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L'Eglise : L'Eglise en France

Qu’est-ce que le communautarisme ?

Dans un entretien avec Philippe Maxence, Jacques de Guillebon fustige le "repliement communautariste" de certains chrétiens, à ne pas confondre avec les communautés chrétiennes :

"Les communautés catholiques existent déjà, jusqu’à preuve du contraire, et c’est paroisses, diocèses, Eglises locales ou particulières qu’on les nomme. Elle ont enfanté et enfantent encore des «structures d’amour» à vocation temporelle, lesquelles ne trouvent leur but véritable que dans le don de la Parole divine, et de la charité qu’elle engendre, au monde entier."

Est-ce à dire que Jacques de Guillebon condamne les écoles catholiques hors-contrat ? Les divers groupes catholiques de tous âges (scoutisme, associations familiales, groupes de couples type Domus Christiani, etc.) ? Il dénonce la volonté de "constituer une structure catholique sur le schéma de la Oumma" ou encore la "Catholic city ". En fait, on ne voit pas très bien ce qu’il entend par communautarisme chrétien.

Michel Janva

Addendum : on trouvera en commentaire de ce post, outre les réponses de J. de Guillebon, celles de Denis Sureau et Rémi Fontaine qui reviennent sur la définition du terme "communautarisme". Lire également les commentaires sur le blog de P. Maxence.

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13 commentaires

  1. En fait, pour ceux qui ne voient pas très bien, j’entends par communautarisme chrétien la volonté de bâtir des structures temporelles destinées aux seuls chrétiens. Et je renvoie le lecteur intéressé, outre au blog de Philippe Maxence, au dernier numéro de La Nef.
    [J’entends bien. Mais existe-t-il des écoles, des groupes scouts, des associations catholiques qui excluent les non-chrétiens ? Dans votre article, vous citez en appui Mgr Lefebvre qui parle du “danger de la contamination”. Voulait-il dire par là qu’il faut, par exemple, dans des écoles authentiquement chrétiennes, y refuser les non-croyants, ou ne voulait-il pas dire qu’il faut créer des structures authentiquement chrétiennes, mais toujours ouvertes ? En fait, je ne trouve pas d’exemple précis de structure chrétienne communautariste. MJ]

  2. S’il n’existe pas de structures temporelles catholiques qui excluent les non-chrétiens, il existe en revanche une tentation de réduire le christianisme à la défense d’une identité, à la revendication d’intérêts temporels qui seraient propres aux catholiques et créeraient des limites clairements définies entre un “nous” et un “eux”. L’émergence récente de ce débat en est le signe (est-ce d’ailleurs si récent? la question n’est pas nouvelle dans l’histoire européenne et dans l’histoire de l’Eglise). Or, la Révélation ne me semble pas réductible à cette tentation…

  3. C’est d’une tendance que je parle, théorisée notamment par Rémi Fontaine dans de récents papiers de Présent et dans un communiqué du comité directeur de Notre-Dame de Chrétienté, publié par le même quotidien.
    Parallèlement, on assiste à la reviviscence d’un “augustinisme politique”, c’est-à-dire à la négation de l’ordre naturel au nom de l’action de la grâce.
    Même si ce ne sont que des tendances, je trouve leurs postulats intellectuels faux et dangereux.
    [? Dans La Nef, vous évoquez “des ghettos bien protégés, tendance minoritaire, certes, mais qui existent bel et bien” MJ]

  4. j’invite ceux qui le veulent à poursuivre le débat sur http://caelumetterra.hautetfort.com
    Mais, en attendant une question à Jacques de Guillebon : qui sont les tenants de l'”augustinisme politique” dont il parle ? Et sa définition de l’augustinisme politique n’est-elle pas un peu rapide ?

  5. Sans vouloir critiquer les chapelles tradi et toutes les institutions authentiquement catholiques, je pense qu’il leur manque une dimension missionnaire:il y a un travail d’évangélisation énorme à faire dans les aumoneries publiques des collèges et lycées,dans les paroisses par exemple, et ceux qui ont la chance d’avoir beaucoup reçu dans des structures communautaires ne devraient pas oublier ceux qui sont à l’extérieur de ces structures.

  6. Comme je l’ai expliqué dans le dernier numéro de L’Homme Nouveau (en me faisant l’écho d’une conversation avec Mgr Rey), l’identité fonde la communauté qui engendre la mission. Opposer la mission à la communauté et à l’identité est un sophisme typiquement libéral (sous-jacente est l’idée que seul le relativisme éthique peut garantir liberté et ouverture). On peut être pour une école véritablement catholique et accueillir des enfants qui ne le sont pas. Personne ne défend la thèse du ghetto catho-amish. J’ai l’impression que l’ami Jacques de Guillebon se bat contre des moulins.

  7. Sur le sujet de l’augustinisme politique, je réponds sur ce bloc-notes. M. Maxence a raison, il faut définir les termes. À mon avis, la condamnation unilatérale de l’augustinisme politique en général est trop rapide, même si je m’accorde avec M. Guillebon pour discerner un danger.
    Sur le sujet, il faut absolument lire Eucharistie et mondialisation, de William Cavanaugh (on se souvient de la controverse avec M. Sureau sur Caelum et terra, qui est à peu près sur la même ligne), qui isole et critique les mythes de l’État-sauveur, de la société civile libre, de la mondialisation comme catholicité. Ses thèses, qu’on peut raisonnablement juger comme ressortissant à un certain augustinisme politique, ne sont pas indiscutables mais l’analyse conceptuelle est de toute façon passionnante.

