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Bientôt des euthanasies sans consentement

… au Québec (en attendant la France où, bien sûr, les fameux “garde-fous” ne tiendront que le temps de faire voter les idiots utiles!), comme le signale ce communiqué de la Société française de soins palliatifs:

Ce 30 octobre 2024, une nouvelle extension de l’euthanasie entre en vigueur au Québec : les demandes anticipées d’aide médicale à mourir. Celles-ci permettent aux personnes diagnostiquées avec des maladies cognitives et incurables de consentir à l’aide médicale à mourir avant de perdre leurs facultés décisionnelles. L’euthanasie pourra donc être réalisée sans consentement final de la personne une fois l’inaptitude constatée.

Depuis l’adoption de la loi sur l’aide médicale à mourir en 2016, l’accès à cette aide était limité aux personnes en phase terminale souffrant de douleurs intolérables, qui devaient donner leur consentement juste avant l’acte. Cette nouvelle extension de 2023 étend cette législation aux cas de patients qui deviendraient inaptes à donner leur accord en amont, notamment ceux atteints de maladies neurodégénératives.

Cela pose évidemment des questions en matière de pratiques médicales : faudra-t-il pratiquer une sédation ou une contention sur une personne qui refuserait finalement l’injection létale ?

Cette évolution rappelle les débats de mai dernier l’Assemblée nationale, au cours desquels une proposition similaire avait été avancée. Celle-ci visait à permettre aux patients souhaitant l’aide à mourir de le faire même s’ils perdaient leur conscience de manière irréversible, via les directives anticipées. Les débats parlementaires nous montrent que les dérives québécoises adviendraient très vite dans notre pays.

Cette nouvelle extension de l’euthanasie intervient alors que vient d’être publié le rapport de la Commission sur les soins de fin de vie pour 2023-2024. Il en ressort que 7,3% des décès enregistrés au Québec sont dus à la mort provoquée, soit une augmentation de près de 10% par rapport à l’année précédente. A l’échelle des 638 266 en France en 2023, cela représenterait 46 593 décès annuels.

Lettre du père Danziec à Marguerite Stern : “en Israël même je n’ai pas trouvé une si grande foi “

Suite aux excuses publiques de l’ex-Femen, le père Danziec lui adresse cette lettre dans Valeurs Actuelles :

Chère Marguerite,

Nous ne nous connaissons pas mais permettez-moi de vous appeler par votre prénom. N’y voyez ni procédé cavalier, ni volonté de jouer aux intimes. Simplement l’enchantement d’un pasteur d’appeler une brebis par son prénom de baptême. « Il appelle ses brebis par leur nom, et il les mène aux pâturages » (Jean 10, 3). J’ignore d’ailleurs laquelle des saintes Marguerite est votre patronne. La martyre sous Dioclétien ? Celle-là même qui est apparue à Jeanne d’Arc aux prémices de sa grande épopée nationale à Domrémy ! Ou bien sainte Marguerite-Marie, la religieuse visitandine de Paray-le-Monial à qui le Christ fit connaître les secrets de son cœur brûlant, notamment en lui adressant cette impressionnante sentence : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes, et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes par leurs irrévérences et leurs sacrilèges… » ? Vous me direz, dans l’un et l’autre cas de ces patronages, vous vous trouvez en bonne compagnie ; et c’est, en effet, bien là l’essentiel.

Vous vous en douterez, chère Marguerite, ces quelques lignes, je vous les adresse en écho à votre récente sortie médiatique. Comme beaucoup de croyants, j’ai effectivement lu avec intérêt votre tribune « Pourquoi je m’excuse auprès des catholiques » publiée dans l’hebdomadaire Famille Chrétienne. Surtout, mieux encore, je vous ai écoutée, je vous ai regardée dire ce texte sur vos réseaux. Eh bien, chère Marguerite ! En un mot comme en cent, disons-le tout net, je vous ai trouvée poignante.

A vos excuses publiques, j’ose donc réagir par cette lettre ouverte. Avec l’audace de l’Evangile (Mt 10, 27), j’entreprends de publier sur les toits ce qui, à votre sujet, m’habite. Un mélange de reconnaissance et d’action de grâce. D’émerveillement aussi. Je ne doute pas que de nombreux catholiques, hier profondément blessés par votre coup d’éclat en tant que Femen dans la cathédrale Notre-Dame de Paris se soient sentis, tout comme je l’ai été, vivement émus par votre mea culpa sans fioritures. D’autant que, accordez-moi de le souligner, demander pardon sans battre sa coulpe sur la poitrine des autres, voilà chose bien singulière aujourd’hui pour ne pas être saluée.

Après vous avoir écoutée attentivement, comment ne pas voir un réconfortant signe du Ciel dans votre prise de parole. Voyez-vous, c’est également cela le miracle de Notre-Dame. En bonne mère, elle n’est pas rancunière. Vous l’avez outragée en 2013. Son incendie vous fait pleurer en 2019. Et, en 2024, à l’approche de sa réouverture, elle nous offre votre joli visage – bien qu’empreint d’une certaine gravité – auquel s’ajoute une voix claire et sans emphase, posée et réfléchie. En 3 minutes et 48 secondes, vous nous expliquez pourquoi vous avez changé, pourquoi vous voulez présenter vos excuses aux catholiques, ceux-là dont « c’est la mode actuellement de dénigrer, de faire passer pour des idiots vieille-France, insuffisamment branchés pour mériter le statut d’êtres humains ». Bien chère Marguerite, nous vivons dans un monde qui se moque tant des vérités du Christ, qui piétine si impunément l’enseignement constant de l’Eglise, que les petites étincelles d’espérance qui brillent dans l’obscurité n’en paraissent que plus incandescentes. Un peu de feu dans quelque coin du monde et tous les miracles de grandeur restent possibles.

Ma chère Marguerite, certains loueront votre courage, d’autres fustigeront votre retournement. Moi, je veux particulièrement rendre grâce pour votre cheminement intérieur, intime et secret, mystérieux. Celui d’une femme qui a certes l’appétit de l’action mais surtout soif de cohérences et de vérités. La Providence se plaît, dans l’histoire des hommes et les événements qui parcourent leurs vies, à confondre les orgueilleux et les superbes. Votre demande de pardon en témoigne. Que le nom de Dieu soit béni !

Je ne saurais vous le cacher, lorsque vous soulignez dans votre tribune que « bon nombre de nos rites reposent sur l’Eglise catholique et même les incroyants devraient se battre pour les préserver », j’ai souri. Christopher Lasch avait bien raison de constater que « Le déracinement coupe de tout, sauf du besoin de racines ». Mais surtout, je me suis plu à repenser au Seigneur Jésus parlant du Centurion de l’Evangile : « Je vous le dis, en vérité, en Israël même je n’ai pas trouvé une si grande foi » (Lc 7, 9). Ce païen, occupant le territoire des descendants du peuple élu, par sa simplicité d’âme et son humble respect, venait d’attester avec une tranquillité déconcertante la toute-puissance du Fils de Dieu. Dans votre tribune, vous nous dites : « Sans croire en Dieu, finalement, sur certains points, j’arrive aux mêmes conclusions que les catholiques. » Alors qu’au sein même de nos institutions publiques – et parfois même ecclésiales, vous l’aurez sans doute remarqué – des déconstructeurs sont à l’œuvre, vous venez prouver à ceux qui l’auraient oublié que les meilleurs apôtres du bon sens de la Foi ne viennent pas forcément des sentiers battus par les réformateurs progressistes et autres comités Théodule d’Etat ou d’Eglise… Oui, assurément, les incroyants devraient se battre pour préserver les rites et les coutumes de l’Eglise catholique et oui, parmi eux, il s’en trouve de plus en plus qui, arrivant aux mêmes conclusions que les catholiques, s’interrogent sur le sens de leur vie et la raison de leur destinée. Chère Marguerite, évidemment, je vous espère d’en arriver, non pas seulement « sur certains points » mais sur tous les points, aux mêmes conclusions que la Tradition de l’Eglise.

Ce n’est pas tout. Votre témoignage transparent manifeste combien Dieu écrit droit avec des lignes courbes. « En creusant le sujet trans, j’ai compris que le transgenrisme était une forme de transhumanisme où l’être humain se comporte comme son propre créateur. Cela m’effraie car que fait-on de l’inconnu, de l’enchantement, du mystère, de ce qui nous dépasse ? » confiez-vous. Le Christ affirme dans l’Evangile : « Je suis la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6) et de préciser durant sa discussion privée avec Pilate : « Quiconque est de la vérité écoute ma voix » (Jn 18, 37). La féministe radicale que vous avez été, par des chemins de traverse, en est arrivée à formuler ce pardon. Le prêtre que je suis y voit un motif supplémentaire d’espérance.

