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Culture de mort : Euthanasie

Euthanasie : les étranges pratiques médicales du docteur Jean Reignier

Euthanasie : les étranges pratiques médicales du docteur Jean Reignier

Interrogé par Libération le 22 septembre, le Dr Jean Reignier, chef du service de réanimation du CHU de Nantes avance qu’un patient peut se considérer en fin de vie très en amont de sa mort théorique et qu’alors l’écoute de celui-ci doit se centrer sur son éventuel « désir d’en finir ». Il avance ainsi que légaliser l’euthanasie et le suicide assisté facilitera grandement son dialogue avec les proches.

En réponse, Cédric de Linage témoigne dans le JDD sur le cas de sa femme Amélie, qui fut patiente du Dr Jean Reignier et qui vit désormais avec un lourd handicap depuis 2014 après avoir survécu quinze jours sans alimentation :

Le parcours de soins chaotique de mon épouse dans le service qu’il dirige en 2014 récuse formellement son analyse : bien au contraire, légaliser l’aide active à mourir ruinerait l’authenticité du dialogue entre les patients, les soignants et les proches, pour ne privilégier que les demandes de mort, voire les suggérer.

J’ai rencontré le Dr Reignier en août 2014. Mon épouse Amélie venait de s’étouffer dans la cuisine en avalant de travers un morceau de viande : manque d’oxygène, arrêt cardiaque, elle est admise en service de réanimation. Son coma évolue en état de mal épileptique. C’est un coma très critique.

Cinq jours seulement après l’accident, l’équipe que dirige ce praticien met fin aux derniers essais médicamenteux inefficients. Je me rends au chevet de ma femme et découvre avec stupeur qu’ils ont arrêté de l’alimenter, sans le moindre avis familial préalable sur ses souhaits en pareille situation, et cela avant même qu’ils m’annoncent qu’il n’y a plus d’espoir, qu’« Amélie ne se réveillera jamais » et que la ventilation artificielle doit être arrêtée.

Je suis d’autant plus frappé par cette précipitation que ces médecins ne semblent pas remarquer les quelques signes d’évolution positive d’Amélie qui va notamment se remettre à respirer naturellement. Pour ma femme, toute vie vaut d’être vécue. Je le sais, elle me l’a toujours dit. Et je le vois, son corps est bel et bien en lutte.

Les différentes rencontres avec l’équipe médicale se succèdent pour me répéter une conclusion présentée comme inéluctable : « vous allez finir par comprendre », « vous avez perdu votre femme ». À cela, le Dr Reignier ajoute de toute son autorité une affirmation sans doute destinée à emporter mon adhésion : « Monsieur, je dois vous le dire : son projet de vie, c’est de mourir ». Sur le coup, cette parole me glace, je suis sans voix. Mais je comprends : il ne laisse plus de place pour son projet de vivre.

Le cadre strict de la procédure collégiale est malmené : avant de prendre sa décision, ce médecin ne s’est même pas interrogé sur les volontés d’Amélie, pourtant claires, et il ne nous a pas laissé le temps de les exposer. L’arrêt d’une alimentation artificielle qui fonctionnait s’est ici présentée comme un fait accompli. Ce fait accompli me précipite dans un trou noir où je ressens toute l’ambivalence qu’exerce la mort sur une fin de vie. Je suis acculé à rassembler toutes mes forces pour dire et redire la volonté d’Amélie de vivre, même handicapée.

Non, la personne de confiance qui s’efforce d’exprimer des directives anticipées contraires à l’orientation personnelle du médecin n’est pas un « Mari à cadrer. Conteste les décisions médicales » comme l’affirme le dossier médical. En fait, questionner la justesse de l’arrêt de soins n’est pas entendable par ce médecin. Le dialogue est à sens unique. Sans doute juge-t-il qu’Amélie porterait probablement un handicap « inacceptable ». Mais est-ce un avis médical ou un avis personnel ?

La réaction à ce type de situation est personnelle, le refus de soins est un droit : mais quand la mort devient inconsciemment un objectif, l’analyse n’est plus aussi objective. Plus personne ne cherche à distinguer les probabilités d’évolution des pseudo-certitudes, plus personne ne différencie une prédiction autoréalisatrice d’un pronostic « inéluctable » ; on ne fait même plus la différence entre une limitation des traitements et leur arrêt total. Sans ma défense acharnée de ses volontés, Amélie serait morte.

