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L'Eglise : Benoît XVI

“Benoît XVI n’a ouvert aucune brèche”

Dans un long entretien à Zenit, Mgr Tony Anatrella déclare :

"Le Pape Benoît XVI n'a ouvert aucune brèche pour souscrire au cliché sexuel de l'époque actuelle. Ce qui voudrait dire qu'il faudrait déstabiliser l'édifice moral de l'Église pour le mettre et le confondre avec les modèles comportementaux valorisés par les médias. […] La démarche de Benoît XVI n'a rien à voir avec ce que l'on appelait autrefois « la morale de situation» et qui reste encore présente dans les mentalités actuelles, avec l'idée « du moindre mal », dans le sens où les principes sont adaptés selon les circonstances. […]

Le Pape se situe dans l'étude de cas, pour rappeler ensuite le principe général qui guidera une saine prévention contre le sida. Il est donc dans l'analyse morale d'une situation singulière et exceptionnelle. Il ne dit pas, comme certains éditorialistes l'ont écrit, «d'un premier pas sur le chemin d'une sexualité plus humaine». Benoît XVI dit exactement : « «cela peut être un premier pas vers une moralisation […] ». Ce qui n'est pas la même chose puisque le préservatif en lui-même n'a aucune valeur pour humaniser la sexualité.

[…] le Pape a raison de poursuivre son idée en considérant que centrer toute la prévention uniquement sur le préservatif «banalise le sexe», crée de la dépendance comme la drogue et n'humanise pas la sexualité puisque l'expression génitale dans le cas de la multiplication des partenaires ne s'inscrit pas dans une relation amoureuse engagée et fidèle. La prévention contre le sida doit surtout en appeler à la responsabilité de chacun sur ses comportements. Le Pape ne libéralise donc pas le préservatif, il indique une voie de réflexion morale au cas par cas. […]

A Je cite dans mon livre L'amour et l'Église (Flammarion) à la page 226, ce que le Cardinal Ratzinger disait à ce sujet au journaliste (G. Mattia) du journal La Croix en date du 22 novembre 1989. Il affirme que le préservatif est une question de «casuistique», c'est-à-dire d'une réflexion morale qui analyse la singularité d'une situation personnelle au regard des principes de l'amour, surtout lorsqu'il s'agit, répétons-le, de cas extrêmes avec un danger mortel pour soi et pour autrui. […]

  1. La prévention sanitaire contre le sida a figé la réflexion sur le préservatif en privilégiant la vision d'une sexualité technologique. […] Le préservatif sert de masque aux questions que l'on ne veut pas entendre et se poser.
  2. Le préservatif est l'unique moyen soutenu afin de justifier toutes les orientations sexuelles et toutes les pratiques sexuelles qui posent divers problèmes psychologiques, sociaux et moraux. Il n'est pas significatif du sens de l'amour et du respect d'autrui, tout simplement une mesure primaire de prudence dans des cas extrêmes. Une sexualité éclatée qui renvoie au morcellement des personnalités et de la relation, et à la difficulté d'accéder à une véritable maturité affective et sexuelle. Les personnalités deviennent ainsi floues et inconsistantes.
  3. C'est pourquoi le préservatif est « une question marginale » alors que l'essentiel est de savoir humaniser la sexualité en tenant compte de la dignité de la personne humaine, de ce que représente une relation aussi intime, de l'engagement et de la fidélité qu'elle implique. Ce sont autant de réalités auxquelles aspirent la plupart des gens mais qui sont faussées dans le discours social avec des thèses qui déshumanisent les relations et désexualisent le corps humain. D'où un surcroît, à la fois d'érotisme dans tous les visuels médiatiques et sur Internet, et une amplification des procédures judiciaires pour des agressions sexuelles (50% des procès d'Assises concernent des agressions commises en famille). Tel est le paradoxe dans lequel nous sommes.
  4. La réflexion que propose le Pape n'est pas de l'ordre du « moindre mal » comme on a pu le lire ici ou là. Ce concept est étrange, car il laisse entendre que l'on pourrait se complaire encore dans le mal au lieu de chercher à s'en dégager. Cette catégorie morale n'a pas lieu d'être, elle renvoie à une mauvaise compréhension de la « loi de la gradualité » comme le note Jean-Paul II dans « La splendeur de la Vérité » et dans « L'Évangile de la vie ».

