Giovanni Preziosi a découvert que la Société du Sacré-Cœur de Jésus, située sur la colline du Janicule à Rome, a elle aussi caché et protégé des familles juives, sur intervention directe et instructions du pape Pie XII, serviteur de Dieu. Il a découvert des documents jusqu’ici inédits. Il s’agit du Journal de la maison, dans lequel les religieuses notaient au jour le jour tous les évènements.
"à la demande expresse de Pie XII – transmise par le Substitut du secrétariat d’Etat de Sa Sainteté pour les affaires ordinaires, Mgr Giovanni Battista Montini [futur Paul VI] – elles se sont mobilisées pour offrir une assistance digne et l’hospitalité à de nombreuses personnes et, dans certains cas, à des familles entières, surtout de religion juive […].
Les preuves qui attestent, au-delà du doute raisonnable, l’implication du Saint-Siège dans la coordination de ce réseau sophistiqué d’aide aux juifs sont contenues dans le Journal de la Maison « Villa Lante » de la Société du Sacré-Cœur. Dans le journal, en date du 6 octobre 1943, on peut lire un détail particulièrement intéressant. « La Révérende Mère [Manuela Vicente] a été convoquée au Vatican ; elle s’est rendue avec sœur Platania à la Secrétairerie d’Etat où S. E. Mons. Montini l’a priée, au nom du Saint-Père, d’héberger trois familles menacées, comme beaucoup d’autres, d’être arrêtées par les Allemands. Il lui a offert une voiture pour que la Mère puisse aller aussitôt à la Maison Mère demander les autorisations requises […] Une quinzaine de personnes sont déjà hébergées à Betania et la révérende mère étudie les moyens de trouver d’autres lieux d’hébergement adéquats pour mieux répondre aux désirs du Saint-Père qui daigne l’honorer d’une telle confiance ». En effet, cette thèse est corroborée dans le journal tenu par sœur Maria Teresa Gonzáles de Castejón, qui déclare ouvertement : « Nous savions que le Saint-Père avait ouvert les portes du Vatican aux réfugiés, surtout aux juifs, pour les sauver de la persécution raciste. Beaucoup de religieux et religieuses avaient suivi son exemple, et les révérendes mères Datti, Dupont e Perry décidèrent de cacher aussi des réfugiés ».
En outre, pour conjurer le danger de perquisitions nazies–fascistes à l’improviste dans les milieux ecclésiastiques, le Saint-Siège fait le nécessaire pour faire parvenir à tous les supérieurs des couvents romains un « avis » signé du gouverneur militaire de Rome Rainer Stahel. Dans cet avis il était dit explicitement que l’édifice était sous la dépendance directe de la Cité du Vatican et, par conséquent, dispensé de toutes perquisitions et réquisitions."