Dans Valeurs Actuelles, l’abbé Danziec publie sa lettre ouverte au ministre de l’Intérieur :
[…] Alors, pourquoi prendre ma plume Monsieur le Ministre ? Je vous rassure tout de suite : en aucun cas pour vous demander, à partir du 11 mai et du déconfinement, le droit de célébrer la messe dans mon église en présence des fidèles qui voudraient y assister.
Vous en demander le droit ? Le droit ? Non merci ! Depuis de nombreuses années, l’habitude a été prise de s’adresser en haut lieu au nom de prétendus droits. Telle minorité réclame le droit à la diversité. Telle catégorie invoque le droit à l’enfant, telle autre le droit de l’empêcher de naître. Je ne me sens ni l’âme d’un syndicaliste en soutane, ni celle d’un révolté mal à l’aise avec son siècle. Je suis convaincu, du reste, que si l’Église ambitionne d’épouser son époque, elle risque fort de terminer veuve à la prochaine. Or je n’ai pas le goût du veuvage Monsieur le Ministre, j’ai simplement fait vœu de célibat.
En rédigeant cette lettre ouverte, je ne vous réclame rien. Je ne vous demande rien. Je n’implore pas votre mansuétude ou votre compréhension. Je me tourne vers vous, non pour faire valoir un droit mais mû par un devoir. Impérieux et grave. Le devoir de rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Le devoir de vous affirmer que l’assistance à la messe fonde la dignité de la personne baptisée, que l’Eucharistie est à la fois la source et le sommet de la vie chrétienne. Le devoir de vous dire qu’elle n’est pas d’abord un rassemblement de personnes mais une rencontre avec quelqu’un. Et que ce Quelqu’un, c’est Dieu lui-même. Le devoir enfin, de vous exprimer publiquement ma grande perplexité devant l’incohérence des décisions qui touchent l’après 11 mai et la liberté du culte public.
Depuis le mardi 17 mars, vous le savez, les catholiques français ont joué le jeu du confinement avec une loyauté parfaite. Un sacrifice immense a été consenti par des millions de croyants habitués à leur messe du dimanche. Je doute fort que vous mesuriez le prix qu’il nous en a coûté, vous qui aviez déjà du mal on s’en souvient à mesurer que Notre-Dame de Paris soit une cathédrale. Animés par un réel souci du bien commun, les fidèles des églises ont pourtant accepté de vivre la Semaine Sainte – le point d’orgue des célébrations annuelles – dans un dénuement liturgique total. Loin de s’apitoyer sur leur sort, un grand nombre de chrétiens engagés, de mères de familles, de jeunes de mouvements scouts, de communautés religieuses se sont mis au service de leur prochain en distribuant des repas dans les rues, en confectionnant des masques, en réalisant des blouses. Toujours gratuitement. Souvent discrètement. Généreux, priants, obéissants, prudents, gentils, les catholiques n’ont pas à rougir de leur comportement depuis le début du confinement. Mais soyons clairs Monsieur le Ministre, être bon ne commence pas par un « c ».
Alors que se dessinent peu à peu les mesures du décloisonnement, nous savons déjà qu’à partir du 11 mai prochain – étant entendus les gestes barrières – nous pourrons aller à l’école, prendre les transports en commun, participer de nouveau à l’activité économique du pays, faire de la trottinette, visiter des voisins, courir en forêt… Mais en revanche, aller à la messe nous serait interdit ? Et nous devrions rester cois, impassibles ? Les bons élèves seraient mis à la retenue et les catholiques auraient vocation à devenir les dindons d’une mauvaise farce ?
Devant tant d’incohérences, et d’injustices, il m’est difficile de ne pas voir de l’indécence. Comment ne pas s’indigner devant le mépris des éventuels appétits spirituels des hommes ? Ces derniers appartiendraient à la catégorie des besoins non essentiels. Il n’empêche Monsieur le Ministre, je suis prêtre, et dans une saine distinction des pouvoirs, je ne saurais me considérer comme membre d’une “Église Populaire hexagonale”. La liberté, l’égalité et la fraternité vous sont chères ? Sans que je les érige moi-même en dogmes, je suis prêt à les faire miennes pourvu seulement qu’elles soient vécues en vérité et non en Tartuffe.
