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Tribune libre

La Consécration de la messe, théologie et liturgie.

La Consécration de la messe, théologie et liturgie.

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https://youtu.be/-QppBpFDzGY

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La messe est essentiellement un sacrifice pendant lequel le Christ se donne à Dieu le Père à la façon d’un culte. Au centre de la messe culmine cet acte par lequel le sacrifice de la croix, c’est à dire la mort de Jésus, vrai homme et vrai Dieu, est renouvelé mystiquement.

Le rite consécratoire, rend le sacrifice de la croix sacramentellement présent dans la liturgie de la messe.

Il convient surtout pour comprendre la messe, non pas d’en comprendre les cérémonies qui ne sont que le contenant, mais surtout d’en comprendre l’esprit et l’acte, surtout, autour duquel cet esprit gravite.

Il y a deux sacrifices. Le sacrifice de la Croix, c’est la mort de Jésus en l’an 30, mort douloureuse, mort sanglante, la mort de laquelle suit la Résurrection, la mort pendant laquelle les péchés du monde sont expiés.

L’autre sacrifice, c’est celui de l’autel, celui qui se produit à chaque messe. Il n’est pas douloureux, il se produit après la Résurrection.

Ainsi, le Christ hérite déjà de son corps glorieux, donc immortel. Le sacrifice de l’autel peut ainsi se reproduire à l’infini, en tout temps et tout lieu, et pour cause, Jésus ne meurt plus. On parle pourtant de sacrifice. À l’autel, en effet, le sacrifice de la croix est rendu présent, mais d’une manière toute particulière.

Donc le Sacrifice de la Croix est rendu présent d’une manière sacramentelle à l’autel. Alors que le sacrifice de la croix est réalisé d’une manière physique.

Une mort physique réelle, (mystique veut dire réel aussi, mais sous un autre rapport), mais il y a une mort qui est physique, qui est douloureuse, qui est sanglante.

De l’autre côté, il va aussi y avoir un aspect physique à l’autel, mais qui n’est pas immédiatement le Sacrifice.
On pourrait avoir un aspect physique également, physique et mystique, des deux côtés. Physiquement, à l’autel, il y a la transsubstantiation.

Vous avez le corps et le sang qui se trouvent entre les mains du célébrant mais l’essentiel de la messe, ce n’est pas cela.

C’est certes une caractéristique essentielle de la messe, que la consécration et la transsubstantiation se fassent. Mais il faut le rappeler, s’il n’y a pas de sacrifice, s’il n’y a pas de transsubstantiation et le corps de Jésus, ce n’est que la matière du sacrifice.
Le sacrifice de la croix est reproduit d’une manière cependant mystique sur l’autel, mais c’est le même sacrifice. Il n’est pas produit de la même manière, mais c’est le même.

Le sacrifice qui est reproduit ne l’est pas au moyen d’une imitation ou d’un mime. Il y a une unité, une certaine forme d’égalité entre sacrifice de l’autel et sacrifice de la croix.

Il est certain, cependant, qu’il existe une certaine forme de dépendance. Le sacrifice de la croix est le premier dans le temps, évidemment. Et si le sacrifice de la croix n’avait pas été consommé, le sacrifice de l’autel ne pourrait pas être réalisé.

Ce qui fait le sacrifice de la croix, je répète un peu, c’est qu’il est physique, donc sanglant, douloureux, et il occasionne la mort.

À l’autel, le sacrifice est mystique, ainsi il ne peut pas être sanglant et il n’y a pas de mort.
Jésus ne meurt qu’une fois, ensuite c’est par une immolation mystique qu’il se donne en victime.
Une immolation mystique, comme Jésus est mystiquement lié au membre de son corps qui est l’église.

Comme la Bible, bien qu’elle ne contienne que des mots humains, est véritablement, mystiquement, la parole de Dieu agissant dans les âmes.

La notion du Mystique

Mystique et physique sont deux aspects du réel. Mystique ne veut pas dire pas symbolique.

Il y a aussi, à l’autel un symbole du fait que le sacrifice de la croix se retrouve sur l’autel.