Il me faudra 15 jours pour obtenir la reprise de l’alimentation. 15 jours pour être écouté. En soins palliatifs, où Amélie s’est réveillée, ce sera la construction, à tâtons, d’un vrai dialogue éclairé et respectueux entre le patient, la famille et les soignants. La rencontre s’est faite à trois, entre un projet de vie, une situation médicale inédite et le cadre du serment d’Hippocrate. Nous ne demandions rien de plus.

En découvrant ce médecin se faire promoteur de « l’aide active à mourir », je suis stupéfait. Et je comprends mieux pourquoi il a pu à ce point sous-estimer l’effet de sidération qui s’abat sur une famille frappée brutalement par un accident et un pronostic grave. A-t-il seulement compris la violence de la situation ? Cette sidération, cette sorte d’emprise, j’ai mis moi-même quatre années à en sortir complètement avant de pouvoir relire le réel enchaînement des événements.

Dans son interview, le docteur Jean Reignier conseille également la rédaction de directives anticipées très techniques : « Respiration, alimentation artificielles, soutien cardiovasculaire ? Oui/Non ? ». Mais comment ces réponses peuvent aider en pareille situation ? Surtout si la personne de confiance n’est pas écoutée. Pour un dialogue authentique, il faut un peu laisser tomber l’emprise de la blouse blanche et se mettre à hauteur du patient ou du proche.

Ce médecin réclame de dépénaliser toute euthanasie : est-ce pour pouvoir déborder du « cadre strict » sans risque ? Qui pourra demain lui reprocher un « soin » d’euthanasie « non-conforme » d’autres Amélie ?

Amélie porte de nombreuses séquelles, aggravées par sa dénutrition imposée. Lorsqu’elle m’a demandé de lui relire à haute voix ce roman d’anticipation Les assassins sont si gentils, j’ai compris que sa plus profonde blessure n’est pas tant d’avoir été, de nombreux jours, celle qui allait mourir, mais, bien plus encore, de savoir qu’elle a été un jour regardée, ne serait-ce qu’un instant, comme celle qui était indigne de vivre, celle qui devait mourir.

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5 commentaires

  1. Quelqu’un faisait observer que la faille béante des études de médecine est qu’elles ne permettent jamais de les questionner.
    On a pourtant des précédents célèbres, comme ce médecin austro-hongrois qui a découvert, un demi-siècle avant Pasteur, les bienfaits de ce qui ne s’appelait pas encore l’asepsie; malgré ses résultats flagrants il s’est fait écarter par les maîtres viennois de la médecine.
    Plus près de nous on rencontre bien des médecins hostiles à l’homéopathie, les HE et d’une manière générale l’auto-médication (les “recettes de grand-mères”) malgré leur efficacité empirique; on ne peut naturellement rester aveugle sur la fraction infinitésimale de cas où cela retarde la prise en charge de maux sérieux, mais cela ne justifie pas leur dénigrement systématique: est-ce parce qu’ils mettent à mal l’image de toute-puissance du médecin? Cette image a pourtant été largement altérée par les responsables de la médecine eux-mêmes ces deux dernières années lorsqu’ils ont décidé d’interdire aux médecins “de ville” de soigner leurs patients.
    Un diplomate cynique affirmait jadis “la guerre est une affaire trop sérieuse pour la confier aux militaires”; on peut affirmer la même maxime aux médecins et politiques.

  2. Ce docteur Reignier doit se référer aux méthodes du docteur Petiot … Et a sûrement potassé la vie de Landru , non ? C’est une honte absolue que de permettre à un type comme ça d’exercer ce qu’il prend pour de la médecine !!!!!!!!!!!!!! Je ne souhaite à personne de vivre un calvaire comme celui qu’ont vécu et que vivent encore monsieur et madame de Linage !

  3. Le docteur Régnier, “digne” héritier du docteur Mengele…

  4. Le livre cité, “Les assassins sont si gentils”, a été écrit par Élisabeth Bourgois en 2006. Infirmière, elle a décortiqué le mode opératoire de la collusion qui veut nous imposer la légalisation de l’euthanasie.
    Et le cas évoqué ici du Dr Jean Reignier nous démontre que nombre de chefs de service ont oublié leur Serment d’Hippocrate au profit d’un serment d’hypocrite.

  5. Par ailleurs, une immense chaîne de prières a été organisée, mais la médecine moderne uniquement technique et inhumaine, ne peut admettre le surnaturel.

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