Le cardinal Robert Sarah s’est entretenu dans les colonnes du magazine italien Il Timone, quatorze ans après la publication du motu proprio Summorum Pontificum :
Dans l’histoire, on se souviendra de Benoît XVI, non seulement comme d’un grand théologien mais aussi comme du Pape de Summorum Pontificum, le Pape de la paix liturgique, celui qui aura construit un pont œcuménique avec l’Orient chrétien à travers la liturgie latino-grégorienne. Il restera comme le Pape qui aura eu à cœur la volonté de retrouver les racines chrétiennes et l’unité de l’Europe et se sera opposé au laïcisme vide de sens et à la déstructuration de la culture européenne.
À partir du Motu Proprio Summorum Pontificum, malgré les difficultés et les résistances, l’Église a entamé un chemin de réforme liturgique et spirituelle qui, bien que lente, est irréversible. En dépit des attitudes cléricales intransigeantes d’opposition à la vénérable liturgie latino-grégorienne, attitudes typiques de ce cléricalisme que le Pape François a dénoncé à plusieurs reprises, une nouvelle génération de jeunes a émergé au coeur de l’Église. Cette génération est celle des jeunes familles, qui montrent que cette liturgie a un avenir parce que elle a un passé, une histoire de sainteté et de beauté qui ne peut être effacée ou abolie du jour au lendemain.
L’Église n’est pas un champ de bataille où l’on joue pour gagner en essayant de nuire aux autres et à la sensibilité spirituelle de ses frères et sœurs dans la foi. Comme Benoît XVI l’a dit aux évêques français : « Dans l’Église il y a de la place pour tout le monde », parce que nous savons nous traiter avec respect et vivre ensemble en louant le Seigneur dans son Église et en restant dans l’unique vraie foi. La crise liturgique a conduit à la crise de la foi. De la même manière, le respect des deux formes ordinaire et extraordinaire de la liturgie latine, nous conduira à un élan missionnaire d’évangélisation, et nous pourrons enfin sortir du tunnel de la crise.