D’ailleurs, l’autel est orné d’une croix, qui est son centre, le sacrifice de l’autel signifie aussi le sacrifice qui fut accompli en l’an 30.

Mais dans le même temps, il le reproduit, il l’actualise de sorte à le rendre véritablement réel au moment de la messe.

Le lien qui unit les deux sacrifices relève aussi, le mot important c’est aussi, du souvenir, du mémorial : On se souvient au moment de réaliser ce sacrifice à l’autel, du sacrifice de la croix.

Une erreur, serait de considérer qu’il n’y a que le souvenir et qu’il n’y a pas l’acte. Ça va être quelque chose qu’on entend beaucoup chez les modernistes, chez les protestants surtout (par exemple c’est ce qui exprimé dans la Présentation Générale du missel Romain en 1969, la définition de la messe alors ne faisait référence qu’au mémorial, et pas au sacrifice, sans doute une hérésie par omission, c’était là le point d’achoppement le plus clair dénoncé dans le Bref Examen Critique par les Cardinaux Ottaviani et Bacci, en 1970 ce document a été modifié pour réintégrer heureusement la mention de sacrifice réel).

Le Sacrifice selon matière Matière et Forme

Précisons un peu le propos en distinguant le sacrifice de la messe selon sa matière et sa forme. Un sacrifice consiste en l’oblation, c’est-à-dire l’offrande d’un objet.

L’offrande d’un objet et l’objet qui est offert sont formes et matières du sacrifice.

On doit voir cette dualité :
L’offrande d’un objet, « oblation rei » et « res oblata », la chose offerte.

Donc oblatio rei, ç’est l’acte qu’on pose, l’oblation de la chose.

Res oblata, c’est l’objet qui est offert, donc c’est uniquement la matière. En l’occurrence, la matière du sacrifice c’est la victime. D’un côté la victime, de l’autre l’offrande de la victime.

Pour le sacrifice de la croix particulièrement, on a bien sûr une matière et une forme.
La matière c’est la victime, c’est Jésus. Pas seulement son corps, pas seulement son sang, mais aussi son âme, et donc toute son humanité.

La forme, l’oblatio rei pour le sacrifice de la croix, c’est donc l’offrande de cette victime.
Elle est offerte par une immolation (c’est la mort). La mort c’est l’acte par lequel l’humanité de Jésus est offerte.

On retrouve la même chose dans le sacrifice de l’autel qui reproduit le sacrifice de la Croix.
La victime c’est l’humanité de Jésus Christ, rendue présente de manière mystique. La forme c’est donc l’oblation mystique.

Dans l’aspect physique de la messe, on va donc retrouver au moment d’offrir les oblats, les hosties qui pour l’instant n’ont rien de spécial.

Au moment de la Consécration, l’humanité de Jésus Christ est véritablement présente (et physiquement par la présence réelle et mystiquement par l’actualisation du Sacrifice). Et on va avoir donc les paroles de la consécration qui sont encore l’offrande de cette humanité de Jésus Christ. Noter ainsi que la matière du sacrifice de l’autel ce n’est pas la présence réelle, mais la présence mystique. La présence réelle est physique, en théorie et avec des gros guillemets, la messe pourrait être sans la présence réelle, Jésus aurait pu instituer la messe d’une autre façon, qui ne ferait pas intervenir la transsubstantiation.

Il y a en outre une analogie entre l’aspect physique et l’aspect mystique de la messe. Entre la matière mystique et la matière physique.

L’offrande c’est l’acte, l’objet c’est la victime. Sans l’un ou sans l’autre, il n’y a aucun sacrifice. Le sacrifice ne consiste pas dans une victime. Le sacrifice ne consiste pas en ce que le corps du Christ soit juxtaposé et soit présent à côté du calice, le calice du sang. D’ailleurs c’est une question qui est posée par saint Thomas : « Y a-t-il un sacrifice lorsque les deux espèces, le corps et le sang, sont juxtaposées ? » : Bien sûr que non. Il faut qu’il y ait cet acte qui pourrait-on dire les lie ensemble. Il faut qu’il y ait cette offrande mystique pour rendre la messe efficace.

