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Pays : International

Farce électorale à Brazzaville

De William Kergroach :

220px-Congo_Republique_carteLa République du Congo, indépendante depuis 1960, est un pays riche, du pétrole en particulier. Ce pays a le plus grand solde net d'exportation dans le monde (47 %). Mais cette manne pétrolière profite à un très petit nombre. Le président du pays, Denis Sassou Nguesso, et sa famille, se sont beaucoup enrichis et n'entendent pas partager le gâteau avec leurs opposants. La panne d'internet qui touche la République du Congo, et prive opportunément les opposants d'accès aux réseaux sociaux, au moment des élections législatives, est très suspecte. Le président congolais est, tout simplement, en train de couper le pays du reste du monde, avec l'accord implicite du FMI, pour « arranger » les résultats sans témoins gênants.

Le « référendum » bricolé en 2015 a annulé la limite, prévue par la Constitution, du nombre de mandats présidentiels. Sassou Nguesso  a pu se représenter, et gagner, les dernières élections présidentielles de mars 2016. Cette manœuvre assez grossière a déclenché une nouvelle série de manifestations dans le pays. En réaction, les principaux dirigeants de l'opposition : le général Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, ancien ministre de Sassou Nguesso entre 1997 et 2012, ont été tout simplement mis en prison.

La région du Pool, fief de l'ethnie Lari opposée à l'ethnie Mbochi du président Nguesso, entoure la capitale Brazzaville. Les Laris subissent de fréquentes opérations militaires de la part du pouvoir. Lors de la première attaque dans la région du Pool, en avril 2016, Sassou Nguesso avait prétendu combattre le "terroriste" Pastor Ntoumi, ancien chef de milice basé à Tsoumouna. Problème : Ntoumi avait dissous sa milice dix ans auparavant. Ntoumi a, depuis, réacquis des armes, en pillant notamment les avant-postes de la police et de l'armée, et reconstitué une milice autour de lui. En avril 2017, il a lancé un attentat contre l'armée qui a fait 18 morts. En mai, les hommes de Ntoumi ont marché sur la capitale, s'arrêtant à seulement une vingtaine de kilomètres de Brazzaville. Cette force armée larie représente désormais une menace pour la capitale et le gouvernement de Nguesso.

Alors que le recul des prix du pétrole apporte moins d'argent dans les caisses de l'État, Nguesso ne réduit pas son train de vie. Rappelons qu'en septembre 2006, lors de l'assemblée générale des Nations Unies, Nguesso et sa famille avaient occupé 44 chambres pendant cinq nuits, pour un montant total de 150 000 euros, au Waldorf Astoria de Londres ; plus que l'aide humanitaire que la Grande-Bretagne accordait au pays. Dans le même ordre d'idées, en juillet 2007, l'ONG britannique Global Witness avait dévoilé que le fils du président, Denis Christel Sassou Nguesso, dépensait des centaines de milliers de dollars pour ses emplettes à Paris et Dubaï.

En mars 2017, six ans après que le Congo-Brazzaville ait reçu un allégement de sa dette par le FMI et la Banque mondiale, la dette du gouvernement atteint 77 % du PIB, dépassant la limite de 70% imposée par la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC). 

Il y a maintenant une crise du carburant à Brazzaville et à Pointe-Noire. La raffinerie publique, qui traite le pétrole du Congo-Brazzaville, ne satisfait que 20 % de la demande en carburant du pays, le reste doit être importé. La société pétrolière publique, la SNPC, a le monopole de l'importation. Elle  appartient… au président Nguesso. 

Incapable d'acheter suffisamment de carburant sur le marché international, pour satisfaire la demande intérieure, Sassou Nguesso préfère soumettre ses citoyens à une pénurie de carburant plutôt que de renoncer à son monopole. 

Nguesso, imperturbable, continue de faire des affaires. Une opération a été conclue, avec un investisseur des Émirats, qui engagerait quelque 4 milliards de dollars d'investissement pour le Congo, soit la moitié du PIB annuel du pays, et ferait s'envoler la dette du pays à près de 125 %. Tout va bien, le FMI ferme les yeux et se montre prêt à aider le gouvernement Nguesso, ignorant les manifestants qui l'implorent de ne « pas aider le tyran ». 

Sassou Nguesso se maintiendra au pouvoir par tous les moyens. Les forces de sécurité gouvernementales ont arrêté plusieurs manifestants et encerclé les maisons des leaders de l'opposition. Après les manifestations du 10 juin dernier à Brazzaville, la capitale a aussitôt été bouclée. La coupure d'internet a débuté le lendemain, suivie d'une annonce de l'ambassade du Congo, à Paris, déclarant ne plus délivrer aucun visa "jusqu'à nouvel ordre". Le gouvernement veut empêcher les journalistes étrangers de témoigner sur les violences qui vont être engagées contre l'opposition. Dans ces conditions, les élections législatives, qui sont prévues pour le 16 juillet 2017, boycottées par l'opposition, seront une farce électorale, comme le déclarait l'ancien candidat à la présidence Mathias Dzon.

La crise actuelle ressemble beaucoup à celle qui avait fait perdre son fauteuil présidentiel à Sassou Nguesso, arrivé en troisième position aux élections de 1992. Le président le sait et a pris des dispositions pour que cela ne se reproduise pas.  

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2 commentaires

  1. Il est bon de préciser que ce sinistre personnage, méprisant son peuple est un marxiste-léniniste, et qu’il fut (en 1969) cofondateur du Parti Congolais du Travail, n’ayant rien à envier au PCF. C’est en tant qu’apparatchik de ce parti qu’il accéda au pouvoir. Ce parti fut responsable en 1977, de l’assassinat du Cardinal Biayenda (enterré vivant!)
    Ce tyran fut reçu en 2016, avec tous les honneurs élyséens par le président Normal…

  2. Il n’est qu’un de plus sur la liste déjà longue des tyrans incapables africains (souvent installés avec la bénédiction d’intérêts financiers occidentaux !) qui insultent l’Afrique et l’humanité…
    Mengistu (Ethiopie), Amin Dada (Nigeria), Mugabe (Zimbabwe)… et j’en oublie !
    N’en jetez plus, la cour est pleine !

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