La véritable révolte serait de devenir responsable
De Jean-Frédéric Poisson dans Le Nouveau conservateur :

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Promenade à Barbès avec Jean-Eudes Gannat
Jean-Eudes Gannat a récemment fait 48h de garde à vue pour une vidéo TikTok où il ne faisait que décrire ce qu’il voyait (des Afghans assis par terre devant un Leclerc, tout près de son village natal). Vincent Lapierre se promène avec Jean-Eudes, quartier Barbès à Paris :
La question de l’identité à la lumière de la tradition
Le thème du Camp Chouan de l’été 2025 était celui de l’Identité, son origine dans la tradition et son destin dans la modernité.
Les Cahiers du Camp chouan sont désormais téléchargeables sous format PDF à cette adresse : viveleroy.net/cahiers-politiques-du-camp-chouan
La question de l’identité est une préoccupation moderne : elle n’apparaît qu’au XIXe siècle et ne cesse de devenir de plus en plus pressante jusqu’à aujourd’hui. En effet, la disparition progressive des coutumes, des traditions et des rites, amorcée dès la Révolution française, suscite immédiatement une profonde inquiétude identitaire. En réponse, un vaste mouvement s’étend à toute l’Europe ce même siècle, qui voit émerger de nombreux collecteurs animés par le souci de préserver le patrimoine culturel menacé. Ceux-ci parcourent les campagnes, recueillent traditions, contes, chants, musiques et pratiques religieuses, témoignant de la singularité et de la richesse des sociétés traditionnelles.
Pour tenter d’expliquer pourquoi les identités disparaissent avec l’avènement de la modernité politique, il convient, au préalable, de comprendre comment elles se créent. Sont-elles le fruit d’une construction historique, le résultat d’une volonté collective, ou l’expression d’un ordre naturel, donc divin ?
Les Cahiers du Camp Chouan 2025 exposent une réponse traditionnelle : L’identité d’un peuple ne s’impose pas arbitrairement, mais s’enracine dans la loi naturelle. En effet, les besoins fondamentaux de la nature humaine engendrent des coutumes, qui varient selon les contextes, la religion, le climat, et bien d’autres circonstances. Lorsque la raison reconnaît l’utilité et la justesse de ces usages, ceux-ci, éprouvés par le temps, s’intègrent progressivement aux lois et aux institutions. C’est ainsi que se forgent les civilisations, qui sont autant de manières originales d’appréhender le monde et de bien se comporter.
Héritée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin, cette conception identifie l’homme comme un animal rationnel et politique. La réalisation d’un être humain achevé repose sur une vie sociale organisée autour de la quête du juste — c’est-à-dire du droit naturel. C’est en effet le rôle de l’autorité de chercher le juste et de promulguer des lois conformes à la loi naturelle pour préserver le bien commun compte tenu des circonstances. L’autorité y réussit en valorisant chaque personne dont elle est responsable, en lui trouvant la place qui lui convient selon ses compétences dans le service du bien commun ; ce qui lui communique une part importante de son identité.
L’identité collective n’est pas une abstraction, mais le produit d’une histoire, d’une langue, d’une foi et d’un droit commun entretenus par l’effort continu d’autorités au service du bien commun. Ainsi, la France traditionnelle, forgée par la monarchie capétienne, incarne cette unité organique, où chaque province, chaque métier, chaque famille trouve sa place dans un tout harmonieux.
Pourtant, la modernité bouleverse cet équilibre. Avec les Lumières, puis la Révolution française, l’homme se proclame autonome, et rejette toute autorité supérieure à sa propre volonté. La vie sociale n’est plus organisée par le devoir de servir le bien commun, mais l’individu est valorisé quand il lutte pour ses droits, pour sa liberté à l’égard d’autorités désormais considérées comme aliénantes. La Déclaration des droits de l’homme de 1789 marque ce tournant : l’individu, libéré des hiérarchies traditionnelles, est devenu la mesure de toute chose. L’autorité abolie, la quête de l’égalité devient le corollaire de la liberté et le paradigme de la nouvelle société.
Mais cette émancipation se paye au prix d’un déracinement. En abolissant les privilèges — ces lois particulières qui structurent la société d’Ancien Régime —, la Révolution uniformise les hommes, les réduisant à des citoyens interchangeables. Les personnes deviennent alors des individus, et les peuples des masses d’individus formant des sociétés individualistes, sans ciment, sans liens, sans amour, autrement-dit : des dissociétés.
Rousseau avait cru résoudre le paradoxe de la liberté dissolvante par un contrat social, mais sa « volonté générale » n’a fait que remplacer une autorité légitime par une tyrannie, celle de l’État, de la majorité, ou de l’opinion. Comme le montre Louis de Bonald, le peuple n’est qu’une « fiction » : sans un principe supérieur qui l’anime (l’autorité de droit divin fondée sur la loi naturelle), il n’est qu’une foule sans cohésion, ballottée par les passions et proie des idéologies.
Pour juguler cette dissolution, la modernité érige la nation en nouveau cadre identitaire. Renan tente de la fonder sur un « plébiscite de tous les jours », Herder sur un « génie national », Maurras sur une « substance » quasi-organique et douée de volonté.
Mais ces constructions restent fragiles. La nation contractualiste de Rousseau mène à l’individualisme, la nation historiciste de Renan à un roman national artificiel effaçant les identités locales, et la nation essentialiste de Maurras à un culte païen et idolâtre de la nation. Aucune ne peut se substituer à la transcendance de Dieu et de sa loi naturelle.
La monarchie traditionnelle, en revanche, incarne un principe d’ordre vivant, très souple et non pesant, car elle trouve sa justification hors d’elle-même, dans la Divinité. Le roi, « lieutenant de Christ » — son ministre pour appliquer Sa loi naturelle —, unit les peuples sans les uniformiser. Robert le Fort, Hugues Capet et leurs successeurs bâtissent la France non par la contrainte, mais par la légitimité, en respectant les identités locales tout en les rassemblant sous une même couronne. Leur œuvre, patiemment construite sur huit siècles, fait de la France une nation à la fois multiple et unie.
Cependant, le XIXe siècle voit l’Église elle-même vaciller sur le principe de légitimité, cette nécessaire reconnaissance de la loi naturelle et de son origine divine par l’autorité. Le Ralliement de Léon XIII à la République (1892) marque, en effet, un compromis douloureux. Pour éviter une rupture totale, le Pape accepte la République pourtant fondée sur l’autonomie de l’homme et sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il espère ainsi préserver l’influence catholique. Malheureusement ce pragmatisme, non seulement ouvre la porte au modernisme d’un concile Vatican II, mais il précipite les catholiques dans les griffes des partis, tous imbus d’idéologie où Dieu est chassé : Libéralisme, Nationalisme et Socialisme. Saint Pie X et Pie XI condamneront plus tard les dérives trop manifestes du Sillon et de l’Action française, rappelant que la politique ne peut se passer de Dieu, Souverain de la Création.
En particulier, le nationalisme maurrassien, bien que séduisant par son apparente défense naturaliste du bien commun, se révèle un piège : en faisant de la nation une idole, il exige des catholiques de renoncer au droit divin — à l’autorité politique représentante du Christ-Roi — au profit d’un pouvoir représentant la nation.
Aujourd’hui, la France est plus que jamais tiraillée entre deux modèles.
– D’un côté, la modernité propose une identité fluide, fondée sur les droits individuels et le relativisme de l’autonomie humaine, dans une société principe d’elle-même.
– De l’autre, la tradition rappelle que seule l’hétéronomie de la loi naturelle — et la reconnaissance de Dieu son Auteur — peut fonder une société juste, durable et pérenniser, à la fois l’identité personnelle et l’identité sociale héritée.
Face aux crises contemporaines — individualisme, mondialisme, invasion migratoire, perte de repères —, cette voie offre une solution alternative ; non pas le repli nostalgique, mais la restauration de la société traditionnelle, où chaque homme, chaque famille, chaque province retrouve sa place et une identité dans un tout harmonieux au service du bien commun.
Le vrai changement, la véritable espérance ne se situe donc pas dans la course sans fin à l’égalitarisme des socialistes, ni dans l’instauration d’un pouvoir fort, cher aux conservateurs et aux nationalistes, ni dans le libre échange capitaliste — tous, en effet prônent l’autonomie de l’homme —, mais dans la restauration de la légitimité, naturellement garante des identités et de la justice qui sont ses raisons d’être.
Aussi, les Cahiers du Camp Chouan appellent-ils à un retour aux sources : une monarchie légitime, une Église fidèle à sa doctrine, et une identité enracinée dans l’histoire, la raison et la foi ; alors nous retrouverons notre identité. Le philosophe Blanc de Saint-Bonnet le rappelle magnifiquement avec cette phrase inspirée : « la légitimité des rois est l’anneau par lequel les nations se rattachent à Dieu pour demeurer vivantes et honorées ».
Olivier Cerverette et Marc Faoudel, pour campchouan.fr et viveleroy.net
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Le Vatican interdit le titre de Marie Co-rédemptrice
Mater Populi fidelis ! Tel est le nom du document rendu public le mardi 4 novembre dernier par le Dicastère pour la doctrine de la foi qui interdit l’usage des termes de Marie Co-rédemptrice et de Marie Médiatrice.
