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France : Société

On ne se bat pas pour restaurer ou imposer la démocratie. On ne peut tuer que pour la défense et la promotion des intérêts de la France

On ne se bat pas pour restaurer ou imposer la démocratie. On ne peut tuer que pour la défense et la promotion des intérêts de la France

Chef d’état-major des armées de 2017 à 2021 et grand chancelier de la Légion d’honneur, le général Lecointre publie Entre guerres (Gallimard), un récit littéraire dans lequel il raconte son parcours militaire et ses dilemmes de soldat. Extrait de son entretien dans Le Figaro avec Eugénie Bastié :

[…] Il existe un modèle de guerre encadré par le droit international, un espace ritualisé où la guerre reste quelque chose d’atroce, puisqu’il s’agit de tuer, mais où on essaie d’éviter que l’animalité et la barbarie prennent le dessus. Je ne dis pas que c’est facile. Mais penser qu’on va annihiler la guerre conduit à nous priver de cet espace ritualisé de confrontation avec un ennemi de dignité égale à la vôtre. Transformer l’ennemi en criminel en infraction avec le droit n’humanise pas la guerre, bien au contraire. Lorsque vous êtes au combat, vous devez trouver en vous les ressources permettant de transgresser le tabou absolu qui consiste à donner la mort tout en contrôlant l’animalité qui est en vous. Les opinions publiques sont ignorantes de la tentation de violence extrême qui gît en chacun de nous, du traumatisme que cela crée. Elles pensent en toute bonne foi qu’ayant évacué la guerre et son cortège d’horreurs, on est dans son bon droit quand on poursuit un ennemi relégué au rang de criminel. Aussi j’ai toujours eu du mal avec l’expression « éradication du terrorisme » : cette surenchère verbale trahit le déni de la violence. Je parle dans le livre de cette conférence à la Sorbonne où je racontais cette tentation qui avait été la mienne d’exécuter un « interahamwe » (milicien rwandais), et j’ai senti dans le public un soutien à cette idée de vengeance, d’exécution sommaire. Ça m’a beaucoup frappé. On en oublie les principes qui sont au fondement de notre culture : l’habeas corpus, le respect de l’ennemi.

Votre première bataille fut la guerre du Golfe. En quoi cette guerre interventionniste diffère-t-elle de la conception traditionnelle de la guerre ?

C’est une guerre pour restaurer le droit et non plus pour défendre son pays. Je ne crois pas que nous ayons compris à ce moment-là ce que signifiait cette nouvelle légitimation de la guerre par le rétablissement du règne du droit. Les opérations de guerre allaient désormais être considérées comme des opérations de police. Il y aura ensuite la nouveauté de l’humanitaire : ce sera la Somalie, qui, moi, m’a surpris : pourquoi intervenir ici plutôt qu’ailleurs ? L’invocation du droit international est-elle suffisante ?

La défense de la démocratie est-elle un motif légitime pour une guerre ?

Non, ça n’a aucun sens. On ne se bat pas pour restaurer ou imposer la démocratie. Se battre, c’est tuer. La guerre, c’est, selon la définition de Gaston Bouthoul, une «lutte armée et sanglante entre groupes organisés».On s’y résout pour des raisons très supérieures. Je pense qu’on ne peut tuer que pour la France, pour la défense et la promotion des intérêts de la France. Je ne vois pas de raisons internationales de cette nature qui vaillent. L’intervention humanitaire, c’est encore autre chose : vous êtes engagé en tant que force d’interposition, ce qui vous contraint à n’agir qu’en situation de légitime défense, comme des policiers. Ces opérations humanitaires dénaturaient ce qu’était la guerre. […]

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4 commentaires

  1. Se battre pour la démocratie ? Quand on voit qu’elle a porté au pouvoir l’olibrius que l’on sait – juste bon à lire des discours funéraires rédigés par son cabinet dans un costume emprunté à Borniol – on est plutôt incité à déserter ou à retourner l’arme contre le mercenaire qui vous commanderait…

  2. De toutes les façons, on ne se bat pas, et encore moins l’on meurt, pour un régime républicain !

    A Dieu mon Ame, ma Vie au Roi, mon Coeur aux Dames, Mon Honneur a Moi.

  3. Vive la démocratie, la vraie qui donne la voix à la majorité des Français, les vrais, pas les français de papier !
    Vive la république, et surtout, surtout, vive la France !

    Non aux doubles et multiples nationalités : Il faut choisir sinon, on est obligé de jouer un double jeu et défendre des intérêts contradictoires, donc trahir !

    Non à l’illégalité et aux frontières passoires; encore faudrait-il rétablir nos frontières.

  4. Merci général de rappeler cette évidence: la démocratie n’est pas une fin en soi.
    Elle n’est que le paradis utopique des athées naïfs et le paravent utile des athées sans scrupules.

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