Il est assez étrange que la grève de l’impôt et la grève des agents publics ne soient pas sur le même plan
De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
Officiellement, la France vit sous un régime gouverné par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, dont l’article 14 affirme : « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée. »
Il y aurait beaucoup à dire sur cette déclaration de 1789 et la mythologie qui l’entoure (et le moins que je puisse en dire est que je suis plutôt « réservé » sur cette charte de la France moderne), mais il est certain, du moins, que la Révolution a prospéré sur l’idée que l’impôt d’Ancien Régime était lourd et arbitraire.
Or, une rapide comparaison de notre situation à celle de 1788 suffit à montrer que l’impôt n’est pas moins arbitraire aujourd’hui qu’il n’était alors – et qu’il est beaucoup plus lourd.
Par conséquent, nous approchons à grands pas d’une période de turbulences où la légitimité de l’impôt risque fort d’être remise en cause.
Il est déjà assez étrange que la grève de l’impôt et la grève des agents publics ne soient pas sur le même plan. En effet, pour fonctionner, un État a besoin de deux choses : l’argent des contribuables et des fonctionnaires.
Or, non seulement la grève de l’impôt est interdite, mais même l’appel à la grève de l’impôt, quand la grève est autorisée dans la fonction publique – y compris régalienne (à l’exception des militaires).
Bénéficiant de droits particuliers (notamment l’emploi à vie), les fonctionnaires sont, au sens étymologique du mot, des privilégiés (ils ont une loi privée). Mais, de même que les privilèges de la noblesse sont devenus incompréhensibles à la fin du XVIIIe siècle car les droits ne correspondaient plus aux devoirs, les privilèges d’aujourd’hui deviennent progressivement insupportables.
Plus l’impôt s’alourdit et devient illisible, plus l’énorme masse de la fonction publique grossit, moins les citoyens peuvent croire qu’ils « consentent » à l’impôt.
Et, comme pour l’Ancien Régime finissant, tout le monde connaît le mal et ses remèdes, mais plus personne n’a le courage (ni peut-être même les moyens) d’appliquer ces derniers.
Il est tout à fait possible que l’État soit réellement devenu irréformable. En tout cas, comme jadis avec les cris d’orfraie des parlements devant toute tentative de réforme et le mépris de la noblesse de cour pour les revendications légitimes en faveur des plus nécessaires de ces réformes, nous observons les syndicats et l’extrême gauche hurler devant la moindre tentative de diminuer la dépense publique et les oligarques nous assènent leur idéologie visant à nous priver de toute propriété.
Il ne faudra pas s’étonner si tout cela finit une nouvelle fois en sanglante révolution.
Décidément, les leçons de l’histoire ne servent à rien et, du gouvernement des juges au refus des privilégiés d’écouter le peuple, Marianne V se prépare des lendemains aussi difficiles que Louis XVI !
La communauté chrétienne subit de plus en plus de persécutions selon le rapport « Persécutés et oubliés » publié par l’AED
S’appuyant sur des centaines de témoignages recueillis sur le terrain, le rapport « Persécutés et oubliés », publiée par l’AED le 22 octobre, évalue la situation dans 18 pays où les violations de la liberté religieuse à l’encontre des chrétiens sont particulièrement préoccupantes. L’étude, s’étendant du 1er août 2022 au 30 juin 2024, confirme que les chrétiens sont de plus en plus persécutés à travers le monde.
Insurrections islamistes en Afrique
Une partie du continent est en proie à la montée du djihadisme, notamment la région du Sahel –Burkina Faso, Mali, Niger, Nigeria – mais aussi le Mozambique. Des groupes terroristes tuent par milliers les civils de différentes religions. Si des musulmans et des animistes subissent aussi ces violences, les témoignages prouvent que les chrétiens sont particulièrement ciblés, surtout dans les régions où ils sont minoritaires.
Extinction au Moyen-Orient
Les populations chrétiennes de certains pays, comme l’Irak ou la Syrie, sont confrontées à une menace existentielle. En Syrie, les chrétiens ne sont plus que 250 000 aujourd’hui contre 1,5 millions en 2011. En Irak, ils sont actuellement moins de 200 000 soit environ 0,46 % de la population.
Asie : Personae non grata
Les chrétiens, minoritaires dans plusieurs pays asiatiques, sont souvent considérés comme des citoyens de seconde zone. En Inde ou au Pakistan, les attaques contre les chrétiens et les églises ne cessent d’augmenter ainsi que les enlèvements et les mariages forcés de jeunes filles chrétiennes. Les régimes autoritaires en Chine ou en Corée du Nord continuent quant à eux d’effacer toute trace de christianisme.
Amérique latine : harcèlement et expulsion
Le Nicaragua apparaît dans le rapport 2022-2024. Malgré une large majorité chrétienne dans le pays, le gouvernement Ortega multiplie les actes contre l’Église catholique, expulsant des dizaines de prêtres et fermant des centaines d’ONG chrétiennes.
Ouvrons les yeux sur la persécution des chrétiens
Par la diffusion de ce rapport, l’AED veut :
- alerter le grand public et les gouvernements sur la situation des chrétiens persécutés dans le monde, et la menace de leur extinction.
- témoigner que ces communautés veulent vivre librement leur foi et rester sur leurs terres ancestrales.
- soutenir financièrement ces chrétiens par des aides concrètes sur place.
« Pour l’AED, la nécessité d’agir en faveur des chrétiens persécutés est fondamentale. Nous devons être leur porte-parole sinon qui le fera ? N’ajoutons pas à leur détresse notre indifférence ! » Benoit de Blanpré, directeur de l’AED.
“J’ai reçu de nombreuses demandes d’euthanasie dans ma carrière de médecin. Toutes ont disparu dès que l’on apportait une réponse”
Alors que les débats sur le texte de loi sur l’euthanasie devraient reprendre au Palais-Bourbon en janvier, Philippe Juvin, député LR, maire de La Garenne-Colombes de 2001 à 2022 et chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou (Paris 15e), a été interrogé dans Famille chrétienne. Extraits :
Comment accueillez-vous la reprise du « dialogue » autour du projet de loi sur la fin de vie, annoncée par le Premier ministre Michel Barnier ?
Si c’était un dialogue, je l’accueillerais avec sérénité. Mais ce n’en est pas un. J’ai vécu la première étape des débats parlementaires avant la dissolution. C’était une offensive, à bien des égards, aveugle, qui forçait un texte dont les limites étaient sans cesse repoussées. Je crains que l’on ne reparte avec un tel état d’esprit.
Sur quels points le texte, tel qu’il pourrait arriver devant l’Assemblée nationale début 2025, vous inquiète-t-il ?
Tout d’abord, le fait qu’il n’y ait plus deux textes distincts – l’un sur les soins palliatifs et l’autre sur l’aide à mourir –, comme cela nous avait été promis, est un problème majeur. Le deuxième point, c’est que nous considérons que l’euthanasie et le suicide assisté ne sont pas des soins. Or, cela est compris comme tel par le député Olivier Falorni et les promoteurs de cette loi. J’ai reçu de nombreuses demandes d’euthanasie dans ma carrière de médecin. Toutes ont disparu dès que l’on apportait une réponse au patient ou à la famille. On sous-estime tout à fait la question sociale. Quand vous êtes pauvre ou seul, sans personne pour vous tenir la main, cela peut faire naître des envies de mort. Ma crainte, c’est que cette loi, conçue par des personnes bien portantes, qui n’ont jamais vu un mort et redoutent la déchéance – et qui n’en a pas peur ? – ne s’applique qu’aux plus modestes. C’est ce que l’on observe en Amérique du Nord. Nous craignons aussi que le champ d’application ne s’étende. Pour vous dire l’état d’esprit des débats dans l’Hémicycle : l’euthanasie des mineurs a failli être adoptée ! Le projet de loi concerne désormais des catégories de personnes qui décéderont «à moyen terme». Qu’est-ce que cela signifie ? En tant que médecin, je sais approximativement dire quand il reste quelques heures à vivre à un patient, éventuellement quelques jours. Mais quelques mois, on ne sait pas. […]
La création d’un « ordinariat traditionnel » aurait notamment pour but d’obtenir un évêque
Extrait d’une tribune du Frère Antoine-Marie de Araujo, Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, parue sur le site de L’Homme nouveau à propos de l’idée du père de Blignières concernant la création d’un « ordinariat traditionnel » en France, similaire à celui établi au Brésil pour l’Union Saint Jean-Marie Vianney et aux ordinariats personnels créés pour les anglicans souhaitant rejoindre l’Église catholique tout en conservant leurs traditions. Le Dr. Joseph Shaw, président d’Una Voce International, a réagi à cette proposition en exprimant la crainte que cet ordinariat ne confine la liturgie traditionnelle dans une sorte de réserve d’où elle ne pourrait sortir. Le Frère Antoine-Marie de Araujo souhaite ici dissiper quelques malentendus :
[…] Premièrement, l’ordinariat traditionnel proposé n’a pas pour fonction de remplacer, ni même d’englober les instituts (FSSP, ICRSP, IBP, etc.), paroisses ou communautés traditionnels qui célèbrent aujourd’hui l’ancien rite. Il n’est pas question de demander une structure dans laquelle devraient se ranger tous les catholiques traditionnels.
La création d’un ordinariat a spécialement pour but d’obtenir un évêque (ou plusieurs), auquel les fidèles puissent demander les sacrements selon l’ancien rite latin. Cependant l’ordinariat traditionnel n’aura pas l’exclusivité de ce rite ; il ne sera pas « au-dessus », mais en un sens « à côté » des instituts, communautés et paroisses.
Insistons sur ce point : ce projet ne limite pas l’usage de la liturgie ancienne à cet ordinariat. L’appartenance à la nouvelle structure sera libre, et l’on pourra être « tradi » en-dehors d’elle. Les évêques diocésains pourront continuer à traiter directement avec leurs fidèles traditionalistes, s’ils le souhaitent ; mais certains d’entre eux préféreront laisser ce soin à l’ordinariat. L’évêque à la tête de l’ordinariat fera appel aux instituts traditionnels selon les besoins. Lui-même pourra rendre des service ailleurs.
L’ordinariat n’a donc rien d’un système fermé, universel et obligatoire. Il fournit seulement un moyen supplémentaire pour garantir aux fidèles l’accès aux sacrements dans la forme qui convient à leur bien spirituel. Ce moyen s’ajouterait aux propositions existantes, fournissant au réseau traditionnel les pièces qui lui manquent : un évêque ayant mandat, et la possibilité d’ouvrir des lieux de culte après consultation de l’évêque du lieu. […]
Calqué sur un ordinariat militaire, l’« ordinariat traditionnel », par sa nature même, ne peut pas isoler les traditionalistes. Au contraire, parce qu’il leur procurerait un moyen supplémentaire d’obtenir l’assistance pastorale dont ils ont besoin, ces fidèles ne craindraient plus d’être acculés, car ils auraient un ou plusieurs évêques capables de les comprendre et de répondre à leurs demandes légitimes.
Loin d’être un « ghetto », l’ordinariat offrirait un instrument juridique souple et ouvert, adapté à la situation diversifiée des catholiques attachés aux pédagogies traditionnelles.
Neuvaine de la joie avec Claire de Castelbajac
Claire de Castelbajac disait : « J’ai du bonheur en trop, ça déborde. Voulez-vous que je vous en donne ? »
Ce qui la distingue, c’est sa vie ordinaire vécue de manière extraordinaire, bien qu’elle ait été brève. Après avoir étudié l’histoire de l’art et restauré des œuvres religieuses en Italie, elle est décédée subitement à 21 ans d’une méningite foudroyante. Pendant sa courte existence, elle a su vivre une relation intime avec Dieu au quotidien, en combinant une joie contagieuse avec une foi intense. Claire a marqué ceux qui l’ont connue par sa simplicité, son amour pour la beauté, et son engagement spirituel. Elle est aujourd’hui considérée comme un modèle de sainteté pour les jeunes et sa cause de béatification est actuellement instruite à Rome.
Hozana vous invite à la découvrir à travers cette « Neuvaine de la Joie » pour grandir dans la joie de Dieu !