Un texte qui a déjà fait beaucoup parler de lui. Salué par les uns, comme un rééquilibrage concernant le rôle de la Vierge Marie dans l’économie du Salut et mis en cause par d’autres, ce document méritait d’être décrypté pour en saisir l’importance et la portée.
Au micro du Club des Hommes en noir, Philippe Maxence a réuni pour vous l’abbé Claude Barthe, l’abbé Grégoire Celier, Anne Le Pape et Philippe de La Briolle.
Le point d’ancrage pour persévérer dans l’engagement en faveur de la paix c’est le Christ Lui-même !
Extrait du discours prononcé par le pape Léon XIV aux jeunes libanais :
[…] Vous m’avez demandé où trouver le point d’ancrage pour persévérer dans l’engagement en faveur de la paix. Très chers amis, ce point d’ancrage ne peut être une idée, un contrat ou un principe moral. Le véritable principe d’une vie nouvelle c’est l’espérance qui vient d’en haut : c’est le Christ Lui-même ! Jésus est mort et ressuscité pour le salut de tous. Lui, le Vivant, est le fondement de notre confiance ; Il est le témoin de la miséricorde qui rachète le monde de tout mal. Comme le rappelle saint Augustin en faisant écho à l’apôtre Paul, « c’est toujours en Lui, par Lui que nous avons la paix » (Commentaire sur l’Évangile de Jean, LXXVII, 3). La paix n’est pas authentique si elle n’est que le fruit d’intérêts partisans, mais elle est vraiment sincère lorsque moi, je fais à l’autre ce que je voudrais qu’il me fasse (cf. Mt 7, 12). Bien inspiré, saint Jean-Paul II disait qu’il n’y a « pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon » (Message pour la 35e Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2002). Il en est ainsi : du pardon naît la justice qui est le fondement de la paix.
Votre deuxième question peut alors trouver sa réponse précisément dans cette dynamique. C’est vrai, nous vivons à une époque où les relations personnelles semblent fragiles et sont utilisées comme s’il s’agissait d’objets. Même chez les plus jeunes, quelques fois l’intérêt individuel s’oppose à la confiance dans le prochain, le profit personnel est préféré au dévouement envers l’autre. Ces attitudes rendent superficielles même les paroles aussi belles que celles de l’amitié et de l’amour qui, souvent, sont confondues avec un sentiment de satisfaction égoïste. Si au centre d’une relation d’amitié ou d’amour se trouve le moi, cette relation ne peut être féconde. De même, on n’aime pas vraiment si l’on aime à terme, tant que dure un sentiment. Un amour à durée déterminée est un amour de piètre qualité. Au contraire, l’amitié est véritable lorsqu’elle dit “toi” avant “moi”. Ce regard respectueux et accueillant envers l’autre nous permet de construire un “nous” plus grand, ouvert à la société tout entière, à toute l’humanité. Et l’amour n’est authentique et ne peut durer pour toujours que lorsqu’il reflète la splendeur éternelle de Dieu, Dieu qui est amour (cf. 1 Jn 4, 8). Des relations solides et fécondes se construisent ensemble sur la confiance réciproque, sur ce “pour toujours” qui palpite en toute vocation à la vie familiale et à la consécration religieuse.
Très chers jeunes, qu’est-ce qui exprime plus que tout autre chose la présence de Dieu dans le monde ? L’amour, la charité ! La charité parle un langage universel parce qu’elle parle à chaque cœur humain. Celle-ci n’est pas un idéal, mais une histoire révélée dans la vie de Jésus et des saints qui sont nos compagnons dans les épreuves de la vie. Regardez en particulier les nombreux jeunes qui, comme vous, ne se sont pas laissés décourager par les injustices et les contre-témoignages reçus, y compris au sein de l’Église, mais ont essayé de tracer de nouvelles voies à la recherche du Royaume de Dieu et de sa justice. Avec la force que vous recevez du Christ, construisez un monde meilleur que celui que vous avez trouvé ! Vous, les jeunes, vous êtes plus directs dans vos relations avec les autres, même avec ceux qui sont différents en raison de leurs origines culturelles et religieuses. Le véritable renouveau que désire un cœur jeune commence par des gestes quotidiens : en commençant par l’accueil du voisin ou de qui vient de loin, par la main tendue à l’ami ou au réfugié, par le difficile mais nécessaire pardon de l’ennemi. […]
L’Asie centrale, entre islamisme et capitalisme
D’Antoine de Lacoste pour Politique Magazine :
L’Asie centrale fut à la mode en cette année 2025. Ursula von der Leyen a ouvert le bal des visites en avril pour tenter de placer quelques pions européens, en bonne super présidente d’une Europe qui se fédéralise à grands pas sous sa houlette martiale. Xi Jinping lui a succédé en juin pour vérifier que ses marchés, ses routes de la soie et ses bases militaires se portaient bien. Vladimir Poutine a fait le déplacement en octobre pour s’assurer que l’influence russe, même déclinante, y était toujours forte. Donald Trump enfin, a clôturé les festivités en novembre : il ne s’est pas déplacé mais a reçu à la Maison Blanche les dirigeants des cinq pays qui composent la région et a annoncé des investissements colossaux dans les deux sens.
A chaque fois, le protocole fut immuable. Les représentants des quatre grands (par indulgence ou nostalgie nous rangerons encore quelques temps l’Europe dans cette catégorie) discutèrent économie et sécurité avec les présidents du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Turkménistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan (la terminaison stan vient du Perse et signifie « pays de »). Puis une photo solennelle fut prise avec les cinq présidents asiatiques entourant placidement le visiteur ou le visité du jour. Les photos sont assez distrayantes à regarder.
Le plus marquant de cet inédit chassé-croisé fut la rencontre avec Donald Trump. En effet, Ursula est encore une débutante dans la région, tandis que Poutine et Xi font figure de vétérans. Trump, à la fois novice en Asie centrale mais redoutable négociateur, avait beaucoup à gagner en entamant la conquête des très intéressants sous-sols de la région. Car même si la Chine et la Russie ont plusieurs longueurs d’avance, il y a de quoi satisfaire de nombreux appétits.
La Mer Caspienne abrite sous l’eau du gaz et du pétrole. Or, le Kazakhstan et le Turkménistan sont deux de ses cinq riverains, privilège providentiel qu’ils partagent avec l’Iran, la Russie et l’Azerbaïdjan. Ce même Kazakhstan, le plus grand des cinq stan avec 2 725 000 km2, dispose également de très importantes réserves d’uranium. Le Turkménistan est particulièrement bien doté en gaz dont les gisements pourraient en faire à terme le deuxième producteur mondial. Le Kirghizistan, malgré ses modestes 200 000 km2, recèle de l’or, du charbon et du fer. Le Tadjikistan est riche en or, en argent et en terres rares. L’Ouzbékistan enfin a du gaz, de l’or et des terres rares. Et les recherches sont globalement loin d’être terminées.
Conscients de l’attrait qu’ils suscitent, les cinq Etats jouent sur du velours. Bien disposés, malgré quelques à-coups, vis-à-vis de la Chine et de la Russie, ils ont le souci de diversifier leurs partenaires et les Etats-Unis ont incontestablement des perspectives prometteuses. La Turquie est également dans le peloton des prétendants et Erdogan y est presque chez lui : Turkmènes, Ouzbeks et autres sont en effet des Turcomans et l’islam règne sans partage.
Il a surgi au VIIIe siècle lors des fulgurantes conquêtes arabes qui ont suivi la mort de Mahomet en 632. Les porteurs de cette nouvelle religion se heurtèrent en 751 aux Chinois et les vainquirent à la bataille de Talas, situé dans l’actuel Kirghizistan. Les Chinois se le tinrent pour dit et l’islam prospéra. Mais les conquêtes russes du XVIIIe siècle les amenèrent en Asie centrale avant de se heurter aux Anglais en Iran et en Afghanistan, plus au sud. En 1868, ils prirent Samarcande (dans l’actuel Ouzbékistan), la ville emblématique des antiques routes de la soie. Dès lors, le destin des cinq stan fut lié à celui de la Russie puis de l’URSS et Staline, comme il fit pour l’Ukraine ou le Caucase, dessina des frontières dont une partie est franchement artificielle.
Ce fut pourtant à partir de ces frontières que les cinq Etats, alors républiques socialistes soviétiques, proclamèrent leur indépendance en 1991, lors de l’éclatement de l’Union soviétique. Certes, quelques modifications se produisirent pour tenir compte des aspirations ethniques de chacun et d’improbables enclaves ouzbeks furent créées au Kirghizistan. Ce fut un facteur de troubles et en 2010 de graves incidents éclatèrent entre Kirghiz et Ouzbeks faisant de nombreuses victimes.
