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France : Politique en France

“Le temps des visionnaires est révolu, voici venu le temps des mécaniciens”

Interrogé dans Le Point, Philippe de Villiers ne mâche pas ses mots à l'égard de Bruno Retailleau :

"[…] Tous les chantiers dont se targue mon successeur, c'est moi qui les ai lancés. Cet homme n'a pas de bilan. […]

Quelle était votre relation ?

C'était une relation à la fois paternelle et fraternelle. Il me rendait en fidélité tout ce que je lui apportais en énergie. Mais il s'est révélé être un homme déloyal au moment où j'ai été frappé d'un cancer. Il a alors décidé, selon son expression, de tracer sa route, de changer de mentor, de parti et de corpus doctrinal.

Vos divergences idéologiques ne sont-elles pas à l'origine de votre rupture ?

Je n'ai jamais changé de ligne politique, contrairement à ce qu'il veut faire croire pour justifier sa trahison. Il a été le premier à savoir que j'allais mal et, au lieu de me soutenir, il m'a fait le reproche de ne plus être dans ma fonction. Il a organisé à Paris puis en Vendée un réseau de déstabilisation contre moi.

Mais vous avez quand même mis votre veto à sa nomination au gouvernement en 2009...

Il a tenté de devenir ministre dans mon dos ! C'est Nicolas Sarkozy qui me l'a appris par téléphone et m'a demandé mon avis. Je lui ai répondu que c'était une manoeuvre de François Fillon pour m'empêcher de me présenter aux élections européennes. Il m'a alors dit qu'il ne donnerait pas suite. J'ai ensuite appelé Bruno Retailleau, qui m'a affirmé qu'il n'était pas au courant…

Pourquoi êtes-vous parti en 2010, avant le renouvellement du conseil général ?

Je ne voulais ni parricide ni fratricide. La profondeur de nos liens rendait tout conflit insupportable. Je ne suis pas parti parce que j'ai été chassé, mais par élégance face à une situation douloureuse. Et puis je voulais me reconcentrer sur le Puy du Fou.

D'aucuns estiment que vous n'acceptiez pas de voir votre poulain prendre son envol…

C'est moi qui l'ai imposé à chaque élection. Il savait qu'il me succéderait. Il aurait pu attendre ma guérison avant d'accélérer le pas. Mais il a considéré que je devenais une gêne, c'est classique. Depuis le Puy du Fou, il va de tremplin en tremplin. Ce qu'il veut, c'est devenir ministre. C'est une ambition saine, à condition de ne pas se trahir. Or ce qui me choque, ce n'est pas tellement qu'il se présente à la région, c'est qu'après avoir promis aux Vendéens de ne jamais les quitter il s'en va. En outre, alors qu'il s'était battu avec moi pour conserver la clause de compétence générale des départements, il a fait voter au Sénat son abolition. Il a aussi changé d'avis sur l'Europe. C'est un professionnel de la politique, mais ce n'est pas un homme d'envergure ; il a été un bon second. Je regrette qu'il n'ait pas servi la Vendée comme je l'ai fait. Il s'en est juste servi à des fins carriéristes.

Souffrez-vous encore de cette rupture ?

Non. La page est tournée pour moi. Le temps des visionnaires est révolu, voici venu le temps des mécaniciens. Je ne les prends pas au sérieux. La politique est devenue un cloaque, une piscine sanguinolente où des caïmans mangent des crocodiles. Je suis content d'être désormais loin de tout ça.

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14 commentaires

  1. Cela fait quelques mois que Philippe de Villiers dénonce la politique français, pince sur le nez, et je le comprends très bien… Je le considère comme un homme politique au sens noble, pas comme un politicien, et je ne cesse de déplorer son départ de la vie politique. Je le comprends cependant. Et je ne parle même pas de l’usure que peuvent provoquer les calomnies, les moqueries des journaleux, l’humour douteux sur sa vie intime, voire les attaques de Boutin (pour se distinguer de lui après avoir bataillé ensemble)…
    En bref, il manque à la France.
    A noter que des partenaires de la France s’inquiétaient de la possibilité de voir Villiers intégrer un gouvernement…
    Son soutien à Chauprade a été l’une de ses dernières interventions politiques : http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2014/05/15/25002-20140515ARTFIG00146-le-soutien-amical-de-philippe-de-villiers-au-candidat-fn-aymeric-chauprade.php

  2. Cela est bien triste ! Ils étaient comme de bons amis et la politique a tout fichu par terre. Il a raison PdV la politique est un cloaque au service de l’égocentrisme et du fric (au grand dam des contribuables).

