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Pakistan : La minorité chrétienne de plus en plus inquiète

Pakistan : La minorité chrétienne de plus en plus inquiète

Le 16 août, de violentes attaques contre les églises et les propriétés de la minorité chrétienne ont éclaté à Jaranwala, dans l’est du Pakistan. Accusant des chrétiens d’avoir profané un exemplaire du Coran, des foules armées de bâtons et de pierres ont déferlé dans les ruelles du quartier chrétien situé en banlieue de Faisalabad, dans la province du Pendjab. Près de 19 églises et une centaine de maisons ont été vandalisées et incendiées, alors que plusieurs centaines de familles ont été affectées.

L’ampleur de ces émeutes antichrétiennes, appuyée par les images diffusées des lieux dévastés, a eu une portée retentissante au Pakistan. Les jours suivant les violences, plusieurs personnalités se sont rendues sur place, à Jaranwala, pour témoigner de leur solidarité envers les victimes. L’occasion, également, d’adresser un soutien à l’ensemble de la communauté chrétienne, qui représente moins de 2 % d’une population de 230 millions d’habitants au Pakistan.

« Il en va de la responsabilité de chaque musulman de protéger les communautés minoritaires », a déclaré, sur place, le Premier ministre pakistanais par intérim, Anwaar Ul Haq Kakar. Ce dernier a souligné que « la communauté chrétienne a joué un rôle important dans la création du Pakistan », rappelant que cette minorité fait partie intégrante de la nation. Le Premier ministre a promis que les églises vandalisées seraient réparées, et les victimes ont été assurées de percevoir des compensations financières pour les maisons détruites et les pertes engendrées par la fureur des émeutiers.

Des responsables musulmans ont également fait le déplacement et ont propagé des messages de respect et d’harmonie entre les différentes confessions qui coexistent dans le pays. « Nous devons nous efforcer de cultiver la tolérance, le respect et la patience dans notre société et rejeter toute tentative d’exploiter la religion à des fins personnelles ou politiques », a déclaré le président du Conseil des oulémas, Muhammad Tahir Mahmood Ashrafi.

Depuis, une enquête a été ouverte par la police pakistanaise afin d’identifier les raisons de l’attaque et les coupables. Plus de 600 personnes ont participé aux émeutes ; 37 d’entre elles ont été identifiées et placées en détention. D’après la police, les violences auraient été déclenchées par des accusations de blasphème, à la découverte d’un exemplaire du Coran aux pages déchirées.

En réalité, il s’avère qu’un différend privé, dans la localité chrétienne, a conduit à une mise en scène de la profanation du Coran, avec l’intention de faire accuser à tort un individu de blasphème. D’après la police, trois suspects ont confessé avoir jeté des pages du Coran devant la maison de leur ennemi personnel. « S’il s’avère que l’affaire a été conçue et fabriquée par des citoyens chrétiens, ce serait très grave », a commenté dans la presse le père Khalid Mukhtar, prêtre de la paroisse de Jaranwala. « On ne joue pas avec le feu, il faut penser aux réactions et aux conséquences d’actions insensées. »

Selon le Code pénal du Pakistan, une personne reconnue coupable de blasphème à l’encontre de l’islam encourt de lourdes peines, allant jusqu’à l’emprisonnement à vie et la peine de mort.

Face à l’augmentation des violences, et dans un pays plongé en pleine crise économique et politique, l’inquiétude des minorités s’intensifie. À la fin du mois d’août, plusieurs organisations chrétiennes ainsi que l’archevêque de Karachi, Mgr Benny Travis, se sont mobilisés à travers le pays pour demander davantage de protection. La résurgence des attaques terroristes au Pakistan force également l’Église locale à se protéger et à renforcer ses mesures de sécurité.

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