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France : Politique en France

Attentats : Il faut sortir du déni de réalité

Attentats : Il faut sortir du déni de réalité

De François-Xavier Bellamy dans Le Figaro :

Il y a quelque chose de pire que l’horreur : c’est la répétition de l’horreur. Quelque chose de pire que la terreur : c’est l’habitude. Un professeur a été tué, dans son lycée, au cri de Allah Akbar. Et le rituel reprend, déjà familier : indignations politiques, condamnations de circonstance, « crime odieux », « valeurs de la République », micros tendus, la détresse des collègues, les yeux rougis des élèves, détails de l’enquête, déplacement des autorités, « dire le soutien de la Nation », « restons unis et debout », marches blanches, minutes de silence… Combien de fois faudra-t-il subir cette répétition ?

La liste est trop longue déjà. Au point qu’elle risque de susciter, après la révolte, une forme de résignation. Nous étions quatre millions à descendre dans la rue pour les morts de Charlie. Avons-nous fini par admettre une nouvelle normalité ? Vendredi, quelques heures après l’attentat, un expert expliquait sur une radio du service public que même si la prévention du terrorisme est « relativement bien » assurée en France, il est fatalement « impossible de surveiller tout le territoire », et que par conséquent « il y a des moments où il faut se dire que la violence fait partie de la société ». Puisqu’il existe toujours un « risque du passage à l’acte violent », le spécialiste en tirait cette conclusion : « C’est dur à entendre, mais ça fait partie de la vie ». Des professeurs tués dans leur lycée par des islamistes : trois ans après la mort de Samuel Paty, c’est donc cela, la « vie » à laquelle il va falloir s’habituer ?

C’est finalement, à sa manière, le message qu’envoyait au même moment le président de la République, en consacrant ses cinq minutes d’intervention au lycée Gambetta à remercier tout le monde : les professeurs et les élèves, les policiers félicités pour leur rapidité, tout comme les magistrats, les élus qui font bloc, et les soignants si réactifs. On ne peut que s’associer à la reconnaissance du pays pour ceux qui aujourd’hui se retrouvent en première ligne… Mais en s’arrêtant à ces mots, le président donnait l’étrange impression que tout s’était finalement aussi bien passé que possible, et que rien n’avait failli. Une autre manière de signifier qu’on ne pourrait faire mieux pour empêcher l’inéluctable violence de frapper à nouveau, et que l’essentiel serait, la prochaine fois comme aujourd’hui, de rester « unis, groupés et debout ».

Mais nous ne voulons plus de ces mots. Nous n’en pouvons plus. Il faut enfin sortir du déni de réalité. L’unité nationale, oui ; mais pas au prix du regard pudiquement détourné sur les années de faillite qui ont laissé l’horreur s’imposer. Car cet attentat, comme ceux qui l’ont précédé, n’avait rien d’inéluctable : nommer lucidement les fautes multiples qui ont rendu possible le pire, c’est la condition pour s’en sortir enfin.

Cette tragédie frappe l’institution scolaire, première victime de ce long échec collectif, fragilisée par des décennies de « réformes » toujours inspirées par la même idéologie : toujours moins transmettre, moins enseigner, moins assumer l’héritage – quitte à laisser toujours plus de déshérités. Le criminel d’Arras, comme ceux qui en juillet ont brûlé des dizaines d’écoles, avait passé des années sur les bancs de nos salles de classe : comment avons-nous pu laisser des esprits à ce points vides, décérébrés et incultes, qu’ils soient si facilement séduits par l’islamisme stupide des réseaux et des quartiers ? Comment notre école a-t-elle pu taire ou dénoncer la culture qu’elle devait enseigner, au point que ses propres élèves se sentent le droit de la mépriser jusqu’à vouloir la détruire ? Alors que nous consacrons à l’Education nationale le premier budget de l’État, un jeune sur cinq arrive à ses dix-huit ans sans savoir lire correctement le français. Beaucoup de mes collègues professeurs l’ont dit comme moi depuis longtemps : là où la culture n’est plus apprise, il ne faut pas s’étonner de voir surgir la barbarie. Cet effondrement silencieux de l’école, à coups de lâcheté politique, de réformes absurdes, de « pas de vagues » imposé, aura volé aux professeurs leur métier, et aux élèves leur chance de recevoir ce que nous avions à leur enseigner : le résultat est sous nos yeux. Mais il n’y a aucune fatalité à ce naufrage éducatif, si nous sortons enfin du déni de réalité pour concentrer l’effort de tout le pays au relèvement de notre école, avec pour seule mission de transmettre.

La seconde tâche essentielle, c’est celle de reconstruire nos frontières. Là encore, la faillite est évidente. Dominique Bernard est mort parce que l’État s’est désarmé face à l’immigration illégale. Le criminel est un tchétchène – comme le meurtrier de Samuel Paty, qui avait lui aussi été d’abord débouté du droit d’asile ; sa dérive islamiste avait été signalée par l’Éducation nationale ; son frère est en prison pour avoir soutenu un projet d’attentat et relayé la propagande de Daech, et lui-même était fiché S. Cette famille aurait dû être expulsée depuis longtemps, avant qu’un collectif d’associations et de militants de gauche ne s’y opposent en invoquant une circulaire : comme dans tant d’autres cas, l’illégalité avait trouvé secours dans la toile de conventions, de jurisprudence et de bureaucratie qui paralyse l’État. Ceux qui s’enlisent dans le déni – les mêmes qui dénoncent le couteau pour ne pas nommer le djihad, et qui prefèrent fuir les micros que d’avoir à reconnaître le terrorisme du Hamas – ceux-là refuseront encore de voir le lien entre ce crime et la faillite migratoire. Mais l’évidence est là : si nous avions fait respecter nos lois, nos principes et nos frontières, Dominique Bernard, comme Samuel Paty et tant d’autres, serait en vie aujourd’hui. Prétendre que nous vivons les drames inévitables d’une société normale, c’est s’exonérer trop vite de toute responsabilité. À nous de remettre le droit à l’endroit pour sortir de cette folie – et c’est possible, pourvu que l’on aille, comme nous l’avons proposé, jusqu’à utiliser le levier de la Constitution pour rendre sa force à la loi.

