D'Eric Letty dans le dernier numéro de Monde & Vie :
"La « vérité » démocratique est si relative, évolutive et changeante, qu’un acte comme l’avortement, qui voilà quarante ans était considéré et puni comme un crime, est regardé aujourd’hui comme un droit « fondamental », si précieux que non seulement l’opposition, mais la simple recherche d’une alternative à la mort de l’enfant devient délictueuse. Ce « sujet de société », qui est un enjeu de civilisation, représente aujourd’hui le tabou majeur du politiquement correct.
Lors de la primaire de la droite, Alain Juppé, fort de l’appui du tribunal médiatique, a agressé sur ce thème François Fillon, qui jurait pourtant, la main sur le cœur, avoir voté toutes les lois socialistes aggravant le carnage des enfants français. Malgré ces gages, il s’était rendu suspect en déclarant que « philosophiquement » et « compte tenu de [sa] foi personnelle » il n’approuvait pas l’avortement, sans pour autant vouloir y porter atteinte: « Je suis capable de faire une différence entre ces convictions et l’intérêt général ». En somme, l’ancien premier ministre est convaincu en son for interne que cet acte est intrinsèquement mauvais, mais non moins persuadé en son for externe – qui s’accorde merveilleusement avec sa carrière politique – qu’il est excellent pour l’intérêt général. Admirable grand écart ! En 1945, les accusés du procès de Nuremberg auraient dû penser à cette fine distinction : Auschwitz, j’étais contre, mais en mon for interne…
On a récemment vu aussi Marine Le Pen désavouer sa nièce Marion, « coupable » d’avoir annoncé qu’en cas de victoire à la présidentielle le Front national reviendrait sur le remboursement de l’avortement, qui range la grossesse au rang des maladies graves et traite l’enfant à naître comme une tumeur pernicieuse. « Que les choses soient très claires, je ne remettrai pas en cause l’accès à l’IVG, de quelque manière que ce soit », a rectifié sur TF1 la présidente du Front national. Nous en prenons note.
La gauche, elle, s’acharne contre la vie. En janvier dernier, elle avait supprimé le délai de réflexion qui précédait un avortement. Onze mois plus tard, elle fait voter une loi liberticide – une de plus –, condamnant le prétendu « délit d’entrave à l’avortement » sur Internet, pour censurer toute opposition à son idéologie mortifère et empêcher de dissuader les jeunes mères de laisser tuer leur enfant dans leur sein. Le caractère totalitaire de ce projet a inquiété même des journalistes de gauche aussi peu suspects d’être « pro-vie » que ceux de Charlie Hebdo.
Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France, a également protesté dans une lettre adressée à François Hollande. Le gouvernement en déroute de ce président déchu est pourtant parvenu à faire voter ce texte par les chambres grâce à l’abstention de nombreux parlementaires prétendument de droite, tandis que les centristes bêlaient au cul des socialistes.
Cette nouvelle offensive coïncide avec le début de l’Avent. Est-ce un hasard ? La furie avec laquelle Marisol Touraine et Laurence Rossignol accomplissent leur œuvre létale ne peut pas s’expliquer seulement par des mobiles politiques. On devine là une intention religieuse. En organisant le massacre des innocents, c’est Dieu que ces hérodiennes cherchent à tuer. La marche pour la vie organisée le 22 janvier prochain donnera l’occasion aux défenseurs des enfants à naître de riposter en montrant qu’ils ne se laissent pas intimider. Dire non au totalitarisme, c’est déjà résister."