Même si l’on parlait peu de l’Asie centrale, les grandes puissances s’y intéressaient de près, Chine et Russie tout d’abord, les proches voisins, mais aussi les Etats-Unis. Dans le cadre de leur stratégie anti-russe, les Américains multiplièrent les opérations de déstabilisation de plusieurs pays sous influence ou en tout cas proches de la Russie. Ce fut l’époque des « révolutions de couleur ». La Serbie fut la première cible en 2000 (peu après les honteux bombardements de l’OTAN). L’affaire ne réussit qu’à moitié, contrairement à celle de Géorgie (Révolution des Roses) en 2003, qui permit l’accession au pouvoir de personnalités pro-occidentales. Ensuite ce fut la Révolution orange en Ukraine, en 2004, première banderille précédant de dix ans le coup d’Etat de Maïdan. Enfin, en 2005, le Kirghizistan vit s’épanouir la Révolution des Tulipes. Le pouvoir dit pro-russe fut balayé et le nouveau président afficha une proximité occidentale prometteuse pour Washington. Mais les luttes de pouvoir sont complexes dans ces pays et une nouvelle révolution éclata, portant un autre clan aux affaires. On ne savait plus très bien vers qui il penchait. Les tempêtes s’apaisèrent ensuite, mais en apparence seulement. Les luttes furent plus souterraines.
L’émergence de l’islamisme manqua ensuite de déstabiliser la région plus gravement encore. Dès 1998, des islamistes créèrent le Mouvement islamiste d’Ouzbékistan. Le feu couvait sous la cendre depuis un moment lorsqu’éclata la guerre en Syrie en 2011. Cette guerre, dans laquelle les occidentaux jouèrent un rôle funeste, vit se construire le plus grand djihad international de l’histoire moderne. Des dizaines de milliers de combattants islamistes, venus du monde entier, vinrent prêter main forte à leurs frères Syriens sunnites.
L’Asie centrale y prit sa part. Derrière 4 000 Russes qui donnèrent l’exemple (Tchétchènes et Tatars principalement), le champ de bataille fut « enrichi » par 2000 Ouzbeks, 2000 Tadjiks, plus quelques centaines de Kirghiz, Kazakhs et Turkmènes. Les Chinois Ouïghours participèrent également à la fête avec, au minimum, 3000 djihadistes.
Ces Ouïghours étaient devenus à la mode dans les médias occidentaux depuis peu, car la Chine devint un ennemi de l’occident lorsque les Américains réalisèrent qu’elle pouvait les dépasser. Les Ouïghours passèrent ainsi soudainement du statut de l’indifférence à celui de peuple martyr victime des exactions du régime chinois. Cette peuplade d’origine turkmène, vit dans le Xinjiang, région de l’extrême est de la Chine, voisine de l’Asie centrale avec laquelle elle a une très ancienne proximité. Population largement musulmane, une partie d’entre elle versa progressivement dans l’islamisme et multiplia les attaques contre des soldats ou des policiers chinois. Le point d’orgue fut atteint en 2014 avec de nombreux attentats aveugles frappant des marchés dans plusieurs points du Xinjiang. En Syrie, les Ouïghours se signalèrent par leurs nombreuses exactions.
Les islamistes d’Asie centrale exportèrent ensuite leurs talents terroristes. Le 28 juin 2016, un Tchétchène, un Ouzbek, et un Kirghiz se firent sauter à l’aéroport d’Istanbul, faisant 39 morts ; en avril 2017, un kamikaze kirghiz fit 14 morts dans le métro de Saint Pétersbourg ; le 31 décembre 2017, un djihadiste ouzbek mitrailla une boîte de nuit d’Istanbul, tuant 39 personnes ; d’autres attentats se produisirent ensuite sporadiquement jusqu’au point d’orgue du 22 mars 2024 où quatre Tadjiks attaquèrent un concert de rock au Crocus, à Moscou tuant 143 personnes. Ce dernier attentat est toutefois moins islamiste qu’Ukrainien et les quatre terroristes, qui n’avaient pas du tout l’intention de se faire sauter, furent arrêtés tout près de la frontière de l’Ukraine.
Mais à tout moment, un attentat islamiste peut se produire à Moscou où les immigrés d’Asie centrale sont très nombreux ; on les voit d’ailleurs beaucoup travailler sur les chantiers de l’immense ville. Un autre épicentre du djihadisme se situe dans la Vallée du Ferghana, vallée très fertile à cheval sur le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. C’est un vivier inépuisable où se cachent les dirigeants islamistes historiques encore vivants.
Les dirigeants des cinq pays d’Asie centrale ne font preuve d’aucune complaisance vis-à-vis des islamistes et les travaux d’approche des grandes puissances ne peuvent qu’être accueillis favorablement. Bien sûr, c’est pour leur sous-sol, mais cela permettra une accélération du développement économique et sécuritaire qui tiendra peut-être le djihad à distance.
Antoine de Lacoste
Demande de retrait des CDI de collèges d’un livre inapproprié à l’âge des enfants
Communiqué des Juristes pour l’enfance :
Juristes pour l’enfance poursuit son rôle de veiller au respect des droits et besoins fondamentaux des enfants, en interpellant les autorités compétentes sur les contenus inadaptés mis à disposition des enfants.
Elle a ainsi saisi la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à la jeunesse pour lui demander de procéder en commission à l’examen de l’ouvrage “Le livre le plus important du monde” de Nathalie Simonsson, recommandé à partir de 9-10 ans, et ayant reçu une aide à l’édition de la région Bretagne.
La Commission, qui dépend du Ministère de la Justice, a pour mission de contrôler les publications qui apparaissent par leur caractère, leur présentation ou leur objet, comme étant principalement destinées aux enfants et aux adolescents.
Elle s’est saisie de la demande formée par Juristes pour l’enfance. Après l’examen de l’ouvrage en séance, elle a relevé que :
– si cet ouvrage ne contrevenait pas à l’article 2 de la loi du 16 juillet 1949,
– elle notait cependant qu’il « aborde certaines thématiques telles que l’identité de genre ou la sexualité qui nécessitent une maturité suffisante pour être comprises et contextualisées ».
En conséquence, « la Commission a recommandé à l’éditeur de rehausser la recommandation d’âge à 11-12 ans », « afin de mieux correspondre à la maturité attendue des jeunes lecteurs et en tenant compte de l’équilibre entre la nécessité d’informer les mineurs sur ces sujets importants et la protection de leur sensibilité ».
Juristes pour l’enfance remercie la Commission pour son travail et ce premier pas en faveur de la protection de la jeunesse que constitue cette recommandation faite à l’éditeur.
L’association souligne cependant que ce premier pas n’est pas suffisant, compte-tenu du caractère éminemment contestable notamment de certaines incitations ou suggestions contenues dans ce livre, comme celle de la suggestion de se masturber à plusieurs ou l’exposé détaillé incitatif de pratiques sexuelles adultes particulièrement inadapté pour des mineurs.
Elle rappelle que les violences sexuelles entre mineurs sont en hausse et concernent des mineurs de plus en plus jeunes. Les Tribunaux pour enfants voient très souvent devant eux de jeunes adolescents qui exposent avoir voulu tester ou mettre en pratique sur d’autres les « informations » de ce type qu’ils avaient glanées ou reçues.
Estimant en conséquence que la mise à disposition de l’ouvrage “Le livre le plus important du monde” ne remplit pas le devoir d’information ou d’éducation des enfants, mais au contraire qu’elle est susceptible de brouiller les repères nécessaires pour une éducation affective, relationnelle et sexuelle responsable, Juristes pour l’enfance a adressé un courrier au Ministre de l’Education nationale, lui demandant
– de bien vouloir faire procéder au retrait de l’ouvrage de l’ensemble des établissements publics d’enseignement secondaire (et a fortiori primaire s’il y figurait) ;
– au minimum, de ne pas laisser ces livres en accès libre à la destination des élèves ;
– à défaut, de faire apposer sur chaque exemplaire de l’ouvrage un bandeau portant une mention « à partir de 11-12 ans ; peut heurter la sensibilité ; pour des jeunes ayant une maturité suffisante compte-tenu de la nécessaire contextualisation à opérer du contenu ».
“Des centaines d’enfants sont otages au Nigeria, parce qu’ils sont chrétiens”
Intervention de François-Xavier Bellamy au Parlement européen :
Premier voyage du Pape : soutenir les chrétiens d’Orient – En quête d’esprit
Pour évoquer le voyage du pape en Turquie et au Liban, Aymeric Pourbaix a reçu dimanche :
- 𝐆𝐫𝐞́𝐠𝐨𝐫 𝐏𝐔𝐏𝐏𝐈𝐍𝐂𝐊 directeur de l’ECLJ
- 𝐏𝐞̀𝐫𝐞 𝐑𝐚𝐥𝐩𝐡 𝐂𝐇𝐀𝐌𝐎𝐔𝐍, prêtre maronite et vicaire à la paroisse Notre-Dame du Liban à Paris
- 𝐅𝐫𝐞́𝐝𝐞́𝐫𝐢𝐜 𝐏𝐎𝐍𝐒, journaliste, reporter de guerre et auteur de “Le martyre des chrétiens d’Orient”
Une célèbre religieuse croate poignardée
Une religieuse catholique croate a été hospitalisée vendredi après-midi après avoir été poignardée dans un quartier résidentiel de Zagreb, la capitale du pays, dans ce qui, selon les premiers rapports, pourrait être une attaque à motivation religieuse.
La police a ouvert une enquête criminelle, tandis que des sources ecclésiastiques, des journalistes et des responsables hospitaliers confirment que la sœur se rétablit et n’est plus en danger de mort.
