Alain Juppé a jeté l'éponge hier soir, estimant que les
conditions de sa médiation pour la présidence de l'UMP entre
Jean-François Copé et François Fillon n'étaient pas réunies. Jean-François Copé s'est exprimé, répétant qu'il attendait la décision de
la commission des recours. François Fillon a
décidé de saisir la justice. La commission des recours de l'UMP devrait statuer dans la journée lundi.
Proche de François Fillon, le député Lionel Tardy
souhaite la constitution d'un groupe indépendant à l'Assemblée.
"Quinze
parlementaires suffisent, mais croyez-moi, après avoir parlé à plusieurs
collègues, il y aura du monde! Tous les ingrédients sont réunis pour une scission de l'UMP".
Hasard du calendrier (?), les parlementaires ont jusqu'à vendredi pour déclarer leur rattachement à un parti politique :
"Dans le système de financement public des partis politiques, il y a
deux tranches. La première est basée sur le nombre de voix obtenue aux
élections (dans un mix compliqué entre élections législatives et
régionales). Si un parti dépasse un certain seuil (50 candidats ayant
fait au moins 1% des voix, avec des dérogations pour l'outre-Mer) il est
admis au bénéfice du financement public, et touche quelque chose comme
1,70 euros par voix obtenue au premier tour des législatives. C'est ce
qui explique l'inflation des candidatures, parfois complètement
fantaisistes, au premier tour des législatives. Vient ensuite la
deuxième tranche, ouverte uniquement aux formations bénéficiant de la
première tranche. Elle permet aux formations de toucher 42 000 euros par
parlementaire qui déclare se rattacher à elle. Tous les ans, les
parlementaires ont une feuille à remplir, où ils inscrivent la formation
(dans la liste limitative de ceux qui ont obtenu la première tranche)
qui bénéficiera de leur rattachement."
Les parlementaires ont jusqu'à vendredi pour faire cette déclaration…
Le groupe des 194 députés UMP est-il menacé de scission ? Christian Jacob donne
rendez-vous aux députés UMP mardi pour une explication au
bureau, puis au groupe. L'ancien ministre Dominique
Bussereau, pro-Fillon, se dit «très hésitant». Proche de Xavier Bertrand, Gérald
Darmanin n'a à l'inverse aucune hésitation: «J'ai soutenu Fillon. Je ne
le rejoindrai pas dans un groupe séparé.» L'ancien ministre François
Baroin, pro-fillon, dément la rumeur selon laquelle il tenterait de
former un groupe.
PG
Nicolas SARKOZY porte une énorme responsabilité dans cette situation. Elu sur une ligne droitière, qualifiée de ”à la Buisson” en 2007, il n’y est revenu qu’en fin de campagne électorale en 2012, gouvernant durant 5 ans avec le centre droit FILLON tout en pratiquant l’ouverture à des ministres de gauche, et laissant J-F COPPE en marge : il a ainsi laissé prospérer au sein de l’UMP toutes les ambiguïtés. Pris maintenant comme JUPPE et VILLEPIN jadis dans des affaires politico financières, il ne peut jouer officiellement les juges de paix, et cela signe son effacement au moins provisoire de la scène politique. L’UMP est devenue la nef des fous : plus personne n’a suffisamment d’autorité morale pour mettre fin à cette désagrégation : cet édifice artificiel, né au forceps contre l’UDF, va retrouver sa véritable dimension, celle du gaullisme UNR-RPR, 18 à 22 % des voix, le score de J CHIRAC au premier tour de la présidentielle de 2002.