Experte au Synode sur le Moyen-Orient, Annie Laurent répond à l'Homme Nouveau :
"Benoît XVI a insisté sur la nécessaire communion entre tous les catholiques qui vivent au Moyen-Orient (États arabes, Turquie, Chypre, Iran et Israël), comme l'énonçait l'intitulé du Synode : communion et témoignage. Certains de ces catholiques appartiennent aux sept Églises orientales sui iuris (de droit particulier), héritières des patriarcats de Jérusalem, Antioche, Alexandrie et Constantinople ; d'autres relèvent de l'Église latine qui est présente dans la région depuis les croisades et dont le centre est le patriarcat latin de Jérusalem. La dimension œcuménique, c'est-à-dire la recherche de l'unité entre tous les baptisés, est conditionnée par les progrès que feront tous les catholiques pour mieux se connaître et mieux s'aimer. De cette communion ad intra et ad extra dépendent la crédibilité et l'efficacité du témoignage chrétien auprès des musulmans et des juifs. Or le Synode, en offrant à tous les évêques catholiques du Moyen-Orient (coptes, maronites, grecs-melkites, syriens, chaldéens, Arméniens, latins du monde arabe, de Turquie et d'Iran) de se retrouver tous ensemble autour du Saint-Père – une première dans l'histoire de l'Eglise –, a permis de diagnostiquer les obstacles qui restent à surmonter pour atteindre une authentique communion. Il a, par exemple, été relevé qu'en certains lieux, la communauté dominante (maronite au Liban, melkite en Syrie, latine en Terre sainte) a tendance à favoriser ses membres au détriment de ceux des Églises plus petites. En outre, les catholiques orientaux entretiennent parfois des rapports complexés avec le Saint-Siège. C'est pourquoi certains Pères synodaux ont souhaité que les patriarches soient membres de droit des conclaves chargés d'élire le pape, même s'ils ne sont pas cardinaux. Mais par ailleurs, lorsqu'ils ne parviennent pas à résoudre les divisions qui peuvent surgir à l'intérieur de leurs Églises, comme lors de l'élection de nouveaux patriarches, les catholiques du Moyen-Orient recourent à Rome."