Voici un extrait de l'homélie de Dom Courau, père abbé de Triors, prononcée vendredi dernier :
"La Confession de Pierre sur la route de Césarée fut le 1er Credo de l’Église. À chaque étape importante de sa vie, l’Église l’a réédité : les grands Conciles des premiers siècles s’en sont fait l’écho, à Nicée en juin 325, à Constantinople en 381, au Latran en 640. Ainsi dans le Credo de la messe, nous répétons l’affirmation de S. Pierre. Au lendemain du Concile de Trente, après les confusions liées au Grand Schisme et à la Réforme protestante, Pie IV fit à nouveau une profession de foi, en novembre 1564. Il y a juste 50 ans en juin 1968, le Bx Paul VI fit de même après le IInd Concile du Vatican ; il a voulu ce Credo qui porte son nom, face à un monde en profonde mutation, dans lequel tant de certitudes sont mises en contestation ou en discussion. Dans le préambule du Credo, il s’adresse aux fidèles emblématiques de mai 68, menacés de se laisser fasciner par la nouveauté, sans esprit critique, sous l’impulsion du modernisme échevelé qui croit préparer l’avenir en perdant de vue le cri de Pierre sur la route de Césarée. La Révélation de Dieu ne saurait jamais être tenue pour une mode transitoire. La profession de foi du Paul VI associait le Concile au XIXème centenaire du martyre des SS. Pierre et Paul, l’année 1968 étant proclamée année de la foi dans ce dessein. Peu après Paul VI précisait : Une profession de foi n’est qu'un résumé, un «symbole» dit la théologie, une formule contenant les principales vérités de la foi, avec autorité, mais condensées et en raccourci. Dès les origines, une telle synthèse des dogmes fondamentaux de l'enseignement doctrinal était proposée aux catéchumènes qui devaient l’apprendre par cœur.
Le Credo de Paul VI fut suivi le 25 juillet par l’encyclique Humanae Vitae sur le mariage humain. Avec la proclamation de Marie Mère de l’Église en 1964, ce furent là les gestes majeurs du Magistère du futur saint pape, écho précieux de la confession de foi de S. Pierre sur la route de Césarée, rayonnant jusque dans l’intimité de la vie humaine, pensée par Dieu à son image et ressemblance. Ces gestes courageux de Paul VI préparaient ceux de S. Jean-Paul II avec le Catéchisme de 1992, puis ses grands textes sur le mariage et les fondements de la morale chrétienne. Nous lui devons en outre de contempler les liens entre l’acte de foi de S. Pierre avec tous ses prolongements d’une part et l’acte de foi de Notre Dame qui lui est antérieur, de l’autre.
Avant Césarée en effet, il y a eu l’annonciation : le Fiat et l’acquiescement de Marie à l’incarnation du Verbe, le Fils du Dieu vivant. S. Jean-Paul II aimait associer cette dimension mariale de l’Église à sa dimension pétrinienne, celle-ci découlant de celle-là de façon étroitement unie et complémentaire. Le Catéchisme a intégré cette analyse fine et fructueuse : Marie nous précède tous dans la sainteté qui est le Mystère de l’Église comme l’Épouse sans tache ni ride (Éph 5,27). C’est pourquoi la dimension mariale de l’Église précède sa dimension pétrinienne (CEC 772s, citant LG 48, et MD 27). Aussi l’Église de Pierre continue-t-elle le Magnificat de Marie pour chanter la foi confessée que la route de Césarée, amen."