Les éditions Via Romana ont publié les actes d’un colloque sur Un écrivain français entre Europe et Afrique : Louis Bertrand. 14 universitaires ont relu l’œuvre de Louis Bertrand et analysent dans ses engagements littéraires, politiques et religieux. Olivier Dard, professeur à Sorbonne Université tire les conclusions de leurs travaux. Ont participé à ce recueil d’études : Jacques Alexandropoulos, Marie-France David – de Palacio, Anne Dulphy, Peter Dunwoodie, Éric Georgin, France Marie et Jacques Frémeaux, Michel Grunewald, Frédéric Gugelot, Laurent Jalabert, Alain Lanavère, Laure Meesemaecker, Étienne Maignan et Christophe Poupault.
Louis Bertrand (1866-1941) est un écrivain français dont la pensée a évolué vers la droite, du cosmopolitisme au nationalisme, de la république coloniale au monarchisme, et qui a connu une conversion au catholicisme. Son séjour en Algérie de 1891 à 1900 a nourri l’inspiration d’une partie de son œuvre abondante, notamment une biographie de Saint Augustin. Louis Bertrand est élu à l’Académie française en 1925 au fauteuil de Maurice Barrès, dont il prononce un tiède éloge. En 1936, la parution de son essai biographique sur Hitler suscite la polémique. Alors qu’il était antigermaniste et dreyfusard, il devient un soutien du IIIe Reich au nom de la lutte contre le bolchevisme. Toutefois, affecté par la défaite et l’Occupation, Louis Bertrand se retire du débat public jusqu’à son décès le 6 décembre 1941.
Dans un de ses textes, il définit la civilisation :
Quand une civilisation devient purement utilitaire, quand elle ne se propose d’autre but, comme le marxisme et les analogues doctrines de régression, que l’augmentation du bien-être et de la jouissance, ou quand elle livre à des Barbares, sans nulle préparation morale préalable, ou en leur ôtant le frein religieux, quand elle met en leurs mains inexpérimentées tout son matériel avec ses terribles moyens de nuire, – il faut s’attendre au déchaînement des pires instincts.
Selon le Pr Frédéric Gugelot,
Cette conception de l’histoire et l’interprétation qu’il fait de son temps conduisent Louis Bertrand à combiner cheminement politique et engagement spirituel : adhésion monarchique et reconnaissance de l’Eglise se complètent donc. L’identité de la France lui semble éternelle, ” Néanmoins j’étais bien forcé de reconnaître la place prépondérante du catholicisme dans l’histoire de la vie française”. La conversion est un aboutissement, l’accomplissement d’un raisonnement politique qui cherche à donner des bases morales à un désir d’ordre.