Partager cet article

Tribune libre

Signification du message de Pontmain

Signification du message de Pontmain

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

SIGNIFICATION DU MESSAGE
DE PONTMAIN

MAIS PRIEZ MES ENFANTS,
DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS.
MON FILS SE LAISSE TOUCHER

Je voudrais ici tenter d’éclairer l’énigmatique « Mon Fils se laisse toucher » exprimé par le message de Notre-Dame à Pontmain lors de l’apparition du 17 janvier 1871.
Cette promesse pleine d’espérance était enchâssée, on le sait, dans un très bref message en trois séquences, qui comporte : une exhortation : « Mais priez mes enfants » ; suivie d’une autre indication, au demeurant pleine d’espérance : « Dieu vous exaucera en peu de temps. »
Et elle intervenait au terme de ces deux développements, comme une confirmation  presque comme un cri , mais surtout comme une précision sur le modus operandi par lequel Dieu exauce.
En même temps (ancien recteur du sanctuaire le père Renaud Saliba s’en est quelque part expliqué), ce message fait écho au mystère de la Trinité :
L’exhortation initiale relève des prérogatives de l’Esprit-Saint.
L’exaucement est dans les attributions du Père.
Le modus operandi pour l’exaucement de nos prières passe par le Fils, le Médiateur.

Mais en quoi « le toucher » (Mon Fils se laisse toucher) présente-t-il un caractère évangélique ? Eh bien ! En ce qu’il est par excellence le sens le plus emblématique du mystère de l’Incarnation. Songeons à l’incrédulité de l’apôtre Thomas : pour croire en la Résurrection de Jésus, Thomas veut, et voir, et toucher ; Jn 20, 29 :
« Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
[Huit jours plus tard] Jésus dit à Thomas : Jn 20, 27-28 :
« Avance ton doigt ici et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Clairement donc, Thomas voulut d’abord voir, mais cela ne pouvait suffire à son incrédulité. Il en appela donc au sens du toucher : « Si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas !»
C’est donc bien par ce sens  « le toucher » , que Thomas accéda au mystère de la Résurrection. Car, on le voit bien par l’allégeance de l’apôtre au Ressuscité (« Mon Seigneur et mon Dieu »), à cet égard, le Fils de la Vierge-Mère s’est bien laissé toucher !

Ah ! serait-ce donc là, alors, le sens du message de Pontmain ? … La désignation, pourrait-on dire, d’un itinéraire de foi ? Prie, et malgré la faiblesse de ta foi, crois que Dieu t’exaucera ! Prie ! Ce sera pour toi comme si tu mettais le doigt dans les blessures de Ma Passion. Prie ! Je me laisserai toucher. Prie ! Et comme Thomas qui avançait sa main et la mettait dans mon côté, à ton tour, ébloui, toi aussi u t’écriras : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Mais nous le savons bien, le premier commandement nous adjure d’aimer notre prochain ! « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » (Lc 10,27) Nous ne pouvons donc nous suffire de croire en la Résurrection du Seigneur. « Qu’as-tu fait de ton frère ? », avait demandé Dieu à Caïn. Et ce dernier de répondre : « Suis-je le gardien de mon frère ? » Et oui : parce que nous sommes fils de Dieu, dans cette filiation même, oui, Caïn était le frère d’Abel ! Ainsi donc, baptisés dans le Christ, disciples du Christ, nous devons être attentifs à nos frères, être attentifs aux pauvres. C’est notre sacerdoce commun qui nous le commande. Thomas l’incrédule a reçu l’amour qui vient du Christ. Il a cru en la Résurrection du Seigneur. Et aussitôt il est allé vers ses frères. Thomas a mis sa main dans le côté transpercé du Christ ressuscité. Et c’est alors, parce que Jésus le Fils de la Vierge Marie « se laisse toucher », que son regard a transpercé l’apôtre !

Oui, Jésus se laisse toucher. Il se laisse toucher dans les pauvres !
Frédéric Ozanam, le fondateur de la Société Saint Vincent de Paul, en avait une conscience aiguë : « Vous êtes pour nous les images sacrées de ce Dieu que nous ne voyons pas et, ne sachant pas l’aimer autrement, nous l’aimons en vos personnes » put-il dire aux pauvres.
De même Yvonne-Aimée de Jésus de Malestroit, qui disait à Jésus lors d’une apparition : « J’ai consacré les pauvres, Jésus, comme tu as consacré l’hostie » ! On sait qu’elle s’était donnée corps et âme aux pauvres durant plus de 20 ans. Aussi était-ce dans cet ancrage et sur ce socle de la charité envers ses frères les plus pauvres qu’elle put déployer la folle profondeur de sa sainteté au sein du Monastère des Augustines de la divine Miséricorde de Malestroit.