  3. Décidément, Philippe de Villiers à l’art de choisir ses “amis”.
    Comment se peut-il qu’un homme si intelligent, cultivé, si estimable et admirable de force et de courage, si visionnaire, soit à ce point aveugle et si peu psychologue ?
    Trop gentil ? Trop confiant ? Trop compatissant ?… trois qualités, valeurs, incompatibles avec la politique et pourtant… si les français savaient ce qu’ils ont perdu en ne soutenant pas cet homme là, ils pleureraient tous les jours et se couvriraient la tête de cendres…

  4. C’est comme au FN, c’est le lot de tous les vieux chefs de se faire éjecter par les jeunes loups !

  5. Philippe de Villiers, un très grand Monsieur.
    Pour le plus grand bien de la France ,il serait salvateur que l’ancien Pdt du conseil général de Vendée ,tente un rapprochement avec le RBM .
    Partant de l’évidence incontestable que la droite traditionnelle -en réalité des mondialistes – a trahit outrageusement ,et dans les grandes largeurs ,cela mérite d’y réfléchir .
    L’union des VRAIS patriotes est la nécessité au sauvetage de la Patrie. Tout le reste sera irrémédiablement voué à l’échec total.
    “Toute maison divisée contre elle-même est appelée à disparaitre ” Evangile
    “La révolution a abattu la monarchie,elle l’a remplaçé par une démocratie qui est devenue aujourd’hui une oligarchie.
    L’oligarchie médiatique,l’oligarchie des banquiers de Francfort,l’oligarchie du CAC 40,l’oligarchie des banquiers de Bruxelles,pour ne pas parler de, l’oligarchie américaine de l’OTAN.
    Un jour une génération se lèvera qui balaiera les oligarques du multiculturalisme et du consumérisme ”
    Philippe de Villiers

  6. Philippe de Villiers n’a jamais été de cette sorte d’homme qui accepte les conflits où on se roule dans la fange…autant dire qu’il n’est pas vraiment fait pour la politique. C’est un artiste, et peut-être un visionnaire, pas un mécanicien et encore moins un tueur

  7. “le temps des visionnaires est révolu”, c’est vrai partout hélas…
    mais il reviendra!

  8. C’est dommage qu’il a fallu qu’il abandonnât la politique pour parler sans langue de bois… On se rappelle tous qu’il a été un sous-marin (volontaire) de l’UMP pour saborder la droite (extrême ?).
    Bref, si la vieillesse et son départ lui ont donné la sagesse tant mieux mais je crains qu’elle ne le quitte à nouveau s’il devait revenir…
    M. de Villier : j’ai plaisir à vous lire : vos romans sont admirables et votre Puy du Fou restera graver dans ma mémoire et celle de ma famille… Restez en là : vous faîtes cela très bien et c’est déjà beaucoup.

  9. Rappelons que la Vendée doit beaucoup Philippe de Villiers !

  10. Tous les Vendéens vous diront que Philippe de Villiers a été un génie pour notre département, pour sa mémoire, pour son rayonnement, personne ne dit le contraire, c’est une évidence qui dépasse les clivages. Là où PdV a péché par zèle, c’est que si vous ne marchiez pas avec lui à 200%, il vous persécutait sans relâche. C’était marche ou crève. Ce petit jeu finit toujours par se retourner contre soi. Il y a malheureusement plus de mécaniciens que de visionnaires, m^me si comme dit ODE, ce temps reviendra. En fait, il est déjà là, car les incapables qui gouvernent ce beau pays sont tous morts politiquement. Tous.

