Benoît-et-moi a traduit le traditionnel entretien donné par Benoît XVI au cours du vol. Extraits :
«Chers amis, je suis très heureux de cette occasion de parler avec vous. Personne
ne m'a conseillé de renoncer à ce voyage et pour ma part je n'ai jamais
pensé à cette hypothèse. Parce que je sais que si la situation devient
plus complexe, il devient encore plus nécessaire de donner ce signe
d'amitié, d'encouragement et de solidarité. Donc, c'est le sens de
mon voyage: inviter au dialogue, inviter à la paix, contre la violence,
aller ensemble pour trouver des solutions aux problèmes. Et donc, les
sentiments de ce voyage sont surtout sentiments de gratitude pour
l'opportunité d'aller maintenant dans ce grand pays. Ce pays, disait
Jean-Paul II, plus qu'un pays, est un message, cette région de la
rencontre de l'origine des trois religions abrahamiques. Et je suis
particulièrement reconnaissant au Seigneur qui m'en a donné l'occasion;
je suis reconnaissant envers toutes les institutions et les personnes
qui ont travaillé … et je suis reconnaissant aux nombreuses personnes
qui m'accompagnent avec la prière, cette protection de la prière … Je
suis heureux et je suis tranquille … » […]«Le fondamentalisme est toujours une falsification de la religion, il est contraire à l'essence de la religion.
La tâche de l'Église et de la religion est de se purifier. La
purification des religions de ces tentations est toujours nécessaire, et
il est de notre devoir d'éclairer, de purifier les consciences. Chaque
homme est une image de Dieu et nous devons respecter dans l'autre non
seulement son altérité, mais dans l'altérité, l'essence commune d'être
une image de Dieu, l'autre comme image de Dieu. Donc le message de base
est contre la violence qui est une falsification comme les
fondamentalismes, et pour l'éducation, l'éclairage et la purification
des consciences, le dialogue pour la réconciliation et la paix». […]« Je dirais qu'en soi, le Printemps arabe est
une bonne chose: c'est le désir pour plus de démocratie, plus de
liberté, plus de coopération, une identité arabe renouvelée. Et ce
cri de liberté qui vient d'une jeunesse plus formée culturellement et
professionnellement, et qui désire une plus grande participation à la
vie politique et sociale est un progrès, une très bonne chose, saluée
aussi par nous, chrétiens. Bien sûr, de l'histoire des révolutions,
nous savons que le cri de la liberté si important et positif, est
toujours en danger d'oublier un aspect et une dimension fondamentale de
la liberté, c'est à dire, la tolérance des autres et le fait que la
liberté humaine est toujours une liberté partagée, qui seulement dans
l'action, dans la solidarité, le vivre ensemble avec des règles
déterminées peut se développer. Et c'est toujours un risque, et donc
dans ce cas aussi, nous devons faire tout notre possible pour que le
concept de liberté, le désir de liberté, aille dans la bonne direction
(…) la tolérance, le vivre ensemble, la réconciliation comme un
élément essentiel de la liberté. De même, l'identité arabe renouvelée
implique aussi, il me semble, le renouveau de l'ensemble séculier
millénaire, les chrétiens et les Arabes qui justement dans leur
tolérance de majorité et de minorité ont construit ces terres et ne
peuvent pas ne pas vivre ensemble. Je pense donc qu'il est important de
voir l'aspect positif de ces mouvements et de faire notre possible pour
que la liberté soit conçue de la juste façon et réponde à un plus grand
dialogue et non à la domination de l'un contre l'autre."En
Syrie, comme il y a quelque temps en Irak, beaucoup de chrétiens se
sentent contraints à contrecœur à quitter leur pays. Que va faire ou
dire l'Eglise catholique pour aider dans cette situation, pour enrayer
la disparition des chrétiens en Syrie et d'autres pays du Moyen-Orient?«Nous
devons d'abord dire que non seulement les chrétiens mais aussi les
musulmans fuient, mais naturellement, le danger que les chrétiens
s'éloignent et perdent leur présence sur ces terres est grand, nous
devons faire tout notre possible pour les aider à rester. L'aide
essentielle serait la fin de la guerre, ceci crée une fuite, et donc le
premier acte est de faire tout son possible pour mettre fin à la
violence et que soit vraiment créée une chance de rester ensemble aussi
dans le futur. Que pouvons-nous faire contre la guerre? Naturellement,
toujours défendre le message de paix, sachant que la violence ne résout
jamais un problème, et renforcer les forces de la paix. Je dirais qu'est
important le travail des journalistes qui peuvent beaucoup aider à
montrer comment la violence détruit et ne construit pas, elle n'es utile
à personne. Ensuite, je dirais peut-être des gestes dans le
christianisme, des journées de prière pour le Moyen-Orient, pour les chrétiens et les musulmans, montrer la possibilité du dialogue et de solutions.
Je dirais aussi que doit cesser l'importation d'armes, parce que sans
l'importation des armes, la guerre ne pourrait pas continuer, au lieu de
l'importation d'armes qui est un péché grave, on devrait importer des
idées de paix, de la créativité, trouver des solutions acceptables
par chacun dans son altérité, et nous devons donc dans le monde rendre
visible le respect des religions, les uns des autres, le respect de
l'homme en tant que créature de Dieu, l'amour du prochain comme au
centre de toutes les religions. En ce sens, avec tous les gestes
possibles y compris matériels, aider à mettre fin à la violence et la
guerre, que tous puissent reconstruire le pays. […]«Nous devons influer sur l'opinion politique et
les politiciens pour qu'ils s'ingénient vraiment de toutes leurs forces,
avec toutes leurs possibilités, avec créativité, pour la paix, contre
la violence. Personne ne devrait espérer des avantages de la violence,
tous doivent contribuer dans ce sens, c'est un travail d'harmonisation,
d'éducation, de purification très nécessaire de notre part. Du reste,
nos organismes de bienfaisance devraient apporter un soutien matériel,
et faire tout leur possible. Nous avons des organisations comme les
Chevaliers du Saint-Sépulcre, en soi seulement pour la Terre Sainte,
mais des organisations similaires pourraient aussi aider matériellement,
politiquement et humainement dans ces pays, je dirais une fois
encore des gestes visibles de solidarité, des journées de prières
publiques, des choses de ce genre pourraient alarmer l'opinion publique,
être véritablement facteurs réels, n'oublions pas que la prière a un
effet si elle est faite avec confiance et foi, elle aura son effet»