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L'Eglise : L'Eglise en France

Tribune de Valeurs Actuelles pour les 14 séminaristes de Fréjus-Toulon

Tribune de Valeurs Actuelles pour les 14 séminaristes de Fréjus-Toulon

Une quarantaine de personnes, dont Guillaume de Thieulloy, directeur de la publication du Salon beige, signe une tribune dans Valeurs Actuelles pour dénoncer la situation des séminaristes du diocèse de Fréjus-Toulon qui sont en attente d’ordination depuis plus d’une année :

En ce début d’été, l’Église en France est entrée dans la période des ordinations. Un temps de joie pour les catholiques, qui voient de nombreux jeunes prêts à consacrer leur vie à servir le Christ, l’Église et le monde. Hélas, dans le diocèse de Toulon et au-delà, cette joie n’a pu être partagée, altérée. Quatorze séminaristes du diocèse de Fréjus-Toulon sont en effet aujourd’hui bloqués dans l’accomplissement de leur vocation.

​L’histoire remonte à l’année dernière, lorsque le Vatican demandait à Mgr Dominique Rey de suspendre les ordinations de 10 jeunes hommes, prévues fin juin. Cette mesure, visiblement prise dans l’urgence (deux mois avant les ordinations), appelait une réponse rapide. Mais l’urgence qui pressait Rome il y a douze mois semble ne plus exister. Cette année, avec la promotion actuelle, voilà presque 14 séminaristes qui attendent d’être ordonnés prêtres ou diacres. Un chiffre à mettre en regard avec les 52 prêtres diocésains qui seront ordonnés cette année, sur un total de 88 ordinations pour toute la France !

​La situation de ces 14 jeunes séminaristes, dont la vocation est laissée en jachère, est injuste. Quoi qu’on pense des reproches faits à Mgr Rey, comment accepter de voir ces jeunes, victimes collatérales d’un conflit, quel qu’il soit ? Les voilà empêchés d’aboutir sans que leurs qualités personnelles ou leur aptitude à la prêtrise soient en cause, comme pris en otage dans un conflit qui les dépasse. Comment le comprendre, alors que Rome a leur dossier en main depuis un an ?

​Ces jeunes s’apprêtaient à être ordonnés diacres ou prêtres. Malgré toutes les difficultés actuelles de l’Église en France et dans leur diocèse en particulier, ils étaient prêts à tout donner pour servir.

​Comment cette même Église peut-elle ainsi les maintenir si longtemps dans une situation si douloureuse et si instable ? Est-ce ainsi que nous prenons soin des vocations que Dieu donne à son Église ? Que peut-on dire à leurs parents, leur famille ? Quel message sommes-nous ainsi en train d’envoyer aux fidèles et aux jeunes en particulier ?

​Le temps de l’Église n’est pas le temps des hommes, on le sait. Mais il y a des limites. Avec le temps qui passe, le silence s’apparente à un pourrissement de la situation, une sanction contre Mgr Rey et, de plus en plus, se ressent comme un abus de pouvoir sur la vocation et la vie de ces jeunes.

​Comment justifier cette attente, qui engendre angoisses, remises en question et souffrances, pour eux, pour leur famille et même pour les fidèles ? Pourquoi prendre le risque d’altérer leur confiance dans l’institution, voire de briser leur vocation ?

​Les éventuels désaccords du Vatican avec Mgr Rey justifient-ils la violence de la méthode employée ? Ce long et incompréhensible silence nous semble constituer un mauvais usage de l’autorité cléricale et marquer l’indélicatesse de l’institution ecclésiastique à l’encontre de nos jeunes séminaristes (car ils sont aussi les nôtres, enfants, cousins, amis, paroissiens). Au point de se demander si les intentions sont ajustées et avouables.

​Sous le pontificat du pape François, où la synodalité (qui insiste sur le dialogue et la concertation) occupe une place centrale, peut-on accepter ce silence infligé aux séminaristes ? La vocation n’est pas un outil politicien ni un moyen de chantage. Elle est sacrée et il est triste d’avoir à le rappeler aux autorités.