Pour nos dirigeants, la politique de la famille se réduit aux allocations familiales
Extrait d’un entretien donné par Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la famille, dans Famille chrétienne :
[…] La famille est critiquée, caricaturée et attaquée par les uns, quand elle est ignorée, oubliée et méprisée par les autres. La déconstruction en cours génère une confusion croissante sur l’altérité des sexes, la procréation, la filiation, les générations, qui sont les fondements mêmes de la famille. Il en résulte une société marquée par la perte des repères, une grande instabilité, des violences diffuses, qui ne cessent de croître et touchent des enfants de plus en plus jeunes. La solitude, aussi, se développe, en parallèle de l’individualisme. Les objectifs du Syndicat sont donc d’agir contre la déconstruction anthropologique et sociétale, de faire entendre les voix et les besoins des familles, mais encore de développer et diffuser une vraie culture de la famille. C’est en effet la condition indispensable pour espérer une politique juste et efficace. Or, nos dirigeants ne font pas le lien entre la famille et le couple, la procréation, l’éducation, la solidarité. Pour eux, la politique de la famille, ce sont seulement les allocations familiales !
Quelles sont vos actions ?
Elles sont nombreuses, et souvent discrètes pour plus d’efficacité auprès des élus. Grâce à notre travail de veille, très pointu, nous décryptons les implications humaines, éthiques et juridiques des projets législatifs et politiques. Nous rencontrons tous les jours des élus – parlementaires, ministres ou conseillers ministériels – et institutionnels. Nous proposons une vision globale et argumentée, nous élaborons des propositions, des amendements… Nous sommes, par ailleurs, organisme consultatif auprès des Nations unies et accrédité auprès de l’Union européenne. […]
C’est pourquoi la défense de la famille est un principe non négociable : cellule de base de la société, son affaiblissement voire sa destruction ont des conséquences incalculables pour l’ensemble de la société.
Eliminer les tout-petits c’est leur credo
J’avais évoqué le rapport de la commission des affaires sociales du Sénat concernant l’accès à l’avortement. Le rapport est en ligne ici. En synthèse on n’y apprend rien de nouveau. Le recours à l’avortement a sensiblement augmenté en France depuis 1990 et cela ne semble pas émouvoir nos élus.
Par ailleurs, du fait des évolutions et parallèlement à la montée en charge de la technique médicamenteuse, la part des hôpitaux dans la réalisation des avortements a fortement diminué.
Concernant la clause de conscience des médecins, toujours dans le viseur, aucune donnée ne permet de mesurer précisément le nombre de refus opposés à des sollicitations de personnes souhaitant avoir recours à l’avortement. Aussi, le rapport évoque un récent sondage commandé à l’institut Ipsos par le Planning familial, qui indiquerait que 27 % des femmes interrogées ayant eu recours à l’avortement au cours des cinq dernières années ont été confrontées à un refus.
Parmi les mesures proposées par les sénateurs, aucune ne propose de se demander pourquoi le nombre d’avortements est en hausse constante, comment les éviter ou encore si les femmes ne préfèreraient pas garder leur enfant. Les seules pressions évoquées concerne celle des milieux pro-vie, mais surtout pas les pressions de l’entourage des femmes pour les forcer à avorter.
Ainsi, malgré la désertification médicale et la fermeture des maternités, le rapport propose de
Rendre systématique l’ouverture de centres périnataux de proximité susceptibles de maintenir localement une offre hospitalière d’IVG en cas de fermeture de services de gynécologie-obstétrique
Et comme il n’y a sans doute pas assez d’avortements, la rapport demande de
Conduire régulièrement des campagnes de communication grand public sur les modalités d’accès à l’IVG, sensibilisant les patientes au risque de désinformation en ligne.
L’évangélisation de rue avec les Missionnaires de la Miséricorde Divine
L’Église catholique consacre traditionnellement le mois d’octobre aux Missions. L’abbé Matthieu Bévillard, membre de la communauté des Missionnaires de la Miséricorde Divine, a été interrogé dans L’Homme Nouveau. Extrait :
Quelles ont été les principales initiatives réalisées par les Missionnaires de la Miséricorde Divine durant cette semaine ?
Nous n’avons pas modifié notre programme habituel pour cette semaine missionnaire, car nous sommes engagés toute l’année dans des actions d’évangélisation. Cependant, nous avons cherché à les concentrer davantage. Par exemple, nous avons organisé un chapelet public sur la place de l’église à Toulon, invitant les paroissiens ainsi que les passants à se joindre à nous. Nous avons distribué des chapelets et expliqué la prière du « Je vous salue Marie ». C’était une belle manifestation de notre foi.
De plus, nous avons mené des actions d’évangélisation de rue. Nous avons installé un stand sur la grande place, invitant les gens à entrer dans l’église, distribuant des évangiles et des images, et engageant la conversation avec eux. Ces initiatives ont été réalisées avec toute la paroisse et avec un groupe de jeunes étudiants.
Nous avons également proposé des adorations animées, laissant les portes de l’église grandes ouvertes et accueillant chaleureusement ceux qui souhaitaient prier. Bien que répondre aux objections et discuter de la foi soit important, nous croyons que c’est le Seigneur et le Saint-Esprit qui touchent les cœurs. Créer une rencontre et prier ensemble est essentiel pour ouvrir les âmes.
Qu’apporte la mission dans la vie d’un catholique ?
Nous nous sommes aperçus qu’il y a une immense joie dans la mission. Ce n’est pas juste une simple activité, on en ressort transformé. Bien sûr, on y va parfois avec appréhension, en se demandant comment on va être reçu. Mais finalement, parler de la foi est ce qu’il y a de plus beau et profond. Quand on arrive à le partager, et qu’on voit chez les gens un véritable désir, une soif, et parfois même une conversion, cela nous bouleverse.
Cela nous apprend aussi beaucoup sur nous-mêmes : on réalise qu’on n’est pas assez formés, qu’on ne prie pas assez, que notre relation avec le Seigneur pourrait être plus forte. Mais tout cela nous motive, avec une joie profonde de partager.
Nos différents groupes paroissiens – couples, jeunes – reçoivent systématiquement chaque année une proposition de mission. C’est un pilier essentiel pour structurer ces groupes et leur donner un élan missionnaire, afin de ne pas se refermer sur eux-mêmes. En cela on participer à la vie de l’Église. La mission est une des raisons d’être de l’Église.
Une synodalité à géométrie variable – Richard de Sèze
Conférence donnée en ouverture des 3e Assises de la Tradition organisée par Renaissance Catholique et six associations à Paris : La Tradition, remède à la déchristianisation.
Vers une extension de l’euthanasie en Belgique et une légalisation en Irlande
En Belgique, la commission Santé de la Chambre des Représentants a décidé d’organiser cette année « des auditions concernant de possibles modifications de la législation sur l’euthanasie ». Ces modifications concerneraient l’euthanasie des personnes atteintes de démence. Actuellement, ces personnes peuvent demander et obtenir l’euthanasie, uniquement quand elles sont encore capables d’exprimer leur volonté de manière « consciente et éclairée ». Obtenir une euthanasie sur la base d’une « déclaration anticipée » est seulement autorisé en cas de « coma irréversible » ou d’« état neurovégétatif persistant ». L’objectif de certains législateurs est d’étendre cette possibilité aux patients « encore conscients mais devenus incapables d’exprimer leur volonté », comme ceux souffrant de « démence à un stade avancé ».
En Irlande, le rapport sur la « mort assistée » a été voté par 76 voix contre 53, après que les trois partis de la coalition ont autorisé un « vote libre ou en conscience ». Ce rapport de la commission mixte de l’Oireachtas sur l’euthanasie a été publié au mois de mars, au terme six mois de travail au cours desquels « plus de 70 témoins » ont été auditionnés. Il contient 38 recommandations et est favorable à la légalisation de l’euthanasie dans certaines circonstances.
Au Pays de Galles, les membres du Parlement, dont le Premier ministre Eluned Morgan et le ministre de la Santé Jeremy Miles, ont rejeté une motion visant à demander une nouvelle loi autorisant l’« aide à mourir » au Pays de Galles et en Angleterre. La motion rejetée proposait que les adultes souffrant de façon « intolérable » d’une maladie physique incurable soient autorisés à recourir à l’euthanasie, moyennant la mise en place de « garanties solides ». 19 membres ont voté en faveur de la motion, 26 contre et 9 se sont abstenus. Toutefois, le pouvoir de modifier la loi appartient aux députés de Westminster, qui débattront et voteront le mois prochain sur les propositions de loi visant à autoriser le suicide assisté au Royaume-Uni. De son côté, le secrétaire d’Etat à la santé britannique, Wes Streeting, a indiqué qu’il voterait contre la légalisation du suicide assisté, « en raison des craintes liées à la coercition et au sentiment d’un “devoir de mourir” ». Il a en outre fait part de son inquiétude quant au fait que les soins palliatifs ne sont pas suffisamment développés pour « donner aux gens un véritable choix ».
Ce que nous dit l’affaire du député Andy Kerbrat, arrêté avec de la drogue
Que bon nombre de députés LFI soient des voyous, ce n’est une surprise pour personne. Ainsi, le député LFI de Loire-Atlantique Andy Kerbrat a reconnu mardi avoir été pris en flagrant délit d’achat de stupéfiants. Contrôlé le 17 octobre “en possession de stupéfiants”, les policiers ont trouvé 1,35 g de 3-MMC, une drogue de synthèse, sur M. Kerbrat.
Andy Kerbrat n’a pas été mis en garde en vue mais entendu le lendemain au commissariat en audition libre. Le député LFI a précisé aux enquêteurs avoir acheté cette drogue dans l’objectif d’une soirée chemsex. Cette pratique consiste à prendre de la drogue lors de rapports sexuels. Problème, l’élu insoumis a signé une pétition, le même jour que son interpellation, appelant le gouvernement à agir contre ce phénomène.
“Nous, citoyens et citoyennes exprimons notre vive inquiétude face au phénomène grandissant du chemsex. À travers ce manifeste, nous interpellons le nouveau gouvernement, et notamment son Premier Ministre, pour qu’il prenne des mesures urgentes et spécifiques à ce groupe de consommateurs, afin de répondre à cette crise et d’améliorer la santé globale des personnes concernées”.
« Je pense que vous ne connaissez pas mes combats contre les plaques tournantes de la drogue. »
Vous ne rêvez pas, c’est bien ce même député #LFI, Andy #Kerbrat, qui hier, s’est fait attraper en flagrant délit d’achat de drogue après d’un dealer mineur. #Hypocrite pic.twitter.com/8JLaRRHQsX
— Robin Ratto (@Robin_Ratto) October 22, 2024
Voyou et hypocrite, c’est intéressant, mais ce n’est sans doute pas le plus significatif. Ni que le revendeur de drogue n’avait que 14 ans.
Non, ce qui est emblématique dans cette affaire, c’est que la gauche ne se désolidarise pas de cet élu. Elle soutient le pire des siens, comme elle a soutenu un fiché S.
A contrario la droite et le RN larguent les leurs pour un rien, souvent suite à un propos maladroit ou à un article publié dans un média de gauche. La diabolisation est le fait du diabolisateur pas du diabolisé.
Les députés Sandrine Rousseau et Sophia Chikirou pleurent ainsi sur le sort de leur député, Andy Kerbrat, cet “homme qui beaucoup souffert” et qui méritent de la compassion…
Fin prévisible
Le curé “Tiktok”, que nous avions évoqué notamment ici, vient de faire savoir qu’il défroquait. C’était hélas prévisible, au vu de la distance entre ses convictions et la foi de l’Eglise. Ce qui est plus étonnant c’est qu’il ait pu être ordonné prêtre. On apprend en effet que les autorités du séminaire avaient donné un avis défavorable, demandant dans un premier avis,
« une prolongation de son diaconat […] pour permettre une étude psychologique approfondie. Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est une explosion que nous avions malheureusement anticipée, sans réussir à convaincre l’évêque censé l’ordonner. »
Cette même source évoque une personne qui a le goût de la « provocation » avec « un énorme besoin de reconnaissance » qui avait « un rapport difficile à l’autorité ».
