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Bioéthique

GPA : À l’heure où l’on dénonce plus que jamais les violences faites aux femmes, comment accepter cette aliénation du corps féminin ?

GPA : À l’heure où l’on dénonce plus que jamais les violences faites aux femmes, comment accepter cette aliénation du corps féminin ?

René Frydman, le « père » du premier bébé français conçu par fécondation in vitro (FIV) en 1982, découvre comme un savant fou, les excès de ses prouesses… : gestation pour autrui, accouchement de femmes ménopausées, conception d’enfants après la mort du père ou dotés de trois mères… Il dénonce le désir d’enfant dans son nouveau livre, La Tyrannie de la reproduction. Extrait d’un entretien au Point :

La mondialisation et la commercialisation de la procréation médicalement assistée [PMA], la médiatisation surtout de cas de grossesses extrêmes ou de gestations pour autrui présentées comme idylliques leur donnent hélas l’illusion que tout est possible. Leur désir d’enfant s’est mué en « droit », et une pression formidable s’exerce sur les médecins. Or un médecin doit pouvoir dire non, faire entendre que tout n’est pas possible… Et rappeler la réalité : 50 % des patients qui entreprennent un parcours de FIV, y compris avec donneurs, n’auront pas d’enfant.

Vous est-il arrivé de refuser des demandes qui étaient pourtant dans le cadre de la loi ?

Bien sûr. Nous exerçons une médecine complexe, car c’est une médecine du désir. Tous les centres de PMA ont eu au moins un cas de patiente qui, tombée enceinte après plusieurs FIV, demandait finalement une IVG : c’est dire si le désir d’enfant est parfois ambivalent. La facilité, en tant que médecin, est de ne se poser aucune question. Pourtant, notre devoir est d’exprimer nos doutes ou d’imposer un temps de réflexion lorsque nous décelons des situations de fragilité, des conditions délétères pour l’enfant à naître ou une forme d’acharnement. Il faut aussi parfois aider les patients à renoncer. J’ai souvent entendu des soupirs de soulagement quand, dans mon cabinet, je suggérais à des couples, usés par les tentatives infructueuses, de s’arrêter…

Vous restez foncièrement opposé à la gestation pour autrui : pourquoi ?

À l’heure où l’on dénonce plus que jamais les violences faites aux femmes, comment accepter cette commercialisation, cette aliénation du corps féminin ? Peu de médecins de la reproduction font aussi des accouchements, mais j’ai, pour ma part, accouché plus de 3 000 femmes, et je ne me suis jamais lassé d’assister à cette rencontre extraordinaire entre l’enfant et celle qui l’a porté pendant neuf mois. Il m’est d’ailleurs arrivé d’accoucher des mères porteuses, et cette séparation financée par d’autres, ce processus commercial qui, quels que soient les risques, met à distance le bébé et la mère m’a paru terrible… […]

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2 commentaires

  1. J. Testart : “médecine du désir”.
    La médecine du désir est un faux concept.
    La médecine consiste à prévenir ou guérir une pathologie.
    Satisfaire une envie d’enfant n’est pas de la médecine.
    Dans la procréation le désir d’enfant passe par de l’autre d’un sexe différent.
    Il n’y a pas de raccourci qui ne soit pas déshumanisant.
    Viser directement l’enfant par le biais d’une technologie est le réifier et j’appelle cela pédophilie procréative.
    Tout procréation artificielle fait de l’enfant un OBJET de désir.
    L’aliénation c’est l’enfant qui la subit et il sera définitivement aliéné à une répugnante envie d’enfant de ses parents et aliéné également à la technologie.

  2. La GPA comporte deux problèmes.
    D’une part, la relation physique mère-enfant pendant la gestation est ce qui fonde l’entrée de l’enfant dans la société humaine, mater semper certa est. La GPA est en premier chef un abandon de l’enfant par “SA” mère, quel que soit le lien génétique entre les deux. Ne savez-vous pas que les cellules du fœtus colonisent le corps de la mère, qui est ainsi chimère à vie de tous les enfants qu’elle a porté? La biologie est incontournable. Mater semper certa est…
    D’autre part, et avant tout, la GPA transforme le bébé en objet de droit, objet de contractualisation, objet de vente, alors qu’un être humain est avant tout sujet. Un bébé n’est pas un produit commercial, comment peut-on accepter de vendre un bébé? Comment peut-on moralement accepter de vendre “son” enfant pour de l’argent? Mater semper certa est.
    Peut-on annihiler une maternité, peut-on chosifier un être humain, par un simple jeu d’écriture se voulant formellement légal?

    Déclaration universelle des droits de l’homme – Art. 4 : « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes »
    …cependant les enfants faisant l’objet d’un contrat d’acquisition visant à satisfaire un « projet parental », par adoption ou gestation pour autrui, pourront être considérés comme biens commerciaux, et pourront à cette fin faire l’objet de transactions et de garanties. Ou pas?

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