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France : Société / Science

Le transhumanisme : un rêve de décivilisation

Voici quelques extraits d'un entretien très intéressant de l'essayiste Pierre Le Vigan, qui décrypte le transhumanisme :

"[…] Le transhumanisme  serait un nouvel humanisme fondé sur la maîtrise par l’homme de son destin biologique. Cela vise à la disparition de l’aléa, à la réparabilité de tout. Or, l’aléa fait partie de notre destin. Le transhumanisme désigne alors un néo-humanisme. Mais est-ce encore un humanisme ? Telle est la question. 

Si on considère qu’il rompt en fait avec le propre de l’homme on peut parler de posthumanisme mais alors on est déjà dans la polémique. 
 
On attribue le terme transhumanisme à Julian Huxley (frère d’Aldous Huxley) qui ne considérait pas que c’était une rupture avec l’humanisme mais un nouveau déploiement de celui-ci. Julian Huxley était un biologiste, partisan d’un certain eugénisme, et proche, sur un plan amical et intellectuel, de Konrad Lorenz. […] C’est en fait un rêve ancien que celui du transhumanisme : c’est le rêve de l’accroissement de l’homme, par la science et par la raison. Pour aller où ? Vers plus de science et plus de raison.[…]
 
[…] Le transhumanisme est effectivement un rêve de perfectionnement perpétuel de l’homme et à terme d’immortalité par la maîtrise de notre biologie. Je ne crois pas que cette immortalité puisse exister. […] Que serait la vie en l’absence de la mort ? Elle serait longue. On pourrait certes l’occuper par le travail. Mais qu’est-ce qu’une œuvre qui n’a pas de limites. Qu’est-ce qu’une histoire sans fin ? Sigmund Freud disait que l’homme se caractérise par sa capacité de pouvoir aimer et travailler. Mais là aussi, que serait aimer s’il n’y avait un début de la vie amoureuse et une fin ? Aussi, une vie sans la mort est difficilement concevable. Au sens propre, cela ne serait pas humain. […]

 
Il nous faut comprendre aussi que la technique ne résout aucune question de sens. Elle déplace le lieu de ces questions mais ne les résout pas. On peut faire en sorte que des personnes très malades meurent sans souffrances, mais faut-il le faire en abrégeant leur vie ? L’avortement peut être pratiqué la plupart du temps sans mettre en danger la vie de la mère. C’est entendu. Mais faut–il l’autoriser pour autant dans n’importe quelles conditions ? Pour une grossesse très avancée ? Et qui détermine le seuil ? Faut-il banaliser cette pratique ? La mère est-elle seule concernée ? Doit-elle décider seule ? La technique n’évacue en rien la question de la  responsabilité et la question de la décision. Qui la prend ? Au nom de qui ? En référence à quelles valeurs ? Au nom du « droit des ayants-droits » ? Mais lesquels ? Au nom du « c’est mon choix » ? Mais cette tautologie est-elle suffisante ?
 
L’inflation actuelle des lois sociétales, l’engouement de la gauche « bobo », notamment prétendue « écologiste »  – qui devrait donc avoir une notion des rapports entre l’homme et la nature – (à noter que les « élites » de « droite » sont aussi « bobo » sur les questions de société) pour légiférer sur l’euthanasie (le « droit » à la « mort douce ») montre, en fait, qu’il s’agit de se débarrasser du face-à-face avec la mort. Une loi fixera les conditions d’un arrêt des soins et plus personne ne se posera de questions. Une loi : voilà qui est facile. Et voilà qui évite de se questionner. Mais tout projet de légiférer sur le non-légiférable, c’est tout simplement la visée d’une deshumanisation de l’homme."

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