L’agression a eu lieu le 28 novembre. La sœur, membre d’une communauté religieuse de Zagreb, a été frappée à plusieurs reprises à l’abdomen avec un objet tranchant avant de retourner brièvement à son couvent, puis d’être transportée aux urgences du Centre hospitalier universitaire des Sœurs de la Charité.
Selon des informations non officielles mais largement relayées, l’auteur de l’attaque était un immigré qui a crié « Allahu akbar » pendant l’agression.
Sœur Marija Tatjana Zrno, 34 ans, membre des Sœurs de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul, originaire de Šujica en Bosnie-Herzégovine, réside au monastère de sa congrégation à Zagreb et enseigne la religion dans une école primaire locale. Ceux qui la connaissent la décrivent comme une personne joyeuse, enjouée et profondément mariale dans sa dévotion spirituelle.
Sœur Marija Tatjana est connue dans toute la Croatie pour sa passion pour le football, qu’elle a toujours vécue « ouvertement et avec le sourire ». Après des apparitions sur Laudato TV , elle a animé des émissions liées au football et a rapidement conquis le cœur des téléspectateurs. Elle a expliqué par le passé que le sport n’avait jamais été en conflit avec sa vocation, mais qu’il l’avait au contraire aidée à toucher les gens : « un moyen de créer des liens, de partager la joie et d’évangéliser ». Son enthousiasme pour les initiatives alliant foi et football a un jour attiré l’attention internationale. ACI Prensa et l’Agence de presse catholique ont publié une interview dans laquelle elle établissait des parallèles entre le sport et la vie spirituelle :
« Pour être un bon footballeur, il faut s’entraîner tous les jours. C’est la même chose pour la spiritualité : si l’on n’est pas persévérant et que l’on ne prie pas régulièrement, on deviendra paresseux, tiède, et sa vie ne portera pas de fruit. »
Grande admiratrice du joueur croate Luka Modrić, Ballon d’Or, qu’elle a félicité pour le port de protège-tibias à l’effigie de Jésus, elle a organisé, avec le père Ivan Dominik Iličić, l’initiative de prière « Le Rosaire pour le Feu » pour l’équipe nationale croate pendant la Coupe du monde. Cette action a mobilisé des personnes de tous âges à travers la Croatie, et même la grand-mère du joueur Ivan Perišić. Elle a personnellement informé l’entraîneur Zlatko Dalić de cette initiative, que l’équipe a accueillie avec enthousiasme. Elle a félicité les joueuses croates pour avoir consolé leurs adversaires vaincues, affirmant que de tels gestes permettaient de saisir une « occasion de faire preuve d’humanité ».
Devenez veilleur de prière pendant l’Avent : une belle mission sur Hozana
Nous venons d’entrer dans l’Avent, ce temps privilégié où l’Église nous invite à veiller dans l’espérance et à préparer la venue de Notre Seigneur.
Parmi les belles initiatives proposées en ligne, découvrez la fonctionnalité des “veilleurs de prière” proposée par Hozana, le premier réseau de prière gratuit sur internet. Le principe est simple : chaque veilleur s’engage à prier chaque jour pour trois intentions déposées par d’autres priants.
Une petite fidélité quotidienne, simple mais féconde, un exercice quotidien pour apprendre à ouvrir son cœur à la venue du Messie.
Devenir veilleur, c’est répondre à l’appel du Christ : « Veillez… soyez prêts ! »
C’est aussi faire l’expérience concrète de la communion des saints en portant dans la prière ceux qui souffrent ou demandent une grâce.
En ce début d’Avent, pourquoi ne pas choisir ce geste simple pour préparer votre âme à Noël ?
Devenez “veilleur de prière” en cliquant ici : https://urls.fr/QH-S-H
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Au Liban, le Pape Léon XIV a revêtu sa tenue de pèlerin et de père
De notre Envoyé spécial Antoine Bordier, auteur, biographe et consultant :
Il est sur tous les ponts. Il lui manque juste son bâton de pèlerin pour signifier encore plus qu’il vient au Liban en « pauvre et en pèlerin ». Lui, le religieux de l’ordre de Saint-Augustin, qui en fut le prieur de 2001 à 2013, n’a rien oublié de son ordre mendiant. Aujourd’hui, il a enchaîné les écoutes, les exhortations, les hommages, les prières, et les temps de partage fraternel, tel un coureur de fond. Son message principal, qu’il ne cesse de répéter depuis deux jours, avec un français parfait :
« Pour le monde, nous demandons la paix. Nous l’implorons tout particulièrement pour le Liban et pour tout le Levant. »
Reportage aux pas du pèlerin : du monastère Saint-Maroun, ce matin à Annaya, en passant par Notre-Dame du Liban, ce midi à Harissa, jusqu’à la rencontre œcuménique et inter-religieuse à 16h20, place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth.
« Je me suis levé à 5h00 du matin, pour être sûr d’arriver suffisamment tôt sur place », raconte Naji Farah, qui dirige une agence de voyage au Liban. « Oui, pour moi, c’est important d’être là, de participer, et de vivre cet évènement historique exceptionnel. Le Liban attendait ce moment depuis 10 ans. » Ce matin, en partant de Beyrouth, il arrive sur place, finalement, un peu avant 8h00. Il se gare à 2,5 km du monastère, et termine à pied, en empruntant, également, une navette. Il gravit la montagne qui monte jusqu’à 1200 mètres. L’air est frais, il fait moins de 15°. Les nuages sont de retour. La pluie est au rendez-vous, telle une fiancée parée pour son fiancé. Les pèlerins pavoisés de leurs drapeaux aux couleurs du Liban et du Vatican s’agglutinent de plus en plus tout au long du parcours, du dernier kilomètre. Ils sont plusieurs milliers.
Myriam, une jeune maman trentenaire, est accompagnée de son mari et de son fils qui porte le prénom de Charbel. « Nous avons tout prévu, contre le froid et la pluie », dit-elle. « Nous venons de Byblos, de Jbeil. » En terminant sa phrase, de nouvelles gouttelettes tombent du ciel. La pluie est fine, fraîche, une vraie bénédiction. Nous sommes à 10 mètres du portail du célèbre monastère où saint Charbel passa l’essentiel de sa vie monastique et érémitique. Avant d’attirer à lui la foule des hommes.
Le saint de l’Amour et du Vivre-Ensemble
Saint Charbel est méconnu des Français. Mais les Libanais le connaissent tous, sans exception, quelque soit leur religion. Quand on met les pieds la première fois dans l’enceinte de ce monastère perché sur son rocher, nul ne peut être indifférent au lieu. Un véritable havre de paix, comme si le doigt de Dieu avait touché cette roche pour en faire couler une source sainte qui ne s’est jamais tarie depuis.
A 1200 mètres d’altitude, les parfums des hauteurs se multiplient et attirent le pèlerin enivré. Sait-il que Youssef Makhlouf, en 1851, à l’âge de 23 ans, quitte tout sur la pointe des pieds et se rend au monastère de Notre-Dame de Mayfouk. Il parcourt dans la journée les 40 km qui séparent son village, Bqaa Kafra, du monastère. Il n’a rien dit. Sa mère, devenue veuve, n’est même pas mise dans la confidence. Ils mettront plusieurs jours avant de savoir où il s’est réfugié. Lors de leur dernière entrevue, à son insistance maternelle de le voir et de l’embrasser, le déjà saint prononce cette phrase christique terrible : « Ma mère … Nous nous reverrons et nous nous embrasserons au Ciel. » Un an plus tard, il entre à Annaya et se nomme désormais Charbel. Après avoir prononcé ses vœux, il devient prêtre en 1859. Puis, mystique authentique, marchant sur les pas des Pères du Désert, il demande, en 1875, à vivre comme un ermite. Direction l’ermitage Saint Pierre et Saint Paul, qui se situe à 200 mètres du monastère, caché dans les bois. Il meurt en 1898. Sa mort est, en fait, une nouvelle naissance où les évènements, les guérisons, les miracles et les phénomènes surnaturels se multiplient… jusqu’à nos jours !

Arrivée du Pape Léon XIV à Annaya
Alors que la pluie a repris de plus belle, Naji qui est là depuis deux heures pense à ses activités touristiques dans le sud, celles de Tyr et de Sidon. « Espérons que ce temps de paix que nous vivons depuis trois jours deviendra durable. Il faut que le tourisme reprenne. Nous sommes prêts. Le Pape est une bénédiction. Regardez toutes ces familles, tous ces visages… » L’homme ne vit pas seulement de pain !
Naji ne termine pas sa phrase. Les cloches du monastère se mettent à tintiller. Au loin, on entend des sirènes de la police, et l’on peut apercevoir les premières voitures du cortège du pape qui arrivent. Des chants de bienvenue s’entonnent. La foule qui était devenue silencieuse, à cause sans doute de la pluie et de l’émotion vécue, s’éveille. Les drapeaux volent et virevoltent dans les airs. Les applaudissements fusent. Près du clocher de l’église du monastère, des snipers de l’armée de terre viennent de prendre place. Le pape arrive. Il est là, le pèlerin en blanc, dans sa papamobile blindée. Assis, il salue, se tourne d’un côté, puis de l’autre. La voiture s’arrête devant les grilles grandes ouvertes. Il descend et se rend directement à l’intérieur du monastère, accueilli par le Président de la République, Joseph Aoun, et son épouse, Neemat. Il est 10h17, direction la tombe de l’ermite. Le pape a rendez-vous avec le saint !
