Extrait de l'homélie de Benoît XVI lors de l'Assomption :
"Cette année marque le soixantième anniversaire depuis que le Vénérable Pape Pie XII, le 1er Novembre 1950, définit solennellement ce dogme, et je voudrais lire – même si elle est un peu compliquée – la forme de la dogmatisation . Le Pape dit: "Ainsi, l'auguste Mère de Dieu , mystérieusement unie à Jésus-Christ de toute éternité par un décret de prédestination, Immaculée dans sa Conception, Vierge parfaite dans sa maternité divine, noble associée du divin Rédempteur , qui a remporté un triomphe complet sur le péché et ses conséquences, à la fin, comme couronnement suprême de ses privilèges, obtint d'être préservée de la corruption du tombeau, et ayant vaincu la mort, comme son Fils, d'être élevée âme et corps à la gloire du Ciel où elle resplendit, Reine, à la droite de son fils, Roi immortel, pour les siècles des siècles" (Constitution Apostolique Munificentissimus Deus, AAS 42 (1950) , 768-769 ) .
Voilà donc ce qui est au cœur de notre foi dans l'Assomption: nous croyons que Marie, comme le Christ son Fils, a déjà vaincu la mort et triomphe déjà dans la gloire céleste, dans la totalité de son être, "corps et âme". (…)
À ce propos, je voudrais m'arrêter sur un aspect de la déclaration dogmatique, où l'on parle d'Assomption à la gloire céleste. Nous savons tous aujourd'hui, qu'avec le terme "ciel", nous ne faisons pas référence à un endroit de l'univers, une étoile ou quelque chose de ce genre: non. Nous nous référons à quelque chose de beaucoup plus grand et difficile à définir avec nos concepts humains limités . Avec ce terme "ciel", nous voulons affirmer que Dieu, le Dieu qui s'est fait proche de nous, ne nous abandonne pas, même dans la mort et au-delà, mais a une place pour nous et nous donne l'éternité; nous voulons affirmer qu'en Dieu, il y a une place pour nous.
Pour comprendre un peu plus cette réalité, regardons notre propre vie: nous faisons tous l'expérience qu'une personne, quand elle est morte, continue d'exister sous une certaine forme dans la mémoire et le cœur de ceux qui l'ont connue et aimée. On pourrait dire qu'en eux continue à vivre une partie de cette personne, mais comme une « ombre », parce que même cette survie dans le cœur de ses proches est destinée à passer. Mais Dieu ne passe jamais et nous existons en vertu de son amour. Nous existons parce qu'il nous aime, parce qu'il nous a conçus et nous a appelés à la vie. Nous existons dans les pensées et dans l'amour de Dieu; nous existons dans toute notre réalité, et pas seulement comme notre "ombre".Notre sérénité, notre espérance, notre paix se fondent précisément sur cela: en Dieu , dans sa pensée et dans son amour, ce n'est pas seulement une "ombre" de nous-mêmes qui survit, mais en Lui, dans son amour créateur, nous sommes gardés et introduits avec toute notre vie, avec tout notre être, dans l'éternité.
[…] Chers amis ! Je pense que c'est là une vérité qui doit nous combler de joie profonde. Le christianisme n'annonce pas seulement un quelconque salut de l'âme dans un au-delà imprécis où tout ce qui nous a été précieux et cher en ce monde serait effacé, mais promet la vie éternelle, "la vie du monde à venir": rien de ce qui nous est précieux et cher n'ira en ruine , mais trouvera son accomplissement en Dieu. Tous les cheveux de notre tête sont comptés, a dit un jour Jésus ( cf. Mt 10:30). Le monde définitif sera aussi l'accomplissement de cette terre, comme le dit saint Paul: « la création elle-même sera libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la glorieuse liberté des fils de Dieu » (Rm 8.21). Alors, nous comprenons comment le christianisme donne une espérance forte pour un avenir lumineux et ouvre la voie vers la réalisation de cet avenir. Nous sommes appelés, en tant que chrétiens, à édifier ce monde nouveau, à travailler pour qu'il devienne un jour le "monde de Dieu", un monde qui surpasse tout ce que nous pourrions construire nous-mêmes. En Marie montée au ciel, participant pleinement à la résurrection de son Fils, nous contemplons la réalisation de la créature humaine selon "le monde de Dieu"."