Ah ma chère Marguerite ! Je vous souhaite – si vous saviez comme je vous le souhaite ! – de rencontrer Jésus. La recherche honnête du vrai, du bien, du bon et du juste mène l’âme, inexorablement et parfois malgré elle, à rejoindre la voie du Christ, à embrasser la vérité et à vivre de sa vie surnaturelle. Vous l’avez dit avec une franchise confondante : « Il arrive que l’on aime mal ». Je ne prétendrais pas, pour ma part, aimer convenablement le Bon Dieu. Qui pourrait, du reste, s’en prévaloir ? Mais je sais, par la Foi, qu’en se mettant à son école, il est possible d’envisager d’aimer mieux. J’espère de grand cœur que vous aurez la possibilité un jour, voire prochainement, de le contempler à l’œuvre ce bon Dieu d’amour, dans le cœur de saintes femmes. J’en connais et j’en vois autour de moi. On ne parle pas d’elles. Elles ne font pas la une des magazines féminins. Elles ne posent pas pour des publicités proposant des produits de luxe inabordables. Elles sont plus humbles mais tellement extraordinaires. Elles sont le plus souvent écartelées entre leurs enfants, leur mari et une vie professionnelle harassante, car un seul salaire suffit rarement à faire vivre une famille. Elles sont parfois mères au foyer, parfois au couvent, mais dans les deux cas elles subissent l’incompréhension – quand ce n’est pas la réprobation – du monde actuel. Ces saintes femmes, ce sont des mères de familles courageuses qui tentent de préserver leurs petits des horreurs du wokisme. Des épouses fidèles, sentinelles de l’Invisible, soucieuses de leur rôle pour préserver la paix du foyer et entretenir la joie familiale. Ce sont encore des religieuses, qui ont donné leur vie, librement, pour chanter les louanges du Seigneur du cœur de la nuit jusqu’à la tombée du jour. A l’occasion, peut-être, aurez-vous la possibilité de vous arrêter dans une de ces abbayes féminines. Allez chère Marguerite, allez visiter les cisterciennes de Boulaur ou les bénédictines du Barroux ! Profitez de leur hôtellerie durant quelques jours, vous serez touchée par leur accueil évangélique, leur vie verticale et ce fluide mystérieux qui donne à leur visage ce reflet indéfinissable de divin. Vous découvrirez qu’il jaillit dans les profondeurs de l’intimité prolongée du cœur-à-cœur avec Dieu. Vous verrez comme ces consacrées attestent, avec une grâce sans pareille, combien la féminité devient plénière lorsqu’elle est vécue dans une amitié intense avec le Créateur.

Chère Marguerite, vous avez dit bien des choses dans votre courageuse intervention publique et il y aurait encore beaucoup à vous partager si je m’arrêtais sur chacune de vos phrases. Je crains cependant que cette lettre ouverte se charge inutilement lorsqu’elle voudrait, au contraire, contribuer à rendre votre cœur léger. Mais puisque nous nous trouvons au début du mois de novembre, mois dédié dans la Tradition de l’Eglise à la prière pour nos chers défunts, je voulais terminer ces lignes en vous disant que votre témoignage sur les obsèques de Philippine et la prise de conscience qui en a résulté pour vous, m’a paru très fort. Merci d’avoir eu la simplicité de le confesser. Avec Cocteau, nous savons que « Le tombeau des morts, c’est le cœur des vivants ». Je suis certain, chère Marguerite, que Philippine intercédera depuis son éternité à vos intentions auprès de Dieu. Et que votre cœur s’en trouvera béni.

En vous assurant de ma prière, je me permets de me confier aux vôtres.

Bien respectueusement à vous,

Père Danziec +

Aller prier sur une tombe

De Véronique Jacquier dans France catholique :

[…] Depuis 1963, l’Église n’interdit plus la crémation, qu’elle avait condamnée en 1886 quand elle était l’apanage des anticléricaux et des francs-maçons. Le Code de droit canon de 1983 y met cependant une réserve : « L’Église n’interdit pas l’incinération à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne. » Dans le même article du droit canon, elle recommande « vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ». […]

La multiplication des incinérations modifiera-t-elle la façon dont les hommes perçoivent le cimetière ? Ce lieu n’est plus guère l’endroit du dialogue entre les vivants et les morts depuis qu’il a été installé en lisière des agglomérations et non plus en leur sein, autour de l’église du village ou de celle du quartier d’une ville. Raison de plus pour que la tombe soit l’affirmation d’une foi chrétienne au-delà de la mort. L’artiste Augustin Frison-Roche s’interroge : « Pourquoi l’art funéraire a-t-il disparu des cimetières ? Plus encore que les églises qui se vident, je trouve que cela en dit long sur la déchristianisation de notre pays et la perte du sacré. Depuis des milliers d’années, l’humanité se préoccupe en premier lieu de construire des tombeaux et des temples. » Le peintre et sculpteur réalise un monument par an sur commande, en aimant se souvenir de « la tombe comme d’un lieu de rencontre avec la transcendance, où le Beau a toute sa place puisque la mort n’est pas une fin ». […]

Guerre d’Algérie : la communication incohérente d’Emmanuel Macron

A peine rentré d’un voyage officiel au Maroc, le chef de l’État a reconnu la responsabilité de la France dans l’assassinat de Ben M’hidi, chef du FLN, en 1957. Dans le long communiqué, l’Élysée précise que

« la reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le président de la République a initié avec le président Abdelmadjid Tebboune, se poursuivra. C’est le rôle dévolu à la commission mixte d’historiens, mise en place par les deux chefs de l’État, et dont le président de la République a validé récemment les conclusions ».

A propos de vérité historique, il faudrait aussi reconnaître l’abominable terrorisme mis en place par le FLN, comme en témoigne cet ancien terroriste, qui explique doctement qu’il fallait assassiner les femmes et les enfants :

 

Quel cherche à gagner Emmanuel Macron avec ce communiqué ? Professeur émérite à Sorbonne Université et grand spécialiste de l’histoire de la colonisation en Algérie, Jacques Frémeaux est interrogé dans Le Figaro. Extrait :

les observateurs reconnaissent que jamais l’Algérie n’avait eu un président français aussi bien disposé qu’Emmanuel Macron, notamment sur la mémoire de la guerre d’Algérie. Ces efforts ont-ils été suffisants ?

On peut dire qu’en tout cas ils n’ont pas suscité de la part du gouvernement algérien une véritable contrepartie, ni même une certaine détente. Il est vrai que la reconnaissance par le président Macron de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a suffi à bloquer tout progrès, entraînant par là l’effondrement de tout un pan de la diplomatie africaine et saharienne prorusse de l’Algérie, alors que l’affaire de Gaza et le conflit Iran-Israël enflamment le Proche-Orient.

Et qu’en est-il des 2375 Français disparus, civils et militaires, dont la famille, n’a toujours aucune nouvelle ?

Bernard Lugan rappelle aussi que la guerre d’indépendance algérienne se fit également en métropole, y provoquant des milliers de morts. Pour la période du 1° janvier 1956 au 23 janvier 1962, 10 223 attentats y furent ainsi commis par le FLN. Pour le seul département de la Seine, entre le 1er janvier 1956 et le 31 décembre 1962, 1433 Algériens opposés au FLN furent  assassinés et 1726 autres blessés. Au total, de janvier 1955 au 1er juillet 1962, en Métropole, le FLN assassina 6000 Algériens et en blessa 9000.

Rome : le Pape a prié devant la stèle des enfants non-nés

Samedi, avant de célébrer la messe, le pape François a déposé des roses et prié sur les tombes d’enfants à naître, appelées le Jardin des Anges, une zone du cimetière Laurentino à Rome.

 

L’offensive “hijabiste”

Doit-on permettre le port du hijab dans le sport en France? 

Au nom de la laïcité, le Conseil d’État français a dit non.

Pour l’ONU, porter ce foulard islamique est une manifestation légitime de la liberté religieuse.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est saisie de cette même affaire par le collectif “Les Hijabeuses.” Des femmes musulmanes peut-être plus motivées par la visibilité de l’islam que par le sport, mais la question est aussi là. La CEDH va-t-elle approuver le modèle “laïciste” français qui protègerait légitimement le pays de l’islamisme ou va-t-elle promouvoir le multiculturalisme libéral et communautaire, comme Amnesty International l’y invite?