Electron libre, le profil du père Matthieu Jasseron, avait déjà suscité des doutes sérieux avant son ordination. Les responsables du séminaire d’Orléans où il fut formé avaient alerté son évêque, à l’époque Mgr Hervé Giraud, sur un profil psychologique inadéquat pour le ministère sacerdotal…
Et à côté de cela, certains séminaristes, au profil plus classique, ont toutes les peines à pouvoir être ordonnés. Il y a tout de même quelque chose qui ne tourne pas rond.
“Une droiche de l’impôt et du progressisme sociétal”
De Philippe de Villiers dans le JD News :
La peur d’être accusé de conduire un gouvernement Manif pour tous l’a emporté sur toute autre considération. Le nouveau Premier ministre a rendu les armes. Il est allé à France 2 pour y confier « sa conviction intime » sur l’euthanasie et entend raccorder son projet de loi avec les travaux de la précédente mandature. L’air guilleret, on reprend le grand-œuvre. Le serment d’Hippocrate aura duré vingt cinq siècles. Voici que vient vers nous une nouvelle droite. Une droiche de l’impôt et du progressisme sociétal. La gauche est au balcon. Par un léger mouvement de recul, elle salue avec componction.
Dès l’installation de Michel Barnier à Matignon, j’ai pensé que la loi sur l’euthanasie serait une sorte de test au carbone 14, révélateur de la rupture ou de la continuité du nouveau gouvernement. Michel Barnier a rejoint la Macronie sémantique. On appelle « loi de fraternité » l’acte de tuer son prochain ; « aide active à mourir » le geste de l’euthanasie ; « mourir dans la dignité » le suicide assisté par un soignant ; « prolongement du soin » le meurtre. Nous sommes dans la société de l’esquive, où tout le monde apprend à mentir.
On ment par omission : tous les pays qui ont légalisé l’euthanasie sont pris dans les dérives de délires mortifères. Pourquoi est-ce un bouleversement anthropologique inouï ? Parce qu’il n’est pas conforme à la nature de confier à la médecine et aux soignants le soin d’administrer la mort. Et parce que c’est un changement majeur des repères de la vie commune.
Emmanuel Macron a forgé un oxymore, en osant parler de « fraternité ». La fraternité, c’est quand on sauve, pas quand on tue et qu’on ôte la vie.
Une société qui relativise l’acte de tuer est une société tribale. Une société complaisante à l’égard du suicide est une société suicidaire qui se suicide elle-même. L’indécence, c’est l’affirmation que cette loi prévoit des « conditions strictes ». On connaît la musique. La loi Veil était très restrictive et la digue a lâché. Dans les pays où l’euthanasie est légale – la Hollande, la Belgique – on pratique l’euthanasie d’enfants ; le Canada a abattu toutes les digues.
Cette loi va provoquer une triple rupture de confiance : avec les soignants, avec les proches, avec l’institution. On a recherché et imposé une sémantique de contournement. Pour ne pas avoir à affronter la vérité des horreurs à venir.
Un député, militant du suicide assisté, a avoué récemment que les partisans de l’euthanasie ne souhaitent pas utiliser cette « désignation trop chargée ». Sic. « Trop chargée » ? Oui… Trop chargée de souvenirs. Car, historiquement, elle rappelle son association avec un autre mot, l’eugénisme. L’élimination des êtres humains, par la médecine, a été un des titres de gloire du nazisme.
La loi du 14 juillet 1933 a prévu « l’aide active à mourir » et la prévention de toute descendance atteinte de maladie héréditaire. On sélectionne l’humanité à naître et à survivre. L’Allemagne nazie reste la référence d’une grande politique de l’eugénisme qui élimine les vieux et les enfants handicapés qui ont « un p’tit truc en plus ».
Ce qu’on nous présente comme un progrès l’était déjà pour Hitler en 1933. Tout un peuple l’a suivi. La sélection eugéniste nous entraîne sur le chemin de toutes les dérives, au nom du vieillard parfait et de l’enfant parfait. La marée montante de la culture de mort sape les fondements d’une société civilisée. On n’y reconnaît plus la loi morale objective, celle du Décalogue qui, en tant que loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme, était une référence normative infranchissable pour la loi civile.
Le sens du Bien et du Mal a été relativisé, puis inversé ; j’oserais dire : inverti. On a perdu le goût du Beau, du Vrai et du Bien. L’addition est lourde et on la paiera cher si on est encore là pour la payer.
I-Média – Kamala Harris : le naufrage médiatique ?
Cette semaine dans “I-Média”, Michel Geoffroy et Lucas Chancerelle reviennent dans l’image de la semaine sur la vieille France qui progressivement disparaît avec les boulistes qui ont été expulsés par la police à Montmartre !
Le dossier du jour est consacré au traitement médiatique de la présidentielle américaine avec Kamala Harris en difficulté lors de ses interviews et Trump qui prend de l’avance !
Les pastilles de l’info abordent :
1) Mort de Yahya Sinouar : le deux poids deux mesures ?
2) “Violences routières” : la récupération permise ?
3) Non à l’UE en Moldavie : attaque contre la démocratie ?
4) Le livre de Jordan Bardella et la censure de l’extrême gauche
5) Des Nord-Coréens dans l’armée russe ?
Pour conclure, le portrait piquant du jour en partenariat avec l’OJIM est consacré à Yves Calvi, un journaliste avec un gros appétit médiatique !
Euthanasie contre immigration, la réalité brutale de la dernière combinaison politicienne
Dénoncée par l’avocat Erwan Le Morhedec, dans La Croix :
[…] Euthanasie contre immigration, c’est en effet la réalité brutale de la dernière combinaison politicienne : j’abandonne les vieux si tu largues les étrangers, je renie les migrants si tu lâches les malades. Le compromis ne coûte pas cher : on entend mal la voix des plus faibles depuis les lieux de relégation qu’on leur réserve et, dans un cas comme dans l’autre, l’acquiescement indolent de l’opinion publique apaisera le trouble déjà léger des consciences.
À deux reprises ces jours-ci, la presse a rapporté l’un de ces marchandages misérables qui font désespérer de l’éthique même de la politique française, de nos hommes et femmes politiques. Auprès d’Europe 1, un proche de Michel Barnier évoque la loi sur la fin de vie comme une « contrepartie pour pouvoir avancer sur les dossiers liés à l’immigration ». Le Journal du Dimanche rapporte de son côté le propos d’un député macroniste :
« Barnier n’avait aucune obligation d’aborder la question de la fin de vie dans son discours de politique générale. S’il l’a fait, c’est pour faciliter l’adoption d’une loi sur l’immigration ».
Le voilà « personnellement favorable » à l’euthanasie, favorable à ce que la discussion parlementaire reprenne là où elle a été arrêtée, favorable à ce que soient repris les amendements qui ont poussé plus loin encore la dérive engagée par un texte gouvernemental déjà marqué par une permissivité rare. Le tout pour l’action d’un ministre que l’on peut penser sincèrement opposé à ce texte.
Bruno Retailleau avait les mots les plus clairs contre ce projet de loi, dans une interview donnée au Point le 23 mai dernier :
« Ce qui s’est passé à l’Assemblée est très grave (…). Tous les cadres ont sauté. Je ne suis pas surpris. J’ai toujours dit que l’encadrement de “l’aide à mourir” était illusoire.»
Et c’est une évidence : nous aurons des suicides induits, des euthanasies de résignation, si le texte passe. Devenu ministre, Bruno Retailleau s’est-il résigné à les mettre dans la balance : une euthanasie pour une expulsion ? Peut-on abandonner nos vieux, ceux qui s’effacent pour n’être un poids pour personne, dans une ultime soumission à notre civilisation dégradée, pour mettre son nom sur une nouvelle loi immigration ?
Et pour quel effet que l’empilement des précédentes n’a toujours pas permis d’atteindre ? L’unique mesure concrète aujourd’hui avancée porte sur l’allongement de la durée de rétention des étrangers sous obligation de quitter le territoire (OQTF), censée favoriser la mise à exécution des mesures d’expulsion. Alors que la durée moyenne de rétention en France était de 28,5 jours en 2023, il est douteux que cet allongement n’ait d’autre effet qu’un effet d’annonce. […]
Découverte de la plus ancienne église d’Arménie
Le site de l’université de Münster, en Allemagne a publié un article le 11 octobre 2024, faisant état de la découverte par une équipe conjointe d’archéologues de l’Académie nationale des sciences d’Arménie et de l’université de Münster, des vestiges d’une église paléochrétienne inconnue jusqu’à présent dans l’ancienne ville d’Artaxate.
Artaxate est une ancienne capitale du Royaume d’Arménie, située à l’emplacement de l’actuel village de Lusarat, tout proche de la frontière actuelle avec la Turquie. L’équipe de recherche arméno-allemande explore la métropole hellénistique d’Artaxate dans la plaine d’Ararat depuis 2018. L’édifice découvert « consiste en un bâtiment octogonal avec des extensions cruciformes », notent les archéologues, d’un diamètre d’environ 30 mètres. Le Pr Achim Lichtenberger de l’université de Münster se réjouit :
« Le bâtiment du IVe siècle est la plus ancienne église archéologiquement documentée du pays – une preuve sensationnelle du début du christianisme en Arménie ».
Le Dr Mkrtich H. Zardaryan, de l’Académie nationale des sciences d’Arménie précise que
« les églises octogonales étaient inconnues ici jusqu’à présent, mais nous les connaissons bien dans la région de la Méditerranée orientale, où elles sont apparues pour la première fois au IVe siècle après J.-C. ».
La découverte correspond aux édifices commémoratifs du début du christianisme.
Des vestiges de plates-formes en bois ont été datées par radiocarbone du milieu du IVe siècle. Le bâtiment avait un sol en mortier et des tuiles en terre cuite. Des découvertes de marbre indiquent qu’il était richement décoré avec ce matériau importé de la Méditerranée. L’équipe poursuivra ses fouilles et espère faire de nouvelles découvertes, notamment à qui l’église était dédiée.
L’article rappelle que, selon la tradition, le roi arménien Tiridate III a été converti au christianisme par saint Grégoire l’Illuminateur, à Artaxate en 301 après J.-C., faisant de l’Arménie le premier Etat chrétien du monde. Le monastère médiéval de Khor Virap dominé par le mont Ararat, situé à côté de l’église récemment découverte, rappelle cette tradition. Artaxate – Artachat aujourd’hui – a été capitale du Royaume d’Arménie, gouverné par les dynasties des Artaxiades et des Arsacides. La ville est devenue une importante métropole à l’époque hellénistique et a été capitale pendant près de six siècles.
“Cette image du cœur nous parle de chair humaine, de terre, et donc aussi de Dieu qui a voulu entrer dans notre condition historique”
Extrait de l’encyclique du pape François sur l’amour humain et divin du Coeur de Jésus-Christ :
48. La dévotion au Cœur du Christ n’est pas le culte d’un organe séparé de la personne de Jésus. Nous contemplons et adorons Jésus-Christ tout entier, le Fils de Dieu fait homme, représenté dans une image où son cœur est mis en évidence. Le cœur de chair est considéré comme l’image ou le signe privilégié du centre le plus intime du Fils incarné et de son amour à la fois divin et humain car, plus que tout autre membre de son corps, il est « signe ou symbole naturel de son immense charité ». [28]
L’adoration du Christ
49. Il est indispensable de souligner que nous sommes dans une relation d’amitié et d’adoration avec la personne du Christ, attirés par son amour représenté par l’image de son Cœur. Nous vénérons cette image qui le représente, mais l’adoration ne s’adresse qu’au Christ vivant, dans sa divinité et dans toute son humanité, afin de nous laisser étreindre par son amour humain et divin.