Il serait bien trop long de développer l’incidence du « toucher » dans les évangiles, en lien avec les guérisons. Quiconque a un minium de familiarité avec les évangiles sait très bien cela.
Mais le passage le plus significatif est la très émouvante parabole du bon Samaritain (Lc 10, 30-37) : un homme tombe sur des bandits ; ceux-ci le dépouillent, le rouent de coups, puis le laissent à moitié mort. Un prêtre, puis un lévite croisent le malheureux, le voient, et passent de l’autre côté. Mais un Samaritain, arrive et est saisi de compassion. Il panse ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis le conduit dans une auberge et prends soin de lui.
Les pères de l’Église s’accordent à voir dans ce Samaritain la figure du prêtre catholique ; dans le vin et l’huile, les sacrements ; dans l’auberge, la sainte Église de Jésus-Christ.
On le voit ici de manière éclatante, c’est de compassion et de miséricorde infinie que le Fils de la Vierge-Mère, en dernière analyse, « se laisse toucher » !

Je ne voudrais pas vous fatiguer par des développements à rallonge. Je ne puis néanmoins passer sous silence ce qui est la source et le sommet de cette immense charité qui a fait descendre très bas dans le ciel de la Mayenne la Mère de l’Espérance, elle qui naguère déjà, à Cana, intercédait pour nous qui manquions de vin !
…Et nous adjurer de prier par l’Esprit-Saint.
…Nous adjurer de croire que notre Père qui est aux Cieux étend sa miséricorde sur ceux qui le craignent. … Nous adjurer de croire, dans la foi (« Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu »), que son Fils se laisse toucher de compassion !
…Nous conjurer de croire que la filiation en Dieu s’établit dans la relation avec le prochain. Le grand modèle du prochain le plus intime à notre âme étant ce Jésus, son Fils, qui se donne à nous dans un abaissement inouï : Jésus, oui, qui dans l’Eucharistie « se laisse toucher » et s’offre lui-même en nourriture, pain vivant venu du ciel, Verbe fait chair (Incarnation) et pain de vie. Il se donne à nous, et de génération en génération, nous guérit et nous purifie. Dans ce sanctuaire aussi, par le ministère du prêtre, jour après jour, Jésus ne nous délivre-t-il pas de nos péchés ?

Et de fait on ne peut dissocier de l’apparition de Pontmain, la figure du bon Samaritain et la figure du prêtre. En effet, l’apparition du 17 janvier 1871 s’était inscrite dans l’histoire d’une paroisse, et d’un saint abbé (l’abbé Michel Guérin, dont la cause est introduite à Rome) : c’est le 29 mai 1872 déjà que fut confié aux missionnaires oblats de Marie-Immaculée le soin d’accueillir les pèlerins et de construire un sanctuaire. Et c’est dès le 17 juin 1873 que l’évêque de Laval, Monseigneur Wicart, posa la première pierre de la basilique.
Ajoutons à cela certaines autres expressions liturgiques du « toucher » : en maintes occasions, la Bible se fait l’écho du baiser comme salutation. Ce baiser de l’Ancienne Alliance, notre liturgie l’a conservée : que l’on songe au prêtre lorsqu’il inaugure et clôt chaque messe par un baiser à l’autel (l’autel, centre du culte sacrificiel et table eucharistique). Songeons aussi au diacre qui embrasse l’Évangile après l’avoir proclamé. Songeons enfin au geste de paix (main tendue, baiser…) que nous échangeons pour nous transmettre la paix du Christ.
Et par-delà la messe, songeons encore à Jésus, le Messie, l’esclave, le Serviteur souffrant, qui a reçu l’onction par l’Esprit-Saint et qui pourtant reçoit l’onction de la femme pécheresse ! Puis à son tour, lave les pieds de ses disciples.
Ces mentions ne sont pas exhaustives du « toucher » dans les actes liturgiques ; tant s’en faut même.

Mais si « le toucher » a bien une dimension liturgique, pouvons-nous alors douter de la compassion divine, nous qui nous disons catholiques ? !
Et donc, pouvons-nous douter ne serait-ce qu’un millième de seconde de ce message si doux de Marie à Pontmain :
MAIS PRIEZ MES ENFANTS, DIEU
VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS.
MON FILS SE LAISSE TOUCHER

Partager cet article

1 commentaire

  1. En la lumineuse Basilique Notre-Dame de Pontmain, de nombreux ex-votos témoignent que des prières fermentes ont été entendues.et tant de demandes entendues, sans ex- votos, dans le secret des âmes.
    Merci.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services