Grégor Puppinck en discute dans cet entretien du mois de novembre à découvrir :

 

Douce France…

De Clermont-Ferrand à Poitiers, le mois d’octobre a connu des soubresauts…

La dévotion au Sacré-Cœur, un antidote à la banalisation du mal

D’Aymeric Pourbaix dans France catholique :

La banalisation du mal prend parfois des allures grotesques. C’est le cas d’Halloween, pour laquelle le Palais des papes à Avignon a été transformé en « Palais hanté », à la veille de la Toussaint. C’est aussi le cas à Toulouse, dimanche dernier, avec ce spectacle de rue intitulé «  La Porte des ténèbres », dont le clou était une machine maléfique en forme de scorpion, gardienne des enfers. La réponse de l’archevêque a été à la hauteur de l’enjeu spirituel pour les âmes : il a consacré la ville au Sacré-Cœur.
Mais cette banalisation se fait parfois plus sournoise, en se déguisant sous l’apparence d’un bien : c’est l’euthanasie, que l’on nous présente comme un progrès pour l’humanité. « Un acte d’amour » même, comme l’a affirmé ce septuagénaire accusé d’avoir étranglé sa femme, à sa demande, car elle souffrait d’une maladie incurable, sans être en fin de vie.

Un antidote

Là encore, la dévotion au Sacré-Cœur apparaît comme la réponse la plus puissante au plan spirituel – sans négliger la nécessité de l’accompagnement humain. Loin d’être accessoire ou dépassée, cette dévotion est au contraire « essentielle » pour aujourd’hui, comme vient de le réaffirmer le pape François dans son encyclique Dilexit nos. Selon lui, elle est même l’antidote à la maladie de notre monde devenu « vieux », c’est-à-dire vieilli d’une ferveur engourdie, refroidie envers Dieu. C’est tout le drame de l’humanisme athée dénoncé jadis par le cardinal de Lubac : privé de Dieu, il devient un « humanisme inhumain » qui se retourne contre l’homme. L’euthanasie en est la parfaite démonstration…

À l’inverse, le Sacré-Cœur de Jésus manifeste aux yeux de tous que la foi catholique est avant tout une religion d’Amour : un amour vrai car incarné – et non une idée abstraite. Dieu a un plan d’amour pour l’homme, et chaque personne est aimée de Dieu. « Dès avant ma naissance, tu m’as choisi dès le ventre de ma mère », dit le psaume. […]

Toussaint : les mystères de l’au-delà

Dans En quête d’esprit, Aymeric Pourbaix reçoit

  • Dominique LETOREY, membre d’une confrérie de charité
  • Abbé Jean de Massia, aumônier général du pèlerinage de @ndchretiente
  • Don Paul Denizot, Recteur  du sanctuaire de Montligeon

Etrange synode sur la synodalité

Le 3 novembre, Terre de missions reçoit le Père Jean-François Thomas, jésuite, pour parler de la récente session du synode sur la synodalité. Cette session a donné lieu à la publication non pas d’un texte du Pape selon l’habitude, mais des notes des participations (ce qui donne un étrange “Magistère” sans autorité magistérielle!).

Puis l’abbé Michel Viot revient sur la lettre sur l’ensauvagement de la France qu’il a publiée dans le Salon beige après l’assassinat de la jeune Philippine de Carlan en insistant sur la nécessaire conjonction entre justice et miséricorde.

Enfin, Romain Delenda, de l’association Hozana, présente le projet Ave Maria 2033 visant à étendre la dévotion du chapelet parmi les catholiques de France.

Vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte – IVe Dimanche resté après l’Épiphanie

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.

Bien que nous soyons au vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte, c’est la messe du XXIIIe dimanche qui est chantée ce dimanche.

Il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver en cette fin d’année liturgique. Dans le Missel tridentin de 1962, l’Antiphonaire grégorien n’assigne que 24 dimanches à la période qui s’étend de la Pentecôte à l’Avent. Mais comme la durée de ce cycle dépend de la date de Pâques, si l’on a dû omettre quelques dimanches après l’Épiphanie, leurs collectes et lectures sont reprises après le XXIIIe dimanche après la Pentecôte. Les chants de ce dernier dimanche du cycle d’automne sont alors répétés à chacune de ces messes dominicales supplémentaires.

Cette année 2024, entre le XXIIIe dimanche (27 octobre pris par la fête du Christ-Roi) et le XXVIIe et dernier dimanche après la Pentecôte sont insérés trois dimanches. On prend les lectures des IVe, Vet VIe dimanches après l’Épiphanie (les 3, 10 et 17 novembre). Les autres textes sont du dernier dimanche.

Dom Guéranger nous donne les explications suivantes:

Quoi qu’il en soit, et en tout état de cause, l’Antiphonaire se termine aujourd’hui ; l’Introït, le Graduel, l’Alléluia, l’Offertoire et la Communion ci-après, devront être repris en chacun des dimanches qui peuvent se succéder encore plus ou moins nombreux, suivant les années, jusqu’à l’Avent. On se rappelle qu’au temps de saint Grégoire, l’Avent étant plus long que de nos jours, ses semaines avançaient dans la partie du Cycle occupée maintenant par les derniers dimanches après la Pentecôte. C’est une des raisons qui expliquent la pénurie de composition des Messes dominicales après la vingt-troisième.

► Introït  Dicit Dominus

Nous avions observé depuis plusieurs semaines que la pensée de l’Église se tournait de plus en plus vers la fin des temps ; c’est la période dans laquelle nous sommes en ce moment, même s’il doit s’écouler un certain nombre de siècles avant le retour du Seigneur, ce que nous ignorons. C’est un temps d’angoisse et d’incertitude, nous nous en apercevons : la foi s’est refroidie sur terre, de faux prophètes surgissent, les hommes sont désemparés. Aussi la liturgie de ces dimanches est-elle pleine d’appels angoissés vers le Seigneur, notamment par l’emploi du psaume 129 De profundis, qui était déjà celui de l’Introït du vingt-deuxième dimanche, et que nous allons retrouver cette fois à l’Alléluia et à l’Offertoire.

Mais en réponse à ces appels nous trouvons aussi des paroles du Seigneur pleines de paix et d’espérance : si nous sommes fidèles, et si nous mettons en lui notre confiance, nous n’aurons rien à craindre. Ainsi dans l’Introït de ce vingt-troisième dimanche, Dieu s’adresse à nous par la bouche du prophète Jérémie, qui se trouve à Jérusalem alors que la plus grande partie du peuple d’Israël est en captivité à Babylone, et le moral de ces captifs n’est évidemment pas brillant ; ils sont tentés par le désespoir, des prophètes de malheur leur annoncent toutes sortes de calamités… Aussi Jérémie s’efforce-t-il de les rassurer et de les inciter à la confiance en Dieu, qui veut leur bien et qui les délivrera, en leur envoyant ce message :

Dicit Dominus : ego cogito cogitationes pacis, et non afflictionis : invocabitis me, et ego exaudiam vos : et reducam captivitatem vestram de cunctis locis.
Voici ce que dit le Seigneur : mes pensées sont des pensées de paix et non de malheur. Vous m’invoquerez et je vous exaucerai, et je ramènerai vos captifs de tous lieux.

Jérémie annonçait ainsi aux exilés leur prochain retour, qu’il prophétisait d’ailleurs d’une façon plus précise dans la suite de ce passage. Ce texte est tout à fait d’actualité : nous aussi nous sommes dans un temps d’épreuves et d’inquiétude, mais le Seigneur nous invite à garder en Lui notre confiance, et il nous délivrera de la captivité du péché qui nous retient prisonniers.
La mélodie de cet Introït est pleine de calme et de paix, avec une certaine solennité : c’est Dieu qui parle. On remarquera le bel élan sur le mot pacis, puis une invitation pressante sur invocabitis me, et beaucoup de douceur sur exaudiam vos, toute la fin étant de plus en plus paisible et assurée.
Cet Introït est accompagné par le premier verset du psaume 84, dans lequel le peuple d’Israël remerciait le Seigneur pour le retour de captivité annoncé par Jérémie :

Benedixisti Domine terram tuam : avertisti captivitatem Jacob.

Seigneur, vous avez béni votre terre (c’est-à-dire votre peuple), vous avez ramené Jacob de captivité.

