Robert Schuman est décédé le 4 septembre 1963,
il y a cinquante ans.
L'Action Française 2000 écrit :
"Consacré par l'histoire officielle
"père de l'Europe" – au même
titre, si l'on peut dire, que Jean
Monnet et Alcide De Gasperi – Robert
Schuman fut assurément plus
européen, au sens lotharingien
du terme, que français, en un
temps où cette distinction revêtait
encore une acuité certaine
pour l'esprit public. Allemand de
naissance du fait des caprices de
l'histoire, ce Mosellan put se prévaloir
de deux fidélités incontestables
– la Lorraine et la démocratie
chrétienne – avant de se
consacrer passionnément, après
la Seconde Guerre mondiale, au
rapprochement franco-allemand,
pierre angulaire de la "construction"
européenne.
En 1945, il a déjà derrière lui une
longue carrière politique, à vrai
dire sans grand relief, mais orientée
par ses années de formation
au Luxembourg, où il est né en
1886, et en Lorraine alors annexée
par l'Allemagne. Sa première
langue est le luxembourgeois, la
seconde l'allemand. Avocat à Metz
en 1912, donc sous administration
allemande, il milite dans des
organisations catholiques. Une fois
l'Alsace et la Lorraine revenues à
la France au terme de la Grande
Guerre, il se fera élire député de
la Moselle ; durant ce mandat,
qu'il conservera jusqu'au début de
la Seconde Guerre mondiale, il
plaidera pour le maintien du
Concordat.La cinglante défaite de la France
en 1940 bouleversera la vie de
Robert Schuman et fera vaciller
les convictions de ce député élu
sous l'étiquette démocrate-populaire,
camouflage démo-chrétien.
Le 10 juillet de cette année-là, il fait partie des cinq cent
soixante-neuf parlementaires qui
votent les pleins pouvoirs au maréchal
Pétain. Un imprudent retour
en Lorraine lui vaudra une
arrestation par la Gestapo, qui le
considère sans doute comme un
traître à sa patrie d'origine. Grâce
à des complicités religieuses, il
parvient à s'évader et à rejoindre
en août 1942 la zone française
encore non occupée. Bientôt
commencera la seconde vie de
Robert Schuman. La IVe République,
fondée sur les décombres
de la guerre et néanmoins peu
soucieuse d'unité nationale –
comme en témoigne d'emblée l'Épuration
–, lui offrira alors des
institutions conformes à sa nature
et à ses ambitions. Durant
une décennie, il collectionnera
les maroquins : ministre des Finances
dès 1946, puis président
du Conseil (premier ministre), ensuite
ministre des Affaires étrangères
de 1948 à 1953 ; il finira
son parcours ministériel dans un
cabinet Edgar Faure en janvier
1956. Pur produit de la démocratie
chrétienne, alors baptisée
Mouvement républicain populaire
(MRP), Robert Schuman ne tardera
pas à trouver un point de
chute providentiel : de 1958 à
1960, quand la Ve République
naissante commence à brader nos
départements d'Algérie, il est le
premier à occuper la présidence
de l'Assemblée parlementaire européenne,
prototype du Parlement
européen que l'on connaît
aujourd'hui. C'est cette assemblée
qui lui décernera, ainsi qu'à
une dizaine d'autres personnages
de l'époque, le titre de "père de
l'Europe".Il est vrai qu'au ministère des Affaires
étrangères Robert Schuman
avait manifesté une rare énergie
pour donner un contenu à son
idéologie européiste. À l'instigation
de son complice Jean Monnet,
il avait lancé en 1950 l'idée
d'une Communauté européenne
du charbon et de l'acier (CECA)
qui sera à l'origine de l'actuelle
Union européenne. On l'aura compris,
Robert Schuman ne fut guère
préoccupé par la médiocrité du
système politique et pas davantage
par les drames de l'outremer
français – qu'il s'agisse du désastre
de Diên Biên Phu et de la
perte de l'Indochine ou de la tragédie
algérienne. Son regard ne
portait pas vers ces horizons où
s'était autrefois déployée la grandeur
française.
C'est un homme couvert d'honneurs
officiels qui s'est éteint en
1963. Mais moins de dix ans après,
le mythe sera entamé par d'embarrassantes
révélations consécutives
à la déclassification d'archives
américaines. Selon ces documents,
Robert Schuman et
d'autres acteurs majeurs de la
"construction" européenne auraient
été financés par la CIA agissant
par le truchement des fondations
Rockefeller et Ford. Ce
qui n'empêche pas aujourd'hui la
fondation Robert Schuman présidée
par Jean-Dominique Giuliani
– un habitué des plateaux de télévision
– de continuer à répandre
la vulgate européiste. Un discours
qui a toutefois beaucoup perdu
de son pouvoir de persuasion."