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Le 22 avril 2024 beaucoup ont célébré les 300 ans de la naissance d’Emmanuel Kant. Il y a eu beaucoup d’articles, souvent élogieux, pour celui qui est considéré comme l’un des plus grands philosophes modernes. Certes, son influence est grande encore dans beaucoup de milieux philosophiques, politiques, etc. et même dans certains milieux catholiques. Mais ce qu’on dit moins souvent, voire pas du tout, ce sont les origines de son système, les véritables raisons de son influence et les conséquences néfastes de son système aujourd’hui.
Dans l’avant-propos à leur œuvre «Cours de philosophie scolastique» (Berche et Tralin, Paris, 1905), les pères A. Farges et D. Barbedette résument de manière claire les problèmes posés par le kantisme. Il rappellent d’abord que le problème principal se situe au niveau de la théorie de la connaissance de Kant. Dans sa «Critique de la raison pure» il en arrive à dire que l’homme n’est pas capable de connaître les objets du monde, et qu’il n’est confronté qu’à ses représentations. Et contrairement à ce qu’explique une saine philosophie, Kant affirme que nos connaissances ne vont pas se mouler sur les objets extérieurs mais sur les formes «a priori» de nos mentalités. Et tout cela a des conséquences diverses dans son système, notamment la prétendue impossibilité des preuves de l’existence de Dieu. L’autre conséquence touche à la morale : on ne peut pas bâtir une éthique sur des principes externes, comme dans la philosophie classique, mais sur des principes internes, d’où les fameux «impératifs catégoriques» de Kant.
En ce qui concerne les origines de son système, les pères A. Farges et D. Barbedette parlent d’une double origine, l’une théologique et l’autre philosophique. L’origine théologique remonte aux thèses de Martin Luther. Ils écrivent : «Le dogmatisme moral ou fidéisme de Kant n’est au fond que le fidéisme de Luther, transporté de la théologie en philosophie. La raison pure de Kant n’est que la « raison maudite » de Luther et « la concubine du diable ». La foi en la raison pratique de Kant, qui est un acte de volonté et de sentiment sans raison, c’est la foi en la Révélation intérieure ou goût spirituel individualiste de Luther. Pour l’un et pour l’autre, le vrai n’est pas atteint par l’intelligence, mais par la volonté. Aussi tous les deux ont-ils cru trouver « le salut dans la foi ».». Et l’origine philosophique remonte aux écrits de Descartes qui s’est aventuré sur le terrain du subjectivisme dans ses «Méditations Métaphysiques».
Pourquoi Kant influence-t-il encore beaucoup de milieux? En réalité Kant n’a jamais réfuté, en bonne et due forme, la philosophie classique aristotélico-thomiste. Son influence dans les universités est la suite d’actes politiques liés à la Révolution Française qui ont modifié les programmes universitaires dans les universités devenues laïques au cours du XIXe siècle. Les pères A. Farges et D. Barbedette écrivent :
«Il avait promis d’affranchir définitivement la raison humaine, la raison théorique et la raison pratique, en décrétant leur « autonomie ». Quel beau rêve, quel idéal séducteur, pour une société nouvellement éclose de la Révolution, et comme on comprend la faveur et l’engouement qu’il souleva en France, jusqu’au sein de la Convention nationale, qui s’empressa — sans l’avoir jamais lu — d’honorer Kant du titre de citoyen français !».
En ce qui concerne les conséquences néfastes de son système, les pères A. Farges et D. Barbedette ont écrit il y 120 de manière prophétique. Beaucoup des dangers qu’ils entrevoyaient se sont réalisés durant le XXe siècle et le début du XXIe. Le kantisme a une une influence notamment sur Hegel et ce dernier a influencé Marx, Heidegger, Nietzsche, etc. Le philosophe argentin Tomás Abraham a même affirmé récemment que Kant était le père du nihilisme. Les philosophies du XIXe et XXe siècles ont continué à s’enfoncer dans le subjectivisme accompagné, à cause de Hegel, de certaines formes de panthéisme. Cette influence a touché le catholicisme et a conduit notamment à la crise moderniste et a encore de l’influence jusqu’à l’actuel Synode des Evêques à travers l’oeuvre du théologien Karl Rahner et des théologiens de la libération.
