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Culture de mort : Euthanasie

Si vous passez sur un pont et voyez quelqu’un s’apprêter à franchir le parapet pour se jeter à l’eau, que ferez-vous ?

Si vous passez sur un pont et voyez quelqu’un s’apprêter à franchir le parapet pour se jeter à l’eau, que ferez-vous ?

Extraits du débat sur l’euthanasie hier à l’Assemblée :

Xavier Breton, pour soutenir l’amendement no 34 :

La question que pose l’examen du présent texte est la suivante : veut-on s’inscrire dans une continuité par rapport aux lois Leonetti de 2005 et Claeys-Leonetti de 2016, ou souhaite-t-on introduire une rupture ? Que l’on soit pour ou contre, il est clair que ce texte nous invite à une rupture, à la transgression d’un interdit majeur de notre société : ne pas provoquer délibérément la mort. Ce principe est valable pour tous les citoyens et au premier chef pour les médecins, bien entendu, puisqu’il est inscrit dans le serment d’Hippocrate.

Peut-on, parce qu’on privilégie une éthique de l’autonomie et de la liberté, remettre en cause cette éthique de la fragilité et de la vulnérabilité sur laquelle est fondée notre législation ? J’entendais tout à l’heure notre collègue Olivier Faure déclarer qu’une vie digne est une vie au cours de laquelle à chaque étape, chacun est libre de choisir son destin. Il réduisait ainsi la dignité à la liberté ; la dignité intègre la liberté, bien sûr, mais elle ne s’y réduit pas. Celui qui n’est pas en mesure de choisir parce qu’il est handicapé, trop petit ou trop âgé, lui aussi a une vie digne. On voit bien que la liberté ne peut être le seul critère pour traiter ces sujets : il faut prendre en compte la vulnérabilité.

Si vous passez sur un pont et voyez quelqu’un s’apprêter à franchir le parapet pour se jeter à l’eau, que ferez-vous ? Allez-vous l’y aider, au nom de l’éthique de l’autonomie selon laquelle « chacun fait ce qu’il veut » ? Ou bien, au contraire, guidés par l’éthique de la vulnérabilité, chercherez-vous à le secourir ?

Patrick Hetzel, pour soutenir l’amendement no 50.

Ce débat nous conduit à nous poser quelques questions éthiques fondamentales, certaines touchant à la vulnérabilité et d’autres à la manière de concevoir la dignité. Il est surprenant de voir passer largement sous silence ce triptyque fondamental de la loi Claeys-Leonetti : personne ne doit mourir dans l’isolement ; personne ne doit connaître d’acharnement thérapeutique ; personne ne doit souffrir.

Avant de vouloir changer quelque texte que ce soit, les législateurs que nous sommes doivent se poser les questions suivantes : la loi est-elle bien appliquée ? Et si elle rencontre des problèmes d’application, comment peut-on les résoudre ? Nous assistons à une sorte d’emballement pour légiférer alors que nous ne disposons pas d’un bilan des textes en vigueur. Vous avez d’ailleurs indiqué vous-même, monsieur le ministre, qu’il n’y avait sans doute pas assez de moyens pour les soins palliatifs. Nous devons donc avant tout faire en sorte que la loi de 2016 puisse s’appliquer pleinement.

Certains d’entre nous jouent le rôle de lanceurs d’alerte, estimant que cette proposition de loi pose une question fondamentale que nous ne pouvons passer sous silence : l’ultime geste thérapeutique serait-il de donner la mort ?

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2 commentaires

  1. J’ai été confronté à la tentative de suicide d’un proche dépressif qui avait avalé des médicaments ; j’ai pu alerter les pompiers qui l’ont emmené aux urgences où on a pu le sauver. Si ça continue, soit les pompiers n’interviendront pas, soit aux urgences ont lui administrera une dose supplémentaire pour que la tentative “réussisse”.

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