Réaction de "Soulager mais pas tuer" :
"Soulager mais pas tuer" réagit à l'examen par la commission des Affaires sociales de la proposition de loi Claeys-Leonetti sur la Fin de vie.
Comme nous l’avons souligné, son texte, dangereux par son ambiguïté, vient déséquilibrer une loi précieuse qui avait été votée à l’unanimité en 2005 et qui devrait être mieux enseignée, mieux connue et mieux appliquée.
Nous contestons 3 dispositions de cette proposition de loi :
- L’instauration d’un prétendu droit à "la sédation profonde et continue jusqu’au décès" dans des conditions que le texte voté en commission exprime de façon particulièrement flou, au point que, dans nombre de cas, il ouvre la porte à des euthanasies déguisées, tout en privant les soignants de leur objection de conscience. Comme l’ont souligné de nombreux médecins, les notions de « court terme, de maintien artificiel de la vie » et de « prolongation inutile » de cette dernière sont sujettes à de multiples interprétations qui sortent du domaine de la médecine.
- La transformation des directives anticipées en directives contraignantes qui inverse la relation soignants-soignés en laissant entendre que le médecin devrait devenir l’exécuteur de prescriptions exprimées dans un document qui pourrait être très ancien, et donc inadapté à la situation réelle. Outre qu’elle méconnait les exigences de la mission soignante qui est de prendre soin de la santé d’un patient grâce à des compétences techniques qui relèvent de la compétence médicale, cette évolution tend à déresponsabiliser les praticiens tout en attribuant une valeur quasi absolue à la parole de patients qui n’ont ni leur expertise, ni leur recul.
- Enfin l’affirmation selon laquelle l’alimentation et l’hydratation artificielles sont exclusivement des traitements ouvre la porte à certains arrêts d’alimentation ou d’hydratation, non plus dictés par le bien-être du patient, mais par l’intention de provoquer sa mort, notamment quand a été pratiquée à cette fin une sédation terminale.
Même si le texte voté en commission prend soin de ne pas valider l’euthanasie, "Soulager mais pas tuer" tient à souligner la menace qu’il contient et appelle les députés à préciser explicitement que cette loi récuse toute administration délibérée de la mort quel qu’en soit le moyen.
Le mouvement se tient prêt à mobiliser largement si la menace euthanasique se précisait ou s’amplifiait.
Ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie – mais des traitements antidouleur et un accompagnement adaptés à chacun.
Regroupant des soignants, des personnes handicapées ou âgées, des professionnels du grand âge et d’autres citoyens usagers du système santé, tous concernés par la protection des personnes les plus vulnérables, le mouvement unitaire "Soulager mais pas tuer" est soutenu par une dizaine d’associations et parrainé par Philippe Pozzo di Borgo, à l’origine du film Intouchables. Il demande le maintien de l’interdit de tuer, fondement de la confiance entre soignants et soignés, et la mise en œuvre par les pouvoirs publics d’un plan de développement des soins palliatifs sur tout le territoire pour soulager et accompagner les personnes dans le respect de leur dignité."