerger
une "conscience de droite". Cette crise n’est pas seulement
circonstancielle : elle est bien plus profonde car elle touche à la
légitimité pour incarner une tendance politique. L’UMP se retrouve confrontée à ce que j’appelle le "mouvement
dextrogyre" (devant être différencié d’une simple "droitisation"
consistant en une radicalisation des idées de droite). Pendant deux
siècles, jusqu’à la chute du mur de Berlin, la vie politique a été
marquée par le "sinistrisme" (Albert Thibaudet) : les nouveaux courants
sont apparus par la gauche de l’échiquier politique et ont repoussé, sur
la droite, les tendances nées auparavant. C’est ainsi que, par exemple,
le radicalisme est passé de l’extrême-gauche au centre. Désormais,
l’offensive intellectuelle vient par la droite.Le "mouvement dextrogyre" […] est la conséquence de phénomènes historiques de fond qui
dépassent très largement les personnes et les organisations : pour
résumer, il est le résultat, d’une part, de l’effondrement du bloc
soviétique et, d’autre part, des défaillances de la mondialisation. […] Le "mouvement dextrogyre" exerce une pression de droite vers la
gauche. Tout l’échiquier politique en est marqué : effondrement du Parti
communiste, qui ne doit sa survie qu’à son entrée dans un conglomérat
de gauche extrême, basculement du Modem du centre-droit au
centre-gauche. Alors que la droite s’était longtemps crue contrainte
d’être libérale (par opposition au bloc de l’Est), elle retrouve sa
veine sociale et son penchant pour un État fort et protecteur (même s’il
est restreint aux fonctions dites régaliennes). […] La droite modérée n’échappe pas à ce phénomène. Mais, si une grande
partie de la base semble prête à accompagner ce mouvement des idées, les
cadres y sont nettement plus rétifs. Le "mouvement dextrogyre"
contraint les leaders de la droite gouvernementale soit à revoir leur
discours (pour rester à droite), soit à envisager un repositionnement
sur l’échiquier politique (en glissant vers le centre)."
PK
Amusant de voir comment une analyse d’un journal lui-même à gauche reprend la rhétorique connue sur la Révolution (en prenant soin de changer le vocabulaire) :
La Révolution évolue continuellement vers la gauche. Et chaque victoire (entendre conquête) de la gauche ne saurait être remis en question.
Mais ici, on prend soin de ne pas évoquer la cause… Ignorance ? Incompétence ? Complaisance ou pire ?
De toute façon, la guerre des chefs à l’UMP masque surtout une ambition électorale : cela fait longtemps que la droite n’est plus une droite.
La seule entité qui ait vraiment un programme est la gauche… et elle l’applique. La droite n’en a pas pour la simple raison qu’elle n’a pas d’idéal à défendre (à part sa gamelle, ce qui fait un peu court, intellectuellement parlant).
On pourra toujours essayer de faire une alliance à droite et quand bien même on obtiendrait un front uni du MODEM à FN que la donne ne changerait pas au final : ce n’est pas en additionnant des néants qu’on obtient du concret !
Le vrai défi de la droite aujourd’hui est dans les idées. Qu’on commence par là et le reste suivra.
Heureusement qu’il y a les catholiques pour montrer le cap sinon on pourrait désespérer (quoi qu’en dise Maurras !).
Guillaume
La ligne ou la posture ?