L'archevêque de Québec et Primat du Canada, le cardinal Marc Ouellet, a prononcé dimanche 2 mai un discours devant la Fédération Canadienne des Sociétés de Médecins Catholiques. Extraits :
"Engagés par le Serment d’Hippocrate et guidés par une vision anthropologique chrétienne, vous êtes confrontés à des courants sociaux qui défient ouvertement votre conscience morale et votre service professionnel.
Cette confrontation devient maintenant plus dramatique à cause de la pression accrue venant de mesures législatives (…) qui touchent le traitement de la vie humaine à son début et à sa fin. Par ailleurs, l’objection de conscience à laquelle vous avez droit est un dernier recours qui menace d’être remis en cause par de nouvelles régulations (…)
Certains courants de pensée distinguent entre l’être humain et la personne humaine, proposant que la dignité de la personne humaine soit affirmée inconditionnellement à partir du moment de la naissance, alors que les phases antérieures du développement de l’embryon et du foetus ne jouiraient pas de la même garantie juridique.
L'Église catholique rejette cette distinction dans l’Instruction Donum vitæ de 1987 car la dignité de la personne humaine est la même à toutes les phases de son développement (…)
Une telle conception de la dignité, liée à l’état de santé plus ou moins délabré d’une personne, est réductrice et dangereuse (…)
Tout leur raisonnement est articulé autour du moment insupportable qu’il faut éviter parce qu’il serait indigne de souffrir inutilement, de se voir réduit à l’impuissance, d’être soumis à la dépendance totale d’autrui et à l’humiliation de perdre le contrôle de soi-même à l’approche de la mort. À cette idéologie qui dévalorise la dignité de la personne humaine, il faut opposer une vision anthropologique globale conforme à la raison éclairée par la foi, selon la tradition judéo-chrétienne qui est la nôtre en Occident (…)
Parmi les valeurs confiées à la responsabilité de la personne humaine, le respect de la vie à toutes les phases de son développement apparaît comme le principe et le fondement de l’ordre moral de la société. La valeur intrinsèque de la personne humaine, fondée sur sa qualité d’être supérieure à toute la nature matérielle, constitue la base de toutes les autres valeurs. Car la personne humaine est dotée d’une âme spirituelle et immortelle qui est promise à une vie de communion définitive avec Dieu par-delà la mort (…)
Agir autrement sans égard pour l’ordre établi par Dieu introduit un désordre aux conséquences graves et imprévisibles, comme il appert déjà de la décriminalisation de l’avortement et de l’euthanasie dans certains pays occidentaux. La rupture de l’ordre social fondé sur la reconnaissance du droit souverain de Dieu sur la vie entraîne l’affaiblissement du sens moral, la dégradation des rapports humains, la montée de la violence et la « culture de mort » dont on ne mesure plus les conséquences à venir (…)
Si chaque individu peut décider du terme de sa propre vie ou de l’existence d’une autre personne humaine malade ou en gestation dans le sein maternel, il n’y a plus aucune limite à la volonté de puissance et aux choix arbitraires (…)
Après l’amère expérience des totalitarismes du XXe siècle, nous glissons vers une dictature du relativisme, ce qui signifie en dernière analyse la manipulation des droits humains et l’imposition d’une pensée unique, politiquement correcte, avec l’appui du pouvoir médiatique.
Ce diagnostic peut sembler alarmant, mais quand on voit évoluer l’Occident vers une « culture de mort » de plus en plus envahissante, on ne peut s’empêcher de tirer la sonnette d’alarme. Avortements massifs, suicides décuplés, euthanasie en progression géométrique, foyers détruits, couples éphémères, conjoints non-mariés, enfants non désirés ou instrumentalisés, techniques raffinées d’eugénisme et de régulation des naissances, manipulations génétiques, etc., etc. Tous ces faits mettent en évidence le désarroi d’une humanité déboussolée et aspirée par le néant.
On constate tristement l’absence d’une norme éthique claire, universellement admise et respectée, qui garantirait l’ordre social et donc un vivre ensemble dans l’égalité des droits et la liberté pour tous.
Cette norme éthique existe et ne peut être que le respect inconditionnel de la personne humaine en raison de sa dignité native, de son alliance personnelle inviolable avec Dieu et de sa contribution unique et irremplaçable au bien commun de l'humanité (…)"
L'intégralité de son discours est disponible sur le site de l'Eglise catholique de Québec.
Jean
A noter que le Parlement canadien a récemment rejeté une proposition de loi en faveur du suicide assisté : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2010/04/21/007-suicide-assiste-vote.shtml
C.B.
“Tout leur raisonnement est articulé autour du moment insupportable qu’il faut éviter parce qu’il serait indigne de souffrir inutilement”
Qu’est-ce que “souffrir inutilement”? Qu’en ont pensé les résistants, les déportés, …
C’était hier?
Simon
Des hommes d’Église éclairés comme Mgr Ouellet et Benoît XVI sont des phares dans la nuit de la société sans Dieu.