Le cardinal Sarah a terminé sa tournée en France par une audience privée lundi matin avec le Pape François. Il répond à Radio Vatican :
"Ce qui me réjouit, c’est vraiment de voir que la fille aînée de l’Église, quelles que soient les difficultés qu’elle traverse, veut demeurer la fille aînée de l’Église, témoigner de sa foi dans un contexte difficile. Je vois cette volonté à travers les jeunes que j’ai vus, à travers les paroisses que j’ai visitées. J’ai trouvé une Église qui donne de l’espérance et en tout cas pour ma part, j’ai pu dire que l’Église de France est vivante et belle malgré le contexte difficile dans lequel les chrétiens vivent.
Quelles sont les préoccupations exprimées par les catholiques français ? Qu’avez-vous perçu ?
Je crois que nous pouvons sincèrement, humblement, reconnaître qu’il se développe aujourd’hui, notamment en Occident, en France, un relativisme moral et religieux, une grave perte des valeurs, une désorientation des esprits, provoqués, peut-être, par un libéralisme sans limites. Même à l’intérieur de l’Église catholique se manifeste une certaine confusion sur des questions doctrinales, morales ou disciplinaires fondamentales. Je pense que les chrétiens veulent vraiment entendre une parole forte, qui réconforte leurs convictions, leur foi. Benoît XVI avait dit, un mois je crois avant son élection, que la crise que traverse aujourd’hui l’Occident ne s’est jamais vérifiée au cours de l’histoire de l’humanité, le fait d'exclure Dieu. Je crois que la grande difficulté aujourd’hui, c’est de retrouver Dieu, ramener les hommes à Dieu parce que Dieu n’est pas éloigné, il n’est pas mort, il est avec nous. Mais c’est nous qui nous éloignons.
Vous avez senti ce manque de Dieu en France ? C’est particulièrement visible, plus qu’en Italie, par exemple ?
Je ne dirais pas qu’il y a une grande différence, même si, disons, l’Italie a encore plus de prêtres. Il y a peut-être une pratique plus soutenue mais je crois que les mêmes difficultés se retrouvent aussi en Italie. Moins peut-être. Ici, je crois que cette absence de Dieu se voit par exemple par cette volonté de vouloir légiférer à la place de Dieu sur des questions fondamentales comme le mariage, la vie conjugale, la famille. Ou bien maintenant, on va rediscuter sur l’euthanasie. On voit donc quand même une force qui s’oriente vers une absence de plus en plus significative de Dieu où l’homme prend la place de Dieu pour légiférer, en tout cas pour orienter la société comme si Dieu n’existait pas."