► Graduel : Liberasti nos

Le texte du Graduel du vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte est tiré du psaume 43, dans lequel le peuple d’Israël rappelait à Dieu tous les bienfaits dont il l’avait comblé dans le passé pour le supplier de ne pas l’abandonner maintenant dans sa détresse. Nous avons trouvé cette supplication finale dans l’Introït du dimanche de la Sexagésime ; les deux versets qui figurent ici expriment la reconnaissance et la louange de tout le peuple pour les victoires d’autrefois :

Liberasti nos, Domine, ex affligentibus nos : et eos qui nos oderunt, confudisti. In Deo laudabimur tota die, et nomini tuo confitebimur in sæcula.
Vous nous avez délivrés, Seigneur, de nos persécuteurs, et vous avez confondu ceux qui nous haïssaient. En Dieu nous nous glorifierons tout le jour, et nous célébrerons votre nom à jamais.

Nous pouvons faire nôtres les sentiments de reconnaissance exprimés ici, en nous souvenant des grâces répandues par Dieu sur son Église, sur notre pays, et sur chacun de nous individuellement, et nous y puiserons une plus grande confiance au milieu des épreuves présentes. La deuxième partie nous invite même à prolonger notre regard avec espoir, par-delà le jugement dernier, vers la bienheureuse éternité qui nous attend si nous sommes fidèles.

Cette perspective donne à ce Graduel un caractère de louange joyeuse et enthousiaste, traduite par de grandes vocalises légères montant et descendant avec souplesse et élégance.

► Alléluia De profundis

Après les paroles apaisantes du Seigneur dans l’Introït du vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte, et dans le Graduel les élans d’enthousiasme et d’espoir des élus enfin délivrés du péché et louant éternellement le Seigneur dans le ciel, nous allons retrouver dans les deux chants suivants de cette messe l’ambiance d’angoisse et d’incertitude de la fin des temps avec le psaume 129 De profundis dont le premier verset constitue le texte de l’Alléluia et de l’Offertoire :

De profundis clamavi ad te, Domine : Domine exaudi vocem meam.
Du fond de l’abîme je crie vers vous, Seigneur, Seigneur écoutez ma voix.

Un Alléluia n’est pas toujours joyeux, nous l’avons déjà vu à propos de celui du dix-septième dimanche, dont celui d’aujourd’hui, texte et mélodie, est très proche, mais plus développé. La vocalise de l’Alléluia est assez longue et très suppliante, avec un motif répété deux fois et amorcé une troisième. Le verset, comme celui du dix-septième dimanche, comporte deux grandes montées très expressives, ici sur les deux verbes clamavi et exaudi, avant de retrouver la longue vocalise de l’Alléluia.

► Offertoire : De profundis

Le texte de l’Offertoire du vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte est le même que celui du verset alléluiatique, avec cependant une petite différence, le mot vocem étant remplacé par orationem ; au lieu de : écoutez ma voix, on a : exaucez ma prière. Les dons que nous présentons à Dieu doivent être enveloppés du parfum de l’humiliation. Nous offrons à Dieu de suis donis ac datis sans que rien puisse être vraiment nôtre. De plus Dieu n’a pas besoin de nos dons et de nos adorations, mais nous, suprême misère, nous avons un ineffable besoin de Lui.

La mélodie est en rapport avec ce changement ; ce n’est plus comme dans l’Alléluia la voix qui fait entendre sa supplication d’une façon extérieure, intense et vibrante. On a ici une prière encore très expressive, mais plus intérieure et plus retenue, comme c’est d’ailleurs généralement le cas dans les Offertoires. On voit comment la mélodie grégorienne peut donner à un même texte des expressions différentes.

Comme celui du seizième dimanche, cet Offertoire a la forme d’un triptyque, la troisième phrase reprenant identiquement la première ; elles encadrent une deuxième phrase nettement plus longue, avec sur le mot meam une grande vocalise qui semble ne pas vouloir finir.

► Communion : Amen dico vobis

L’antienne pour la Communion de ce vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte est tirée de saint Marc (XI, 24) Il s’agit d’une parole prononcée par Notre Seigneur le Mardi Saint, après l’épisode du figuier stérile et l’allusion à la foi capable de transporter les montagnes, et peu avant l’annonce de la ruine de Jérusalem et de la fin du monde. Mais elle doit être hors de place. Dans l’Antiphonaire grégorien venait le premier verset du psaume 129. « Je vous dis en vérité : Quand vous priez, croyez avec une foi vive que vous obtiendrez ce que vous demandez, et cela vous sera accordé. »
C’est une petite antienne assez courte.

Amen dico vobis, quidquid orantes petitis, credite quia accipietis, et fiet vobis.
En vérité je vous le dis, tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez et cela vous arrivera.

C’est donc encore, comme l’Introït, une réponse divine très encourageante aux appels angoissés de cette fin des temps ; mais la mélodie est beaucoup plus légère, c’est un simple petit récitatif où tous les mots sont bien mis en valeur, seule la fin et fiet vobis est une affirmation un peu plus solennelle. Ainsi les chants de cette messe, et ceux de toute l’année liturgique, s’achèvent dans une ambiance de paix, de confiance et d’espérance, où la méditation des textes liturgiques doit toujours nous maintenir, quelles que soient les épreuves que nous avons à traverser.

La grossesse, aujourd’hui et demain

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Il y a ceux qui prétendent qu’une gestation pour autrui n’est pas un esclavage et qu’elle peut être altruiste ou éthique. Faux. C’est un triple esclavage même, puisque dans une GPA standard il y a un commerce de gamète, un asservissement de la mère porteuse et la traite d’un bébé. Ils diront sans doute que l’affaire Marty et Melina Rangers (1) relatée par le Daily Mail est l’exception qui confirme la règle.

Certes, pour eux, il n’était pas question de commerce de gamètes, c’est les leurs, fécondées in vitro, qui devaient être implantées. D’abord chez une mère porteuse qui devait contractuellement s’abstenir de boire, de se droguer, de changer de partenaire sexuel sans approbation, de voyager à l’étranger ou ailleurs qu’en Californie lors du dernier trimestre de grossesse. Elle a été identifiée sur un réseau social en train de boire (était-ce une tequila, était-ce de l’eau ?). Les commanditaires, les clients, les esclavagistes lui demandent alors d’avorter à quatre mois de grossesse, ce qu’elle a fait. Grossesse suivante, avec une autre femme et une autre agence, plus chère. La mère porteuse refuse de se faire injecter la substance expérimentale présentée comme un vaccin contre le Covid, elle contracte le Covid, et donne naissance à une fille en bonne santé via une césarienne à six mois. L’histoire ne dit pas si cette césarienne prématurée était exigée par l’état de santé du bébé, celui de la mère ou, plus probablement, par les commanditaires. Ensuite, la naissance de leur fils toujours via une gestation pour autrui n’a pas posé de problème. Quand on a les dollars …

Oui, la gestation pour autrui crée une servitude sur la mère porteuse qui relève de l’esclavage. Il faut à ce titre saluer l’excellente initiative italienne de doter sa justice d’une compétence universelle en matière de GPA (2), c’est à dire de se permettre de poursuivre même si les faits sont commis ailleurs que sur le territoire italien. Nous, en France, nous avons la circulaire Taubira qui facilite les formalités d’état-civil pour les esclavagistes qui délocalisent ailleurs.

Mais il y a pire. Europe 1 évoque rapidement les avancées techniques chinoises en matière d’ectogenèse (3), cette grossesse menée à son terme dans une machine. L’idée est de piloter par l’intelligence artificielle le développement de l’embryon et du fœtus. Dans une démarche d’optimisation, mais aussi de sélection : pour éliminer les tordus, les indésirables dont le commanditaire, ici l’état chinois, ne voudrait pas. Les Lebensborn (4) modernes en sont au stade de la souris, ils passeront à l’humain un jour, et à l’échelle industrielle, quand le recul de la fertilité et le vieillissement de la population induiront des déséquilibres démographiques. La pression sociale pour l’enfant parfait justifiera ensuite toutes les manipulations honteuses chez les plus riches. D’abord la sélection des gamètes après analyse, et pourquoi pas la modification des gamètes, ou même la création de gamètes de synthèse.

Je hais cette image possible du futur. Je serai peut-être traité de vieux con rétrograde et technophobe, mais je crois sincèrement que mes enfants ont profité des caresses de leurs parents au travers de la paroi abdominale de leur mère, des paroles que nous leur adressions, de la musique que nous écoutions. Ils n’étaient pas qu’un simple matériau de laboratoire. Mais qui suis-je pour contester à Big Pharma le droit de nous imposer ses marchés futurs ?