50. Au-delà de l’image utilisée, il est certain que le Cœur vivant du Christ – jamais une image – est objet d’adoration car il fait partie de son Corps très saint et ressuscité, inséparable du Fils de Dieu qui l’a assumé pour toujours. Il est adoré en tant que « Cœur de la personne du Verbe auquel il est inséparablement uni ». [29] Nous ne l’adorons pas isolément mais dans la mesure où, avec ce Cœur, c’est le Fils incarné lui-même qui vit, aime et reçoit notre amour. Par conséquent, tout acte d’amour ou d’adoration envers son Cœur « s’adresse en réalité au Christ Lui-même », [30] puisqu’il renvoie spontanément à Lui et qu’il est « le symbole et l’image expresse de l’amour infini de Jésus-Christ ». [31]
51. C’est pourquoi personne ne doit penser que cette dévotion pourrait nous séparer ou nous éloigner de Jésus-Christ et de son amour. De manière spontanée et directe, elle nous oriente vers Lui, et vers Lui seul, qui nous appelle à une précieuse amitié faite de dialogue, d’affection, de confiance et d’adoration. Ce Christ au cœur transpercé et brûlant est le même qui est né à Bethléem par amour, qui a parcouru la Galilée en guérissant, en caressant, en répandant la miséricorde, le même qui nous a aimés jusqu’au bout en ouvrant les bras sur la croix. Enfin, c’est le même qui est ressuscité et qui vit glorieusement au milieu de nous.
La vénération de son image
52. Il faut noter que l’image du Christ avec son cœur, même si elle n’est en aucun cas objet d’adoration, n’est pas pour autant une image parmi d’autres que nous pourrions choisir. Elle n’a pas été inventée dans un bureau ni dessinée par un artiste. « Elle n’est pas un symbole imaginaire, elle est un symbole réel qui représente le centre, la source d’où a jailli le salut de l’humanité tout entière ». [32]
53. Une expérience humaine universelle rend cette image unique. Il est en effet incontestable qu’au cours de l’histoire et dans diverses parties du monde, le cœur est devenu le symbole de l’intimité la plus personnelle, ainsi que de l’affection, des émotions et de la capacité d’aimer. Au-delà de toute explication scientifique, une main posée sur le cœur d’un ami exprime une affection particulière ; lorsqu’une personne tombe amoureuse et qu’elle est proche de l’être aimé, les battements de son cœur s’accélèrent ; lorsqu’une personne souffre d’abandon ou de tromperie de la part d’un être aimé, elle ressent une forte oppression au niveau du cœur. Pour exprimer qu’une chose est sincère et vient vraiment du centre de la personne, on dit : “Je te le dis du fond du cœur”. Le langage poétique ne peut ignorer la puissance de ces expériences. C’est pourquoi le cœur a acquis incontestablement au cours de l’histoire une force symbolique unique qui n’est pas seulement conventionnelle.
54. Il est donc compréhensible que l’Église ait choisi l’image du cœur pour représenter l’amour humain et divin de Jésus-Christ et le centre le plus intime de sa personne. Si l’image d’un cœur avec des flammes de feu est un symbole éloquent nous rappelant l’amour de Jésus-Christ, il convient cependant que ce cœur fasse partie d’une représentation de Lui. Son appel à une relation personnelle de rencontre et de dialogue est de cette manière plus significatif. [33] L’image vénérée du Christ, de laquelle se détache son cœur aimant, inclut un regard qui nous appelle à la rencontre, au dialogue et à la confiance ; des mains fortes, capables de nous soutenir ; une bouche qui nous adresse la parole d’une manière unique et très personnelle.
55. Le cœur a la particularité d’être perçu non pas comme un organe séparé mais comme un centre intime unificateur et donc comme expression de la totalité de la personne, ce qui n’est pas le cas des autres organes du corps humain. Puisqu’il est le centre intime de la totalité de la personne, et donc une partie représentant le tout, il serait facile de le dénaturer en le contemplant séparément de la figure du Seigneur. L’image du cœur doit nous renvoyer à la totalité de Jésus-Christ en son centre unificateur et, simultanément à partir de ce centre unificateur, elle nous doit nous amener à contempler le Christ dans toute la beauté et la richesse de son humanité et de sa divinité.
56. Cela va au-delà de l’attrait qu’exercent les diverses images qui ont été faites du Cœur du Christ. On ne doit pas, en effet, « mettre notre confiance dans des images ou leur demander quelque chose, comme le faisaient autrefois les païens », mais, « à travers les images que nous baisons, devant lesquelles nous nous découvrons et nous prosternons, c’est le Christ que nous adorons ». [34]
57. Par ailleurs, nous pouvons trouver certaines de ces images peu attrayantes et invitant peu à l’amour et à la prière. Cela est secondaire car l’image n’est rien d’autre qu’une figure incitative et, comme diraient les Orientaux, nous ne devons pas en rester au doigt qui montre la lune. Bien que bénie, il ne s’agit ici que d’une image nous invitant à aller au-delà, nous incitant à élever notre cœur jusqu’à celui du Christ vivant, et à l’unir à lui ; alors que l’Eucharistie est présence réelle devant être adorée. L’image vénérée convoque, indique et porte, afin de nous faire passer du temps dans la rencontre avec le Christ et dans son adoration, comme il nous semble le mieux de l’imaginer. En regardant l’image, nous nous mettons face au Christ et, devant Lui, « l’amour se fixe, contemple le mystère, en profite en silence ». [35]
58. Cela dit, nous ne devons pas oublier que cette image du cœur nous parle de chair humaine, de terre, et donc aussi de Dieu qui a voulu entrer dans notre condition historique, devenir histoire et partager notre cheminement terrestre. Une forme de dévotion plus abstraite ou stylisée ne sera pas nécessairement plus fidèle à l’Évangile, car la manière dont Dieu a voulu se révéler et se faire proche de nous se manifeste dans ce signe sensible et accessible.
Un amour sensible
59. Amour et cœur ne sont pas nécessairement reliés, car la haine, l’indifférence, l’égoïsme peuvent régner dans un cœur humain. Mais nous n’atteignons pas notre pleine humanité si nous ne sortons pas de nous-mêmes ; et nous ne devenons pas pleinement nous-mêmes si nous n’aimons pas. Le centre le plus intime de notre personne, créé pour l’amour, ne réalise le projet de Dieu que lorsqu’il aime. C’est pourquoi le symbole du cœur symbolise en même temps l’amour.
60. Le Fils éternel de Dieu, qui me transcende infiniment, a aussi voulu m’aimer avec un cœur humain. Ses sentiments humains deviennent le sacrement d’un amour infini et définitif. Son cœur n’est donc pas un symbole physique qui n’exprimerait qu’une réalité purement spirituelle ou séparée de la matière. Un regard tourné vers le Cœur du Seigneur contemple une réalité physique, sa chair humaine qui permet au Christ d’avoir des émotions et des sentiments bien humains, comme nous, quoi qu’entièrement transformés par son amour divin. La dévotion doit atteindre l’amour infini de la personne du Fils de Dieu, mais nous devons dire que cet amour est inséparable de son amour humain, et nous sommes aidés en cela par l’image de son cœur de chair.
61. Si aujourd’hui encore le cœur est perçu dans le sentiment populaire comme le centre affectif de tout être humain, c’est lui qui peut le mieux signifier l’amour divin du Christ uni pour toujours et inséparablement à son amour humain. Pie XII rappelait déjà que la Parole de Dieu, « qui décrit les dispositions du Cœur de Jésus-Christ, ne rend pas seulement compte de la charité divine mais aussi des sentiments d’affection humaine […]. Les battements du Cœur de Jésus-Christ, uni hypostatiquement à la divine personne du Verbe, ont sans aucun doute été inspirés par l’amour et par toutes les autres affections sensibles ». [36]
62. Chez les Pères de l’Église, contrairement à d’autres qui niaient ou relativisaient la véritable humanité du Christ, nous trouvons une forte affirmation de la réalité concrète et tangible des affections humaines du Seigneur. Ainsi, saint Basile souligne que l’incarnation n’est pas une chose imaginaire mais que « le Seigneur a pris sur Lui les passions de la nature ». [37] Saint Jean Chrysostome propose un exemple : « S’Il n’avait pas eu notre nature, Il n’aurait jamais été en proie à la douleur ». [38] Saint Ambroise affirme : « Puisqu’Il a pris une âme, Il a pris les passions de l’âme ». [39] Et saint Augustin présente les affections humaines comme une réalité qui, une fois assumée par le Christ, n’est plus étrangère à la vie de la grâce : « Ce qui affecte la faiblesse humaine, comme la chair même de l’humaine faiblesse ainsi que la mort de la chair humaine, le Seigneur Jésus l’a pris non par une nécessité de sa condition, mais par sa volonté de miséricorde […] afin que, s’il arrive à quelqu’un d’être affligé et de souffrir au milieux des tentations humaines, il ne se croie pas pour autant étranger à sa grâce ». [40] Enfin, saint Jean Damascène considère l’expérience affective réelle du Christ dans son humanité comme un signe qu’Il a assumé notre nature dans sa totalité et non partiellement, afin de la racheter et de la transformer entièrement. Le Christ a donc assumé tous les éléments qui composent la nature humaine, afin que tous soient sanctifiés. [41]
63. Il vaut la peine d’inclure ici la réflexion d’un théologien qui reconnaît qu’ « en raison de l’influence de la pensée grecque, la théologie a longtemps relégué le corps et les sentiments dans le monde du pré-humain, du sous-humain ou tentateur du véritable humain. Mais ce que la théologie n’a pas résolu en théorie a été résolu dans la pratique par la spiritualité. Celle-ci et la religiosité populaire ont maintenu vivante la relation avec les aspects somatiques, psychologiques et historiques de Jésus. Les Chemins de Croix, la dévotion aux plaies, la spiritualité du précieux sang, la dévotion au Cœur de Jésus, les pratiques eucharistiques […]. Tout cela a suppléé aux lacunes de la théologie en nourrissant l’imagination et le cœur, l’amour et la tendresse pour le Christ, l’espérance et la mémoire, le désir et la nostalgie. La raison et la logique ont pris d’autres chemins ». [42]
Un avortement qui les a “beaucoup abîmés”
L’ancien directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, et son ex-compagne, Anissa Bonnefont, ont fait face au tribunal jeudi 24 octobre, pour des violences conjugales dont ils s’accusent mutuellement. Ils sont l’un et l’autre poursuivis comme auteur et potentielle victime.
Pendant de longues heures, les deux prévenus ont détaillé tour à tour un quotidien de couple ponctué de disputes “quasi-quotidiennes” qui pouvaient durer “jusqu’à douze heures”, les tromperies supposées de Mathias Vicherat “avec une femme mariée” et les séjours en service de psychiatrie.
On apprend ainsi qu’un avortement les a “beaucoup abîmés”.
Faudra-t-il poursuivre les promoteurs de l’avortement qui ne préviennent jamais qu’un avortement est susceptible de détruire un couple (au-delà d’une vie qui a été tuée) ?
Rendre payant l’accès à Notre-Dame de Paris ? Pour Mgr Rey, c’est non
Alors que Rachida Dati propose de rendre payante (5€) l’entrée des touristes dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, voici la réaction de Monseigneur Dominique Rey, qui rappelle que la gratuité de ces édifices sacrés incarne l’universalité de l’Église et de l’Évangile :
L’Etat a spolié les biens de l’Eglise à deux reprises, une première fois sous la Révolution et une seconde fois en 1905. Ce faisant il est désormais responsable de leur entretien (l’Etat pour les cathédrales, les communes pour les églises). Seules les églises construites après 1905 appartiennent à l’Eglise. Aujourd’hui, incapable d’assumer ses obligations, l’Etat ressort l’idée de faire payer les nombreux touristes qui entrent chaque année dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette idée est un marronnier que l’on voit fleurir régulièrement (même à Rome l’idée a effleuré les autorités ecclésiales de faire payer l’entrée dans la Basilique Saint-Pierre…).
Il existe pourtant une solution qui devrait pouvoir convenir, en traçant un chemin de visite qui se termine par le passage au sein d’une boutique de souvenirs, ce qui devrait inciter les touristes à y dépenser leur argent après avoir traversé l’édifice.
Un mois avec les âmes du purgatoire – Petite histoire….