La transmission du VIH est tout à fait évitable grâce à la qualité de son style de vie. Autrement dit, si le virus de la grippe se contracte facilement et malgré soi, il n'en va pas de même avec celui du sida qui implique des contacts intimes. Ce qui veut dire que sa transmission résulte de pratiques sexuelles que l'on adopte alors que ceux qui vivent dans l'abstinence et la fidélité n'ont rien à craindre même s'ils s'occupent de malades du sida avec attention."

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14 commentaires

  1. Mgr Anatrella a raison de rappeler que la quasi-intégralité des journalistes (et même dans “La Croix”) sont tombés dans une grave désinformation. Cela me fait très mal de lire autant de bêtises. Dominique Greiner, rédacteur en chef religieux du quotidien La Croix, profite une fois de plus de son incompétence théologique pour déformer les propos du Pape. Redisons-le une fois pour toute : les catholiques qui utilisent la pilule ou un préservatif sont en état de péché mortel (l’âme est donc sur le point de tomber en Enfer). Il n’y a aucune exception possible.
    Que les catholiques aient le courage de rétablir la vérité autour d’eux. De trop nombreux jeunes sont aujourd’hui trompés par des prêtres prêchant la grave immoralité de la contraception. Rétablir un amour pur, chaste et fidèle est extrêmement important aujourd’hui. Merci au Salon Beige de réparer le désastre moral qui a été fait par les journalistes ces derniers jours.

  2. Voila un commentaire qui ouvre plus à la réflexion que celui de M. Introvigne !
    “La transmission du VIH est tout à fait évitable grâce à la qualité de son style de vie”… et d’autres virus aussi !
    Les parents catholiques qui font vacciner leur enfants contre l’hépatite B ou le papilloma virus sans réfléchir feraient bien de se demander à quelle “qualité de style de vie” ils préparent leurs enfants.

  3. Bonjour,
    Quelqu’un sait-il de quel diocèse Mgr Anatrella est l’évêque ?
    Merci.
    [Il n’est pas évêque, il est prélat, consulteur au Vatican sur les questions de santé. MJ]

  4. Cher yves
    Votre simplisme fait peinne à voir, même s’il y a en vos propos une part de la vérité, N’oublions jamais que les pasteurs sont formés à la ” casuuistique ” c’est à dire au discernement tout en rappelant la vérité de l’Eglise. Vos propos sont hinumains…
    JUNEAU

  5. La casuistique ne doit pas devenir un prétexte jésuistico-laxiste pour dire tout et n’importe quoi (comme le font actuellement la quasi-intégralité des journalistes, des prêtres et même malheureusement des évêques). Objectivement, toute forme de sexualité qui n’est pas vécue fidèlement, chastement, naturellement et spirituellement au sein du seul mariage entre un homme et une femme est gravement immorale. Benoît XVI parle seulement d’un homosexuel atteint du Sida et en même temps obligé de se prostituer. Il ne parle pas de l’acte mais de l’intention. L’acte en lui-même (mettre en préservatif) reste gravement et intrinsèquement immoral. L’intention de ne pas donner la mort (même si ce n’est pas scientifiquement sûr) peut-être un cas extraordinaire pour la casuistique, j’en conviens. Ce cas d’intention – même extraordinaire – ne justifie pas l’acte qui reste triplement immoral (homosexualité + prostitution + mettre un préservatif).
    Les couples catholiques qui se sont noyés dans l’infamie de la contraception (pilule, préservatif, etc) sont dans un état de péché mortel. Seul le Tribunal de la Miséricorde peut encore les sauver de l’Enfer. On ne se moque pas du Christ. Si les catholiques prenaient au sérieux les paroles du Christ, la France ne serait pas dans cet état. Lorsqu’un prêtre distribue voire encourage le port du préservatif, c’est extrêmement grave et il devra en répondre lors de son jugement d’avoir trompé les fidèles (sous-prétexte de “charité pastorale”). Ce discours de “moindre mal”, de “morale de situation” et de “charité” n’est que du baratin. C’est de l’hypocrisie pour la personne aimée. Lorsqu’on aime une personne, on lui dit la Vérité. On ne relativise pas la vérité sous prétexte de charité.