Un professeur a été tué dans son lycée au cri de Allah Akbar. Devant la somme des aberrations, des échecs, des dénis qui ont rendu possible une telle folie, tout dirigeant digne de ce nom devrait dire : j’ai échoué. Tout un pays bouleversé devrait dire : nous avons échoué. Au lendemain de la grande défaite de 40, Saint-Exupéry écrivait que la France se relèverait en retrouvant le sens de la responsabilité. « Il importe d’abord de prendre en charge. Chacun est responsable de tous. » Nous devons à Dominique Bernard, et à tous ses collègues qui reprendront les cours lundi, de ne pas faire comme si personne n’y pouvait rien, comme si tout était normal – de ne jamais nous habituer. C’est la condition nécessaire pour un renouveau politique qui nous permette enfin de sortir de l’impuissance. « Nous entrerons demain dans la nuit. Que mon pays soit encore quand reviendra le jour ! »

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9 commentaires

  1. Il parle d’or François-Xavier Bellamy, mais on attend des actes de sa part s’il en a le courage nécessaire …
    Le parti LR qu’il soutient est co-responsable avec la gauche de la situation catastrophique de la France en matière d’émigration et de suppression des contrôles aux frontières.
    Ceci, alors que depuis 40 ans, s’élevait la voix prophétique – que personne ne peut nier – de Jean-Marie Le Pen qui prévoyait ce que nous vivons aujourd’hui et surtout ce que nous allons vivre demain : le Liban en France.
    Mais ces traîtres à la patrie, ce parti de François-Xavier Bellamy et ses prédécesseurs, organisaient des fronts républicains avec la gauche – y compris communiste – pour empêcher le seul parti qui s’opposait à l’immigration de masse d’accéder au pouvoir.
    Rappelons-nous aussi qu’il y a quelques années François-Xavier Bellamy déclarait sur un plateau télé (video toujours visible sur youtube) qu’il était plus proche de Macron que de Marion !
    François-Xavier Bellamy fait donc bien partie du système de ceux qui s’opposent au rétablissement des frontières – sans doute pour la bonne soupe que ce système lui sert – sinon il rejoindrait en courant Reconquête ou le RN.
    Un peu de cohérence que diable !!! Ne nous laissons pas manipuler par des paroles non suivies d’actes.

  2. S’il attend des actes du mignon de l’élysée, il peut attendre longtemps. Et bien d’accord avec Calcombet, car quand on préfère Macron à Marion , on la ferme et on s’en va. Tout est dit dans cette phrase, il est bien du nmême acabit que 99.9% des LR, forts en gueule mais comme des toutous devant les gauchiasses

  3. “Comment notre école a-t-elle pu taire ou dénoncer la culture qu’elle devait enseigner, au point que ses propres élèves se sentent le droit de la mépriser jusqu’à vouloir la détruire”
    F.X. Bellamy est de bonne volonté, mais ce philosophe manque de jugement:
    la “culture” enseignée est d’abord le laïcisme, soit un refus de principe de la Révélation.
    Tout est faussé, sans l’élévation des esprits vers le surnaturel, la nature elle même se corrompt, et même les matières de bases sombrent vers l’ignorance.
    Seul un retour à l’enseignement catholique, et à son esprit inspirant out l’enseignement donné, permettrait de remonter la pente de l’abîme.
    Les écoles sans contrat, ouvertes par la Tradition Catholique de toujours, permettent de résister à ce suicide moral et culturel qu’est l’Éducation des “fausses valeurs”.

    • L’école diocésaine a failli à cause de la couardise et de la naïveté de la quasi totalité des évêques qui se sont succédés en France depuis 50 ans.
      L’Histoire leur avait léguée un magnifique outil d’évangélisation et de transmission de notre culture catholique mais ils ont préféré faire copain copain avec les recteurs d’académie et banaliser l’enseignement catholique qui presque partout n’a plus rien de catholique.
      Heureusement beaucoup de parents ont compris que l’enseignement catholique des enfants est une affaire trop sérieuse pour la confier aux écoles des évêques, et ils ont créé des écoles hors contrat. Surtout que plus personne n’ait de scrupule à orienter ses dons du denier du culte désormais vers ces écoles hors contrat, désormais quasiment les seuls endroits ou la foi catholique est enseignée.

  4. On aurait aimé les entendre sur l’arménie, ou là aussi des enfants ont été décapités.
    mais là silence et pour cause, ils étaient chrétiens.

    La civilisation arménienne est simplement chrétienne.

  5. Tant que l’opinion publique ne comprendra pas qu’au point où nous en sommes il est nécessaire de commettre un certain nombre d’injustices envers les musulmans l’islamisation se poursuivra.

    La féminisation et l’effacement des pères sont déjà passés très au delà de ce qui est viable.

  6. Très bien dit.
    Il faut rappeler aussi que Manuel Gaz, alors qu’il était Ministre de l’Intérieur, avait un jour dit, suite à un autre attentat : “Il faut s’habituer à la menace terroriste” sic… et c’était passé crème, pas de problème, c’est normal.
    Moi je l’ai encore en travers de la gorge.
    Il y en a qui ont du sang sur les mains, par inadvertance, impéritie, incompétence, lâcheté et démission.

  7. alors des actes monsieur le député, les paroles ne suffisent plus aujourd’hui

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