Le message du Pape
A genoux devant sa tombe qui a été fleurie de fleurs blanches, le pape prie, tel un pèlerin. Le silence est total ; il rappelle celui du saint. Il se remplit du chant des anges. Puis, il se relève, toujours dans le silence, et rejoint dans la crypte-chapelle des figures de l’Eglise : le Cardinal Patriarche Béchara Boutros Raï, le Cardinal Pietro Parolin, Mgr Piergiorgio Zanetti, Mgr George Ayoub, Mgr, Edgard Ivan Rimaycuna Inga, etc. Il s’assoit et écoute attentivement le mot d’accueil du nouveau supérieur général de l’ordre des Maronites, le père abbé Hady Mahfouz.
« Très Saint Père, Grâce, sur grâce, nous ne cessons de recevoir de la plénitude de notre Seigneur Jésus-Christ… D’abord, la grâce de saint Charbel, le saint du Liban, dont l’intercession continue d’illuminer les âmes et de répandre sur le monde les merveilles du Ciel. Et voici une nouvelle grâce : celle de Votre présence, Très Saint Père. »
Puis, c’est au tour du pape de délivrer son message. Il commence par évoquer le saint qui a vécu « caché, silencieux, et dont la renommée s’est répandue dans le monde entier. »
Il continue sous la forme d’une exhortation douce et humble :
« Le Saint-Esprit l’a façonné, afin qu’il enseigne la prière à ceux qui vivent sans Dieu, qu’il enseigne le silence à ceux qui vivent dans le bruit, qu’il enseigne la modestie à ceux qui vivent dans le paraître, et qu’il enseigne la pauvreté à ceux qui recherchent les richesses. »
Son propos, il le prononce en français, comme s’il voulait rendre hommage à ce peuple de France si proche du peuple du Liban, si proche de Dieu. Les deux peuples sont frères. Son français est élégant et touchant.
La prière de saint Charbel
Sa visitation au monastère se termine par la prière de saint Charbel :
Ô Dieu, qui as donné à saint Charbel,
gardien du silence dans la vie cachée,
d’être éclairé par la lumière de la vérité
pour scruter les profondeurs de ton amour,
accorde-nous, qui suivons son exemple,
de mener dans le désert du monde
le bon combat de la foi,
et de marcher joyeusement
à la suite de ton Fils Jésus-Christ.
Que ton serviteur, qui a vécu dans le secret de la prière
et a vaincu les tentations par les armes de la pénitence,
nous montre la grandeur de ta miséricorde,
qu’il nous enseigne le silence des mots
et la force des gestes qui peuvent ouvrir le cœur.
Qu’il nous obtienne de Jésus-Christ, qui nous a libérés de tout mal,
la santé du corps et de l’esprit
et intercède toujours pour nous,
afin que nous puissions avoir part avec les saints au Royaume éternel.
À toi la gloire et la louange,
Père, Fils et Saint-Esprit.
Le pèlerin en blanc à Harissa
Il repart du monastère vers 10h55, montre en main. Direction Notre-Dame du Liban à Harissa. Là, dans la très belle basilique de verre, il prend un nouveau bain de foule avec des évêques, des prêtres, des responsables et des laïcs de la communauté ecclésiale. Le président et son épouse l’ont précédé. Ils sont encore présents. Ne seraient-ce pas eux, finalement, les « pèlerins » ?
Au-dessus de Jounieh, la ville la plus proche de Beyrouth, au nord, le ciel bleu rayonne désormais. Comme si cette rencontre où l’écoute du pape va être sollicitée était des plus importantes. Oui, le pèlerin en blanc écoute des témoignages de laïcs, de prêtres et de religieuses. L’une d’entre-elles témoignent : « Je n’ai pas fui lorsque la guerre a éclaté. A ce moment-là, j’ai tout donné au Seigneur. » On voit l’émotion gagner le visage du pape.
Les témoignages se multiplient. C’est au tour du Pape Léon XIV de s’exprimer. Il n’est pas venu les mains vides. Il est venu avec une Rose d’or qu’il remet à Notre-Dame du Liban. Puis, il prend la parole en évoquant à nouveau l’Esprit Saint : « L’esprit dans lequel nous nous efforçons de vivre chaque jour, est l’amour. »
Il repart, ensuite, vers la Nonciature où il déjeune.

L’œcuménisme et le dialogue inter-religieux au coeur
Vers 16h00, la Place des Martyrs, à Beyrouth, est totalement bouclée. La sécurité est à son maximum. Les dignitaires et invités commencent à arriver. Les 18 confessions religieuses formant la mosaïque libanaise prennent place. Derrière la statue des Martyrs, une grande tente est dressée. Elle peut accueillir 300 personnes.
A 16h23 le pape arrive à son tour. Il a l’air détendu, souriant. Parmi les interventions des différentes personnalités religieuses, retenons celle du patriarche des Syriens catholiques, Mar Ignace III Younan :
« La visite d’aujourd’hui a pour but de construire la paix et la stabilité dans la région, en particulier au Liban, petit sur la carte mais grand par son message, son rôle et sa mosaïque islamo-chrétienne. »
Une heure plus tard, c’est le representant du Conseil supérieur chiite, le CSC, le cheikh Ali el-Khatib, qui s’exprime devant l’homme en blanc : « Nous sommes heureux, en cette occasion, de vous accueillir et nous apprécions votre visite dans notre pays ainsi que vos positions en cette période difficile que traverse le Liban. »
Tous ont au Coeur les mots de paix et de vivre-ensemble qui résonnent à plusieurs reprises dans cette enceinte de toile que l’on pourrait appeler : « La tente de la rencontre ».
Le Pape Léon XIV continue à écouter. Il sourit. Il est, à la fois, pape, pèlerin et père !

Dernier jour de la visite du Pape Léon XIV au Liban à suivre…
Reportage réalisé par Antoine BORDIER
Copyright des photos A. Bordier
Rod Dreher sur le pèlerinage de Chartres
Le journaliste et écrivain américain Rod Dreher était au pèlerinage de Chartres 2025 ! Dans cette vidéo, il revient sur cette expérience extraordinaire, sur laquelle portera son prochain livre. Il rappelle que les membres de l’Église militante doivent vivre en “pèlerins” sur la Terre, pas en “touristes” selon la distinction proposée par le philosophe Zygmunt Bauman.
Cette vidéo constitue un appel clair adressé à la nouvelle génération pour qu’elle fasse confiance à l’Église, laquelle est « en pèlerinage sur la Terre depuis 2000 ans » et « connaît le chemin ».
La vidéo de Rod Dreher est disponible via ce lien:
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Saint Charbel enseigne des comportements à contre-courant
Lors de sa visite et prière sur la tombe de saint Charbel Maklūf ce matin, le pape Léon XIV a prononcé la prière suivante :
Extrait de son discours :
Chers amis, quel enseignement saint Charbel nous donne-t-il aujourd’hui ? Quel est l’héritage de cet homme qui n’a rien écrit, qui a vécu caché et silencieux, mais dont la renommée s’est répandue dans le monde entier ?
Je voudrais le résumer ainsi : le Saint-Esprit l’a façonné, afin qu’il enseigne la prière à ceux qui vivent sans Dieu, qu’il enseigne le silence à ceux qui vivent dans le bruit, qu’il enseigne la modestie à ceux qui vivent dans le paraître, et qu’il enseigne la pauvreté à ceux qui recherchent les richesses. Ce sont là des comportements à contre-courant, mais c’est précisément pour cela qu’ils nous attirent, comme l’eau fraîche et pure attire ceux qui marchent dans un désert.
En particulier, saint Charbel nous rappelle, à nous évêques et ministres ordonnés, les exigences évangéliques de notre vocation. Sa cohérence, radicale et humble, est un message pour tous les chrétiens.
Grande crèche régionale de Noël à l’église Saint-Étienne de Lille : un spectacle féérique pour petits et grands
Communiqué :
Afin de préparer la belle fête de la naissance de Jésus, la paroisse Saint Eubert a souhaité qu’une crèche régionale de Noël puisse voir le jour à l’église Saint-Étienne. C’est ainsi qu’avec le soutien du Père de Sinety, curé de la paroisse, a été réalisée et dévoilée pour la seconde année une crèche de Noël spectaculaire, conçue pour émerveiller les visiteurs de tous âges. Cette belle installation est le fruit du travail collaboratif passionné, minutieux et créatif d’un comité de bénévoles qui a mis tout son savoir-faire pour créer un véritable tableau vivant du mystère de la Nativité.
Constituée de plus de 40 santons minutieusement maquillés, décorés et habillés à la main, sur un décor végétalisé de près de 30 m2, cette crèche est une véritable immersion dans la culture régionale du XIXe siècle. Caractéristiques du Nord de la France, les santons incarnent les coutumes et les métiers d’autrefois. De l’ouvrier de la mine à la paysanne au houblon, chaque santon évoque cette période industrielle, avec des vêtements et des postures appropriés. Un vrai retour aux sources, dans un décor d’antan, qui fait écho à une époque particulière pour notre région du Nord.