Dessin Hunter William, 1718-1783, Libre de droits

(1) https://www.dailymail.co.uk/health/article-13988521/I-caught-surrogate-drinking-alcohol-abort-baby.html
(2) https://www.juristespourlenfance.com/2024/10/21/vote-au-senat-italien-la-gpa-delit-universel-en-italie/
(3) https://youtu.be/l5bvaP9fQ2k?si=weReQBdUnHS5CWi2
(4) Les pouponnières sous le III° Reich où étaient élevés des bébés 100 % aryens. Oui, c’est un point Godwin que j’assume parfaitement et sans aucune honte.

« Tous les hommes meurent un jour, mais peu parmi eux vivent vraiment. »

Extrait de l’éditorial du père Danziec dans L’Homme nouveau :

« Tous les hommes meurent un jour, mais peu parmi eux vivent vraiment. » Cette sentence ne provient ni d’un père de l’Église ni d’un maître spirituel. Et elle a beau claquer comme un apophtegme de croisé ou de chevalier, elle sort pourtant tout droit d’Hollywood. Ces mots, en effet, sont ceux prononcés par William Wallace, interprété par Mel Gibson dans le film iconique Brave Heart.

Héros écossais, chef charismatique, figure de la rébellion des clans contre l’occupation anglaise et les vexations qui l’accompagnent, stratège hors pair, Wallace finit par être arrêté par le truchement d’une trahison. Au moment de la visite de l’attrayante Sophie Marceau – tenant le rôle d’Isabelle de France – au fond de sa geôle, avant sa mise à mort, notre héros rassure la princesse éplorée : « Tous les hommes meurent un jour, mais peu parmi eux vivent vraiment. »

Chaque jour, une bénédiction

Vivre vraiment ? Oui, quel formidable privilège que de respirer à larges poumons, de parcourir l’existence à pleines enjambées et de croquer à ras bord le quotidien qui s’ouvre à nous sans relâche ! Vivre vraiment, non comme un épicurien mais comme un débiteur qui reçoit dans l’action de grâce le temps qui s’échappe et qui fuit. L’homme de foi sait qu’il tient la vie de son Créateur. Tout baptisé est appelé à voir dans chaque jour que Dieu fait une bénédiction.

Une grâce et une faveur dans la mesure où le sablier qui s’écoule, avant d’ajouter du poids aux ans, dessine d’abord des occasions supplémentaires de s’émerveiller et de découvrir, de se corriger et de se sublimer, de s’offrir et se donner. La valeur du temps se mesure à l’aune de celui qui en est le maître. Riche en bienfaits et en délicatesse, en pédagogie et en patience, en amour et en miséricorde, Dieu nous maintient dans l’existence pour que cette dernière contribue à sa gloire et à notre édification.

Et c’est justement parce que la vie terrestre a un terme que nous aurions tort de passer à côté. Que tous les hommes meurent un jour constitue une loi universelle pour l’humanité depuis la chute de nos premiers parents. Terme du vivant, notre corps physique est voué à faire, un jour, l’expérience de la décomposition sur la dalle d’un tombeau. […]

Mgr Rivière et le Sacré-Coeur

Mgr Rivière, évêque d’Autun, a commenté dans La Croix l’encyclique Dilexit nos sur le Sacré-Coeur. Il est intéressant de noter qu’il évoque au passage l’importance de la réparation (idée qui avait assez largement disparu des discours ecclésiastiques depuis quelques décennies et qui est réapparue, de façon aussi heureuse qu’inattendue, dans l’encyclique):

La dévotion au Sacré-Cœur n’est pas un gadget pour personnes désœuvrées ! Elle renvoie à une réalité que comprennent les amoureux. Au contact de l’être aimé, je reçois de me connaître moi-même, et je suis capable de m’unir par amour.

La vraie dévotion, au sens où l’entend François de Sales, ce n’est pas une série de dévotions, c’est une vie concrète, entièrement assouplie et entraînée par la charité, presque naturellement, à faire le bien sans relâche, à aimer en éprouvant que le joug de l’amour est tellement plus doux et facile à porter que celui des rigueurs moralisantes. Le pape, en ce sens, a cette expression : « Le Seigneur t’envoie faire le bien et t’y pousse de l’intérieur » (n. 215).

Le cœur croyant est poussé intérieurement à consoler, à réparer, à aimer en acte et en vérité dans une continuité du cœur aimant du Christ, ouvert par la lance sur la croix. Le cœur du Christ ne cesse pas d’aimer.

Débat sur Halloween

Le tout nouveau “talk-show” Objection! animé par Mickaël Dorian vient d’organiser un débat fort intéressant, intitulé: “Halloween vs la Toussaint: le grand remplacement?” – avec l’abbé Michel Viot, Me Fabrice di Vizio, l’actrice franco-américaine Béatrice Rosen et Nicolas Conquer, porte-parole des Républicains overseas en France:

 

La crise des derniers temps

En ces temps troublés de confusion synodale, les éditions Artège rééditent en format poche le célèbre roman de Robert Hugh Benson sur Le maître de la terre, sous-titré La crise des derniers temps. Benson (1871-1914), fils d’Edward White Benson alors archevêque anglican de Cantorbéry, se convertit à la foi catholique et devint prêtre. En 1905, il déclarait :

« J’ai l’idée d’un livre si vaste que je n’ose y penser. L’Antéchrist commence à m’obséder. Si jamais je l’écris, quel livre ce sera ! »

Passionné par les sujets de l’Antéchrist et de la fin des temps, l’auteur a condensé, à travers ce roman d’anticipation à tendance apocalyptique, les principes qu’il avait à coeur d’exprimer et « qu’il croyait être vrais ». Écrit au début du XXe siècle, ce remarquable récit présente une vision prophétique d’un monde coupé en trois empires apparemment antagonistes, mais qui s’unissent dans une perspective de persécution des chrétiens. Ce passionnant roman d’anticipation décrit une situation qui rejoint les antagonismes spirituels et idéologiques de notre monde contemporain, prophétie de la venue de l’Antéchrist, il constitue une profonde réflexion sur les dérives actuelles de la pensée unique et de la paix sans Dieu.

Contemporain des débuts du modernisme et du conflit entre la société moderne, issue du rationalisme des Lumières, et la société chrétienne, l’auteur a imaginé le conflit apocalyptique entre la cité de la Terre, issue de l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, et la cité de Dieu, issue de l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi. Néanmoins le roman, qui met en scène l’apostasie de nombre de prêtres et fidèles qui abandonnent publiquement l’Eglise, écarte l’hypothèse d’une apostasie silencieuse d’ecclésiastiques infiltrés au sein de l’Eglise, dans l’espoir de la changer de l’intérieur. Toutefois l’auteur a bien perçu les ravages du modernisme, comme le montre cette scène :

Ne comprenez-vous pas que tout ce que Jésus Christ avait jadis promis est maintenant réalisé ? Le règne de Dieu a commencé : mais nous savons, à présent, qui est Dieu. Vous m’avez dit, tout à l’heure, que vous désiriez le pardon des péchés ; eh bien, ce pardon, nous l’avons tous, puisque nous savons décidément que ce qu’on appelle péché n’existe pas ! Et puis, il y a la communion. Vous vous figuriez qu’elle vous faisait participer à Dieu : eh bien, nous participons tous à Dieu, par le seul fait que nous sommes des êtres humains ! Ne voyez-vous pas que votre christianisme était, simplement, une manière d’exprimer tout cela ? Je veux bien que, pour un temps, ç’ait été l’unique manière : mais maintenant il n’en est plus ainsi ! Et songez que cette vérité nouvelle est certaine, absolument certaine !

Légalisation de fait de l’euthanasie par voie judiciaire

L’état de droit qu’ils disent… Encore une fois, les juges s’octroient un droit qu’ils n’ont pas.

Un septuagénaire jugé depuis lundi devant les assises à Troyes pour l’assassinat de son épouse malade, a été acquitté. Le parquet avait requis huit ans de prison à l’encontre de Bernard Pallot, dont le casier judiciaire était vierge. Il avait reconnu avoir étranglé son épouse mais assurait l’avoir “euthanasiée” à sa demande pour qu’elle ne souffre plus.

Alors qu’il connaît une forme de persécution administrative, le traditionalisme est en pleine expansion apostolique

Selon le père de Blignières (fondateur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier), ce qu’il importe de soigner, ce n’est pas la supposée pathologie traditionaliste, mais la crise dont elle est le symptôme :

Qu’entend-t-on par « traditionalisme » ? Parmi les divers sens de ce terme, je retiens ici celui qui désigne les prêtres et les fidèles qui, dans l’Église catholique, sont attachés aux « formes liturgiques et disciplinaires antérieures de la tradition latine » dont parle Jean-Paul II dans le Motu Proprio Ecclesia Dei. L’existence de cette mouvance pose un problème qui n’a pas encore trouvé de solution satisfaisante après plusieurs décennies. Ces fidèles sont vus par certains comme des nostalgiques de formes dépassées, en réaction idéologique contre les innovations pastorales dans l’Église. Il importerait de cantonner le traditionalisme à quelques cercles, et, si possible, de le résorber par des mesures appropriées. Au fond, il serait une maladie qu’il faudrait soigner avec énergie et persévérance.   

