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Culture de mort : Euthanasie

Le double discours des pro-euthanasie

Le double discours des pro-euthanasie

Les partisans de la culture de mort ont toujours eu un problème avec la vérité. Pire : ils mentent comme ils respirent, comme l’explique Gregor Puppinck dans une tribune parue dans Valeurs Actuelles :

L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) s’enorgueillit — avec raison — d’être à l’origine du débat sur l’euthanasie et le suicide assisté en France, d’avoir su imposer ses idées et jusqu’à son vocabulaire. Elle a l’oreille du gouvernement et tient la plume de parlementaires ; connaître sa pensée est donc essentiel pour comprendre le débat sur l’euthanasie.

Si elle se limite aujourd’hui à réclamer la légalisation de l’euthanasie volontaire des adultes malades, sa retenue actuelle sur l’euthanasie des mineurs, des personnes handicapées ou âgées est purement stratégique, et relève de la technique du double discours.

« Être dix fois plus radical »

Interrogé durant une assemblée générale de l’association sur l’opportunité d’“aller plus loin” que le texte discuté actuellement, de réclamer l’extension de l’euthanasie aux mineurs, aux personnes âgées et aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, Jean-Luc Romero — président emblématique de l’ADMD jusqu’en 2021 — répondit qu’il y avait un débat interne sur cette question mais que l’association « n’avait pas souhaité aller plus loin, en disant, stratégiquement, ce n’est pas le moment ». L’important serait déjà de faire adopter « le socle » de la loi autorisant le principe de l’euthanasie. Plus tard, dans un second temps, « comme les Belges ont amélioré leur texte, on l’améliorera » ; la Belgique a, en effet, largement étendu l’accès à l’euthanasie aux mineurs et aux personnes dépressives depuis la loi initiale.

Cette retenue de l’ADMD ne serait donc qu’une simple stratégie de dissimulation pour ne pas « donner un chiffon rouge » aux opposants, suivant l’expression de Jean-Luc Romero, mais celui-ci ajoute que si sa proposition de loi ne passe pas en 2023, alors il faudra réfléchir à une autre proposition, « et là, peut-être, être dix fois plus radical ».

L’actuel président de l’ADMD, Jonathan Denis, ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit en 2022 :

« Comme la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse, telle que votée en 1975, était très incomplète, nous devons craindre que la loi qui sera proposée au vote des parlementaires, en 2023 nous dit-on, ne réponde pas à l’ensemble de nos revendications […]. Nous devrons accepter des concessions qui ne seront que temporaires, transitoires. Car dès lors que le principe même de l’aide active aura été voté, le front des anti-choix aura été brisé et nous pourrons enfin avancer rapidement et faire évoluer la loi vers ce que nous souhaitons tous : une loi du libre choix qui ne comporte aucune obligation pour quiconque. [1] »

Cette façon de manier le double discours n’est pas récente à l’ADMD. Déjà en 1985, Paul Chauvet, alors président de l’ADMD, écrivait :

« Il conviendra donc toujours d’avancer sur deux plans : celui de la demande acceptable aujourd’hui, et celui affirmé, confirmé, de l’idéal recherché, pour faire progresser notre objet. [2] »

Un mouvement issu du courant eugéniste des années 1930

Quel est donc “l’idéal recherché” de l’ADMD, “dix fois plus radical” que le projet de loi actuel du gouvernement ? Il y a lieu de s’inquiéter lorsque l’on connaît l’histoire de l’ADMD et des mouvements euthanasiques. Car il ne faut pas oublier que ces mouvements sont directement issus du [3].