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Il est un petit livret qui vous propose de passer un mois avec les âmes du Purgatoire…
Tout a commencé par une mort tragique. Une jeune maman, mère de quatre enfants, décède dans un accident de voiture. Sa soeur pleurait sa disparition. Elle pensait au vide qu’elle laissait, mais aussi et surtout, étant fervente, elle songeait à son âme ! Oui, où est son âme ? En paradis ? c’est difficile à imaginer. En enfer ? non, elle était trop généreuse. En purgatoire alors ?
Mais du Purgatoire, on n’en parle plus. Existe-t-il vraiment ? Si oui, que se passe-t-il dans ce Lieu ?
C’est ainsi que d’églises en librairies, de recherches en recherches, elle finit par dénicher un petit livre sur le Purgatoire dans le grenier d’un ami !
Ce livre, de l’abbé Berlioux, datait de 1880 et n’avait jamais été ouvert – ses pages n’étaient pas découpées ! Mais, bien qu’un peu vieilli, il a tellement plu à sa lectrice qu’elle a souhaité le faire réimprimer auprès d’une Maison d’Editions : « Impossible ; le purgatoire, ça ne se vend plus actuellement !» lui a-t-on répondu avec un petit sourire.
Il restait à demander à « l’Etoile Notre Dame » maison d’éditions qui parlait souvent du purgatoire dans ses bulletins. Celle-ci a accepté sans hésitation après avoir rajeuni certaines expressions courantes au XIX° siècle !
On sait bien dans le monde chrétien, que la prière des vivants est utile aux morts, mais on ne sait pas assez que les suffrages pour les morts sont utiles aux vivants. Oui, la puissance et la gratitude des saintes âmes du purgatoire sont trop peu connues et appréciées, et l’on ne se préoccupe pas assez de recourir à leur intercession. Et pourtant, leur crédit est si grand que si l’expérience de chaque jour n’était là pour en rendre témoignage, à peine pourrait-on le croire. A la vérité, ces âmes bénies ne peuvent plus gagner de mérites, mais elles ont la faculté de faire valoir leurs mérites antérieurs en notre faveur. Elles ne peuvent rien obtenir pour elles -même mais les prières qu’elles font pour nous et les souffrances qu’elles endurent touchent vivement le Cœur de Dieu. Et si elles peuvent déjà nous être grandement utiles pendant qu’elles sont dans le lieu de l’expiation, que ne feront-elles pas pour nous lorsqu’elles seront au Ciel ! Comme elles seront reconnaissantes envers leurs bienfaiteurs !
Aussi, le plus grand nombre des théologiens, entre autres les saints Liguori, Bellarmin, … enseignent que l’on peut légitimement et très utilement invoquer les âmes du purgatoire, pour obtenir de Dieu les grâces et les faveurs dont on a besoin, soit pour l’âme, soit pour le corps. Sainte Thérèse avait coutume de dire que tout ce qu’elle demandait à Dieu par l’intermédiaire des fidèles trépassés, elle l’obtenait. « Quand je veux obtenir sûrement une grâce, disait Sainte Catherine de Bologne, j’ai recours à ces âmes souffrantes, afin qu’elles présentent ma requête au Seigneur, et la grâce est toujours accordée. » Elle assurait même qu’elle avait reçu par leur entremise bien des faveurs qui ne lui avaient pas été accordées par l’intercession des Saints.
Il y a notamment certaines faveurs temporelles qui semblent être plus particulièrement réservées à ces âmes : la guérison d’une maladie grave, la préservation d’un danger physique, moral ou spirituel, le mariage et l’entente dans les foyers, trouver un travail… Dieu, sachant combien les hommes attachent de prix à ces biens de second ordre, les a mis, pour ainsi dire, à la disposition des âmes souffrantes, afin de nous inciter par là à leur procurer les plus abondants suffrages.
Il y a donc tout à gagner pour nous à échanger ainsi nos prières contre celles de nos frères les morts. Admirable don de la Providence et mystère de la Communion des Saints ! En même temps que nous les soulageons par nos prières et que nous les délivrons du purgatoire, ils offrent à Dieu pour nous, leurs mérites acquis sur la terre et nous recevons ainsi, des bénédictions spirituelles et temporelles. Que d’avantages, que de consolations de toutes sortes dans la pratique de la charité chrétienne à l’égard des membres de l’Eglise souffrante !
Connaître les âmes du purgatoire, les délivrer, les prier : voilà les trois raisons de ce livret. Qui pourrait affirmer qu’il n’y a personne de sa famille ou de ses proches au purgatoire ?
Plus de renseignements et commandes sur LIVRES EN FAMILLE
https://www.livresenfamille.fr/liturgie-prieres/7223-abbe-martin-berlioux-un-mois-avec-nos-amies-les-ames-du-purgatoire.html
Un mois avec les âmes du Purgatoire, Abbé Berlioux, Etoile Notre-Dame, 3€
La Renaissance aura été un changement de paradigme qui imposa la primauté de l’homme sur son Créateur
Extrait d’un article d’Anne Bernet dans France catholique :
L’enthousiasme des historiens laïcs à l’égard de la Renaissance devrait éveiller chez les catholiques une certaine méfiance, tout comme, d’ailleurs, cette appellation de Renaissance, tardivement apparue sous la plume de l’historien et peintre Giorgio Vasari (1511-1574), dans un strict contexte artistique de retour aux techniques des maîtres antiques, mais dévoyée par la suite.
S’il y eut renaissance, il faut bien, en effet, qu’il y ait eu mort et qu’un printemps prometteur ait succédé à un trop long hiver, « arrachement au tombeau de la nuit médiévale » (Daniel-Rops). Autrement dit, une rupture assumée et définitive avec ce Moyen Âge qui vit naître et grandir la chrétienté, univers mental, politique et social où tout tournait autour de Dieu.
Malgré ses splendides réalisations, ses génies, ses chefs-d’œuvre, la Renaissance aura donc été d’abord un changement de paradigme qui imposa la primauté de l’homme sur son Créateur.
Tout cela ne s’est pas fait en un jour, n’en déplaise aux simplificateurs et la crise polymorphe qui aboutit, au XIVe siècle en Italie, au XVe siècle en France, à cette véritable révolution intellectuelle et morale vient de loin.
Peste, guerres et crises
Faut-il l’attribuer à la peste noire qui, en cinq ans (1347-1352), tue entre 30 et 60 % de la population européenne et provoque un vide démographique impossible à combler, brisant ainsi l’élan vital ? À la guerre de Cent Ans ? À une crise de l’autorité qui atteint les gouvernements laïcs mais davantage encore le pouvoir spirituel avec le Grand Schisme d’Occident et une papauté éloignée de Rome prêtant le dos aux scandales en tous genres ? À une rupture d’unité encore inédite dans le tissu chrétien avec les précurseurs du protestantisme, Wiclef en Angleterre, Huss en Europe centrale, puis la perte pourtant annoncée de l’empire byzantin à laquelle les princes chrétiens ne sauront rien opposer d’efficace en temps utile ? À une rupture dans les façons d’être, prévisible dès le XIIIe siècle, avec le monde féodal, le modèle chevaleresque dépassé par une vision plus pragmatique des affaires de ce temps, se laissant subvertir par une morale de commerçants et grands bourgeois incarnée par les banquiers lombards et les marchands toscans ? À l’émergence des États-Nations qui feront passer leurs intérêts propres avant ceux de la chrétienté et refuseront la tutelle du pape ? Ou plutôt à tout cela en même temps… […]
“L’immigration n’est que la conséquence de notre effondrement culturel”
Frédéric Saint Clair, politologue, analyste en stratégie et en communication politique, ancien chargé de mission auprès du Premier Ministre Dominique de Villepin, auteur de plusieurs ouvrages dont “La Droite face à l’islam” (Salvator, 2018) et dernièrement “L’extrême-droite expliquée à Marie-Chantal” (Nouvelle Libraire, 2024), a été interrogé sur Ligne Droite, l’émission du matin de Radio courtoisie :
En avril, il était interrogé dans l’Incorrect :
Qui est Marie-Chantal ? Le mouvement sinistrogyre ayant fait son œuvre, ne sommes-nous pas tous, d’une manière ou d’une autre, des Marie-Chantal ?
Ha ha ! Vous risquez de fâcher une partie de votre lectorat avec votre deuxième question. Cependant, d’une certaine manière, vous avez raison. Si l’on prend la conception « bourgeoise » dans son sens le plus large, celui d’un attachement au principe libéral et démocratique, alors nous avons tous été plus ou moins contaminés. Nous réclamons tous davantage de libertés. Et nous aspirons tous à plus de démocratie, ou à ce que nous estimons être une « vraie démocratie ».
Sauf que le profil politique de Marie-Chantal ne se limite pas à un attachement à la démocratie libérale. Bourgeoise, citoyenne du monde, bien-pensante, elle incarne une idéologie propre à notre temps, une classe composée d’un « petit nombre de privilégiés » qui monopolisent « les avantages de l’argent, de l’éducation et du pouvoir » pour parler comme Christopher Lasch ; des privilégiés qui n’aspirent au statut d’élite que pour « échapper au sort commun », et qui ne se reconnaissent pour ainsi dire aucune obligation envers « leurs prédécesseurs », ni envers « les communautés qu’ils font profession de diriger ». Cette bourgeoisie ne comprend rien à la « fragilité de la civilisation » ni au « caractère tragique de l’histoire ». Elle vit « étourdiment dans l’assurance que demain [le monde] sera plus riche, plus vaste, plus parfait. » Il faut lire le chapitre 2 de La Révolte des élites de Lasch, car il y dresse un portrait, certes sans concession mais très fidèle, de cette classe sociale admirablement (ou tristement) incarnée par l’électorat macroniste.
Qu’appelez-vous extrême droite, et en quoi est-elle un « rempart du politique » ? Pourquoi vous revendiquer d’un concept que beaucoup considèrent infâmant ?
Le terme « extrême droite » est effectivement infâmant. Pierre-André Taguieff explique dans Sur la Nouvelle Droite, que ce qualificatif est un « instrument d’illégitimation de l’adversaire, traité comme un ennemi absolu ». Lors de nos rendez-vous réguliers au Café de Flore, j’ai commencé par expliquer à une Marie-Chantal affolée par la montée des extrêmes pourquoi les partis politiques (RN, Reconquête, etc.) et les médias (CNews, Valeurs actuelles, L’Incorrect) ne pouvaient raisonnablement pas être étiquetés « extrême droite ».
Je l’ai ensuite interrogée. Et à la question : « C’est quoi l’extrême droite ? », elle a été incapable de répondre de manière objective. Je lui ai donc proposé une définition initiée, une fois encore, par Taguieff : prise de pouvoir par la force (coup d’État) ; exercice du pouvoir par la force (dictature) ; discrimination volontaire. Lorsque ces trois critères sont réunis, alors on peut parler d’extrême droite. Il est évident que ni les partis politiques ni les médias cités plus haut n’entrent dans cette catégorie. Marie-Chantal m’a alors demandé : « Qui coche les trois cases ? » J’ai bien été obligé de lui répondre, honnêtement : « Moi ! » Mais si je suis un intellectuel d’extrême droite, c’est principalement parce que mon travail consiste à penser cette notion qu’est l’usage politique de la force (à la fois pour prendre le pouvoir dans les cas extrêmes, et pour gouverner dans les situations d’exception), et la notion d’ennemi, qui induit celle de discrimination – un travail de réflexion qui s’inscrit dans la lignée de Machiavel, de Hobbes ou encore de Carl Schmitt.
Pour réponse à votre question concernant le rempart, je dirais : la question de l’ennemi et celle de la force sont essentielles en politique. Julien Freund a rappelé que : « Il n’y a de politique que là où il y a un ennemi. » Il s’est d’ailleurs fait virer par son premier directeur de thèse à cause de cela. Les penseurs démocrates et sociaux-libéraux refusent de penser la violence physique et l’ennemi. C’est pour cette raison même qu’ils sont impuissants à nous défendre contre les diverses menaces auxquelles nous sommes confrontés actuellement. Et c’est pour cela que l’« extrême droite » intellectuelle à laquelle j’appartiens, en repensant l’ennemi et l’usage de la force, constitue un « rempart du politique ». Si la classe politique – de Macron à Zemmour – refuse de réactualiser son logiciel, alors nous sombrerons.