  6. Cher Yves, avez-vous la Grâce de l’Esprit Saint ? Ou au moins la Grâce du Sacerdoce pour affecter comme cela les gens en enfer ? C’est quand même incroyable, cette facilité de disposer des âmes. Et si vous laissiez le Christ faire son travail ?
    N’oubliez pas que la Miséricorde Divine est
    plus grande que tout le péché du monde et c’est peut être vous, le “pur” et le “chaste” qui en avez le plus besoin. C’est en tout cas l’avis de…..l’Evangile (excusez du peu!)
    Vous faites peur. Pas avec vos menaces de l’enfer, mais avec vos certitudes. Il y en a un qui également a une foi d’enfer (le mot pour le dire!) comme la vôtre, les certitudes : “tu es le Saint de Dieu”, qui déteste la chair car désincarné et pur esprit, et…..ce n’est pas Dieu.

  7. Yves vous n’avez pas compris mes propos, vous êtes trop “copier/coller”.
    Merci à François, afin quelqu’un qui parle de la miséricorde, ce qui n’empêche pas qui faut tout faire pour memer une vie en ordre.
    Mais on touche là des domaines tellement sensibles et intimes qu’il faut être très délicat et très humble. A moi aussi la certitude de Yves me fait peur. Tout nos péchés sont des gouttes d’eau dans un océan de miséricorde, ce qui n’exlu pas pour autant de lutter contre le mal et nos défaut et tout faire pour marcher à la suite de notre Saint Père sur les chemins de la vérité, mais nous n’avons pas tous les mêmes chemins, Dieu seul est juge.

  8. A JCM :
    “Les parents catholiques qui font vacciner leur enfants contre l’hépatite B ou le papilloma virus sans réfléchir feraient bien de se demander à quelle “qualité de style de vie” ils préparent leurs enfants.”
    Ca veut dire quoi exactement ? Qu’en vaccinant un enfant contre un virus, on l’encourage à mener une vie dissolue ? Vous avez vraiment l’esprit tordu !
    Qui plus est, il n’y a pas que par des relations sexuelles qu’on peut attraper ces maladies : j’ai porté secours il y a quelques années dans la rue à un homme qui venait d’être agressé, il avait été frappé de plusieurs coups de couteau et il était en sang. J’ai compressé la plus grosse plaie avec ce que j’avais sous la main, c’est à dire pas grand-chose, en attendant les pompiers. Pendant plus de 20 minutes, j’ai été en contact direct avec son sang et s’il avait eu le sida ou une hépatite, j’aurais très bien pu l’attraper. Même si sur le moment, ça ne m’est même pas venu à l’idée, j’ai regretté ensuite de ne pas être vaccinée.
    Mais si je suis votre raisonnement, peut-être aurait-il mieux valu que je passe mon chemin de peur de tomber malade ?

  9. Voyez la torsion du Monde qui cite des propos du Pape : “Quand un pape en vient à reconnaître en toute clarté que physiquement, psychiquement et spirituellement, il ne peut plus assumer la charge de son ministère, alors il a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer.” ; pour en tirer ce titre “Benoît XVI évoque une possible démission”, dont on se doute bien qu’il sous-entend autre chose…
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/11/23/benoit-xvi-supporter-les-attaques-fait-partie-de-la-foi-chretienne_1443763_3214.html

  10. Je ne vois vraiment pas en quoi mes “certitudes” font peur. Je cite textuellement le CEC N°1753 : “Une intention bonne (par exemple : aider le prochain) ne rend ni bon ni juste un comportement en lui-même désordonné (comme le mensonge et la médisance). La fin ne justifie pas les moyens”.
    Je retranscris cela dans la pensée de Benoît XVI : “Une INTENTION bonne (par exemple : ne pas donner la mort) ne rend ni bon ni juste un comportement en lui-même désordonné (comme la prostitution ou le fait de mettre un préservatif)”. La fin ne justifie pas les moyens”.
    Bref, la campagne qui est en train de se faire pour la promotion du moindre mal (préservatif dans “certains cas” par exemple) est totalement contraire à la doctrine catholique et aux propos de Benoît XVI. La seule exception casuistique possible est une personne sidéenne obligée de se prostituer dans l’INTENTION de ne pas donner la mort. Même les personnes sidéennes sans obligation de se prostituer ne peuvent pas utiliser le préservatif car la doctrine de l’Eglise nous dit que la chasteté est possible pour toutes personnes.

  11. Non, Isabelle Lagrange, je n’ai pas l’esprit tordu ! J’ai dit exactement que de nombreux parents ne réfléchissent pas lorsqu’ils suivent aveuglement des campagnes massives de prévention qui ne font pas appel à la responsabilité humaine.
    le Pape a dit qu’on ne règle pas le problème du SIDA avec la distribution massive de préservatifs. Je dit qu’on ne règle pas le problème de l’hépatite B ou du cancer du col utérin par la vaccination massive sans changer les comportements.
    C’est clair, précis, et le cas particulier que vous évoquez ne changent rien à la réflexion que les parents devraient avoir.
    J’attire leur attention là dessus : ils font ce qu’ils veulent.