La République parle de liberté ? Alors qu’un prêtre célébrait récemment sa messe dominicale en toute légalité, et conformément aux règles du confinement, des policiers armés se sont introduits dans son église pour y faire cesser la cérémonie. Et ce, en violation de la loi qu’ils prétendaient défendre. On a peine du reste à imaginer la même scène dans une mosquée à Colmar… Le dédain avec lequel sont traités les ministres du culte et leurs légitimes aspirations montre à quel point la laïcité républicaine s’est transformée irrésistiblement en un athéisme d’État, sournois puis menaçant.
La République nous parle d’égalité ? Les amendes à géométrie variable entre le jogger sur une plage et les rodéos dans les banlieues pouvaient déjà laisser pantois. Mais lorsque l’on constate que la police intervient dans les églises tandis que le préfet des Bouches-du-Rhône autorise la célébration du Ramadan entre voisins ou qu’une note interne appelle les policiers du Calvados à la retenue à l’endroit des musulmans, les bras nous en tombent. Certains verront une soumission de la République à l’Islam, liée à un rapport de force différent. Sans aller nécessairement jusque-là, il est au moins permis de voir, dans cette inégalité de traitement, l’aveu d’une injustice profonde. L’indifférentisme cultuel prôné par la République ne peut se départir de l’Histoire de France. Réduire une majorité déchue, le catholicisme, à une minorité parmi d’autres revient à refuser de prendre en compte ce que les différentes religions, présentes sur notre territoire national, ont effectivement apporté au corps social et à la patrie charnelle.
La République enfin nous parle de fraternité ? Un mot sublime qui aura sonné douloureusement creux tous ces derniers jours. Savez-vous Monsieur le Ministre, ce que cela fait de célébrer des obsèques dans les conditions qui nous ont été imposées ? Le drame indigne de voir des membres d’une famille contraints de rester à la grille du cimetière, les autorités ne permettant qu’à douze personnes d’accéder aux sépultures ? Ce qui est révoltant, ce n’est pas tant de subir ces contraintes pour des motifs sanitaires que de voir dans le même temps des supermarchés en libre accès ou des avions de ligne chargés de passagers. A la sortie, il y aura des comptes à rendre !
Monsieur le Ministre, la vie chrétienne n’est pas affaire de fricotage électoral ou d’opinion publique. Je suis prêtre, au crépuscule de ma vie il me faudra répondre de mes actes devant Dieu. C’est au nom de ces comptes à rendre que je vous écris ces mots. Ne vous méprenez pas, s’il vous plaît, sur leur vigueur. Le Christ n’invite pas ses disciples à devenir le miel de la terre, mais le sel. Or, comme le dit Bernanos, « du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir ! ». Le bien commun et l’intérêt général sont à ce prix-là. Un discours transparent, sans langue de bois. Que la vie ecclésiale puisse retrouver son rythme au même titre que la vie scolaire, sociale et économique du reste du pays à partir du 11 mai ne relève pas du lobbying mais du droit strict de l’Église et de la plus élémentaire des justices.
Il ne saurait donc s’agir ici, vous l’aurez compris, de vous quémander un droit, mais de vous rappeler à votre propre devoir. Un devoir d’État.
Puisse au moins ces quelques lignes vous le faire savoir.
F. JACQUEL
Casse-ta-mère oublie qu’en tant que “ministre des Cultes” son premier devoir est de faire appliquer les lois les concernant, et ce avec la plus grande neutralité. Si, d’une part, il couvre (initie) des descentes de policiers ARMÉS dans des églises, au cours de Messes célébrées dans les règles de confinement et que, d’autre part, il laisse des DDSP prescrire “le plus grand discernement des forces de l’ordre dans les zones pratiquant le ramadan” (les enclaves musulmanes), soit il collabore avec l’envahisseur, soit il oublie son DEVOIR de neutralité dans l’application des lois. Dans un cas comme dans l’autre, il doit être démis de ses fonctions et renvoyé dans les tripots marseillais où il s’est formé. Oups ! J’avais oublié que ces établissements ne font pas partie de la liste des premières nécessités.
Pitoune
Merci monsieur l’abbé.
Si tous les prêtres de France étaient de votre trempe, que celle-ci serait belle.
En attendant j’ai honte pour ceux qui nous gouvernent.
margot
Merci Monsieur l’abbé de parler si clairement.
Oui, nous en avons assez d’avoir été et d’être privés injustement de la messe et des sacrements.
