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Pays : Chine / Pays : Etats-Unis

Le conflit de puissance entre la Chine et les États-Unis sera la grande histoire de demain

Le conflit de puissance entre la Chine et les États-Unis sera la grande histoire de demain

Ancien directeur de l’École de guerre, le général Vincent Desportes est professeur de stratégie à Sciences Po et HEC. Il répond au Figaro. Extraits :

[…] Je pense notamment au grand affrontement déjà en cours entre les États-Unis et la Chine, qui s’affirme comme la nouvelle puissance impériale. Dans les années qui viennent, les relations internationales seront basées sur la puissance ; l’Europe doit se doter de ses attributs pour faire rempart à la Chine et faire part égale avec son ancien allié. Elle doit absolument reconstruire sa puissance, condition de son autonomie.

Que faut-il faire concrètement?

L’Europe doit être capable de jouer son rôle dans le monde et de participer au maintien des grands équilibres. Elle ne pourra le faire que si elle détient la puissance militaire. Car la voix des nations ne porte qu’en fonction du calibre de leurs canons! Si la France compte davantage que les autres pays, c’est justement parce qu’elle a une armée digne de ce nom. Si l’Europe est aphone, c’est parce qu’elle ne s’est pas dotée des moyens de la puissance.

Vous évoquez la possibilité d’un conflit sino-américain. Mais une confrontation entre les États-Unis et l’Iran ne pourrait-elle pas intervenir avant?

À court terme, si l’on exclut le terrorisme, il existe d’autres zones de tension, notamment la région du Golfe et la péninsule nord-coréenne. Mais ce sont des conflits de petite ampleur par rapport aux grands enjeux qui s’annoncent. Personne n’a intérêt à ce que l’opposition entre l’Iran et les États-Unis se transforme en une guerre ouverte. Il semble en revanche écrit que le conflit de puissance entre la Chine et les États-Unis sera la grande histoire de demain…

À quoi sert encore l’Otan?

L’alliance avec les États-Unis ressemble à celle qui unissait Athènes aux cités helléniques. L’Otan est une alliance sur laquelle règnent de manière hégémonique les Américains, qui offrent leur protectorat en échange de la vassalisation de leurs alliés. Le problème, c’est que ce protectorat n’est pas fiable. De Gaulle le disait déjà quand il affirmait qu’il fallait une armée française car le parapluie américain n’était pas suffisamment fiable. Il l’est encore moins aujourd’hui. L’Alliance est un leurre. Elle affaiblit les Français, car elle ne leur permet pas de parler au monde et de défendre leurs valeurs. Il faut sortir de l’illusion que les outils d’hier sont toujours pertinents pour le monde de demain.

L’Alliance atlantique peut-elle mourir?

L’Otan est devenue une menace pour les pays européens. D’abord parce qu’elle est un outil de déresponsabilisation des États qui ne se croient plus capables d’assumer leur défense. Ensuite parce que son existence même est un outil de maintien et de renaissance des tensions en Europe. Il est temps que l’Otan soit remplacée par la défense européenne. La meilleure chose qui pourrait arriver à l’Alliance, c’est que les États-Unis s’en retirent. Ils placeraient ainsi l’Europe devant la nécessité d’avancer. Tant que l’Europe stratégique ne sera pas construite, le continent restera un protectorat à qui les États-Unis dictent leurs règles, comme le principe d’extraterritorialité dans l’affaire des sanctions contre l’Iran.

Pourtant, les pays de l’Est, notamment la Pologne, ne jurent toujours que par elle…

On peut comprendre que les Polonais croient être défendus par les États-Unis. Mais ils ont commis la même erreur en 1939, quand ils ont cru que la France viendrait les défendre s’ils étaient attaqués par les Allemands… Pourquoi les États-Unis sacrifieraient-ils Washington pour Varsovie si la Pologne était attaquée par la Russie? […]

L’Amérique n’est pas maligne comme un cancer. Mais quand elle n’est pas régulée, elle a tendance à imposer ses intérêts avant tout. Elle se détache par ailleurs de sa grand-mère patrie l’Europe pour se tourner vers le Pacifique. Quand ce processus sera achevé, l’Europe se trouvera bien démunie. Je pense que la Russie doit être intégrée à l’espace européen et que nous devons faire en sorte qu’elle ne soit plus une menace. L’avenir de l’Europe est eurasiatique, par euro-atlantique. Nous avons, nous Occidentaux, contribué à faire ressurgir la menace russe. Nous avons raté l’après-guerre froide car nous n’avons pas réussi à réintégrer la Russie dans le jeu des démocraties. […]

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3 commentaires

  1. Donc il reprend à son compte toutes les thèses d’Aymeric Chauprade. Pourquoi l’a-t-il renvoyé de l’Ecole de guerre alors ?

  2. Faut pas rêver: trop de pays de l’Union Européenne seront d’accord pour que l’armée française aille au front, mais ne mettront ni un “penny” ni un “soldat” pour constituer une armée “européenne”. Ni même pour contribuer à financer les opérations assurées par l’armée française. Or nous avons déjà largement payé “pour le roi de Prusse”.

  3. La Pologne n’a pas bougé le petit doigt en 1938 lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie, ce en raison du Comté de Tenschen. Pilsudski a été infect sur ce coup là.
    Les polonais ont toujours été admirables de panache dans la connerie la plus totale et les français ont toujours eu une grande admiration pour le panache dans la connerie. On adore se transcender dans les déroutes.

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