  12. Cher Yves
    C’est ce que je disais vous ne faites que dicter des articles de Doctrine (vrais par ailleurs…) MAIS VOUS NE FAITES QUE CELA.
    Toutes vos intentions sont pures !!!! Bravo.
    Descendez de votre tour d’ivoire. Et redécouvrez le vrai visage du Christ et de l’Eglise qui ne font qu’un. La foi c’est un équilibre sinon nous allons vers un mysticisme Janséniste. Et je suis en plein dans la réalité car je vis chaque jour auprès de personnes handicapés mentales qui nous montrent LE VISAGE DU CRHIST, pourtant ils ne savent pas lire les discours théologiques, mais Dieu sait se montrer là où on ne l’attend pas. Yves je prie pour vous afin que l’Esprit Saint vous guide et vous éclaire…Lisez les beaux ouvrages de Jean Vanier…

  13. A Yves:
    Où allez-vous chercher que la seule exception casuistique possible concerne un homme sidéen OBLIGE de se prostituer?
    1) sauf erreur de ma part, le pape parle du prostitué sans préciser s’il y est contraint ou pas.
    2) il cite le cas du prostitué masculin comme exemple (la phrase exacte est :” Il peut y avoir un fondement, dans le cas de certaines personnes, comme dans le cas de prostitués masculins qui usent du préservatif quand celui-ci peut être un premier pas…”).
    Ce n’est donc pas le seul cas. Le Vatican a d’ailleurs précisé qu’il pouvait aussi s’agir de prostituées ou de transesxuels.

  14. De toute façon, faire le mal d’une manière moins mauvaise, c’est quand même, au sens strict, en n’en déplaise à Mgr Anatrella, faire le choix d’un MOINDRE MAL. Un moindre mal, c’est un mal moins grand. Qu’un moindre mal ne soit jamais un bien, cela tombe sous le sens. Un mal reste un mal, qu’il soit grand ou petit. Mais s’il s’agit de condamner le mal en général, sans chercher à voir ce qui, dans le mal, pourrait être un commencement de bien, pourquoi diable parler des scrupules moraux des prostitués mâles ou femelles ? Pour dire que, de toute façon, avec ou sans préoccupation de protéger un client du sida, le préservatif était absolument mauvais ??? Eh bien non, ce n’est pas cela que le Pape a dit. Il a parlé d’un cas où l’usage du préservatif pourrait être commandé par de bons sentiments. C’est ce que tout le monde a compris, et on en déduit, avec raison, que le préservatif est admissible dans certains cas. Si maintenant le Pape ou son entourage regrette cette déclaration, pourquoi pas, je veux bien, tout le monde peut déraper. Mais alors, pourquoi ne pas tout simplement aller de l’avant comme si de rien n’était ? Des explications tirées par les cheveux et insupportablement pédantesques comme celles de Mgr Anatrella n’apportent rien du tout, mais au contraire compliquent et enveniment les choses.
    Et puis, franchement, parler du préservatif est d’un tel mauvais goût pour un Pape ! Et maintenant de prostitués mâles ! A quand les sex toys ou les poppers ?… Autrefois, c’étaient les incubes et les succubes. Est-ce que toute cette hantise pour les détails de la débauche sexuelle ne donne pas la fâcheuse impression que les hommes d’Eglise, qui font voeu de célibat, ne s’occupent avec passion que d’histoires d’alcôves ?
    [Pas tout à fait. Le “moindre mal” est une expression piégée, qui laisse entendre qu’entre 2 maus, on pourrait choisir le moins pire. Mais le mal reste un mal et l’Eglise n’a jamais autorisé à faire le mal.
    En revanche, l’Eglise souligne que, sur une situation donnée, mauvaise, pour progresser vers le bien, il faut réduire cette situation mauvaise. Autrement dit, le soit-disant “moindre mal” est un fait un progrès accompli vers un bien. Ce n’est pas suffisant, mais cela peut être un début de conversion.
    Mais cela ne change pas le jugement de l’Eglise sur la malice de l’acte.
    Quant au mauvais goût : le Pape a choisi de répondre aux questions d’un journaliste et il ne s’est pas dérobé.
    MJ]

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