  8. Désolé, j’ai omis de mentionner le sous-titre du livre de M. Cavanaugh : La liturgie comme acte politique.

  9. Présent de mercredi revient sur ce thème. Rémi Fontaine écrit notamment :
    “Car dans cette dissociété sécularisée et laïciste à outrance, tout repli identitaire n’est pas forcément mauvais et frileux, fermé à l’universel et à la civilisation de l’amour, comme l’indique une mauvaise dialectique sans considérer les leçons de l’histoire. Un tel repli peut constituer au
    contraire un tremplin moral et politique, qui n’empêche pas de vivre dans ce monde hostile (à l’exemple des premiers chrétiens) en allant y occuper souvent (autant que possible) de bonnes places institutionnelles à condition que ce soit en missionnaires. Il est du reste stérile
    d’opposer communauté identitaire et mission dans la cité en ignorant l’intercausalité des ordres organiques et en privant quasiment les seuls catholiques du « lobbying » qu’on concède aux autres communautarismes”

  10. 1. A Michel Janva : dans La Nef, nous avons écrit : “ne prend-on pas le risque d’encourager certains chrétiens à se barricader dans des ghettos bien protégés, tendance minoritaire, certes, mais qui existe bel et bien ?”, le mot tendance se rapportant ici à l’encouragement et non au ghetto comme déjà constitué. Il eût été sympathique de citer la phrase entièrement.
    2.A Denis Sureau et Philippe Maxence : je pense au contraire de Denis que c’est en l’occurence, pour les chrétiens, la mission qui fonde l’identité (si vous tenez vraiment à ce terme) et la communauté et non l’inverse. En conséquence, la communauté étant l’Eglise fondée par Jésus-Christ lui-même il y a deux mille ans, nul besoin de la refonder. On entre dans cette communauté par les sacrements et par la mission. Je n’ai pas besoin d’avoir ma carte civile de catholique pour annoncer l’Evangile.
    3. Par ailleurs, il faudrait cesser de se refiler la patate chaude : je répondrais à Philippe Maxence que s’il veut savoir quels sont les tenants de l’augustinisme politique, il n’a qu’à le demander à Denis Sureau qui cite sans précaution le philosophe protestant méthodiste Stanley Hauerwas, lequel affirme que la parole du Christ ne peut être reçue que par un peuple déjà préparé, qu’elle ne peut être comprise et appliquée entièrement que si l’on en est héritier par sa tradition propre, et qu’en conséquence, il n’y a qu’un chrétien qui puisse condamner l’avortement par exemple ; qui s’appuie sans restriction sur les théologiens de Radical Orthodoxy pour qui, in fine, la grâce abolit la nature ; qui affirme qu’il n’y a pas de morale naturelle, ni donc de loi du même ordre.
    Et à Denis Sureau, je dirais d’aller demander à Rémi Fontaine s’il est de ces moulins que je combats, lui qui appelle à un repli identitaire (cf. com ci-dessus).

  11. pour répondre à Denis Sureau
    “On peut être pour une école véritablement catholique et accueillir des enfants qui ne le sont pas. Personne ne défend la thèse du ghetto catho-amish.”
    je ne jeterai pas de noms mais il y a des établissements scolaires qui refusent certains types de familles ( ex : enfants de divorcés) et dans d’autre la pression est forte contre ceux qui les acceptent, et cette pression s’accentue.
    Mais comme d’un autre côté il y a peu de place dans ces établissements et qu’à l’inverse le pedigree catholique n’est absolument plus un critère positif d’accueil dans la plupart des établissements de qualité sous contrat ( je pense que c’est universel à partir du lycée), il est difficile de jeter la pierre.
    Cependant ce changement de mentalité existe et est à mon avis négatif

  12. Sans entrer dans le débat, je réagis juste sur le barbarisme “repliement” : le mot “repli” suffit.

  13. Plutôt que d’épiloguer sur la réalité ou non d’un repli identitaire,vous devriez vous interroger sur le pourquoi.En tant que catholique et même juste chrétienne, je suis profondemment et de plus en plus choquée par la laicisation rampante de notre société et de notre pays.C’est devenu invivable pour nos enfants au quotidien.j’ai pendant longtemps scolarisés mes enfants dans les établissents publics ne trouvant en général aucune différence majeure et interessante dans les établissements privés sous contrat où souvant même les catholiques pratiquants sont mal vus ! Aujourd’hui la situation est intenable entre les méthodes d’apprentissages nocives et l’embrigadement intellectuel,je pense qu’en tant que chrétien nous devons sauver et former nos enfants pour qu’ils puissent, bien armés, partir en mission plus tard mais ils ne seront pas former si on les laissent dépérir dans le système où finalement ils passent plus de temps qu’à la maison.C’est même pour cela, je pense, que le gouvernement veut limiter l’école à la maison. Désormais nos enfants ne fréquenterons que des établissemnts hors contrat (non integristes) où des ecoles sous contrat avec un réel projet religieux . Par contre, nous devons ,nous adultes, nous impliquer dans la cité au nom de nos convictions.Mais il est aussi toujours important de pouvoir se ressourcer dans sa famille au risque sinon de s’étioler. Je ne pense pas que cela soit du communautarisme nocif mais seulement une question de survie.

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