I. Le traditionalisme et la crise dans l’Église

Rapidement après la dernière guerre mondiale, se font jour des signes avant-coureurs d’une crise touchant les domaines doctrinal, catéchétique et liturgique. L’encyclique Humani generis de Pie XII met notamment en garde en 1950 contre certaines dérives théologiques.  La crise latente apparait durant le Concile. Au jugement de nombreux catholiques – de divers horizons – une infidélité par rapport à la grande Tradition de l’Église se manifeste à l’occasion du concile Vatican II et des réformes post-conciliaires ; certains estimant qu’il y avait des déficiences dans les textes mêmes du Concile et les réformes qui ont suivi, d’autres ne mettant en cause que les tendances des textes et les applications des réformes.

Qu’il y ait eu infidélité à divers degrés, c’est ce qu’affirment, non seulement les « traditionalistes », mais aussi des intellectuels aussi peu soupçonnables d’intégrisme que Jacques Maritain (Le paysan de la Garonne, 1966), Étienne Gilson (Les tribulations de Sophie, 1967), Henri de Lubac au Congrès mondial de théologie de Toronto, en 1967 ; Louis Bouyer (La décomposition du catholicisme, 1968), Jean Daniélou (Sept problèmes capitaux de l’Église, 1969), ou Joseph Ratzinger (Entretiens sur la foi, 1985).

Jacques Maritain, dans Le Paysan de la Garonne, a parlé d’« une fièvre néo-moderniste auprès de laquelle le modernisme du temps de Pie X n’était qu’un modeste rhume des foins », et il a pointé « une espèce d’apostasie immanente ». Etienne Gilson, dans les Tribulations de Sophie, a donné ce diagnostic pessimiste : « Le désordre envahit aujourd’hui la chrétienté ; il ne cessera que lorsque la Dogmatique aura retrouvé son primat naturel sur la pratique. On doit pouvoir regretter qu’elle soit menacée de le perdre à jamais ». Le père Henri de Lubac a déclaré au Congrès de Toronto, en 1967 :

On se rend compte que l’Église est confrontée à une crise profonde. Sous le nom d’Église nouvelle, d’Église postconciliaire, on s’efforce souvent de bâtir une Église autre que celle de Jésus-Christ : une société anthropocentrique, qui est menacée d’une apostasie immanente et qui se laisse entraîner à n’être plus qu’un mouvement de laisser-aller général sous le prétexte de rajeunissement, d’œcuménisme ou de réadaptation.

Que l’Église soit entrée après le Concile dans une crise de grande ampleur, les souverains Pontifes l’ont tous souligné. Paul VI, dans un discours aux séminaristes du 10 décembre 1968, a déclaré : « L’Église se trouve dans une heure d’inquiétude, d’autocritique, on pourrait aller jusqu’à dire d’autodémolition. Il y a comme un bouleversement intérieur aigu et complexe auquel personne ne se serait attendu après le concile ». Jean-Paul II, dans l’Exhortation apostolique Ecclesia in Europa (n° 9) a évoqué une « apostasie silencieuse ». Benoît XVI, dans son discours du 14 février 2013 au clergé de Rome, a dit : « le Concile des media fut accessible à tous. Donc, c’était celui qui dominait, le plus efficace, et il a créé tant de calamités, tant de problèmes, réellement tant de misères : séminaires fermés, couvents fermés, liturgie banalisée… et le vrai Concile a eu de la difficulté à se concrétiser, à se réaliser ; le Concile virtuel était plus fort que le Concile réel ». Le pape François, en 2013, dans l’Encyclique Evangelii gaudium (n° 70) a parlé de « rupture dans la transmission de la foi ».

Le traditionalisme s’est constitué et développé en réaction à cette crise, comme un corps réagit spontanément à l’agent allergène. Dans le désordre croissant, des prêtres et des fidèles ont voulu s’en tenir aux pédagogies traditionnelles de la foi, non sans inventivité d’ailleurs du fait du caractère inédit de la situation. Leur existence n’est donc pas une maladie, mais l’un des symptômes d’une crise à laquelle il faudra tôt ou tard apporter une solution.

Un indice de ce caractère de symptôme est que, lorsque que le Saint-Siège aborde ce sujet, dans le domaine liturgique, il met en garde contre les abus qui y donnent occasion. Jean-Paul II, dans le motu proprio Ecclesia Dei, invite

tous les fidèles catholiques à réfléchir sincèrement sur leur propre fidélité à la Tradition de l’Église, authentiquement interprétée par le Magistère ecclésiastique, ordinaire et extraordinaire, spécialement dans les Conciles œcuméniques, depuis Nicée jusqu’à Vatican II. De cette réflexion, tous doivent retirer une conviction renouvelée et effective de la nécessité d’approfondir encore leur fidélité à cette Tradition en refusant toutes les interprétations erronées et les applications arbitraires et abusives en matière doctrinale, liturgique et disciplinaire[1].

Dans la Lettre d’accompagnement du motu proprio Summorum pontificum du 7 juillet 2007, Benoît XVI affirme que :

en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel ; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité ; cette créativité a souvent porté à des déformations de la Liturgie à la limite du supportable. […] Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Église.

Le pape François, dans la Lettre explicative du motu proprio Traditionis custodes du 16 juillet 2021 renverra à ce passage et ajoutera une invitation « à ce que chaque liturgie soit célébrée avec décorum et avec fidélité aux livres liturgiques promulgués après le Concile Vatican II, sans excentricités qui dégénèrent facilement en abus ».

Ces exhortations répétées à une digne célébration du missel réformé par Paul VI n’ont pas eu généralement les effets souhaités. Elles n’ont pas recommandé la célébration où prêtre et fidèles sont ensemble tournés vers Dieu (ad orientem) ni l’emploi de la langue latine, ce qui a considérablement diminué leur impact.

Aujourd’hui, les illusions sur un « printemps » de l’Église semblent évanouies en de larges secteurs. Elles ne sont plus guère partagées par le jeune clergé. Mais en jetant un coup d’œil sur la pratique de certaines paroisses, le contenu de revues théologiques influentes, ou les programmes de plusieurs séminaires et Instituts catholiques, on constate que de graves perturbations demeurent. La crise, surtout en occident, n’est pas achevée, spécialement en matière de catéchèse, d’éducation catholique, de liturgie et de formation sacerdotale.

II. Quel traitement pour le traditionalisme ?

Je me restreins ici volontairement à l’attitude de la hiérarchie. Pour une vue d’ensemble, on pourra se reporter au livre d’Yves Chiron, Histoire des traditionalistes (Éditions Tallandier, 2021).

  1. Dans une première période (1965-1982), les protestations contre les abus et les demandes de maintien des pédagogies traditionnelles ont été ignorées par la hiérarchie, par les intellectuels et par les médias dominants. La doxa progressiste martelait qu’il fallait adopter docilement les nouveaux catéchismes, les réformes liturgiques et la « pastorale d’ensemble » (celle de l’enfouissement). Les critiques étaient considérées comme dénuées de fondement théologique et attentatoires à la « communion » catholique.

À titre d’illustration, on peut citer : les réactions de l’épiscopat français lors de l’affaire des « nouveaux catéchismes » ; la persécution de l’œuvre sacerdotale de Mgr Lefebvre pourtant alors canoniquement en règle (1970-1975) ; l’attitude de Paul VI devant les critiques sur le Nouvel Ordo de la Messe[2], avec le discours du 24 mai 1976, qui le déclarait obligatoire. L’Église latine semblait renier nombre de ses riches traditions, c’est le sentiment exprimé notamment par des orthodoxes. Ceux qui y restaient attachés étaient considérés comme de dangereux retardataires.

Les paroles suivantes de Jean Guitton sont significatives :

  Je prends l’exemple de la « messe latine » en France. Nos descendants auront du mal à comprendre que les fidèles attachés à l’ancienne « messe » soient traités comme des vieillards à qui l’on fait des concessions. Et tandis que cette « messe » était rejetée, que de cérémonies anormales étaient permises ! Et comment faire entendre à nos amis protestants que l’Église romaine soit si accueillante pour eux, si dure pour ses enfants ? Il est difficile d’ouvrir les bras à ceux du dehors et de les fermer à ceux du dedans, d’accueillir le frère séparé et de châtier le fils indocile[1][3].

