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Europe : politique

“La fascination que représente le fait d’être catholique pour beaucoup de gens dans le monde politique et médiatique”

“La fascination que représente le fait d’être catholique pour beaucoup de gens dans le monde politique et médiatique”

Le député européen François-Xavier Bellamy a été longuement interrogé dans le numéro d’octobre de La Nef. Extrait :

Est-il difficile d’être catholique dans un monde politique où la religion est ignorée, voire caricaturée ou rejetée?

Je suis fasciné par la fascination que représente le fait d’être catholique pour beaucoup de gens dans le monde politique et médiatique. C’est en tous les cas un sujet d’étonnement inépuisable. J’assume paisiblement ma foi, mais je n’en ai jamais fait un étendard. Je ne prétends pas du tout représenter les catholiques en politique – je suis d’ailleurs bien placé pour savoir que leurs choix politiques ne sont pas univoques, et tant mieux! La grande force de la foi chrétienne est justement de n’être jamais réductible à un programme politique. On peut ainsi être authentiquement catholique et avoir des idées très différentes sur la meilleure manière de répondre au défi migratoire, au désendettement du pays ou à la décarbonation de l’industrie. Et c’est sans doute quelque chose qu’il faut défendre aujourd’hui, en particulier dans un moment où se développe en France la pratique musulmane qui, elle, ne connaît pas cette distinction entre le spirituel et le temporel.

Être député européen a-t-il changé votre vision de l’Europe?

J’ai évidemment beaucoup appris, mais je ne crois pas avoir changé radicalement de perspective. Je continue de penser que l’Union européenne est aujourd’hui le synonyme d’une forme de dépossession pour les citoyens des pays européens, dépossession de leur capacité à maîtriser leur destin. Et je crois qu’elle devrait au contraire trouver tout son sens dans le fait de les rendre plus libres et plus maîtres de leur avenir. Pour y parvenir, il faut qu’elle connaisse une remise en cause extrêmement profonde.

Justement, fort de cette expérience de député, pensez-vous qu’un homme politique puisse changer les choses de l’intérieur dans le cadre de l’Union européenne?

Oui : je n’ai pas le sentiment d’avoir passé mon mandat, comme beaucoup de mes collègues d’autres groupes politiques, à consentir ou à commenter ; ce qui rend le mandat au Parlement européen intéressant, c’est qu’avec du travail et la patience qu’il faut pour construire des alliances, il est possible d’agir. Nous avons mené, et parfois gagné, des batailles majeures. Sur l’énergie nucléaire par exemple : nous avons empêché l’asphyxie de la filière nucléaire française par les règlements sur la taxonomie, et je crois pouvoir dire que j’y ai contribué de façon très directe, quand bien même tout le monde me promettait une défaite. On a parfois le sentiment d’assister, impuissants, à la déconstruction de la civilisation sur laquelle l’Europe est pourtant fondée : là aussi, nous avons réussi à mettre des crans d’arrêt importants. Je pense à l’amendement que j’ai déposé – il aura fallu s’y reprendre à plusieurs reprises, c’est toujours dans la durée qu’on gagne les combats – pour interdire à la Commission européenne de financer des campagnes faisant la promotion du hijab. Au-delà du combat contre cette dérive très concrète, cette victoire a permis de renverser une tendance: beaucoup m’ont partagé que, dans les cabinets des commissaires européens, une vigilance est désormais de mise sur le choix de leurs interlocuteurs, de leurs partenariats et leurs engagements. Tant mieux si nous avons pu faire que l’inquiétude change de camp!

Ces sujets sont essentiels, mais il faudra évidemment des ruptures beaucoup plus profondes pour changer significativement l’Union européenne. Et c’est une grande difficulté de l’engagement politique dans notre monde : on a parfois l’impression que nos victoires consistent surtout à éviter le pire, à ralentir la crise. On mène des combats de retardement, on essaie de combler des brèches et d’empêcher que le bateau ne coule trop vite. Ce n’est pas sans importance, bien sûr ; mais pour changer profondément de direction, il faudra plus que le travail parlementaire quotidien. […]

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