Pourquoi sommes-nous obligés d’en passer par un coup d’État ?
Rien ne nous y oblige, sauf les circonstances. Les formes de coups d’État sont multiples dans l’Histoire. La seule qui soit digne d’intérêt politiquement est celle qui consiste à mettre un terme à ce que les Romains de l’Antiquité nommaient le « tumultus », le chaos, la guerre civile, afin de rétablir la paix civile et un système institutionnel stable et pérenne. Nous avons deux exemples magistraux de coup d’État en France : Bonaparte, le 18 Brumaire de l’an VIII ; Charles de Gaulle, lors des journées qui ont suivi celle du 13 mai 1958. Les deux ont pris le pouvoir au moyen de la force armée. Premier point clef : zéro mort ! Le coup d’État n’est pas une violence exercée contre les hommes, mais contre les institutions, contre l’État de droit.
Second point clef : dans ces deux cas historiques, l’objectif a consisté à réformer la Constitution, afin de mettre un terme à une forme de guerre civile – Révolution dans le premier cas ; guerre d’Algérie dans le second. Pourquoi était-il nécessaire d’en passer par là ? Principalement en raison de la déliquescence du système démocratique. Michel Winock a pris pour titre de son livre (qu’il faut absolument lire !) consacré au coup d’État gaullien : L’Agonie de la IVe République. Cela résume toute la question. À certains moments de l’histoire, le chaos, la confusion politique et la faillite démocratique sont tels que seule la force devient envisageable. Certains responsables politiques ont suggéré à de Gaulle d’essayer de former un gouvernement selon la procédure démocratique alors en vigueur. Ce dernier a refusé de se soumettre à des « procédures périmées ». Il a réclamé les pleins pouvoirs. Il fallait que cet état d’exception fut acté par la classe politique pour parvenir à mettre un terme à l’agonie de la IVe République. Nous vivons aujourd’hui dans la République la plus pérenne de notre histoire. Ce que beaucoup ignorent, notamment Marie-Chantal, est qu’elle est née d’un coup d’État.
Selon vous, Éric Zemmour n’a pas vu un moment politique propice…
Face à Alain Duhamel, sur BFMTV, le 18 octobre 2021, Éric Zemmour a affirmé : « Je pense que la guerre civile est déjà là. » C’est un désaccord profond entre lui et moi. Car, nous serons d’accord pour dire que la capacité d’action du pouvoir politique a été à ce point rognée (par l’UE, par les juges « rouges », le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État, etc.) que nos institutions ne parviennent plus à nous protéger contre le chaos civil. Nous serons d’accord pour dire que la démocratie est fortement abimée. Deux des trois conditions sont donc réunies pour une prise de pouvoir par la force. Ce qui me fait dire que le moment n’est pas encore venu (même s’il viendra probablement), c’est que nous ne sommes pas en situation de guerre civile. Mais si Éric Zemmour le pense sérieusement, et qu’au lieu de prendre les mesures qui s’imposent – lui qui a pour principales références historiques Napoléon et de Gaulle – il se contente de former un mouvement politique et de discourir sur les plateaux télévisés, c’est qu’il n’a pas saisi ce que les Grecs nommaient le Kaïros, le moment opportun. S’il y a guerre civile et s’il y a agonie de notre système politique, alors la seule réponse politique envisageable est une réponse d’exception.
Au moment de vous distinguer de Carl Schmitt, vous dites que « la politique n’est pas volonté d’annihilation, effective ou virtuelle, mais volonté de domination ». Qu’entendez-vous par là ? Quelles sont les conséquences pratiques de cette relecture critique du « matérialisme théologique » schmittien ?
Je ne saurais répondre à une question d’une telle densité en quelques lignes seulement. Voici quelques éléments de réponse parcellaires : Carl Schmitt est probablement le penseur du politique le plus sulfureux du XXe siècle. Mais c’est un génie ! On ne peut pas penser le politique sans lui. Sa définition du politique, fondée sur la notion d’ennemi, est une référence. Elle a repoussé bien des intellectuels, et elle en a subjugué d’autres. Elle comporte cependant une faille, qui n’est pas morale, mais philosophico-politique. Une faille majeure : elle ne nous protège plus ! Tant que l’ennemi était armé, on pouvait l’affronter de la manière décrite par Schmitt. Il demeure pertinent face aux terroristes et aux criminels. Mais désormais, une guerre civilisationnelle d’un autre type – où l’ennemi utilise les faiblesses politiques des démocraties libérales pour nous dominer culturellement – s’est superposée à la première, plus violente. Cette nouvelle menace qui mélange les dimensions culturelle et politique offre à voir un visage renouvelé de l’ennemi. Un ennemi qui peut être, à titre privé, fort sympathique, mais qui publiquement halalise notre pays, voile nos femmes et fait disparaître notre « art de vivre à la française ». Face à un tel ennemi, Schmitt est impuissant !
Pour nous défendre, il faut repenser la notion d’ennemi, c’est-à-dire dépasser Schmitt. Pour y parvenir, il m’a fallu creuser sa réflexion jusqu’à ses fondements, qui sont théologico-politiques. C’est dans les Écritures, et plus particulièrement dans l’épitre aux Éphésiens, que se situe la racine de notre désaccord. J’aborde cette question brièvement dans cet essai, car je l’ai développée plus largement dans un essai précédent, Le Christ guerrier, où j’ai tenté d’expliciter la manière dont l’Évangile permet de répondre au choc des civilisations. En bref, je prétends qu’il est à la fois possible d’aimer nos frères musulmans, de cesser de les stigmatiser publiquement au sujet du voile, du burkini – et ainsi d’obéir à l’injonction chrétienne –, tout en mettant un terme au basculement civilisationnel qui nous frappe. Mais tant que nous ne comprendrons pas la dynamique spirituelle de l’Occident, nous ne parviendrons pas à renoncer véritablement aux « vieilles méthodes », à une façon périmée d’envisager la guerre, les relations de puissance, et donc l’ennemi – sous toutes ses formes.
« Les droites ont trente ans de retard en matière de théorie politique » dites-vous. Pourquoi ?
C’est Simone Weil qui disait qu’un parti politique est un lieu où on ne pense pas. Or, à force de ne pas penser, on prend du retard sur l’Histoire… Plus précisément, je dirais que l’essentiel de la classe politique n’est pas encore entrée dans le XXIe siècle. Leurs raisonnements sont structurés, et même cohérents, mais ils sont périmés. La porte du XXIe siècle est constituée, peu ou prou, par trois politistes américains : Fukuyama, Huntington et Brzezinski. Le troisième est largement ignoré, ce qui montre la faillite de l’approche française des relations internationales. Quant aux deux autres, l’équation se résume à un « pour ou contre le choc des civilisations ? », et à un « Fukuyama s’est trompé, car les démocraties libérales n’ont pas gagné ». N’importe quoi ! Juste un mot au sujet de ce dernier intellectuel : Fukuyama ne dit pas que les démocraties libérales ont gagné ; il dit que le modèle démocratique et libéral est le plus haut qu’il soit possible d’atteindre. Et aujourd’hui, de la gauche modérée à la droite la plus radicale, tout le monde acquiesce.
Résultat : personne n’est capable de se libérer de l’idéologie molle qui gouverne la pensée politique contemporaine. Il n’y a plus que des Marie-Chantal dans toute la classe politique ! Quel responsable politique est capable de penser l’état d’exception, et donc l’imperium romain ? Lequel est capable de repenser véritablement l’ennemi ? Sans compter qu’ils sont tous effrayés à l’idée de faire usage de la fameuse « violence légitime », que même Foucault défendait pour éviter la dissolution de la République et l’anarchie.
Qu’appelez-vous « libéralisme identitaire », et en quelles en sont les implications concrètes ?
C’est un concept absolument clef pour comprendre le piège multiculturaliste dans lequel nous sommes pris. Le théoricien de ce multiculturalisme n’est pas un gauchiste woke, c’est un pur libéral « républicaniste » : Charles Taylor. Un penseur absolument brillant. Il est Canadien, et il a développé une théorie qui avait pour objet d’éviter que la minorité française ne meure étouffée sous l’avalanche culturelle anglo-saxonne. Et là, normalement, tout le monde devrait applaudir des deux mains, y compris la droite radicale. Sauf que c’est en fonction des mêmes arguments qu’il autorise l’islamisation et l’africanisation de la France. Et là, tout le monde se retrouve piégé, la mine déconfite, y compris la droite radicale. Tant que nous demeurons attachés aux concepts de liberté et d’égalité, il est impossible de renverser Taylor. Et notre histoire moderne nous interdit d’y renoncer brutalement, sinon c’est le retour à la tyrannie, ce que personne ne souhaite. Conclusion : dans un Occident résolument bourgeois, Taylor gagne. Nous disparaîtrons donc dans le grand bain du progressisme multiculturel. Notez que ce n’est pas la faute de Mélenchon, car à ma connaissance, il n’a jamais pris le pouvoir, ni en France ni en Europe.
Vous êtes critique du « grand remplacement » et lui préférez une approche par les « diasporas ». Que ce déplacement nous permet-il de mieux comprendre ?
Le grand remplacement est une réalité. Mais une réalité démographique. Or, la démographie, comme l’ethnos, se révèlent assez peu politiques. Je n’ai pas assez d’espace ici pour développer ce point qui est un peu technique. Mais, pour résumer, je dirais qu’on commet une grave erreur en analysant le basculement civilisationnel qui nous frappe sous l’angle « démographiste ». Je vais en heurter quelques un en disant cela, mais tant pis : la question du nombre est importante mais elle demeure secondaire. On pense souvent, assez naïvement, que les individus sont porteurs d’une culture. À première vue, c’est vrai.
Mais si l’on y regarde de plus près, c’est l’inverse qui est vrai : c’est la culture qui porte les individus. Ceci est vrai pour les autochtones, mais encore plus pour les diasporas. Les responsables politiques pensent et agissent comme si les diasporas étaient intellectuellement autonomes, comme si elles pensaient par elles-mêmes. En réalité, les diasporas ne pensent pas, ou plutôt, elles ne pensent que ce que les grands centres spirituels auxquels elles sont culturellement rattachées leur disent de penser. Si demain l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie se mettaient à diffuser un islam des Lumières, croyez-vous que la diaspora islamique française continuerait de promouvoir la charia et l’islamisme ? Bien évidemment pas ! Elles obéissent malgré elles à des courants idéologiques structurels qui les englobent et les dépassent. Penser les diasporas, au lieu de comptabiliser le nombre d’immigrés, permet d’envisager le problème des migrations sous un angle géopolitique, et véritablement civilisationnel.
Fondamentalement, est-il possible de sauver notre civilisation chrétienne sans une foi ravivée ?
Je fais le pari que oui, si par « sauver » vous entendez : résorber le chaos civil qui règne aujourd’hui en France, et enrayer le basculement civilisationnel. Nous pouvons aller assez loin sans réinjecter de la religion dans la politique. En revanche, nous ne pourrons pas faire l’économie d’une réflexion théologico-politique renouvelée. Et nous ne pourrons pas non plus faire l’économie d’une réflexion concernant la crise spirituelle que traverse l’Occident. Car la vérité, c’est que la foi aussi est en crise, et pas seulement parce que les églises sont désertes. Un gigantesque aggiornamento dogmatique attend la chrétienté – et pour être honnête, je ne suis pas certains qu’elle soit prête pour cela.
Toulouse : consécration de la ville et du diocèse au Sacré-Cœur de Jésus
Homélie de Mgr de Kérimel, à l’occasion de la consécration de la ville et du diocèse de Toulouse au Sacré-Cœur de Jésus, 16 octobre 2024 :
Jésus est mort sur la croix, seul, abandonné par ses disciples, rejeté par son peuple. Il a crié vers son Père : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; tout était nuit en Lui et autour de Lui, car une éclipse du soleil avait mis Jérusalem dans l’obscurité. Jésus est mort, parce qu’Il a pris sur Lui, dans sa chair, tout le mal accumulé depuis les débuts de l’humanité et jusqu’à la fin des temps. Satan, le Prince de ce monde, semble vainqueur : Jésus est mort.