Une erreur très commune consiste à dire que le but de la messe c’est la transsubstantiation, pour produire la Communion.

Cela nous amène à cette erreur très commune La Consécration rend ainsi présent non seulement le corps et le sang du Christ mais aussi et surtout son oblation.

Avec des guillemets, on pourrait donc dire que la présence mystique et physique du corps de Jésus pendant le sacrifice de l’autel est quelque chose de tout à fait secondaire au rapport de l’acte qui est posé au même moment.

Une erreur très répandue à travers tous les âges chez les modernistes mais aussi beaucoup dans la tradition, serait de considérer la messe comme un pieux rituel où le prêtre exerce son pouvoir de changer le pain au corps et le vin au sang du Christ. Un rite productif de communion, une cérémonie destinée à nous assurer des hosties consacrés pour remplir nos ciboires et garnir nos ostensoirs.

Pourtant, le culte public de la Sainte Réserve Eucharistique n’est pas du tout d’institution divine mais ecclésiastique. Il est à l’origine une réaction aux hérésies de Tanchelin qui affirmait au XIe siècle que les hosties perdaient leur consécration après la messe.

On commence donc à instituer un culte public, avant il n’y avait qu’un culte privé de la Sainte Réserve. Ainsi apparaissent progressivement les tabernacles (la sainte réserve prenait par le passé d’autres formes, par exemple les tours eucharistiques, un orifice perçu dans le mur de l’abside, sur le côté du sanctuaire, et qui n’était donc pas bien visible par les fidèles, et pas proposé à leur adoration) et les processions au saint Sacrement.

« Il n’y a en effet aucune comparaison à établir entre une courte messe basse où le sacrifice même de notre rédemption est rendu présent où le Christ, souverain prêtre, enferme toutes ses énergies adoratrices à la gloire du Père, tout son rayonnement de vie et de sanctification pour nous.
Et un salut ou une procession, si solennel soient-ils, où nous, pauvres pécheurs, couvrons la sainte Hostie de nos humbles adorations humaines, toujours déficientes, si ferventes soient-elles. »
Croegaert

La Place central qu’occupe la Consécration dans l’économie liturgique de la messe

Il n’est pas étonnant dès lors que le rite consécratoire, tel la pierre dans la bague, occupe une place centrale dans l’ « économie liturgique » du sacrifice.
Celle-ci vise nettement à un certain équilibre entre les rites et les formulaires pré et post consécratoires du canon de la messe. Par exemple, la scission (potentielle) du sanctus et du benedictus, avant et après la consécration, entoure celle-ci d’un cadre mélodique homogène.

Encore par la symétrie des deux memento, des vivants avant, et des mort après la Consécration. Des deux diptyques aux listes de saints Communicantes avant la Consécration et Nobis quoque peccatoribus après. Des signations rituelles : pendant le canon 3 + 5 signes de croix avant la Consécration et 5 + 3 après.

Enfin la mise en relief du rite consécratoire lui-même, par les deux élévations accompagnées de sonneries des clochettes, de la cloche, dans le silence impressionnant de la foule, qui interrompt le chant du sanctus et abandonne la station de bout du canon pour la génuflexion et l’adoration.

Bien plus encore, d’une part toute la liturgie de l’Offrande du pain et du vin, jusqu’à la secrète, est subordonnée à la consécration, parce qu’elle en constitue la préparation.
D’autre part, toute la liturgie de la Communion, depuis la fraction jusqu’au post communion, est subordonnée à la consécration, parce qu’elle constitue la participation plénière du célébrant et des fidèles à l’oblation du sacrifice eucharistique qui a lieu en la Consécration.

La liturgie des trois parties essentielles de la messe suit au rapport de leur intensité une sorte de parabole (géométrique), avec l’Offertoire, la Consécration, la Communion. Et tous les artifices liturgiques, toutes les figures de style liturgiques participent à mettre en relief ce moment unique de la Consécration.

Une vidéo produite par l’association qui reprend le contenu de cet article :

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Louis Djeddi, la Phalange LiturgiqueCet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

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