De Guillaume Bernard, maître de conférences, dans L’Etudiant libre:
Apparemment, les mesures gouvernementales annoncées pour le vendredi 24 avril ne devraient pas changer grand-chose à la situation depuis le début du confinement général. Les lieux de cultes sont autorisés à rester ouverts mais avec interdiction d’y tenir des réunions, hormis le cas des funérailles ne pouvant rassembler qu’un maximum de vingt personnes. (1)
L’incohérence (pour le moins), l’indécence (en fait) des dispositions de l’Exécutif durent depuis le commencement de cette mesure – inédite, semble-t-il, dans l’histoire de l’humanité – de surveillance administrative systématisée. Car, il est incompréhensible que des rassemblements jusqu’à cent personnes soient possibles (2), mais pas la célébration de la messe. Est-ce à dire que le coronavirus serait plus susceptible de se propager dans une église que dans les queues à l’entrée et aux caisses des supermarchés?
Il ne faut donc pas s’y tromper. Si la messe devait rester prohibée après le 11 mai, date annoncée de la levée du « grand renfermement » généralisé, le scandale ne ferait que perdurer ; il ne serait pas nouveau, bien qu’accru en comparaison avec les activités susceptibles d’être libéralisées (réouverture des institutions scolaires, redéploiement des transports en commun).
En fait, cette intolérable atteinte à la liberté du culte permet une triple révélation (pouvant être salvatrice) : sur l’idéologie du pouvoir, le ressort du lien social et l’état interne de l’Église.
La politique gouvernementale montre à quel point la laïcité est impropre à assurer des relations paisibles entre le spirituel et le temporel, à réaliser la concorde entre l’Église et l’État. […]
Outre qu’il [le gouvernement] ne comprend pas (ou se refuse à comprendre) que la messe n’est pas un culte parmi d’autres parce qu’elle est le renouvellement non-sanglant du sacrifice du Christ et qu’elle met en présence le célébrant (configuré au Christ) et les fidèles en présence de Dieu, réellement présent dans l’hostie consacrée, le fait que le Gouvernement ait considéré que la pratique du culte n’était pas indispensable, vitale pour les hommes, illustre clairement – si tant est qu’il était besoin d’en avoir la preuve – le matérialisme sous-jacent à l’actuel régime.
Or, ses limites sont désormais palpables : d’une part, sa tolérance (vis-à-vis de la spiritualité) n’est que de façade et, d’autre part, son incapacité à répondre au besoin d’un homme complet fait d’un corps et d’une âme (dont les chrétiens pensent qu’elle est immortelle) est concrètement constatable. Le matérialisme ne remplit pas le vide qu’il entraîne en prétendant évincer le religieux. Et la nature humaine a horreur du vide !
Personne n’est obligé d’être croyant (liberté au for interne) et pratiquant (liberté au for externe), mais que ceux qui ne le sont pas ne contraignent pas les autres à n’être que des bêtes sauvages. Ils abuseraient de leur pouvoir. Il y aurait, là, une flagrante atteinte à l’authentique liberté de religion, celle de l’Église de proposer sans contrariété son enseignement à chacun et à tous.
La docilité (pour ne pas dire, par courtoisie, la couardise) a ses limites. L’obéissance n’est qu’un moyen et non une fin. De même qu’une loi n’est loi qu’à la condition d’être conforme à l’ordre des choses, l’obéissance n’a de valeur que si elle est ordonnée au bien. Il s’avère que la crise sanitaire réactualise une tension doctrinale au sein de l’Église.
Mais, contrairement à ce qui pourrait être pensé, la ligne de démarcation ne passe pas entre « traditionnalistes » et « conciliaires » (on trouve des ecclésiastiques et des fidèles… dociles… au sein des deux tendances liturgiques) mais entre catholiques convaincus et mondains, entre catholiques « zélés » et « politiques » (pour reprendre la distinction qui avait cours au second XVIe siècle) entre prêtres « réfractaires » et « jureurs » (pour faire allusion aux événements révolutionnaires).
Les tenants du régime doivent bien se rendre compte que les mesures qu’ils prennent sont en train d’ouvertement réactiver une offensive (qui était devenue larvée mais n’en était pas moins toujours bien réelle) menée par le laïcisme, le matérialisme et le légalisme contre le catholicisme. Et, dans ce nouvel épisode des guerres de religion(s), il y a bien un agresseur et un agressé.
DUPORT
Désolé mais nous ne sommes pas dociles aux consignes du gouvernement mais à celles de nos Évêques !
Sans quoi nous aurions des messes un peu partout que cela plaise ou non au gouvernement.
venara
Les églises sont ouvertes et semble-t-il accessibles à tous.
Théoriquement je peux donc aller me recueillir devant le Saint-Sacrement …. mais le cas n’est pas prévu sur mon laisser-passer … pardon sur l’attestation de déplacement dérogatoire !
???????
mouette
On va voir la suite … on va bien voir si les évêques vont véritablement “aboyer” … dans le désert ?