Extrait de l'entretien donné par Marine Le Pen dans Famille chrétienne :
"Les questions de société et de bioéthique ne font pas partie des maîtres mots de votre campagne. Est-ce que cela veut dire que ce n’est pas une priorité pour vous ?
Je n’ai pas de nouvelles choses à annoncer parce que j’ai toujours été d’une clarté absolument totale. Je n’ai jamais varié, à la différence d’autres candidats, qui font de ces sujets un élément essentiel de leur image, mais qui dans leur projet, ne changent rien de ce qui a été mis en œuvre par les socialistes ! J’ai toujours été claire : je suis radicalement opposée à la gestation pour autrui (GPA), et je ne veux pas de mesure visant à rendre valides les GPA effectuées à l’étranger, comme le propose M. Macron. On ne peut pas mettre le peuple français devant le fait accompli, la loi française est la loi française ! Elle n’a pas à se soumettre à ces tentatives de détournement. Je souhaite également continuer de réserver la procréation médicalement assistée (PMA) comme réponse médicale aux problèmes de stérilité, et donc ne pas l’accorder aux célibataires. Enfin, comme je l’ai toujours dit, je veux créer une union civile (Pacs amélioré) qui viendra remplacer les dispositions de la loi Taubira, afin que les couples de même sexe bénéficient de facilités patrimoniales.
Vous voulez interdire la PMA aux célibataires, mais voulez-vous également le faire pour les couples de femmes ?
La PMA restera réservée en cas de problème médical. Comprenez qu’un couple qui a un souci de fertilité doit pouvoir y avoir recours.
En revenant sur le « mariage pour tous » instauré par la loi Taubira, revenez-vous aussi sur la filiation ?
Je suis contre l’adoption par les couples de même sexe. Un enfant qui est adopté démarre avec un certain nombre de difficultés dans la vie, et donc il faut lui donner la chance de grandir avec un papa et une maman.
Votre électorat est divisé sur cette question, comme sur celle de l’euthanasie ou du suicide assisté. Une grande partie y est favorable. Quelle est votre position ?
Je suis pour ne pas aller au-delà de la loi Leonetti. Je pense que les soins palliatifs sont un vrai chantier qui n’a pas encore pris la plénitude de ce qu’il devrait être en France. La gestion de la souffrance, de manière générale, n’est pas au niveau d’un grand pays avancé et attaché à l’humain que devrait être la France.
Vos positions sur l’IVG sont connues. Le programme du FN a changé en conséquence…
Assez peu ! De mémoire, en 1987, quand il y avait 35 députés du FN à l’Assemblée nationale, il n’était pas question de revenir sur l’avortement.
Certes. Mais il semble pour beaucoup de catholiques que votre mouvement est divisé sur cette question, ou qu’il entretient le flou.
Il n’y a pas de flou. Aujourd’hui, parmi les dirigeants du FN, personne n’est pour une restriction de l’accès à l’IVG. Il a pu y avoir des sensibilités différentes qui se sont exprimées sur la question du remboursement illimité, mais j’ai tranché cette question. Par conséquent, je ne toucherais pas à l’IVG, ni à ses conditions de remboursement. C’est clair. En revanche, je suis opposée à la dernière loi sur le « délit d’entrave numérique ». Le gouvernement a créé les conditions d’un effondrement de la liberté d’expression. Il ne peut pas décider des sujets dont on a le droit de parler, et de ne pas parler. On a le droit d’être contre l’accès à l’IVG, et de le dire. S’ensuivrait une dérive qui interdirait de critiquer le fondamentalisme islamiste ou l’immigration. Et pourquoi pas de rétablir le délit de blasphème !
Mais l’avortement reste un problème de santé publique. Que proposez-vous pour en faire baisser le nombre et aider les femmes enceintes en détresse ?
Je crois qu’il faut évidemment demander au Planning familial de faire un effort tout particulier, pour offrir aux femmes qui le souhaiteraient un support et un soutien pour conserver leur enfant si elles le souhaitent. Il est vrai qu’aujourd’hui, beaucoup de femmes doivent renoncer à un enfant pour des raisons économiques. De plus, elles sont souvent seules quand cette nouvelle arrive. Les familles monoparentales ont subi de plein fouet la crise et les choix économiques. Il faut que la nation apporte un soutien à ces femmes qui souhaitent garder leur enfant. Mais j’ai aussi évolué sur un certain nombre de choses. J’étais favorable à l’adoption prénatale. Je vois bien aujourd’hui qu’elle sera utilisée aujourd’hui pour détourner l’interdiction de la GPA, et j’y suis désormais opposée. […]"