Mgr Bruno Feillet, évêque de Séez, alerte, dans son message de Pâques, contre le danger d’une loi légalisant l’aide active à mourir :
La vie ou la mort ?
Au moment où les chrétiens célèbrent la fête de Pâques comme la victoire de la vie sur la mort, notre société s’évertue à faciliter la mort des enfants à naître et à accélérer celle des malades ou de nos grands aînés en phase terminale.
C’est pour moi un mystère de constater que depuis près de 50 ans, la législation grignote toujours un peu plus le respect de la vie. D’où vient-il que nous n’aimions pas la vie des plus faibles ? Ou, pour le dire autrement, comment se fait-il que nous préférions notre propre vie à celle des plus fragiles ?
Quel contraste de célébrer Pâques entre l’inscription de la liberté d’avorter dans la constitution et la promotion de l’aide active à mourir au nom d’une pseudo fraternité ! Pour les chrétiens, la Pâque fait mémoire de Celui qui a préféré se faire le plus faible jusqu’à mourir lui-même pour que nous ayons la vie par-delà la mort.
Puissions-nous retrouver ce goût de la vie et de l’accompagnement de toute vie. Tenir la main de notre parent jusqu’à son dernier souffle fait autrement du bien que de pousser la seringue pour abréger sa vie.
De même, Mgr Grégoire Cador, évêque de Coutances et Avranches, met en garde ses fidèles contre la légalisation prochaine de l’euthanasie :
Dans notre société vieillissante et de plus en plus désabusée malgré – ou peut-être à cause – du très haut niveau technologique et scientifique que nous avons atteint, voilà que certains nous proposent, face au désespoir de la douleur insoutenable, d’ériger l’aide à mourir en loi de fraternité.
Subtilement se développe dans les cœurs et les intelligences l’idée que certaines vies ne valent plus la peine d’être vécues et deviennent un poids dont il faut se débarrasser au nom d’un réalisme pragmatique. Insidieusement des personnes, effectivement diminuées dans leur capacité par l’âge, les problèmes de santé ou le handicap, se culpabilisent peu à peu d’exister : « A quoi bon vivre, si je ne suis plus qu’un poids pour mon entourage ? » Inéluctablement, ce qui est présenté comme un légitime « droit à mourir dans la dignité », évolue vers un véritable « devoir de partir ». Le plus faible doit laisser la place !
Si elle est valable dans le règne animal, cette loi de la jungle ne l’est pas dans la famille humaine. Tout homme est une histoire sacrée !
Au cœur de ce débat mortifère, il est bon d’entendre le cri des chrétiens qui retentit au cœur de la nuit pascale : « Christ est ressuscité alléluia, sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir, alléluia ! »
Dans l’offrande qu’il fait de sa vie sur la croix, Jésus nous propose une autre manière de « regarder la mort en face » : « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne ! » (Jean 10,18)
Habitée par cette foi profonde, la jeune Thérèse de Lisieux, fille de Normandie, honorée il y a peu par l’Unesco comme personnalité remarquable, a pu s’écrier, alors qu’elle n’avait que 24 ans et qu’elle s’apprêtait à mourir de tuberculose : « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie. »
Puisse le message de la mort vaincue par l’amour aider tous ceux qui œuvrent pour accompagner la vie jusqu’à son achèvement et donner le courage à nos législateurs de s’engager clairement sur le développement des soins palliatifs et du respect de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à son dernier souffle.