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Décryptage de la seconde lecture du projet de loi sur la bioéthique

Bioéthique / Vidéos

Le nouveau gouvernement de Jean Castex a été désigné il y a maintenant 3 semaines. Avant-hier encore intervenait la nomination tardive des Secrétaires d’Etat. Un nouveau chemin souhaité par Emmanuel Macron, mais avec de vieilles recettes et lubies, à commencer par le maintien des débats en session extraordinaire de l’Assemblée nationale, prolongée pour l’occasion au 31 juillet minuit. Pourquoi ? Mais parce que le projet de loi bioéthique, « attendu par une majorité de Français » doit être voté avant l’été ! Décryptage.

Un Premier Ministre hors-sol

Il est un peu plus de 15h et voilà que tombe la question téléguidée d’Agnès Firmin-Le Bodo, co-rapporteur du projet de loi bioéthique, au gouvernement : « Monsieur le Premier Ministre, que pensez-vous du projet de loi bioéthique ? » De réponse précise, il n’y en aura pas. L’auditoire, abasourdi, écoutera avec stupeur son nouveau Premier ministre ânonner l’anti-sèche aride d’un conseiller passé maître dans l’art du « et en même temps ». Et cette injonction, sidérante :

« Cet équilibre issu du vote en première lecture, le gouvernement demande solennellement à l’Assemblée de le préserver. »

Mais alors, l’équilibre serait-il donc dans l’effacement du père, la filiation fondée sur le seul désir, l’autoconservation des gamètes sans motif médical, la création d’embryons transgéniques et chimériques… ?

Inquiétude… Angoisse même quand, dans sa lecture poussive d’élève appliqué, Jean Castex se prend les pieds dans la « réservation des ovocytes pour la partenaire » à la place de la « réception des ovocytes de la partenaire », puis dans la « PMA post-moderne » au lieu de « PMA post-mortem »… Hélas, la succession des erreurs signe une méconnaissance stupéfiante des sujets. En commençant son exposé, Jean Castex soulignait que ces enjeux sont « essentiels », mais le fait est qu’il ne sait pas de quoi il parle !

La peur du débat

A 18 heures, les débats reprennent tambour battant. Des bancs de l’opposition, une seule question sur les lèvres : obtenir un vote solennel en présence de tous les députés, comme le suggère Xavier Breton. A moins que le gouvernement ne craigne les divisions de sa majorité, comme le pointe Patrick Hetzel ? Car les enjeux sont vertigineux tant les revendications de certains confinent au franchissement ininterrompu d’une ligne rouge qui ne cesse de s’éloigner. Et c’est bien ce que rappelle Julien Aubert quand il souligne que « l’éthique ne change pas en fonction des variations du moment. »

Dormez, braves gens !

Si Jean-Louis Touraine, le co-rapporteur du projet de loi bioéthique, se défend en répétant à qui veut l’entendre que « l’extension de la PMA ne se transcrit pas dans une ouverture de la GPA », les dérives vers la GPA sont bien là, les conditions étant créées par la PMA sans père. Pour la députée Isabelle Valentin,

« cet article [Article 1er ouvrant la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes, NDLR] fait glisser le droit de l’enfant vers le droit à l’enfant. Il fait entrer dans le code de la santé publique une disposition sans rapport avec le médical ».

Bientôt, le constat de la réalité humaine taxé de fake news ?

Courageuse, Blandine Brocard, députée de la majorité s’interroge :

« Nos lois peuvent institutionnaliser qu’un enfant n’a pas besoin de père ? Cet article met en suspens l’avenir de l’enfant. »

Fictivement né d’une femme seule, ou de deux femmes, comme le souhaite le gouvernement, un enfant pourrait bientôt avoir « 2, puis 3, 4 parents. », prévient Xavier Breton. Il rappelle aussi que « la filiation est une notion profonde. Un enfant ne se fonde pas uniquement sur une reconnaissance sociale. »

Recherche bon sens désespérément

Député-qui-marche mais pas Marcheur pour autant, Jean Lassalle tonne :

« Comment avons-nous pu en arriver là, de remettre en cause des questions aussi existentielles ? »

C’est bien la question fondamentale, mais qui ne semble pas préoccuper Olivier Véran, parti se coucher deux heures avant la fin de la séance ! Les débats de lundi 27 juillet l’avaient sans doute épuisé, lui qui s’endormait derrière son masque. Laissés avec leurs questions, nombreuses, précises, voire vertigineuses, les opposants au projet de loi poursuivent, et s’emploient à défendre les droits de l’enfant, amendement après amendement, tous rejetés, y compris celui qui proposait d’inscrire « nul n’a de droit à l’enfant », alors que ce projet de loi aurait pour pilier « l’intérêt prioritaire de l’enfant » selon Jean-Louis Touraine.

Des droits foulés au pied par des députés qui jouent avec la vie comme avec les mots.

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