Ce jeudi 19 mars, Mgr Richard Williamson, âgé de 74 ans, va consacrer évêque au monastère bénédictin de Santa Cruz (Brésil) l’abbé Jean-Michel Faure, un Français âgé de 73 ans, sans avoir fait aucune démarche à l’égard de Rome. La nouvelle, tenue secrète, a été révélée à la dernière minute. Tous deux ont été ordonnés dans les années 1970 par Mgr Marcel Lefebvre et se sont distancés ces dernières années de la Fraternité Saint-Pie X car ils reprochaient à leurs supérieurs de continuer à engager des pourparlers avec le Saint-Siège.
On peut ne pas être d’accord avec l’acte qu’a posé Mgr Lefebvre en 1988 puisqu’il a sacré quatre évêques sans l’aval de Rome. Son acte était selon lui justifié parce qu’il considérait qu’il n’y avait plus d’évêque soucieux de maintenir le catéchisme et surtout la messe selon le missel de 1962 (à l’époque peu ou pas permise). A l’époque il avait reçu une excommunication qui fut ensuite levée par Benoît XVI. Toutefois, on ne peut lui reprocher le fait d’avoir cherché pendant les vingt dernières années de sa vie à trouver une solution avec Rome. Même le lendemain des sacres épiscopaux, il déclarait à la presse italienne : « J’espère que dans quelques années, quatre ou cinq ans au maximum, Rome finira par trouver un accord avec nous. » Mgr Fellay, son successeur, a d’ailleurs été reçu à l’automne dernier par le cardinal Müller, supérieur de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et plusieurs prélats romains visitent actuellement les séminaires de la FSSPX.
L’acte que s'apprête à poser Mgr Williamson, exclu en 2012 de la FSSPX, relève d’une logique respirant davantage le séparatisme. Sans démarche préalable à l’égard de Rome qui a été totalement ignorée, il cherche à trouver des évêques résolument hostiles à toute entente avec le Saint-Siège. En réalité, ce n’est pas la première fois que des dissidents d’Écône sombrent dans des lignées épiscopales qui ont clairement été ignorées par Rome. Ce fut le cas des abbés Franco Munari (1987), Daniel Dolan (1993), Clarence Kelly (1993), Donald Sanborn (2002) ou Andrés Morello (2006) qui ont versé les uns après les autres dans le sédévacantisme en recevant un épiscopat souvent douteux plusieurs années après avoir quitté la Fraternité. Tous, de toute façon, ignorent superbement Rome et bannissent catégoriquement l’idée de s’entendre avec les papes successifs. En général, ils ont rejoint de très petits groupes et sont tombés dans l’oubli.