Cette crèche féérique est décorée par un grand sapin, des éclairages chaleureux et une bande son soigneusement choisie, qui plongent les visiteurs dans une ambiance merveilleuse, tout en mettant en lumière le message chrétien de la Nativité, et en faisant redécouvrir la richesse de notre patrimoine local. Elle invite chacun à l’émerveillement, à la prière et à la joie de la fête de Noël.
La crèche sera visible du 1er décembre au 30 janvier, permettant aux visiteurs de découvrir cette magnifique réalisation au cœur de la ville de Lille, à deux pas du marché de Noël. Venez nombreux admirer cette belle tradition et faire vivre à vos proches une expérience inédite à l’église Saint-Étienne.
Informations pratiques :
- Lieu : Église Saint-Étienne, 47 rue de l’Hopital Militaire, Lille
- Dates : Du 1er décembre 2025 au 30 janvier 2026
- Accès aux horaires d’ouverture de l’église
- Entrée libre
Prix des AFC 2025 – Salon du Livre et de la Famille
Au 10e Salon du Livre et de la Famille qui a eu lieu samedi 29 novembre à la Mairie de Paris, c’est Benoît de Blanpré, Président de l’AED (Aide à l’Eglise en Détresse) qui a reçu le Prix des AFC 2025 pour son livre “Lettre aux pères de famille“.
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Lena Situations et Frédéric Beigbeder : de la difficulté d’être jeune
Chronique du père Danziec dans Valeurs Actuelles :
Quelques jours après son 28ème anniversaire, Léna Mahfouf, alias Lena Situations, a reçu un cadeau auquel elle pouvait s’attendre de la part de Frédéric Beigbeder. L’homme de lettres et présentateur de l’émission Conversation chez Lapérouse sur Radio Classique, s’est en effet fendu d’une lettre ouverte dans Le Figaro après que l’influenceuse lui a dédié son dernier ouvrage Encore mieux (Lena Editions).
« Merci de me dédier Encore mieux, mais votre titre est mensonger. Après lecture, votre nouveau machin devrait s’intituler Aussi nul. » Ambiance. Il faut dire qu’en 2020, à l’occasion de la sortie de son premier livre Toujours Plus (Robert Lafont), Beigbeder n’avait pas manqué de qualifier l’ouvrage de « 147 pages de vide ». Une sentence mordante et sans ambage que les flingueurs du PAF n’auraient pas démentie aux grandes heures d’On n’est pas couché avec Zemmour et Naulleau.
On l’aura compris, Frédéric n’aime pas son époque. Ou du moins certains contours qu’elle prend. C’est son droit. Et il est très certain qu’il ne soit pas le seul. Dans un autre style, et sur d’autres sujets, Franz-Olivier Giesbert pointait du doigt, dans sa chronique hebdomadaire du Point, le culte périlleux du TTDS, “Tout Tout De Suite”.
Le temps long sacrifié sur l’autel de la com’, qui peut raisonnablement s’en réjouir ? Ce conflit générationnel, ne nous y trompons pas, n’est pas seulement celui de la sempiternelle incompréhension entre les jeunes blancs-becs et les vieux fourneaux chantés par Brassens, il est hélas – et la chose est bien plus regrettable – le fruit d’une politique culturelle. L’absence actuelle de transmission est le fruit du refus d’héritage de la génération 68. La rencontre si précieuse de la jeunesse avec le monde adulte a été, depuis trop longtemps, avortée. Expliquons-nous.
« Quand tout se passe de plain-pied, l’appétit des hauteurs finit par se niveler au degré zéro »
Dans sa préface à un recueil de textes intitulé et dédié À la jeunesse (Librio, 2016), François-Xavier Bellamy insistait sur le grand enjeu que constitue cette période de l’existence tout-à-fait particulière. Le passage si singulier entre les deux états que sont l’enfance et l’âge adulte signifie – et suppose – effectivement une rencontre. La jeunesse est censée correspondre à ce moment. Un lieu de fondation où se rencontrent et se succèdent deux tranches de vie. Chaque jeune advient au monde avec le regard encore neuf de l’enfant qu’il n’est plus, et la raison quasi formée de l’adulte qu’il n’est pas encore. « C’est là toute la difficulté de ce passage ; on ne le dit pas assez, en effet, il est difficile d’être jeune ».
Accompagné de cette analyse, le diagnostic devient éclatant : Dieu qu’il est redoutable d’être jeune en 2025 ! Quels sont les jeunes qui connaissent aujourd’hui le grand bonheur de se mettre à l’école d’un maître ? Depuis que les estrades ont été supprimées, les chaires à prêcher désertées, les disciples en puissance se trouvent toujours plus orphelins. Point ou peu de rencontres entre néophytes et hommes d’expérience, entre un jeune qui sait avoir tout à apprendre et un sage prêt à transmettre son savoir, dont il mesure, l’âge avançant, qu’il est bien peu de chose. On se souvient du mot fameux de Socrate : « La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien ». L’horizontalité a fini par éteindre la flamme de la transmission. Quand tout se passe de plain-pied, l’appétit des hauteurs finit par se niveler au degré zéro. Au lieu d’exigence et de transcendance, les sirènes de la postmodernité préfèrent pianoter sur la gamme d’un marketing digital abrutissant : fard, paillettes, miroirs, selfies, luxe, priorité à soi-même… La voilà la déclinaison des promesses d’une vie heureuse : bonjour tristesse.
Offrir de la transcendance à la jeunesse
Le mensonge n’est pas permis et on ne peut refuser de voir qu’une partie non négligeable de la jeunesse succombe au piège de cet esclavage volontaire. Il est urgent de sonner l’alerte car il en va de l’éducation de l’âme et du cœur. Comment prétendre devenir libre quand tout son être est assujetti aux diktats d’influenceurs dépourvus de cette sagesse qui faisait écouter nos anciens ? Frédéric Beigbeder n’est pas le seul à penser que l’on ment à la jeunesse, mais profitant de son aura médiatique et de son goût du sabre au clair pour user de sa plume incisive, il a le mérite de le dire haut et clair. Au risque de passer pour un vieux c** ? On peut supposer qu’il s’en moque tout à fait.
Gustave Thibon, dans une réflexion sur le sens de l’histoire, constatait que seul l’homme méditant sur sa destinée éternelle est en mesure de voir sa marche sur les chemins de la terre s’alléger. « L’homme qui cherche l’absolu et l’infini où ils se trouvent évite, dans le fini et le relatif, cette démesure qui est la source de son malheur ». Offrir de la transcendance à la jeunesse – et à nous-mêmes ! –, là où elle se trouve, est sans aucun doute le commencement du début d’une solution. Cela tombe bien, Noël pointant à l’horizon, il n’y aurait qu’à pousser la porte de la crèche de Bethléem. Et d’y entrer.
Une neuvaine à saint Charbel pour retrouver paix et espérance
Alors que le pape Léon XIV visite ce matin la tombe de saint Charbel Maklūf, les éditions Life éditent, avec l’imprimatur de Mgr Aillet, une neuvaine pour Guérir avec Saint Charbel.
Ermite, Saint Charbel a choisi de ne vivre que pour le Christ. Il continue au ciel à guérir et aider ceux qui souffrent. Sa puissance d’intercession ne cesse de croître. Depuis sa mort en 1898, son rayonnement est immense : tant de grâces et de guérisons miraculeuses lui sont attribuées (29 349 selon les statistiques officielles de l’Eglise en 2023). Le prier, c’est entrer dans un chemin de renouvellement spirituel qui touche l’âme et le corps.
Et si nos biens matériels n’étaient pas sans rapport avec notre vie spirituelle?
L’Église souhaite que personne ne soit contraint d’émigrer
Lors de sa rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique au Liban le pape Léon XIV a déclaré :
[…] L’Église ne se préoccupe pas seulement, en effet, de la dignité de ceux qui se déplacent vers des pays autres que le leur, mais elle souhaite que personne ne soit contraint de partir et que tous ceux qui le souhaitent puissent revenir en sécurité. La mobilité humaine est en effet une immense opportunité de rencontre et d’enrichissement mutuel, mais elle n’efface pas le lien particulier qui unit chacun à certains lieux auxquels il doit son identité d’une manière tout à fait particulière. La paix se développe toujours dans un contexte vital concret, fait de liens géographiques, historiques et spirituels. Il faut encourager ceux qui les favorisent et s’en nourrissent, sans céder aux particularismes et aux nationalismes. Dans l’encyclique Fratelli tutti, le Pape François a indiqué cette voie : « Il faut considérer ce qui est global, qui nous préserve de l’esprit de clocher. Lorsque la maison n’est plus un foyer, mais une prison, un cachot, ce qui est global nous sauve parce c’est comme la cause finale qui nous conduit vers la plénitude. En même temps, il faut avec soin prendre en compte ce qui est local, parce qu’il a quelque chose que ne possède pas ce qui est global : le fait d’être la levure, d’enrichir, de mettre en marche les mécanismes de subsidiarité. Par conséquent, la fraternité universelle et l’amitié sociale constituent partout deux pôles inséparables et coessentiels » (n° 142).