  11. Le Puy du Fou, une merveille.
    Par contre, en politique, P. de Villiers tenait toujours des discours merveilleux pendant les campagnes, mais une fois élu ne tenait pas du tout ses promesses et suivait une correctitude absolue.
    Comme il m’a déçu.

  12. @ Jean Theis
    Vous avez des exemples de promesses non tenues?
    parce que la critique gratuite, c’est facile.
    Agir comme Villiers pour la Vendée, ça l’est moins. Mais vous avez peut être une expérience à partager?

  13. “La page est tournée pour moi. Le temps des visionnaires est révolu, voici venu le temps des mécaniciens.”
    Je vois fort peu de mécaniciens en politique. Je vois surtout des idéologues et des profiteurs, l’un n’excluant pas l’autre.
    On retrouve ici le bon vieux fantasme franchouille du Grand Chef Visionnaire et Inspiré, de l’Homme Providentiel et Charismatique qui va surgir du néant pour tous nous sauver.
    J’aimerais bien savoir ce que Philippe de Villiers a contre les mécaniciens. C’est très bien, les mécaniciens ! On en manque cruellement, au gouvernement ! Quel est ce mépris faussement aristocratique pour le scientifique, l’artisan, l’ouvrier ?
    La Suisse est dirigée par des mécaniciens, et, ma foi, elle ne s’en sort pas trop mal. Infiniment mieux que la France, en tous cas, ou d’autres pays dirigés par de soi-disant visionnaires.
    Connaissez-vous même le nom du président de la confédération helvétique ? Non seulement vous ne le reconnaîtriez pas si vous le croisiez dans la rue, mais vous ne vous rendriez même pas compte que c’est un chef d’Etat. Il n’a pas de gardes du corps, et prend le train le matin comme n’importe quel mécanicien qui va à l’atelier.
    Cette appréciation est d’autant plus malvenue, de la part de de Villiers, qu’il semble se ranger ainsi dans le camp des visionnaires. J’ai du mal à discerner ce qu’il aurait visionné. Non seulement il s’est retiré de la politique sans jamais avoir réussi la carrière nationale qu’il ambitionnait, mais il n’a rien apporté de neuf au niveau des idées.
    En quoi a-t-il aidé les Français à comprendre les nouveaux défis qui les attendent et à les affronter ? En rien.
    Les supporters de Philippe de Villiers nous citent toujours le Puy du Fou. D’accord. De Villiers est un bon entrepreneur de spectacles — et encore, il n’a monté que celui-là, et avec beaucoup de bénévoles, il faut le dire.
    Etre un directeur de cirque acceptable ne suffit pas à faire de vous un dirigeant politique d’envergure — et encore moins un politicien visionnaire.

  14. @Robert Marchenoir :
    Un peu de mesure et d’honnêteté SVP.
    La Vendée, avant que Ph. de V. la prenne en main, était exsangue.
    Hier, un taux de chômage au sommet ; sous sa présidence, le plus bas de France et encore aujourd’hui dans les taux les + faibles…
    La reconstitution du bocage, la ré-industrialisation, le soutien aux agriculteurs, les aides aux entrepreneurs, la relance de l’apprentissage, les quartiers pavillonnaires à loyer modérés pour personnes âgées, une gestion comptable et financière sans fausses notes, le tourisme relancé et j’en passe…ce n’est pas rien quand même !
    Jamais mis les pieds au Puy du Fou mais, à supposer que l’on s’y réfère pour faire le constat de l’oeuvre d’un homme, on peut y voir toutes les qualités nécessaires à un “chef”d’état.
    Qualités intellectuelles, capacité d’analyse, d’entreprendre, de décider, de mettre en oeuvre, d’accompagner… tout ce qui manque aux zozos en place, de droite comme de gauche.
    Pour les grincheux et ceux qui ne veulent pas travailler à “200 à l’heure”, qu’ils continuent de dormir dans leur coin mais qu’ils ne viennent pas pleurer et qu’ils aient la décence de ne pas manquer de respect à une personne dont ils ignorent à peu près tout.

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