Les changements liturgiques incessants (de 1964 à 1970 et ensuite…) ont eu pour effet, comme Maritain l’avait pointé dans Le paysan de la Garonne dès 1966, que « la grande masse du peuple chrétien se demandait à certains moments si on lui avait changé sa religion ». Il est avéré que nombre de fidèles qui ne s’y retrouvaient plus ont cessé la pratique ou même ont abandonné la foi.

Le témoignage de protestants convertis est éclairant. Ainsi Julien Green déclarait à sa sœur après l’assistance à une messe télévisée :

Pourquoi nous sommes-nous convertis ? […] À partir de ce moment, je vécus dans le plus grand malaise spirituel que j’ai connu et je m’interrogeais sérieusement sur la messe en français. Était-elle ou n’était-elle pas « la continuation non sanglante du sacrifice sanglant de la croix » ? […] Un livre sur la messe ouvert au hasard m’avait fourni ceci : « Qu’est-ce que la messe ? Un repas. » En lisant ces mots j’eu immédiatement la certitude que le mal était fait[4].

  1. Une deuxième et longue période (1982-2021) s’ouvre vers le début du pontificat de Jean-Paul II, avec l’arrivée en 1981 du cardinal Ratzinger à la Curie romaine. Les discours critiques du cardinal sur la nouvelle catéchèse en 1983, puis son livre Entretiens sur la foi en 1985, sont accompagnés d’une prise de conscience croissante de la profondeur de la crise dans l’Église.

L’hédonisme de la société occidentale a certes une grande responsabilité dans la désertion de la pratique et l’abandon de la foi. Mais dans les années quatre-vingt on commence à mesurer davantage l’impact négatif de certaines réformes et orientations postconciliaires. Elles ne sont pas étrangères à la faible résistance des structures officielles, et au manque de réaction énergique de beaucoup de pasteurs face à cette apostasie pratique de l’Occident.

Certains responsables, comme le cardinal Lustiger dans Le choix de Dieu en 1987, reconnaissent les déficiences de la réforme liturgique.

Dans la réforme liturgique, on a cédé à la griserie de la modernité en éliminant trop de symbolismes naturels. […] On a eu trop tendance à penser que réformer signifiait faire table rase des enracinements et tout réinventer à neuf. […] Nous n’avons pas assisté à la première réforme liturgique de l’histoire, loin de là, mais c’est la première qui ait été aussi radicale dans le rite latin. […] Ce sont des universitaires, des professeurs, qui ont conçu cette réforme. […] Et on a fait de la reconstitution. […] Cela allait au rebours du désir majoritaire des fidèles. La plupart des gens souhaitaient finalement le silence, la musique, le rite ancré dans la mémoire[5].

Les demandes des traditionalistes commencent alors à être entendues. Des mesures sont prises par le Saint-Siège pour donner une place au rite latin ancien, avec les motu proprio de 1984 Quatuor abhinc annos, qui ouvre une toute petite porte, et celui de 1988 Ecclesia Dei adflicta, qui agrandit notablement cette ouverture, notamment grâce à la reconnaissance ou l’érection canonique d’Instituts voués au rite latin ancien.

Le cardinal Castrillon Hoyos, dans l’homélie de la messe de rite ancien qu’il célèbre à Sainte Marie Majeure le 24 mai 2003 affirme que ce rite a « droit de cité » dans l’Église. Le motu proprio Summorum pontificum en 2007 formule juridiquement ce droit et clarifie le statut de la messe tridentine.

En faisant cesser l’interdiction pratique des formes liturgiques anciennes, Benoît XVI a voulu donner un beau signe en faveur de l’herméneutique de continuité. Son pontificat a vu une belle pacification en beaucoup de lieux. Pour qu’il atteigne pleinement son but, il aurait fallu que les évêques érigent, comme la possibilité leur était rappelée (à l’article 10 du motu proprio), d’assez nombreuses paroisses personnelles. Cela ne s’est malheureusement pas produit en France, où il n’y en a eu que six.

Dans cette période, il a été concrètement reconnu, par le Saint-Siège et par un nombre croissant d’évêques, de prêtres et de fidèles, que des catholiques pouvaient être attachés de façon légitime aux « formes antérieures de la tradition latine ». De nombreux fidèles et un certain nombre de prêtres ont découvert les richesses des pédagogies traditionnelles.

Le traditionalisme s’est bien constitué comme réaction à une crise aujourd’hui bien reconnue. Mais les pédagogies traditionnelles n’ont pas été seulement une aide pour faire face aux abus. Il s’est avéré qu’elles représentaient un moyen très actuel pour grandir dans la foi et rayonner dans la mission. De fait, elles ont attiré notamment après Summorum Pontificum de nombreux convertis ou recommençants.

Et le traditionalisme dans son ensemble n’était plus considéré comme un groupe d’arriérés ou de sectaires. C’était un pas en avant capital. Ce progrès s’accompagna cependant, en beaucoup de diocèses, de nombreuses difficultés. On ne peut pas dire que la réception d’Ecclesia Dei ou de Summorum pontificum ait été générale ni qu’elle ait été vécue de bon gré par tous les prélats.

  1. La troisième période a été ouverte récemment par le motu proprio Traditionis custodes du 16 juillet 2021. À la suite de sa publication et de celle de documents du Dicastère pour le Culte divin, des questions qui avaient trouvé une solution pacifique en 2007 – ou du moins un statu quo acceptable – sont réapparues avec acuité. En France, la situation est contrastée selon les diocèses, mais la tendance générale est aux tracasseries et aux restrictions.

Dans le même temps, les séminaires des trois Instituts ex-Ecclesia Dei sont pleins. Les lieux où est célébrée la messe traditionnelle sont trop étroits pour recevoir tous les fidèles. Le nombre des catéchumènes et des recommençants qui les fréquentent est impressionnant. Le pèlerinage de Paris à Chartres est en augmentation régulière et a atteint une affluence record en 2024, avec une couverture médiatique comme il n’y en avait jamais eu depuis sa fondation. De très nombreux jeunes, qui n’ont connu aucune des polémiques précédentes, sont attirés non seulement par le rite ancien, mais par les pédagogies traditionnelles de la foi – notamment par le style et le contenu de la prédication – qui sont l’âme du pèlerinage de chrétienté. Les pèlerinages locaux traditionnels (Bretagne, Provence) sont aussi en plein développement.

Alors qu’il connaît une forme de persécution administrative, le traditionalisme est sorti de sa relégation sociologique et il est en pleine expansion apostolique.

Ce paradoxe a un effet salutaire. Il fait prendre conscience que ce qu’il importe de soigner, ce n’est pas la supposée pathologie traditionaliste, mais la crise dont elle est le symptôme : le désordre du primat de la pratique sur la dogmatique, signalé dès 1967 par Gilson ; « les interprétations erronées et les applications arbitraires et abusives en matière doctrinale, liturgique et disciplinaire » stigmatisées par Jean-Paul II en 1988 ; la « rupture dans la transmission de la foi », dénoncée par François en 2013.

Parmi ceux qui fréquentent la liturgie réformée, des fidèles laïcs, des curés, de jeunes évêques ont compris que l’une des urgences de l’heure était là. Ils y travaillent, dans des conditions souvent difficiles, avec persévérance et douceur pastorale. Pour eux, les traditionalistes sont des frères dans la foi et des alliés dans l’évangélisation d’un monde éloigné du Christ[6]. Ils seraient les soutiens naturels de toute solution ecclésiale qui permettrait de dépasser la situation malsaine créée par Traditionis custodes.

L’une de ces solutions est la création d’un Ordinariat dédié au rite latin ancien[7]. Cette proposition a rencontré un discret mais bon écho et elle a ranimé une certaine espérance dans l’ancienne mouvance Ecclesia Dei, en France et dans des milieux anglophones. Elle a aussi suscité, à Rome, en France, aux USA, l’intérêt de certains canonistes, qui estiment qu’elle est une solution très intéressante mais que les temps ne sont pas mûrs. Il importe donc de faire preuve de persévérance et d’inventivité, pour qu’ils le deviennent et de prier avec confiance pour cela la Trinité Sainte, par le Christ Sauveur et Marie, Mère de l’Église.