Nous attendons aussi que les chefs et les princes de l’Eglise veuillent bien défendre les chrétiens et parler pour eux. Parler un langage clair et exigeant.
Nous attendons de pied ferme de pouvoir aller à la messe.
Gaudete
Moi je dirai plutôt si tous les évêques de ce pays étaient de cette trempe Castagnette ferait dans son froc. Malheureusement on peut rêver
Meltoisan
“ce pays” ?
De quel pays êtes-vous ?
Moi
Oui mais quand on voit le filet d’eau tiède publiée par la CEF : « Le Président de la Conférence des évêques a pu témoigner de la qualité du dialogue engagé tant avec le Président de la République qu’avec le Gouvernement. Tous se sont réjouis de la convergence de vue entre le Pape François et le Chef de l’Etat sur les enjeux internationaux et humanitaires de la pandémie. » sans parler de l’appel de Bauveau de sinistre mémoire signé par Ribadeau Dumas au nom de l’inénarrable CEF … Nous ne sommes pas prêts de récupérer l’autorisation administrative d’assister à la Sainte Messe.
Il faudra alors ses souvenir de nos ancêtres chouans !
incongru
ça, au moins, c ‘est clair, et plus net que des gérémiades : argumenté autour de la devise liberté-égalité-fraternité, quoi de plus explicite
reste à lui donner de la “publicité !
Meltoisan
Pour moi, la CEF mais aussi des médias comme La Croix, La Vie, … ou certains programmes de Radio Notre-Dame sont mielleux et fades.
Là où je vis, je reçois de temps à autre une revue inter communale dite chrétienne, atteinte par le virus de l’idéologie dominante, parlant d’œcuménisme, de dialogue inter-religieux et surtout d’Islam avec quelques contre-vérités, dans le genre « regardez comme ils sont gentils » mais pas d’évangélisation. Cherchez l’erreur !
FR
Le seul cas de désobéissance moralement acceptable au regard de la Doctrine Sociale de l’Église procède de l’impérieuse nécessité de se conformer à la loi morale dans ce qu’elle a de plus fondamental : rendre culte à Dieu. Nous sommes arrivés à ce point de rupture historique. “Non possumus !” Il nous faut proclamer à haute et intelligible voix ce “non possumus”, et nous préparer à en assumer les conséquences.
chm
N’oublions pas que la messe et la communion sont qualifié de nourriture (spirituel et plus) et pour un croyant, de première nécessité…. Ainsi, les églises devraient avoir le droit d’être ouvert comme tout supermarché où des produits autres que de première nécessité sont également vendus… (La nourriture spirituelle est de fait de première nécessité et privé de croyant pratiquant de pouvoir étancher sa soif et sa faim revient à le condamner)
sivolc
Merci Monsieur l’Abbé! les espagnols si fiers diraient ” Asi se habla!”. Je suis du même avis que FR, nous sommes arrivés au point de rupture. Préparons nous à résister de toutes nos forces quel qu’en soit le prix.
Gaudete
Il est grand temps de s’armer de fourche , de batons et tout autre outil nécessaire pour virer cette clique satanique au pouvoir comme au temps des chouans mais malheureusement j’ai bien peur qu’il y ait un troupeau de cathos qui ait été endormi par le discours de mensonges de la clique et comme il est dit plus haut l’eau tiède de la discussion avec jupiter
Gilles Tournier
Enfin ! Merci beaucoup Monsieur l’Abbé pour votre réaction. Les catholiques vont-ils enfin comprendre qu’il faut se battre pour obtenir notre dû dans cette république de francs-macs pourris ? Je n’en peux plus des prêchi-prêcha et des joues tendues! Nos ancêtres chouans priaient ET se battaient, chapelet au cou et faux à la main. Aide toi et le Ciel t’aidera ! Esprit-Saint, accordez-nous le don de force, s’il vous plait.
Marcos
Bravo au Salon Beige. Vous avez réussi à trouver une photo de Castaner où il a l’air à peu près intelligent. Un exploit!
Haffner
parfait, merci, voilà un discours que l’on aimerait entendre à la conférence des évêques de France.que le Seigneur vous bénisse, mon Père, et vous fortifie.
Claire
Reine Tak
Que Dieu vous bénisse monsieur l’abbé.
J’espère que votre hiérarchie ne vous mutera pas dans un couvent pour avoir osé dire ce qu’enfin il faut entendre.