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France : Laïcité à la française / Histoire du christianisme

Le procès de Jeanne d’Arc : cléricalisme et autonomie du temporel

Le 21 février 1431 s'ouvre la première séance de l’un des plus fascinants procès de l’Histoire : celui de Jeanne d’Arc. Cette jeune fille de 19 ans, prétendue analphabète, hallucinée, hérétique, sera en moins de cent jours condamnée à être brûlée vive pour s'être opposée aux Anglais. Ses juges sont évêques, abbés, docteurs en théologie, familiers du droit canon, savants de l'Université de Paris, faiseurs de papes comme de rois. Me Jacques Trémolet de Villers, qui a plaidé de nombreuses affaires civiles et pénales à caractère politique, idéologique et médiatique, commente l'intégralité de ce procès passionnant, au cours duquel la Pucelle d'Orléans remet à leur place ceux qui se considèrent comme les plus grands théologiens de la Chrétienté.

Au-delà de l'histoire de la sainte de la patrie, les réponses de Jeanne sont celles d'une simple fidèle, qui rappelle aux clercs qui abusent de leur pouvoir, avec certaines formules devenues célèbres ("Notre Sire premier servi !") le rôle de chacun sur les plans temporels et spirituels. Me Trémolet commente ainsi :

22510100300630L"Ce cri d'honneur et de liberté est aussi fondateur d'une vraie doctrine. Les rapports entre le pouvoir spirituel des papes, évêques, prêtres, et le pouvoir temporel -roi, empereur, république – sont une question dont les réponses, variables selon les époques, constituent le vrai rythme de l'histoire depuis la Révélation. La canonisation de Jeanne, au début du XXe siècle, donne à ce cri un sens prophétique. Dans l'autonomie de sa mission politique, le laïc chrétien, libre à l'égard d'un pouvoir étatique non chrétien, l'est aussi à l'égard d'un pouvoir spirituel qui se mettrait au service de cet Etat non chrétien ou même simplement en connivence avec lui. Le laïc chrétien aujourd'hui, comme Jeanne il y a cinq siècles, pourrait dire à son évêque ou à son curé, si celui-ci voulait lui imposer une conduite politique ou sociale que sa conscience droitement éclairée réprouve : " Notre Sire premier servi !"."

"Jeanne est ici la dénonciation acharnée de tout cléricalisme qui est, dans son essence, l'utilisation des dons et moyens spirituels de l'Eglise à d'autres fins que le service de Dieu. Tout l'appareil de l'Eglise, son ordre, son droit, ses prérogatives, ses sacrements, les pénitences et les éventuelles condamnations n'ont de sens que par ce premier servi : Dieu."

"Jeanne est le modèle du laïc catholique. Elle enseigne à la fois son devoir d'obéissance dans l'ordre spirituel et l'autonomie absolue de son action dans l'ordre temporel. Elle a vécu dans sa plus grande intensité le scandale de l'ordre clérical mettant sa puissance spirituelle au service d'un pouvoir politique illégitime."

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