Et voici qu’un soldat, d’un coup de lance, perce son Côté et atteint son Cœur. Du Cœur de Jésus sort du sang et de l’eau, semence, dans les ténèbres de la mort, d’une création nouvelle qui surgira du tombeau le troisième jour. L’amour, le véritable amour dont la source est le Cœur de Dieu, n’est pas mort ; il est immortel, incorruptible, vainqueur du péché et de la mort, source de vie nouvelle. Le Cœur de Dieu est ouvert définitivement pour toute l’humanité, pour les justes et les pécheurs, pour les victimes et les bourreaux. Le Sacré-Cœur de Jésus est la révélation la plus éloquente de la victoire de l’Amour divin manifesté par Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, mort pour nos péchés et ressuscité d’entre les morts pour notre salut.
La Vierge Marie, figure de l’Église, avec Saint Jean apôtre de Jésus-Christ, sont au pied de la croix. Ils recueillent, en quelque sorte, le sang et l’eau qui coulent du Cœur du Christ, symboles des sacrements, pour que tous ceux qui ont soif viennent puiser aux sources vives du salut et renaissent à la vie nouvelle d’enfants de Dieu. Depuis la mort de Jésus, ces quelques gouttes de sang et d’eau sont devenus un fleuve immense qui assainit tout sur son passage.
Dans notre monde, là où règnent les ténèbres de la guerre, de la corruption, des diverses formes d’esclavage et d’abus, les ténèbres du mensonge, de la haine, de la désespérance, partout où règnent les ténèbres, l’amour n’est pas mort : des cœurs d’hommes et de femmes s’ouvrent, se laissent blesser par la souffrance de leurs contemporains et agissent pour que le mal n’est pas le dernier mot. Dans les ruines fumantes des destructions opérées par les bombes, des hommes et des femmes ouvrent leur cœur pour chercher les survivants et les libérer des décombres. Dans une société où grandit la violence, l’exclusion, la solitude, des cœurs s’ouvrent pour inviter au respect et à la confiance ; dans une société qui a perdu le sens et se laisse fasciner par les ténèbres, des cœurs s’ouvrent pour témoigner de l’espérance. Ces hommes et ces femmes de cœur témoignent d’un autre monde possible, en apportant un peu de réconfort, des soins médicaux, une libération, la lumière. Au cœur de situations dramatiques, des pardons sont donnés, des gestes d’amour sont accomplis, dans la discrétion, tous les jours.
Si nous voulons être disciples de Jésus, disciples de son Sacré-Cœur, il nous faut être des hommes et des femmes de cœur, vulnérables à la souffrance de nos contemporains. Notre place est là où l’humanité est sous l’emprise des ténèbres, confrontée au mal et à la mort obscure.
Si nous voulons vaincre avec le Christ, si nous voulons que règne le Cœur de Jésus sur la ville et le diocèse de Toulouse, il nous faut combattre les racines du mal et du péché dans notre propre cœur, rechercher, avec la grâce de Dieu, l’humilité, fuir l’indifférence, renoncer à la violence, œuvrer à la justice, être artisans de paix, rechercher la pureté de cœur, être serviteur de la miséricorde, accepter de subir la contradiction.
La consécration de la ville et du diocèse au Sacré-Cœur de Jésus, ne portera ses fruits que dans la mesure où nos cœurs s’ouvriront toujours plus à l’amour miséricordieux de Dieu. Laissons-nous introduire dans le Cœur de Jésus, pour connaître et expérimenter la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur de l’amour du Christ dans notre propre vie ; alors nous saurons le voir à l’œuvre dans le monde. Nous apprendrons à voir chaque personne humaine avec le regard aimant du Christ ; nous apprendrons à discerner les évènements à partir de cette source.
La consécration de la ville et du diocèse au Sacré-Cœur de Jésus est donc pour nous une invitation à la conversion pour donner à voir, dans notre monde blessé, quelque chose du monde nouveau, né du Cœur transpercé de Jésus. Comment les communautés chrétiennes, avec toutes les personnes de bonne volonté, sont-elles témoins et acteurs de la victoire de l’amour dans le monde, aujourd’hui ?
Nous sommes, parfois à juste titre, scandalisés par le mal, et il est tentant de réagir par la manière forte, mais ce serait entrer dans une logique qui n’est pas celle de la création nouvelle, elle n’est celle du Sacré-Cœur de Jésus. Le mal n’est jamais vaincu par la force ; il est tout au plus freiné, empêché de se répandre, mais il n’est pas éradiqué. « Rien par la force, tout par amour », disait Saint François de Sales. Le mal n’est jamais vaincu par le mal ; les guerres nous le montrent, elles sont toujours un échec. « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien », écrit St Paul dans sa lettre au Romains.
Saint Paul atteste la victoire de l’amour du Christ. « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ?… Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rom. 8, 34-35 ; 37-39).
+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse
Retailleau veut ce qu’il ne veut pas
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Bruno Retailleau voulait un « pacte législatif », pour faire des lois sans être au gouvernement. C’est-à-dire sans avoir à se soucier de leur application. C’était absurde, comme nous l’avons montré ici.
Finalement, M. Retailleau est au gouvernement. Il veut une nouvelle « loi immigration », et il est en poste pour la faire appliquer. Cela semble plus cohérent. Mais… ?!
Mais… il sait que l’Assemblée Nationale actuelle n’ira pas très loin dans cette « loi immigration ». Elle est déjà réticente à “revoter” les lois censurées par le Conseil Constitutionnel en janvier dernier.
Alors M. Retailleau explique qu’il est favorable à un référendum sur le sujet, et même « mille fois favorable ». Cela semble plus cohérent. Mais… ?!
Mais… il sait que le gouvernement actuel ne fera pas ce référendum. Il est déjà réticent à choisir entre la position de Retailleau et celle du ministre (de gauche) de la Justice Didier Migaud.
Bref, M Retailleau veut des évolutions censées, mais il veut qu’elles arrivent par miracle, abracadra. Il refuse évidemment toujours toute alliance avec le RN, seul parti important qui veut un tel référendum.
La politique, c’est l’art du POSSIBLE. M. Retailleau, croyez-vous vraiment qu’il soit POSSIBLE de changer suffisamment de députés centristes et de gauche, qui seraient alors prêts à appliquer la politique que vous souhaitez ?
Ou bien n’est-il pas plutôt POSSIBLE que vous changiez, vous, pour enfin travailler avec ceux qui veulent la même chose que vous ?
Demain, M. Retailleau, vous ne pourrez pas nous dire « je voulais, et je n’ai pas pu ».
Certes, vous VOULEZ une politique POSSIBLE : arrêter le suicide français, dont l’immigration est un facteur décisif. Mais vous le voulez D’UNE MANIERE IMPOSSIBLE : convertir beaucoup de vos opposants. Vous REFUSEZ LA SEULE MANIERE POSSIBLE d’arrêter ce suicide, alors même que vous reconnaissez l’urgence : avec le RN.
Si la volonté n’est pas cohérente, ce n’est pas de la volonté, c’est de l’affichage.
Demain, M. Retailleau, vous ne pourrez pas nous dire « je voulais, et je n’ai pas pu ». Si vous avez encore un peu d’honnêteté, vous devrez dire : « je voulais, mais en même temps je ne voulais pas ».
Charles Rosiers, ancien chroniqueur au quotidien Présent, [email protected]
Ordinations dans le diocèse de Toulon
Peu de temps après la publication du texte de Jean-Pierre Maugendre, Mgr Touvet annonce :
L’actualité du chant grégorien, « chant propre de la liturgie romaine »
La prochaine édition des Rencontres grégoriennes aura lieu du 25 au 27 octobre, à Strasbourg, avec près de 120 participants. Entretien dans France catholique avec le Frère Médéric Bertaud, Missionnaire de la Miséricorde divine et organisateur de ce week-end.
Pourquoi ces Rencontres ?
Elles sont un lieu de transmission et de formation du grégorien, pour les catholiques de toutes sensibilités liturgiques, attachés à la belle liturgie et désireux d’apprendre ce chant. Les intervenants sont tous de très haut niveau mais les participants, eux, sont de tous niveaux : 25 % sont débutants. Il y a donc des ateliers adaptés.
Quel est l’objectif ?
Il est triple. Nous souhaitons former les personnes – jeunes, laïcs et clercs – engagées en paroisse pour le service musical de la liturgie. Nous espérons aussi renforcer l’unité au sein de l’Église, afin de sortir des préjugés. Le chant grégorien est souvent confondu avec la liturgie traditionnelle. Or 50 % des participants de ces rencontres n’en sont pas des habitués, et la moitié des offices de la session ne le sont pas non plus. Enfin, nous désirons développer la connaissance de ce chant, en vue d’une nouvelle évangélisation – dans un esprit d’obéissance à l’Église – car nous constatons qu’il touche beaucoup de personnes non croyantes ayant une grande soif spirituelle.
En quoi ce chant est-il actuel ?
C’est un trésor qui appartient à la Tradition vivante de l’Église qu’elle reconnaît, selon la Constitution sur la liturgie du concile Vatican II, comme « le chant propre de la liturgie romaine », qui doit y « occuper la première place ». Le grégorien répond à une soif de beauté, de sacralité, d’ancrage et de mystère chez de plus en plus de jeunes. Les moins de 30 ans représentent 43 % des inscrits ! Il faudrait donc que, dans toutes les paroisses, la liturgie – traditionnelle ou non – réponde à l’urgence de cette soif. Le grégorien peut y contribuer. […]
Guadalupe, Mère de l’humanité
Saje annonce la sortie au cinéma du film docu-fiction Guadalupe, Mère de l’humanité, le 4 décembre prochain.
Il y a près de 500 ans, la Vierge Marie est apparue au jeune Aztèque Juan Diego. Aujourd’hui encore, Notre-Dame de Guadalupe est la représentation de Marie la plus vénérée au monde. Que s’est-il vraiment passé lors des apparitions ? Peut-on percer le secret de la Tilma, ce tissu qui a miraculeusement recueilli l’image de la Vierge Marie ?
A travers des témoignages actuels et bouleversants, ce film documentaire nous révèle l’immense tendresse de la mère de Dieu pour chacun de nous.
La faillite de la Ligue arabe
Lu dans Conflits :
Fondée le 22 mars 1945 au Caire par sept pays arabes : l’Égypte, l’Arabe saoudite, l’Irak, la Jordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen du Nord, à travers la ratification d’un pacte constitutif, la Ligue des États arabes est une organisation régionale dont l’objectif est, selon sa charte, de promouvoir les relations entre les pays arabes et de défendre leurs intérêts dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance de chaque État membre. Force est de constater que les résultats demeurent plus que mitigés.
La fondation de la Ligue arabe répond à l’objectif premier d’unifier la position arabe sur la question de la Palestine, une antienne qui reviendra en boucle dans tous les discours, à chaque sommet, mais à des degrés d’intensité variable. La ligue s’est élargie au fil des indépendances, la Libye (1954), le Soudan (1956), le Maroc et la Tunisie (1958), le Koweït (1961), l’Algérie (1962), le Yémen du Sud (1967), le Bahreïn, le Qatar, les Émirats arabes unis et Oman (1971), la Mauritanie (1973), la Somalie (1974), l’OLP (1976), Djibouti (1977), les Comores (1993). À l’image de la plupart des organisations régionales, la Ligue des États arabes repose sur cinq organismes principaux : le Conseil de la Ligue, le Conseil économique et social, le Conseil des ministres, les comités permanents et le secrétariat général. Depuis sa fondation, son siège se trouve au Caire et son secrétaire général est égyptien, mise à part la période de 1979-1990 où le siège fut transféré à Tunis.
