De Laurent Dandrieu dans Valeurs Actuelles :
"Un échafaudage de chantier noyé sous un flot constamment renouvelé de
mousse de produit vaisselle : ce n’est pas un accident industriel, mais
Bouquet final de Michel Blazy, “œuvre” que l’on pouvait
découvrir jusqu’au 15 juillet dernier au Collège des Bernardins, un lieu
créé par le diocèse de Paris dans le but de dialoguer avec la
modernité.En fournissant un parfait exemple de ce que l’art contemporain offre
de plus creux, de plus prétentieux et de plus nul, l’installation de
Michel Blazy, qui se veut une réflexion sur la fragilité et la brièveté
de la vie, prouve une nouvelle fois que la conception qu’ont du dialogue
certains cercles de l’Église ressemble furieusement à ce qu’on appelle
dans d’autres institutions une capitulation en rase campagne.Ce
“dialogue” à sens unique, qui a conduit à l’invasion progressive des
églises et des sacristies par des œuvres non seulement étrangères au
message chrétien, mais souvent attachées à le détourner ou à le
subvertir, […] ce qui est en jeu, c’est la fidélité de l’Église à sa mission de
signe de contradiction et rien de moins que sa volonté de défendre sa
vision du sacré face à la conception frelatée dont toute une partie de
l’art contemporain s’est faite porteuse. […] Dans le cadre des conférences de carême 2008, le
ponte de l’art contemporain Jean de Loisy s’était fait une joie de
citer sous les voûtes de Notre-Dame de Paris un texte d’Allen Ginsberg
proclamant que « tout est sacré », y compris, Dieu nous pardonne, « la queue et le trou du cul » :
dire que tout est sacré, c’est naturellement proclamer que plus rien ne
l’est. […]Au nom de l’accueil de la modernité ou par passivité devant les
pressions de l’État, l’Église a trop souvent écarté les artistes
chrétiens ou défendant une conception classique de la beauté pour
laisser la place aux tenants d’un nihilisme désespéré, trop contents
d’occuper un terrain qu’on leur abandonne : « Aujourd’hui, dit l’auteur de la pièce à scandale Sur le concept du visage du fils de Dieu, Romeo Castellucci, la religion a perdu sa capacité de poser des questions et l’art a pris sa place. » Il
est grand temps que les chrétiens prennent enfin conscience que, dans
l’art également, le combat fait rage entre la culture de vie et la
culture de mort."