Ceci est un défi non seulement pour le Liban, mais pour tout le Levant : que faire pour que les jeunes, en particulier, ne se sentent pas obligés de quitter leur terre et d’émigrer ? Comment les motiver à ne pas chercher la paix ailleurs, mais à en trouver les garanties et à en devenir les protagonistes dans leur propre pays natal ? Les chrétiens et les musulmans, ainsi que toutes les composantes religieuses et civiles de la société libanaise, sont appelés à jouer leur rôle en ce sens et à s’engager à sensibiliser la communauté internationale à cette question. […]
La noblesse d’une France qui ne tait pas les malheurs des Libanais
De Charles de Meyer dans Politique Magazine :

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Saint Charbel, le plus grand guérisseur de l’Histoire
Emission Les plus belles figures de l’Histoire :
Le sort tragique et actuel des chrétiens de Turquie
Réduits à 0,3% de la population, ils sont encore aujourd’hui persécutés, expulsés, discriminés, et régulièrement assassinés. Grégor Puppinck, docteur en droit, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), a été interrogé par Louis Daufresne sur Radio Notre-Dame :
Aidez l’école Bienheureux Abbé Fouque
Face à l’urgence éducative, l’école primaire Bienheureux Abbé Fouque a ouvert ses portes à Marseille en septembre 2021, accueillant pour sa première année d’existence 22 élèves en primaire, puis 44 élèves en 2022, 60 en 2023, 80 en 2024 et finalement 120 cette année avec l’ouverture du collège (6ème et 5ème).
Les enfants bénéficient d’un enseignement de grande qualité qui s’appuie sur des méthodes d’apprentissage traditionnelles éprouvées. Le souhait du bureau de l’association AFEM qui gère l’école et de l’équipe pédagogique, est d’offrir une formation intégrale de l’élève, pour lui permettre de devenir un adulte libre et un chrétien engagé au service de la cité.
Nous avons pu cette année réaliser quelques travaux pour nous agrandir avec la création de 3 nouvelles classes. Il y a de nouveaux projets d’agrandissement pour accueillir de nouveaux élèves et poursuivre les ouvertures de classe du collège (4ème, 3ème).
Nous sollicitons votre générosité pour que l’école continue et se développe.
Vous trouverez le lien pour découvrir le site de notre école et toutes les informations pour nous apporter votre soutien, si modeste soit-il, en quelques clics :
https://www.ecole-abbefouque.fr/aidez-nous
En vous remerciant par avance de votre aide en apportant votre don ou en diffusant ce message à vos amis.
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Jour J de la visite historique du Pape Léon XIV au Pays des Cèdres
De notre Envoyé spécial Antoine Bordier, auteur, biographe et consultant :
En cette matinée du 1er dimanche de l’Avent, tout le Liban s’est recouvert d’un épais manteau nuageux. Les écluses du ciel se sont ouvertes et déversent une pluie d’averses. Sont-ce des pleurs de bénédiction ? Oui, Dieu bénirait ses enfants devenus de véritables hérauts de Paix. A 15h39, le Pape Léon XIV vient de poser pour la première fois les pieds au Liban. Il est Le Messager de la Paix. Comme ses prédécesseurs – hormis le pape François – il vient en toute hâte visiter le peuple Libanais. Son message ? Celui de saint Matthieu, l’apôtre : « Heureux les artisans de paix ». Pour l’heure, la paix est d’actualité, puisque depuis deux jours le Liban n’est plus bombardé par Israël. Eclairage sur une visite papale hors-du-commun.
Depuis 7h00 du matin, la pluie ne cesse de tomber sur le Mont-Liban. Vient-elle béatifier, laver et purifier ce petit pays de 5,7 millions d’habitants, dont plus ou moins 2 millions sont des réfugiés Palestiniens et Syriens ? Cette venue du Pape Léon XIV est historique à plusieurs égards. Tout d’abord, elle inaugure ses premières sorties à l’extérieur du Vatican et de l’Italie. Après la Turquie d’Erdogan, qui a transformé, tel Saladin, la cathédrale Sainte-Sophie en mosquée – c’était en 2020 –, c’est le Liban de Joseph Aoun qu’il vient réconforter, renforcer et revivifier dans la foi au Christ. L’homme en blanc vient en « homme de paix ». La paix ? Oui, la paix dans un pays, dans une région rongée plus ou moins par la corruption et une certaine division fraternelle. Ici, l’angélisme n’est plus de mise. Car survoler le Levant et le Moyen-Orient d’un regard de paix fait chavirer toute personne attachée à l’expression de la foi, celle de la chrétienté et celle de toutes les religions.
Le fameux « vivre-ensemble » a été bombardé à plusieurs reprises lors des persécutions économiques, militaires, politiques, religieuses et sociales. Elles n’ont jamais été aussi fortes sur les Chrétiens d’Orient. Il faut remonter aux temps des Croisades, au début du second millénaire, pour bien comprendre que le peuple chrétien est, ici, en voie de disparition. Ou presque !
Le Pape Léon XIV au secours des chrétiens
Il ne le dira pas ouvertement, diplomatie oblige. Et, il est vrai, que sa visite de 3 jours et 2 nuits est presque trop courte pour panser toutes les plaies des Libanais et, notamment, celles des chrétiens. Les chrétiens au Liban ? Ce qu’il en reste, car ils ne sont plus aujourd’hui que 30 à 33 %, alors qu’ils étaient majoritaires en 1975, à plus de 60 % !
Il y a un an, le Hezbollah avait déclaré officiellement qu’ils n’étaient que 15 %, dévoilant ainsi leur vision sur leur présence à termes.
Mgr Guillaume Bruté de Rémur, un Français qui vit au Liban depuis plus de 20 ans, est le témoin malgré lui de cette disparition lente mais réelle des chrétiens. Il fait partie des 25 000 Français qui se sont établis au Liban. Il est le recteur du séminaire Redemptoris Mater, et tente ainsi d’inverser la tendance, avec ses 11 séminaristes. Il est, en ce moment, aux portes du palais présidentiel, là où se rend le Pape à 16h00, à l’invitation du Président Joseph Aoun.
Mgr Guillaume « attend du Pape une parole forte qui nous envoie en mission dans ce pays qui a tant besoin d’une vision missionnaire, et non pas d’une vision limitée, identitaire. »
Autour de lui, des centaines de jeunes portent des drapeaux, des fanions, aux couleurs du pays : rouge et blanc avec le cèdre du Liban, en son cœur ; et jaune et blanc, aux couleurs du Vatican. Ils disent d’un seul cœur : « Oui, nous voulons la Paix, et nous voulons que le Pape nous envoie en Mission ! » Quel dynamisme, quelle foi, quelle joie sur la route fermée aux voitures et remplie de pèlerins. Les guitares sont de sortie et les chants fusent. La foi et la joie s’affichent sur tous les visages, en montant vers le palais.
Le temps béni des visites papales
Avant Léon XIV, il faut remonter à Paul VI, pour voir le premier « homme en blanc », comme les appelait l’artiste-chanteur Pierre Bachelet : « Il arrive, il descend l’homme en blanc… » Oui, le premier chef de l’Eglise catholique à fouler la terre libanaise en 1964 est bien Paul VI. On l’a vite oublié car il ne s’agissait pas le 2 décembre 1964 d’une visite apostolique, mais plutôt d’une escale ! Il se rendait en Inde pour le Congrès eucharistique de Bombay. Par contre, comme le Pape Léon XIV, toutes les cloches des églises libanaises ont sonné comme jamais. En 1964, le Liban est encore la Suisse du Proche-Orient. Beyrouth ressemble, alors, à Nice et même à Paris, avec ces rues de la capitale portant des noms bien français : avenue du général de Gaulle, avenue de Paris, avenue des Français, rue Foch, rue Gouraud (du nom du général signataire du mandat français de 1920), rue Monot, rue Pasteur, rue Huvelin (du nom du professeur d’histoire co-fondateur de la faculté de droit de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth en 1913), etc.
Après lui, Jean-Paul II fera une visite historique qui est restée dans les mémoires.

Le Pape Jean-Paul II : le pape de la jeunesse !
Les premiers mois du pontificat de Jean-Paul II sont marqués par une des pages les plus tragiques du Liban, écrite avec le sang des hommes : celle des guerres de 1975 à 1990. Elles firent des centaines de milliers de victimes. Les 18 communautés religieuses sont touchées en plein coeur et s’entredéchirent. Le vivre-ensemble libanais, à cause des Palestiniens et de Yasser Arafat qui veut faire du Liban son bastion, saute en éclat. Cette guerre sera multiple et fratricide chez les chrétiens et les musulmans.
7 ans après, le Pape Jean-Paul II se rend au Liban en 1997. Il y exhorte la jeunesse à jeter des ponts entre les communautés. Celui qui a fait chuter le socialo-communisme en Europe de l’Est, en commençant par la Pologne, son pays natal, puis, la Russie est un vrai lutteur. Le lutteur de Dieu a fait chuter le Mur de Berlin en 1989. Il est rempli d’espérance et de force. Il croit profondément que le Liban est un « pays messager ».
Le Liban « est bien plus qu’un pays : c’est un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient et l’Occident. »
Un message qui n’a pas pris une ride !
