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France : Politique en France

Le nouveau « congé de naissance », une mesure en trompe-l’œil

Le nouveau « congé de naissance », une mesure en trompe-l’œil

Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques (AFC), est interrogée par Fabrice Madouas dans France catholique, à propos des annonces gouvernementales. Extraits :

[…] Les mesures annoncées vous semblent-elles à la hauteur de ce défi démographique ?

Je crains que l’on ait pris les choses à l’envers. Pour que la natalité reparte, il faut d’abord analyser les raisons de son recul. En France, un adulte de moins de 50 ans sur trois a renoncé à avoir un enfant, ou d’autres enfants s’il en avait déjà. Pourquoi ? L’enquête que nous avons confiée à l’Ifop en juillet 2023 permet d’identifier les freins à la natalité. Les deux premières raisons avancées tiennent aux modes de garde, trop chers ou inexistants, et aux problèmes d’emploi et de ressources financières. L’inquiétude liée à la crise climatique, dont on parle tant, n’arrive qu’en cinquième position. On voit bien quelles sont les priorités.

Fort de ce diagnostic, que pensez-vous des mesures envisagées ?

La principale concerne la garde de l’enfant. Le gouvernement dit vouloir créer un nouveau « congé de naissance ». Il s’agirait de remplacer les congés parentaux jusqu’à 3 ans, rémunérés environ 429 € par mois, par un congé de 6 mois. La rémunération se ferait en fonction du salaire et n’excéderait pas 1 800 € par mois.

Première remarque : en réalité, ce congé de naissance n’est pas de 6 mois, car il inclurait les 2 mois et demi de l’actuel congé maternité. C’est donc un congé de 3 mois et demi seulement, et même de 2 mois pour le troisième enfant puisque le congé maternité est plus long dans ce cas. C’est donc une mesure en trompe-l’œil.

Deuxième remarque : le congé parental, qui peut durer jusqu’aux 3 ans de l’enfant, serait supprimé puisqu’il s’agit de remplacer l’un par l’autre. Où est le progrès ?

En réalité, cette mesure est un leurre. Rien de plus que de l’affichage. Ce n’est pas ainsi que l’on permettra aux Français d’avoir autant d’enfants qu’ils le souhaitent. La vérité, c’est que le gouvernement cherche à faire des économies de toutes les manières possibles. Je rappelle que la branche « famille » de la Sécurité sociale est largement bénéficiaire – ce qui se comprend aisément : moins il y a d’enfants, moins il y a de prestations familiales à verser – et qu’elle est régulièrement prélevée pour abonder la branche « autonomie-vieillesse », en déficit puisque la population française vieillit… C’est un expédient, une « vision » comptable à courte vue qui néglige l’avenir. S’il n’y a plus d’enfants, comment pourra-t-on s’occuper des personnes âgées ? La politique familiale est un investissement. Le démographe et sociologue Gérard-François Dumont a démontré que le taux de natalité était corrélé au pourcentage du produit intérieur brut consacré à la famille. C’est pourquoi nous nous battons, au niveau européen, pour une modification des règles comptables : les mesures de politique familiale doivent être considérées comme un investissement et non comme une dépense, comme c’est aujourd’hui le cas – ce qui aggrave la dette des pays soucieux de relancer la natalité. […]

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