Hélie de Saint-Marc évoque ses mois de mai :
Mai 40. Mon père s’évanouit en apprenant les nouvelles terribles de l’avancée allemande. Les premiers réfugiés arrivent. La valse des voitures officielles commence. Le gouvernement se replie sur Bordeaux. C’est l’affolement. Le monde de nos parents s’effondre. Tout ce qui paraissait établi, solide, solennel, respectueux, implose en quelques semaines. Nous avons dix-huit ans et nous apprenons que le pouvoir est mortel et que les puissants sont fragiles !
Mai 45. Dans une baraque d’un camp de concentration, j’agonise parmi les cadavres. Une villageoise allemande entre, puis recule devant le spectacle du charnier. Des insultes l’accueillent. Elle me regarde avec pitié et peut-être une forme d’amour. Je sombre dans le coma. […]
Mai 54. Avec mes camarades, nous suivons avec douleur et colère la chute de Diên Biên Phu. […] Une part de nous-mêmes restera là, toujours, je le sais.
Mai 58. Dans le palais du gouverneur à Alger mis à sac par les insurgés, je vois mon patron, le général Massu tenter de contenir la foule. La passion est palpable. La IVe République est à bout de souffle. L’armée est prise dans un terrible engrenage. Je suis inquiet. Le 16 mai, encouragée par les militaires, une manifestation de musulmans s’avance vers le Forum. Des pieds-noirs les attendent. Lorsque les deux cortèges se rencontrent, des clameurs s’élèvent, des accolades sont rendues. […] Je pleure de bonheur. […]
Mai 61. Dans une cellule de la prison de la Santé, je prépare mon procès. […] C’est un mois de mai lourd et sombre. La beauté et le ciel appartiennent à d’autres.
Mai 68. Responsable du personnel de plusieurs usines dans la région lyonnaise, je porte un costume civil après cinq ans et demi de détention criminelle. L’usine est en grève. Comme à Alger dix ans plus tôt, l’esprit de révolution souffle sur les hommes. J’en connais les dangers et les illusions. […]
Les mois de mai se confondent désormais dans ma mémoire […] le chant du monde est là, étranger à la lâcheté et à la cruauté des hommes. La beauté est fragile et mystérieuse. Des enfants passent dans la rue, courent dans le jardin. Tout leur est offert. Qu’en restera-t-il ? Tout nous a été donné. Qu’en reste-t-il ?"
VD
Merci à Notre-Dame pour sa protection, en ces mois de mai.
fred
j’admire beaucoup mr De St MARC
son porcours me laisse sans voix et j’apprécie la lecture de ses livres; comment le contacter?
merci de répondre…
Guillaume-Marie
No comment ; merci au cdt de St Marc, une fois de plus, peut-être le dernier français de ce niveau ;
jp
un homme immense, comme on en trouve que très très peu dans une génération.
Pol
Les militaires actuels auraient beaucoup à s’inspirer de l’attitude et de l’honneur de cet homme debout.
Nabulione
Je l’ai rencontré et lui ai parlé brièvement: un modèle d’officier chrétien et français ! Respect.
jano
Tous ses écrits sont superbes.Un homme d’honneur.Hélas,il ne sera jamais à l’Élysée..
trahoir
Non, non !! Je mets les pieds dans le plat ! Pourquoi un si grand homme est resté 6 ans en prison pour 2 jours d’une aventure à deux sous, à laquelle il n’avait même pas été intégrée au début. Cette aventure avait été infiltrée (et montée de toute pièce ?) par les services de renseignements gaullistes. “On” aurait voulu mettre au rencart tout les militaires de droite “sachant se battre” en pleine guerre froide, “on” aurait pas fais mieux. Par exemple, la lecture des livres de Mr Moinet (“A genoux les hommes”, “Ahmed connais pas”,…) sur la guerre d’Algérie est sans équivoque sur l’infiltration du faux putsch. Le putsch d’Alger était il un complot de l’extrême gauche gaulliste (chacun connait l’alliance des gaullistes et des communistes) ? Avant de partir Saint Marc devrait aussi faire son auto critique. Les bons et nobles sentiments n’exonèrent pas le bon sens ! Ces gens ont été manipulés, trimballés, humiliés, emprisonnés. Pour l’honneur d’accord mais est ce un exemple pour les jeunes générations ? Combien de temps encore les grands hommes se feront manipulés par des petites frappes ?
sabolas
Pol,
Les “militaires actuels” qui lisent ce blog vous saluent et vous remercient avec beaucoup d’humilité pour vos conseils aussi pertinents.
A défaut de pouvoir vous prendre comme modèle, ne vous connaissant pas, je me contenterai donc du chef de bataillon de Saint Marc.
9thermidor
depuis la Révolution , la France , autrefois premier pays guerrier d’ Europe , est allée de défaite en défaite , sous la direction d’ aventuriers ou de nuls arrivistes.
des flots de sang et de larmes ont été inutilement versés.
Dur pour des héros d’ être au service de tels hommes.
il faut restaurer la grandeur de la France; pour cela il faut une contre révolution:
vive le roi !
Pol
@ Sabolas,
Oui je vous remercie: Denoix de St Marc a su faire preuve d’honneur.
Il me semble en effet que beaucoup de militaires actuels (de ces militaires qui proclament partout aux civils qu’ils peuvent dormir tranquilles parce que eux veillent, etc) devraient s’interroger sur le sens de leur action, par exemple au Kosovo, où de facto ils ont été manipulés par les politiques et l’Otan pour favoriser les musulmans au détriments des chrétiens: des massacres et des déplacements de populations pour des histoires de pipelines.
Denoix de St Marc a obéit mais quand l’honneur et le devoir ont été contraires à ces ordres, il a agit dignement.
Un autre exemple de désobéissance à l’ordre injuste mais d’obéissance à l’ordre juste pour les militaires (s’ils ne sentent pas aujourd’hui la nécessité de faire un putsch): St Maurice et sa légion thébenne.