​Si une certitude doit pouvoir nous rassembler, c’est qu’on ne peut utiliser des vocations comme variables d’ajustement, monnaie d’échange ou moyens d’entretenir un rapport de force. Il faut protéger ces jeunes en formation des tempêtes qui soufflent sur le diocèse. Il faut nous rassembler autour de la joie d’accueillir leur “oui” par lequel ils donneront leur vie. Le discernement des professeurs du séminaire demeure profondément précieux et utile, et le sérieux de la formation dispensée au séminaire de Toulon, sérieux aujourd’hui reconnu par beaucoup, est plus que jamais nécessaire.

​L’Église garde sa liberté d’appeler qui elle veut aux ministères ordonnés. Mais ce droit-là ne peut jamais devenir celui d’éprouver ou de faire souffrir injustement ceux qui lui ont fait confiance. Nous prions pour que notre Église sache, au contraire, se montrer, à travers ses responsables mais aussi chacun des baptisés, encourageante et consolante pour ces jeunes qui, depuis des années, se préparent à tout donner.

​Les synodes nous ont rappelé que, comme les clercs, nous, laïcs, avions le droit de savoir et de comprendre. Il en est de même pour ces séminaristes.

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17 commentaires

  1. Une fois encore le pape François ne respecte pas les lois de son Eglise qui fixe un délai maximum entre l’Ordination diaconale et l’Ordination Sacerdotale qui ne peut êttre dépassé sans faute grave objective de celui qui doit être ordonné… L’Eglise de François est-elle encore celle de Jésus-Christ??? La charité et compassion du Pontife est édifiante de déshumanité et mépris des petits.

  2. Je connais la situation sur place, de notre paroisse traditionelle, St. François de Paule, qui donne sur le port magnifique de Toulon. Mais ce que je ne comprend pas, c’est l’attitude de Mgr Rey. Quand il fait son travail, comme évèque en fonction, le Pape n’a pas le pouvoir
    de lui interdire de faire son travail habituel, par une décision tirannique, non argumenté. L’église de toujours ne lui appartient pas personellement, ni le Canon, ni la Révélation, ni la Tradition. Il passe, ce qu’il a reçu. Le Pape n’est pas un tiran, qui fait ce qu’il lui plaît, il y a des règles, aussi pour lui.
    La vérité prime toujours, aussi sur l’autorité. C’était à prévoir, et je regrette profondément, que Mgr Rey n’a pas réagit tout de suite, comme un résistant, comme Mgr Lefèbvre. La situation actuelle est intenable. Elle est en train de dégénérer et de pourrir. Il y a un an, il aurait pu faire ce qu’il aurait du faire. Il aurait pu mettre le tiran romain à sa place.
    Maintenant, la seule solution pour sauver l’avenir de ces séminaristes, c’est de braver Rome, de faire appel, et de faire une date d’expiration, et après, agir, comme Mgr Lefèbvre a fait en 1988.
    C’est lui qui a gagné !

    • bien vu, bien dit.

    • Monseigneur Rey résiste à sa façon.
      Je prie pour qu’on me le fasse pas plier et qu’il ne finisse pas chassé comme un malfaiteur.
      Une ancienne paroissienne de SFdP heureuse de voir que la relève est bien là 😊

    • Bonjour, Mgr Lefèbre, lui , n’avait pas de diocèse. Évidemment que la situation actuelle est intenable et pourrie…mais c’est exactement ce que désire francois 0.
      Il nous reste à prier pour notre diocèse, notre évêque et nos séminaristes…et notre pape

  3. Merci pour ce beau texte en faveur de séminaristes, effectivement pris en otage.
    Dans l’espoir qu’il ouvre les yeux ce certains “décideurs” de Haut Niveau dont le Pape François : il n’est pas interdit de faire de “beaux rêves” ! En attendant, prions pour que ces jeunes reçoivent les Grâces nécessaires pour garder la “tête froide” devant l’injustice dont ils sont l’objet.