Des divergences insurmontables…
Les élargissements successifs n’ont pas atténué les dissensions entre des pays aux relations conflictuelles ou aux désaccords idéologiques. Celles-ci sont accentuées après le renversement des monarchies égyptienne en 1953 et irakienne en 1958 par des mouvements nationalistes d’inspiration socialiste. Dès le départ, on observe que si les Hachémites qui règnent en Irak et en Jordanie aspirent à un grand État arabe réunifié, Égyptiens, Saoudiens et Yéménites préfèrent parler de coopération dans le respect de l’indépendance et de la souveraineté de chaque État. Aux yeux du Caire et de Riyad, la Ligue est un outil au service de leur affirmation sur la scène internationale comme puissance régionale. Ils sont soutenus par la Grande-Bretagne qui dispose alors de leviers très importants dans la région tout en demeurant hostile à la création d’un État panarabe réunifié. Les principaux poids lourds de l’organisation s’attachent au début à ménager Londres, de sorte que la décolonisation du monde arabe ne figurait pas de manière explicite parmi les objectifs du pacte constitutif. Rien d’étonnant si les termes alliance, unité, fédération, confédération, ne figurent nullement dans le texte fondateur. Cette position change avec l’arrivée au pouvoir en Égypte des officiers libres en 1952, sous la conduite du colonel Nasser, qui se hissera en hérault de l’unité arabe et du combat anti-impérialiste. La nationalisation du canal de Suez en 1956, suivie de l’acte d’union avec la Syrie deux ans plus tard, marque l’affaiblissement des puissances coloniales franco-britanniques, en moindre mesure italienne. Mais l’aspiration à l’unité arabe se heurte dès le début à une absence de consensus sur les moyens d’y parvenir.
Si le combat pour la cause palestinienne est présenté comme un moyen, la Ligue se retrouve paralysée tout au long de son histoire par des conflits et des ingérences étrangères. Mais aussi une charte ambiguë et des ambitions limitées.
Presque quatre-vingts ans après sa création, ni la question de la périodicité des sommets arabes n’a été tranchée, ni celles de la procédure des votes, ou encore du caractère contraignant des décisions et du recouvrement des cotisations. Des décisions non contraignantes qui s’accompagnent du non-respect des engagements pris par les dirigeants arabes. Le diagnostic est établi en son temps par l’économiste universitaire et futur ministre égyptien des Affaires étrangères Boutros Ghali en 1968. Pour pallier les nombreux écueils, la Ligue a créé des organes et structures qui n’ont fait qu’accentuer la paralysie. Le Conseil, les commissions spécialisées, le secrétariat général… une inflation structurelle aux résultats désastreux qui ont pour noms lourdeur, inefficacité de l’appareil, doublons, incoordination, querelles d’ego entre dirigeants arabes, asphyxie et crise de confiance. La souveraineté étatique prévaut sur l’intérêt panarabe dont la question palestinienne était censée incarner le dénominateur commun. Le processus de prise de décision par consensus conduit dans la plupart des cas à des décisions vides de leur substance.
Le politologue franco-libanais Antoine Basbous explique la faillite de la Ligue arabe par le fait qu’elle soit devenue une chambre d’enregistrement des querelles interarabes. Les considérations locales (au niveau de chaque État) et subjectives ou personnelles au niveau de chaque chef d’État, offre à l’occasion de chaque sommet un spectacle théâtral où le colonel Kadhafi se distingua en son temps par ses joutes provocatrices et insultes à l’encontre du roi Abdallah d’Arabie saoudite lors des sommets de 2003 et de 2009. Outre ses clivages d’ego incompatibles se greffent les tensions héritées de la guerre froide qui déchirent la Ligue entre un camp pro-occidental, mené par l’Arabie saoudite, enclin à une coopération avec les États-Unis face à un camp nassérien, plus proche de l’Union soviétique, comptant l’Égypte, l’Algérie, la Libye et la Syrie. Au sein de ce dernier, les frères ennemis du baasisme que sont l’Irak et la Syrie adopteront des positions antagonistes tout en jouant de la surenchère pour le leadership de la nation arabe et du combat pour la cause palestinienne. Ajoutons à cela les clivages entre pays riches et pays pauvres et entre dynasties et républiques. […]
Le professeur Grillo et la détestation du monde traditionnel
De Philippe Pelissier pour le Salon beige:
Le Salon beige a déjà parlé de l’entretien du Prof Grillo à Messa in Latino (traduit ici par Yves Daoudal), mais il me semble utile d’y revenir.
1 – qui est Andrea Grillo ?
N’ayant qu’une connaissance tout à fait superficielle de l’Italie contemporaine, j’associais le nom de Grillo à un comique plus ou moins passé en politique. Je crois cependant avoir fait une erreur car il semblerait que le Grillo interviewé par le blog Messa in latino, soit en fait un honnête homme, marié et père de deux enfants qui gagnerait sa vie comme professeur de liturgie à Rome – et pas n’importe où puisqu’il s’agit de l’institut des Bénédictins : Saint-Anselme. Quoi qu’il en soit, la lecture de la prose de Monsieur Grillo nous conduit à passer du rire aux larmes et témoigne finalement que la confusion entre le comique et le liturgique n’était pas entièrement injustifiée. Si on me demandait mon avis sur la façon dont le professeur Grillo a répondu aux questions du blog Messa in latino, je répondrais “qui suis-je pour juger ?” En effet qui suis-je pour juger un professeur de Saint-Anselme ? Cela dit “qui suis-je pour juger ” n’est pas au cœur de la réflexion ni de l’expression de Monsieur Grillo qui nous explique plutôt ce que nous devons penser et ce que nous vous devons faire … Par exemple, il commence en qualifiant de ” totalement erroné” le motu proprio Sumorum Pontificum et n’hésite pas à juger le pape Benoît XVI et à le condamner …
2 – l’unité de l’Eglise
On voit aussi dans cette interview que, pour lui, l’unité de l’Église se réduit à la fidélité à Rome et à ses figures présentes – et surtout repose sur une conception particulièrement rigide de la liturgie et de la discipline ecclésiale. Par exemple, il nous explique que le catholique authentiquement fidèle à Rome devrait impérativement acquérir le ” langage rituel ” (sic) selon ce que Rome a communément établi et qui refléterait étroitement et exclusivement l’enseignement du Concile Vatican II. Alors qu’un observateur, même superficiel, des réalités catholiques sait qu’existent depuis de nombreux siècles de multiples formes rituelles. Benoît XVI en a même créé une pour les Anglicans souhaitant rejoindre l’Eglise catholique – comme Jean-Paul II en avait approuvé une autre pour les Zaïrois (redevenus congolais depuis). Et François lui-même envisage de le faire pour les Amazoniens. Ex-Anglicans, ex-Zaïrois et Amazoniens seraient donc infidèles au pape en refusant d’employer son langage rituel ? Et hier dominicains, chartreux, prêtres diocésains de Lyon ou de Milan auraient-ils été en rupture avec Rome parce qu’ils auraient usé d’un missel qui n’était pas celui du Pape ? Ou alors faudrait-il imaginer que le Professeur Grillo aurait clandestinement fréquenté le séminaire d’Ecône ? En effet, il semble considérer qu’il y a d’un côté le missel de Paul VI expression d’une interprétation complètement novatrice de la foi catholique issue du Concile de 1962-65 et, d’un autre côté, l’ancien Missel qui serait synonyme de refus du magistère récent de la hiérarchie catholique ? Dans une formule appréciable, il ne connaît qu’une seule boussole ” una cum papa ” Quiconque n’est pas dans l’obéissance absolue à Rome ne serait à ses yeux qu’un ” bavard“. Dira-t-on que j’exagère si je qualifie ce jugement méprisant de digne d’un instituteur de CM2 parlant d’un de ses élèves ? On apprend en outre que Monsieur Grillo considère que les formes rituelles sont historiques et l’essence de la tradition serait son aptitude au changement ! et oui regarder vers le passé c’est se préparer à changer … ne faudrait-il pas que le Professeur commence à réfléchir aux futurs changements et après tout le retour à la Tradition ne pourrait-il pas être la nouvelle conception de la liturgie ? suffirait-il que le Pape change d’avis demain pour qu’il adopte un nouveau discours ? Au passage, la sainte Ecriture n’est elle pas elle-même un peu ancienne ? faut il en changer ?
3 – qui sont les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ?
Cela dit, « Qui suis-je pour juger » Monsieur Grillo qui est non seulement liturgiste mais aussi statisticien. Il nous explique en effet que les 18 000 pèlerins de Chartres ne pèsent rien en comparaison du milliard de catholiques. Peut-on lui suggérer respectueusement qu’une comparaison plus légitime pourrait porter leur nombre à celui des pèlerins de la forme ordinaire qui marchent (ou plutôt qui marchaient) de Paris vers Chartres il y a quelques années dont le nombre est aujourd’hui tombé à zéro ? Faut-il aussi comparer ce nombre à celui des pèlerins qui vont de Chartres vers Paris et dont le nombre n’est que de 6000 – or ces 6000, en effet, sont bien des adeptes exclusifs de l’ancien Missel et des adversaires résolus de la nouvelle liturgie et de l’Eglise telle qu’elle fonctionne depuis le dernier Concile. Le professeur Grillo ne devrait-il pas se préoccuper de savoir que, parmi les 18 000, au moins la moitié pratique habituellement ou occasionnellement dans la forme rénovée ? Avec une certaine franchise (ou une certaine inconscience ?) ; il n’hésite pas d’ailleurs à étendre son discours de haine à certains de ceux qui pratiquent dans la forme rénovée mais qui n’ont pas l’heur de lui plaire. En effet, manifestement l’Eglise de Monsieur Grillot n’est pas ouverte à “todos todos todos” car, dans la suite dans son interview, notre professeur condamne très violemment le “fondamentalisme“, la recherche de l’identité et les langues mortes (en oubliant ce que St Jean XXIII puis le Concile lui-même ont enseigné sur la valeur de la langue latine). La liste semble longue de ceux qu’il veut exclure ! il est très loin du saint Père qui en 2019 demandait de respecter les « groupes sociaux marginalisés » (15 novembre 2019). Au Pape de construire des ponts – tandis que M Grillo préfère manifestement les murs. Le professeur de Saint-Anselme semble également disposer d’informations très précises sur les opinions politiques et les origines sociales des fidèles attachées à la liturgie traditionnelle (à moins qu’il ne se borne à exhaler des préjugés un peu rance ?). Manifestement, ces opinions politiques lui déplaisent profondément – tout comme leur sociologie – mais, dans son discours de haine assez systématique, le professeur oublie que depuis 1965 nous sommes devenus des chrétiens adultes qui pensons par nous-mêmes et voulons choisir nos orientations politiques librement.
4 – une liturgie purement intellectuelle ?
On notera également la volonté du Professeur de rompre le lien entre la liturgie et la sensibilité humaine. On a vraiment l’impression qu’il considère la messe comme une construction intellectuelle sans rapport avec des coutumes, les apparences ou simplement les émotions qui caractérisent la vie humaine. Pour lui il n’y a aucun rapport entre la liturgie et l’architecture d’une église. Et d’ailleurs, il ne voit pas un seul instant que la forme rénovée pourrait avoir été très fortement marqué par l’esthétique des années 70 mais peut-être qu’il ne voit pas non plus que l’être humain n’est pas un pur esprit complètement coupé des formes et des sentiments. Plus audacieusement, le Professeur n’hésite pas à affirmer que la Tradition serait « une facilité ». Tous ceux qui ont passé quelques jours au Barroux ou à Fontgombault comme tous ceux qui qui marchent de Paris à Chartres ou appliquent « Humanae vitae » pourront méditer sur le concept de facilité proposé par le Professeur… Je ne crois d’ailleurs pas que les zélateurs du Concile auraient sincèrement adhéré à l’idée que la Tradition était facile et que le but pastoral du Concile aurait été de proposer aux fidèles une voie nouvelle et moins facile que la Tradition. Au passage, le Professeur aurait-il oublié que selon l’Evangile « Mon joug est léger » !
5 – pour conclure
Pour conclure, ce monsieur Grillo n’est pas seulement professeur de liturgie, il se présente aussi comme un théologien. Lorsqu’il emploie ce mot, revient alors à notre esprit cette belle formule du pape François qui nous avait expliqué que ” Dieu n’était pas théologien“. Manifestement Andrea Grillo n’est pas Dieu !