Certes, plus tard, l’ADMD a déclaré s’opposer « à toute euthanasie pratiquée sans demande de la personne concernée », mais tout en soutenant des personnes poursuivies en justice pour avoir euthanasié des patients sans leur consentement. Ce fut le cas dès les années 1980, lorsque l’ADMD se réjouissait de l’acquittement de Pierre Thébault, un infirmier ayant tué une femme de 86 ans ayant une fracture du col du fémur [4], ou encore en 2013 lorsque l’ADMD soutenait le [5] »

Il est vrai que l’idéal supérieur de l’ADMD n’est pas l’euthanasie des personnes mourantes ou inconscientes, mais le suicide volontaire des personnes qui craignent de se voir dépérir. Pour Odette Thibault, théoricienne et cofondatrice de l’ADMD, le suicide « est le seul moyen de mourir… vivant [6] », c’est « la suprême autonomie, celle qui définit l’être humain… avant qu’on ne la perde tout à fait [7] ». Quant au sénateur Henri Caillavet, un ancien président de l’ADMD, « le suicide conscient est l’acte unique authentique de la liberté de l’homme [8] ». Cette apologie du suicide comme acte de liberté s’exprime en contrepoint d’une peur tout aussi extrême de la déchéance physique et de la dépendance. Pour Caillavet,

« lorsque nous sommes morts en nous-mêmes, pourquoi maintenir une flamme vacillante ne permettant plus qu’une existence végétative, sinon proche de la sénilité ? Est-ce vivre que de ne plus être autonome, de dépendre d’autrui, de ne plus être capable d’intégrer le monde extérieur et d’être parfois soumis à un acharnement thérapeutique illusoire ? Certainement pas [9] ».

De ce point de vue, un être privé d’autonomie et de capacités relationnelles ne serait pas ou plus vraiment humain. Comme l’écrit Odette Thibault,

« tout individu ne possédant plus ces facultés peut être considéré dans un état sous-humain ou infra-humain, poussé à l’extrême dans le cas du débile profond [10] ».

Dès lors, ajoute-elle, « beaucoup d’individus sont des morts-vivants, déjà morts à l’humain bien avant la fin de leur vie organique [11] ». Les tuer ne serait donc pas un meurtre, puisqu’ils seraient déjà morts à l’humanité ; et cela ne violerait pas leur autonomie individuelle puisqu’ils en sont démunis. Plus encore, mettre fin à une vie devenue inhumaine permettrait de préserver son humanité de la déchéance, et serait donc un bien. Ici encore, Odette Thibault écrit :

« Prolonger cette déchéance est, à mon avis, une des plus graves atteintes qu’on puisse porter à la dignité humaine. [12] »

La sénilité, une charge pour la société

À ces arguments sur l’indignité et l’inhumanité de la fin de vie s’ajoutent des considérations économiques, sur la charge sociale des personnes handicapées et séniles. Odette Thibault écrit encore à propos des personnes âgées : « Dès qu’ils sont inutiles, ou qu’ils représentent une charge supplémentaire, comme c’est le cas dans les périodes de pénurie, on est content de les voir disparaître. [13] » Un autre administrateur historique de l’ADMD, Albert Cuniberti, ajoute, dans le bulletin de l’association :

« L’acharnement que l’on met à conserver une dérisoire caricature de vie à un nombre croissant de vieillards qui ne le souhaitent pas, coûte de plus en plus cher et devient pour la société une charge de moins en moins supportable. [14] »

De telles citations ne manquent pas parmi les écrits des fondateurs et dirigeants de l’ADMD. Ces convictions extrêmes font directement écho aux origines eugénistes et néomalthusiennes du mouvement euthanasique, elles donnent une idée de ce à quoi pourrait ressembler une proposition de loi “dix fois plus radicale” de l’ADMD, ainsi que de la direction de la “pente glissante” dans laquelle ce lobby veut pousser la société française.

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1 commentaire

  1. En même temps, si on déclarait ouvertement qu’on veut remettre la Sainte Trinité au cœur de la constitution française et pourquoi pas, rétablir la royauté de droit divin (donc soumise à la loi divine et non aux caprices fluctuants des temps) on ne susciterait pas exactement un enthousiasme délirant. La dissimulation fait partie de la politique, pourquoi s’en étonner?
    Par contre ceci signe clairement l’origine de ce qui inspire cette association: l’objectif est de détruire officiellement le premier Interdit Universel de l’humanité, “tu ne tueras pas” – les quatre suivants sont sous assistance respiratoire.

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