  4. …de certains “décideurs”…

  5. J’ai toujours en tête une réflexion que feu mon ancien aumônier scout, l’abbé Denis Coiffet pour ne pas le citer, nous répétait : “On parle toujours beaucoup de ce qui manque le plus”. Hé bien qu’est ce qu’on parle de “dialogue et concertation” dans le synode sur la synodalité !

  6. Prions pour que Dieu fasse désirer à ces séminaristes un état de vie qu’il leur rende possible, et que Dieu leur rende possible un état de vie qu’il leur fasse désirer. Prions aussi pour que la Providence divine soit généreuse à leur égard et subvienne à leurs besoins. (Ces pauvres jeunes ou moins jeunes ont peut-être des difficultés financières qui pourraient être en partie causées par leur choix d’être entrés au séminaire).

  7. Ce n’est pas comme si on avait trop de prêtres en France…

  8. Comme certains, nous ne voyons qu’une issue, si Mgr Rey veut rester fidèle à son et sa juridiction d’évêque, successeur d’un Apôtre:

    L’Esprit de l’Eglise indique clairement qu’il faut passer outre, et ordonner ces clercs. En temps d’orage, et quand l’Eglise est dirigée à contre sens, l’héroïsme permet d’obéir à Dieu, et d’assurer ainsi le salut de beaucoup d’âmes abandonnées.

    La voie a été ouverte par un grand archevêque, un des plus grands personnages du XX ème siècle.

  9. Erratum :
    Comme certains, nous ne voyons qu’une issue, si Mgr Rey veut rester fidèle à son ministère et sa juridiction d’évêque, en tant que successeur direct d’un Apôtre:

    L’Esprit de l’Eglise indique clairement qu’il faut passer outre, et ordonner ces clercs. En temps d’orage, et quand l’Eglise est dirigée à contre sens, l’héroïsme permet d’obéir à Dieu, et d’assurer ainsi le salut de beaucoup d’âmes abandonnées.

    La voie a été ouverte par un grand archevêque, un des plus grands personnages du XX ème siècle.

  10. C’est clair ces futurs prêtres n’ont qu’une solution rentrer à la FSPX . Quant au pape, quand on voit qu’il reçoit Clinton, le fils Soros, qu’est-ce qu’il manigance? Il a de drôles de relations et la Pacha Mamma? Ca suffit trop de grabuge depuis qu’il est là.

  11. A quand un mot d’ordre par voie de presse de boycott du denier du culte, pour faire réagir la Conférence des Evêques de France ? Il faudrait que ce soit la deuxième phase de cet engagement.

  12. Tout cela me rappelle un séminariste cubain devenu l’ami intime de mon père médecin, qui après 4 années de séminaire exilé au fond du Val de Loire, s’est retrouvé mis à la porte du jour au lendemain la veille de Noël, à 6000 km de chez lui, sans que ces “chers Abbés” n’aient jamais voulu nous en dire la raison.
    Un passage chez les Franciscains espagnols lui a fait découvrir des frères remplis de joie et de charité, … et aussi une Direction parjure.
    Mais la Providence en a décidé autrement.
    Ce séminariste est aujourd’hui le Curé d’une paroisse de 75000 âmes en Amérique centrale.
    Il bâtit des églises et ruine sa santé à ses tâches pastorales.
    Tout cela pour dire que chez nous laïcs, les luttes sont parfois violentes, mais que chez les clercs, elles gagnent en infâmie et en bassesse, et il faut beaucoup prier pour eux car leur statut aggrave leurs fautes. Quant aux victimes, qu’elles gardent confiance en Dieu, c’est toujours Lui le Maître de leur destin.
    Le disciple n’est pas au-dessus du Maître, il l’imite dans ses croix. Qui a fait mettre à mort le Christ ? La haute caste sacerdotale juive …

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