Comme l’expliquent les pères A. Farges et D. Barbedette, le kantisme conduit à croire que l’être humain est incapable d’atteindre des vérités sur Dieu avec son intellect. Et dans le domaine de la théologie on penserait justement que les dogmes ne seraient plus d’un grand secours à cause d’une prétendue impuissance à atteindre des vérités sur Dieu avec notre intellect. Les pères A. Farges et D. Barbedette écrivent :
«Alors on a beau jeu pour célébrer l’évolution des dogmes, et pour nous demander le changement perpétuel de nos formules et de nos croyances, sous prétexte de les mettre en harmonie avec « les exigences de la pensée contemporaine» !
Ces « exigences » équivaudraient à reléguer le dogme à l’arrière-plan, parmi les noumènes inconnaissables, et bientôt à l’abandonner parce qu’il nous divise, pour nous réunir tous sur le terrain nuageux d’une religion sans dogme : « Aimez-vous les uns les autres », et cela suffit ! Toutes les religions fusionneraient ainsi dans une fraternité universelle !»
Et justement on est en plein dedans. En ce moment du Synode des Evêques on parle beaucoup de d’une sorte de fluidité des dogmes pour les adapter au monde contemporain. On parle beaucoup des changements au niveau des enseignements de l’Église sur l’homosexualité. Le cardinal Hollerich, qui joue un rôle clé dans la synode, a affirmé en 2022 que l’Église devait changer l’enseignement selon lequel les relations homosexuelles sont un péché.
La «religion sans dogme» dénoncée par les pères A. Farges et D. Barbedette a joué un rôle dans beaucoup de «nouvelles communautés» catholiques où l’accent a été mis sur l’affectivité, les sentiments, etc. Et ces derniers temps on parle de la menace de projets d’une «religion mondiale» sans le Christ. Dans un article du site lifesitenews, on parlait d’un franc-maçon qui avait révélé les plans d’une religion mondiale.
Il est donc important de continuer à se renseigner sur les origines et les conséquences néfastes du kantisme.
EROUANI
Je ne sais ce qu’est le kantisme faute d’avoir jamais adhéré à la philosophie de Kant.
On le dit un des plus grands penseurs. Le doute m’habite.
Le troisième centenaire de sa naissance m’est passé inaperçu. Qu’il ne m’en veuille pas.
Je constate que cet “esprit brillant” manqua d’ouvrture puisque, contrairement à nombre de ses contemporains renommés, il ne quitta jamais sa ville de Königsberg en 80 ans d’existence.
estebe
Merci pour ce texte ; Kant est en fait le fils, le père et le propagateur des Lumières, de l’Aufklärung Allemand.
Il est le père du rationalisme désincarné ; de ce fait il est à l’origine de toute les déviations totalitaires du XXème siècle. Alors est-ce une icône ? Je ne sais. Père des totalitarismes peut-être ?
Pour ma part, je pense que nous sommes actuellement à la fin de l”influence du siècle des Lumières et à toutes les déviations politiques, idéologiques néfastes possibles
JVTorresHeredia
Avec plaisir et tout à fait, nous arrivons à la fin de ces influences, on en voit toutes le conséquences.
Jean-JulesvanRooyen
Je me suis toujours méfié de ce type. Il vend des rêves, des utopies, comme le juif Rousseau avec sont marteau, “l’égalité”.
Après le suicidaire Luther (+1546), de nouveau un Allemand qui rend le monde fou.
Mais ces fables sont devenues plus faciles à comprendre à notre époque,
depuis que les puissants qui nous gouvernent depuis 5 siècles, prétendent qu’ils créents leur réalité voulue. Nous avons fait l’expérience.
Marxisme, socialisme, communisme, nazisme, trotskisme, racisme, protestantisme, modernisme, égalitarisme, laïcité, européanisme, macronisme, et encore d’autres “ismes”, tous inventés pour détruire la civilisation Chrétienne, le Christianisme et L’Eglise de toujours.
Pourtant, elle est le seul rempart qui nous reste pour défendre la vérité du Christ, et notre liberté.