« Il vous appartient de faire tomber les murs qui ont pu s’édifier pendant les périodes douloureuses de l’histoire de votre nation ; n’élevez pas de nouveaux murs au sein de votre pays. Au contraire, il vous revient de construire des ponts entre les personnes, entre les familles et entre les différentes communautés. Dans votre vie quotidienne, puissiez-vous poser des gestes de réconciliation, pour passer de la méfiance à la confiance ! Il vous revient aussi de veiller à ce que chaque Libanais, en particulier chaque jeune, puisse participer à la vie sociale, dans la maison commune. Ainsi naîtra une nouvelle fraternité et se tisseront des liens solides, car pour l’édification du Liban. »
Benoît XVI en 2012
A son tour l’homme en blanc se rend au Liban, du 14 au 16 septembre 2012, il y a 13 ans. Ses mots clés : dialogue, foi, fraternité. Comme son prédécesseur, lors de la cérémonie d’accueil, le Pape n’a pas oublié les « évènements tristes et douloureux » qui ont affligé le pays pendant de nombreuses années. Il a, également, évoqué le modèle libanais du « pays messager ». Il insiste sur la vocation spéciale du Liban : « La coexistence heureuse du Liban doit démontrer à tout le Moyen-Orient et au reste du monde qu’au sein d’une même nation, il est possible de collaborer entre les différentes Églises, toutes les composantes de l’unique Église catholique, dans un esprit de communion fraternelle avec les autres chrétiens, et, en même temps, de coexister et de dialoguer dans le respect mutuel entre les chrétiens et leurs frères et sœurs d’autres religions. »
C’est cette paix que les 4 papes sont venus apporter ici au Liban.

Un programme en forme de course de fond
L’avion du Pape Léon XIV a atterrit à 15h39, ce dimanche 30 novembre 2025. A 15h53, l’homme en blanc descend calmement l’escalier mobile. Il a cessé de pleuvoir. Les drapeaux du Vatican et du Liban flottent au vent, autour du cockpit de l’avion bleu d’Ita Airways, qui a fêté ses 5 ans le 11 novembre. En bas des 17 marches qu’il descend calmement le Président Joseph Aoun et son épouse, Neemat, l’attendent.
Puis, direction le palais présidentiel de Baabda habillé pour la circonstance aux couleurs du Pape, avec son effigie. La foule des pèlerins le salue tout au long de la route fermée à la circulation qui relie l’aéroport du palais.
Il est 17h10, quand il passe les portes du palais. Il s’est remis à pleuvoir.
L’attendent ministres et députés, religieux et personnalités du monde diplomatique. Ensuite, il dînera au palais avant de rejoindre, pour la nuit, la Nonciature apostolique qui se situe à Harissa, à quarante-cinq kilomètres de Baabda. Il est à deux pas du célèbre sanctuaire marial où se rendent religieusement les Libanais, toute religion confondue.
Lundi, sa course de fond commence véritablement avec son pèlerinage au monastère Saint-Maron d’Annaya, là où le saint maronite le plus célèbre du monde entier, saint Charbel, a vécu comme ermite au 19è siècle. Depuis sa mort, en 1898, des milliers de miracles, des conversions et des guérisons, ont fleuri dans le monde. Il sera accompagné du patriarche des Maronites, Béchara Boutros Rahi.
Puis, en fin de matinée, vers 11h45, il se rendra au sanctuaire de Notre-Dame du Liban à Harissa, où il rencontrera les évêques, les prêtres, les personnes consacrées et des laïcs.
Visite du Pape Léon XIV au Liban à suivre…

Reportage réalisé par Antoine BORDIER
Copyright des photos A. Bordier et Mgr G. Bruté de Rémur
“Cette Église compte quatre traditions liturgiques différentes”
Extrait de l’homélie prononcée par le pape Léon XIV samedi à Istanbul :
[…] cette Église compte quatre traditions liturgiques différentes – latine, arménienne, chaldéenne et syriaque –, chacune apportant sa propre richesse sur le plan spirituel, historique et d’expérience ecclésiale. Le partage de ces différences peut montrer de manière éminente l’un des traits les plus beaux du visage de l’Épouse du Christ : celui de la catholicité qui unit. L’unité qui se cimente autour de l’Autel est un don de Dieu, et comme telle, elle est forte et invincible, car elle est l’œuvre de sa grâce. Mais en même temps, sa réalisation dans l’histoire nous est confiée, ainsi qu’à nos efforts. C’est pourquoi, tout comme les ponts sur le Bosphore, elle a besoin de soins, d’attention, d’“entretien”, pour que le temps et les vicissitudes n’affaiblissent pas ses structures et que ses fondations restent solides. Avec les yeux tournés vers la montagne de la promesse, image de la Jérusalem du Ciel qui est notre but et notre mère (cf. Gal 4, 26), mettons donc tout en œuvre pour favoriser et renforcer les liens qui nous unissent, pour nous enrichir mutuellement et être aux yeux du monde un signe crédible de l’amour universel et infini du Seigneur. […]
“Si tu savais, en ce jour qui est encore à toi, ce qui t’apporterait la paix
Ces paroles du Christ pleurant sur Jérusalem (Luc XIX, 42) résonnent de manière toute particulière en cette fin d’année jubilaire : que ce soit sur le plan individuel ou collectif, laïc ou ecclésiastique, familial, national ou international, le connu, l’établi, le rassurant, semble exposé à de profondes perturbations depuis l’ouverture de la Porte Sainte. Au-delà de l’ingénierie sociale entretenant une angoisse de fin des temps (nature ébranlée, épidémie, famine, guerre, tyrannie), nous ressentons tous cette instabilité universelle à laquelle nous souhaiterions instinctivement échapper et qui n’est pourtant qu’une manifestation plus sensible de la Providence à l’occasion du Jubilé. Il serait vain de Lui faire obstacle car Elle ne peut que s’accomplir, pour nous ou malgré nous. En fait, nous sommes solennellement conviés par Dieu à un renouvellement intégral, quitte à subir des situations très inconfortables pour nous inciter à « changer de pied », à libérer notre vie de ses carcans mortifères.
Sans nier l’analogie du pèlerinage « qui est un élément fondamental de tout évènement jubilaire » [1], l’esprit originel, radical, du Jubilé est bien plus passif et contemplatif que dynamique et volontaire. Durant notre pèlerinage terrestre, il est l’étape impérative où l’on se repose et se restaure en tirant les enseignements de nos vingt-cinq dernières années de marche en vue des vingt-cinq prochaines : sous le regard bienveillant de Dieu, soutenus par les grâces particulières du Jubilé, nous sommes invités à redresser ce qui a pu se relâcher, fonder ce qui ne l’a pas encore été, réorienter ce qui doit demeurer dans un nouveau contexte. En ce sens, l’esprit jubilaire rejoint la sentence du Christ : « Lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer sa dépense et voir s’il a de quoi la terminer ? » (Luc XIV, 18)
Il ne faut dès lors pas s’étonner que le Jubilé s’accompagne souvent de ruptures, de drames soudains, comme de libérations et de retrouvailles inattendues. Ces épreuves ne doivent pas être craintes mais accueillies dans la foi et l’espérance : la douleur qu’elles suscitent est semblable à celle ressentie au retour du sang dans un organe gelé. Ce n’est pas un mal mais la manifestation de la vie, aussi mystérieuse et bouleversante soit-elle.
Focalisés sur le passage des portes saintes qui n’en est que l’acte extérieur, bien des croyants risquent de manquer cette démarche jubilaire intérieure. A l’exemple de Jérusalem, il est périlleux de ne pas voir le temps où nous sommes visités car les consolations du Ciel sont à la fois un encouragement actuel et une préparation à des temps plus arides, spirituellement ou matériellement. En vingt-cinq ans, le monde a bien changé comme nous avons bien changé. Des prospectives raisonnables, éclairées par la foi, laissent à penser que les vingt-cinq prochaines années seront épiques si nous prétendons rester fidèles. Nous devons nous y préparer en conséquence, « en ce jour qui est encore à nous », dans le retrait et le silence de cet Avent annonçant la reprise de notre marche au sortir du Jubilé [2].
L’abbé
[1] Spes non confundit, bulle d’indiction du Jubilé ordinaire de 2025 (9 mai 2024), n°5. Par charité, nous ne reviendrons pas sur la communication navrante du Jubilé 2025 notamment par le choix d’un logo digne des années 1970 et d’une mascotte rappelant Greta Thunberg version manga : https://www.20minutes.fr/monde/4119883-20241106-luce-nouvelle-mascotte-vatican-met-colere-certains-fideles
[2] Fin du Jubilé le 28 décembre 2025 dans les églises particulières, le 6 janvier 2026 à Saint-Pierre, ibid. n° 6
Evangélisation des Gaules: et si la tradition ne mentait pas?
Le 30 novembre, Terres de mission reçoit Arnaud Boüan du Chef du Bos à propos de son livre, très joliment illustré sur l’évangélisation des Gaules au Ier siècle (Ed. Trésors de nos Pères), dont la thèse est que la France a été évangélisée par plus de 150 disciples, envoyés par saint Pierre et ses successeurs, dès le Ier siècle de notre ère (contrairement à ce qu’affirme depuis 3 ou 4 siècles la critique historique).
Puis Stanislas Billot de Lochner, entrepreneur qui accompagne des associations dans leur collecte de fonds, présente l’ouvrage qu’il a écrit avec son épouse Eléonore sur notre relation aux biens matériels: Dieu ou l’argent, vraiment? (Editions Emmanuel)