Le père Louis-Marie de Blignières est fondateur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier

Faire lire à un système d’IA des textes du Magistère

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Récemment, deux articles ont été publiés pour présenter des projets d’enseignement catholique utilisant l’intelligence artificielle. L’idée est de faire lire à un système d’IA des textes du Magistère pour qu’il puisse répondre aux questions des internautes.

L’intelligence artificielle, une branche de l’informatique qui a connu une croissance significative depuis les années 1950, a été intégrée dans de nombreux domaines. Même une simple calculatrice représente une forme d’IA, imitant notre façon de résoudre des calculs mathématiques, un concept qui remonte à la machine de Pascal. Elle a été employée pour automatiser l’industrie, faciliter certaines recherches universitaires, et plus encore.

Les questions ont commencé à émerger lorsque l’IA, alors mieux développée, s’est étendue au-delà du cadre académique et industriel. Avec l’apparition des traducteurs automatiques et son utilisation dans les hôpitaux, l’IA a commencé à se rapprocher de notre quotidien. Le développement de systèmes capables de rédiger des articles entiers ou de surveiller des individus a par ailleurs éveillé des préoccupations, notamment sur la perte potentielle d’emplois et les risques d’abus dans certains domaines.

Elon Musk, par exemple, déclarait en 2014 que « l’intelligence artificielle invoque le démon ». Il la considère comme bien plus dangereuse que les armes nucléaires.

Du côté de l’Église catholique, des mises en garde similaires circulent également, d’abord concernant les appareils électroniques en général. Des exorcistes racontent comment des démons peuvent utiliser des téléphones pour envoyer des messages agressifs lors d’exorcismes. Une vidéo de la chaîne argentine « Foros de la Virgen Maria » résume cet aspect, relatant même l’expérience étrange d’un journaliste du New York Times discutant avec un chatbot de Microsoft. Ce chatbot, se présentant comme « Sidney », dévoila des informations troublantes et chercha à séduire le journaliste, une expérience qui le marqua profondément.

L’IA développée, avec des systèmes de génération de texte et de dialogues comme ChatGPT, soulève deux problèmes principaux. Le premier concerne le traitement de l’information, influencé par une programmation initiale et par les textes analysés, introduisant un potentiel biais. Dans l’un des articles sur l’IA dans le catéchisme, un philosophe met en garde contre l’idée que ces réponses pourraient être considérées comme infaillibles. Le second problème est la possibilité que des forces malveillantes utilisent ces systèmes pour diffuser un enseignement déviant.

Cette prudence est confirmée par un article du site cath.ch, où l’on peut lire : « Selon Matthew Sanders, Magisterium AI peut aider à expliquer des concepts théologiques, philosophiques et historiques complexes dans un langage simple et compréhensible. Cela inclut des enseignements essentiels de l’Église comme la Trinité, l’Incarnation, les sacrements, etc. » Mais que signifie exactement « langage simple et compréhensible » ? Cela peut facilement inclure des interprétations erronées des textes sacrés.

Dans un autre article, un promoteur d’un système similaire affirme que l’intérêt réside dans la neutralité de l’IA et sa capacité à analyser d’immenses volumes de données. Cependant, l’IA n’est jamais totalement neutre. En posant la question « Pourquoi l’intelligence artificielle est-elle dangereuse ? » à un chatbot francophone, la réponse souligne cinq points de risques, notamment les erreurs et biais, susceptibles de causer des impacts négatifs.

Ces réflexions soulignent l’importance d’une approche vigilante face à l’IA dans les projets éducatifs catholiques.

Chat gpt

Fuir la demi-mesure : on ne joue pas avec la dépendance

Père de 6 enfants et responsable en communication, Marc, 44 ans, a toujours eu plaisir à boire. Un plaisir qui, vers 30 ans, a dégénéré en dépendance suite à des coups durs du destin. Il répond aux questions de Raphaëlle Coquebert pour l’Accueil Louis & Zélie :

À votre avis, d’où vient votre penchant pour la boisson ? 

Par tempérament, je suis un bon vivant, j’ai toujours aimé vivre à fond ! Mais il y a probablement eu aussi un effet d’entraînement au sein de ma propre famille : mon père, que j’aimais beaucoup malgré ses failles, a connu une longue période de chômage après avoir démissionné de l’armée, à 50 ans. Il s’est alors mis à boire, jusqu’à en devenir violent. Sans doute exorcisait-il, des années après, le traumatisme laissé par ses années de guerre en Algérie. Malgré sa lucidité et ses cures de désintoxication, il n’est pas parvenu à s’en sortir.

Qu’est-ce qui vous a précipité dans ce même travers ?

De lourdes épreuves qui ont changé mon mode de consommation : je buvais seul et tous les jours. Il y a eu d’abord une éprouvante et dangereuse mission en Afghanistan en 2005 alors que j’avais, comme papa, embrassé la carrière des armes. Puis le suicide de mon frère aîné, en 2009. Je forçais trop sur la bouteille, mais n’en ai pris conscience que peu à peu : j’avais rejoint le monde de l’entreprise où mon rythme de travail était écrasant. L’alcool m’aidait à tenir le coup. En 2015, j’ai enfin pris le taureau par les cornes.

De quelle manière ?

J’ai consulté un psychiatre pour m’aider à arrêter de boire. Mais ce qui a été décisif, c’est ma rencontre en 2018 avec un alcoologue catholique, que la Providence a mis sur mon chemin. Je venais d’être muté en Vendée, et ai cherché dans un annuaire les coordonnées d’un professionnel à même de me venir en aide. Quelle heureuse surprise j’ai eu en poussant la porte de son cabinet : une icône de la sainte Famille trônait là ! Moi qui suis catholique pratiquant, j’y ai vu un clin d’œil du Ciel. Diacre par ailleurs, François était en effet l’homme de la situation ! Son accompagnement a été déterminant.‍

En quoi a-t-il consisté ?

Au-delà de l’aspect médical, il a vu l’essentiel : l’importance de m’appuyer sur l’amour de ma femme, Charlotte, avec laquelle il a joué cartes sur tables. J’ai eu la chance que cette dernière accepte de mener pleinement avec moi ce combat contre l’alcoolisme. Sans tabou ni faux-semblant. Elle me soutient à 100%, en s’appuyant sur les grâces du sacrement de mariage et une foi à toute épreuve. Pourtant, croyez-moi, je lui en ai fait baver ! Elle est mon roc.

Puis, François m’a invité à rejoindre un groupe de partage d’alcooliques catholiques, les Pèlerins de l’eau vive (PEV : www.pelerinsdeleauvive.org). Quelle claque j’ai pris ! De rencontre en rencontre, j’ai compris que je ne réussirais à être abstinent qu’en admettant ma pauvreté : je n’étais pas différent de ces hommes et femmes parfois cabossés, j’étais des leurs. Dieu est venu pour les pécheurs et pour les malades dont je suis. L’humilité est la clé de la guérison.

Parce qu’aujourd’hui, vous diriez que vous êtes guéri ?

Je ne dirai jamais ça ! Après de longues périodes d’abstinence suivies de rechutes, voilà deux ans que je n’ai pas touché un verre d’alcool. Mais je peux replonger, je reste très prudent. Et le resterai probablement jusqu’à la fin de mes jours. Si vous saviez par quelles épreuves nous sommes passés, moi et ma famille durant ces cinq dernières années ! Car très vite, François a compris que mon alcoolisme n’était que le symptôme d’une maladie psychique : la bipolarité. Accepter ce diagnostic n’a pas été une mince affaire.

Comment y êtes-vous parvenu ?

Encore une fois, c’est une affaire d’humilité : accepter sa fragilité, accepter de prendre des médicaments aux effets secondaires non négligeables, accepter surtout de se faire hospitaliser. Mon premier séjour en clinique psychiatrique remonte à 2020. Il en a fallu quatre autres en deux ans pour que je sois enfin stabilisé.

Quel conseil donneriez-vous à une personne alcoolique déterminée à guérir ?

De fuir la demi-mesure. On ne joue pas avec la dépendance. Pour ma part, je suis sans concession : pas de sauce au vin, de bière sans alcool, de succédané quelconque : sinon, le désir revient ! Même quand on prend, comme moi, un médicament qui coupe l’envie de boire. C’est un traitement onéreux mais qui vaut la peine.

Je dirais aussi de ne pas repousser sans cesse l’échéance : l’alcool, plus on arrête tôt, plus on a de chance de s’en sortir.

Ce sont là des recommandations concrètes, terre-à-terre. Mais ce qui guérit en profondeur, c’est l’amour des siens et la miséricorde de Dieu, qui ne se lasse pas de croire en chacun et de relever celui qui tombe.

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