Le Liban « célèbre » le cinquième anniversaire de l’explosion qui a ravagé Beyrouth
D’Antoine de Lacoste :
Le 4 août 2020, une terrible explosion venue du port ravagea l’est de Beyrouth, en particulier le délicieux quartier chrétien d’Achrafieh. Il y eut 235 morts et des milliers de blessés. L’Etat, déliquescent, laissa les victimes et les sinistrés se débrouiller. Pendant des heures, ce furent les habitants qui portèrent les premiers secours aux blessés et les emmenèrent à l’hôpital dans leurs voitures personnelles. Ce sont eux aussi qui nettoyèrent les gravats et sécurisèrent les rues.
Pas de pompiers, pas de policiers, pas d’armée, une fois de plus l’Etat libanais a abandonné les siens.
L’enquête devait être rapide et exemplaire, apportant des réponses aux questions que se posaient tous les Libanais. Pourquoi 2750 tonnes de nitrate d’ammonium étaient stockées dans le port au mépris de toute sécurité ? D’où venaient-ils ? Qui gérait le silo ? Pourquoi personne, à commencer par le président Michel Aoun, n’a tenu compte des avertissements lancés ? Pourquoi et comment ce nitrate a-t-il explosé ?
Cette dernière question agite particulièrement les Libanais. Beaucoup croient à une attaque israélienne. Cette thèse semble peu probable. Certes, le port de Beyrouth a la réputation d’être largement géré par le Hezbollah et le nitrate d’ammonium peut facilement devenir un explosif, comme la suite des évènements l’a d’ailleurs démontrée. Il aurait donc pu être tentant pour Israël de supprimer un important stock potentiel d’explosifs pouvant être utilisé par le Hezbollah. Toutefois, aucun indice matériel ne vient confirmer cette thèse davantage issue du ressentiment très profond des Libanais contre Israël. L’Etat hébreu a fait tant de mal au malheureux Liban qu’on finit par lui prêter plus que la réalité, déjà bien sombre.
L’hypothèse d’un accident semble plus plausible selon les experts qui estiment que la présence de feux d’artifice et de méthanol à côté du nitrate d’ammonium peut expliquer le déclenchement de la première petite explosion qui a entraîné la seconde.
Peut-être, mais il est tout de même troublant de constater que tout le monde se précipite vers la thèse accidentelle : Israël, le Hezbollah et le gouvernement libanais, pour une fois tous d’accord. De plus, qu’est-ce qui a déclenché l’explosion des feux d’artifice ? Comme pour Notre-Dame de Paris, on évoque une cigarette mal éteinte, ce qui est bien commode quand on ne veut pas chercher la vérité.
Même en admettant cela, alors pourquoi les rapports d’expertise, les images des caméras de surveillance et les témoignages recueillis auprès des ouvriers du port sont-ils soigneusement cachés ? Et que dire des trois assassinats du colonel Skaff, du colonel Rjeily et de Lokman Slim, tous liés au dossier de différentes façons ?
Le quotidien libanais l’Orient-Le Jour, évoque une autre thèse, celle du sabotage. Cela revient à se tourner à nouveau vers Israël ou un autre acteur dont on a peine à comprendre les motivations.
Décidément, la vérité ne semble pas prête de sortir. Et les Libanais soupirent : « Le Liban reste le Liban. »
Antoine de Lacoste
« L’amour, lorsqu’il est vrai, ne peut ignorer la vérité »
Voici la catéchèse du pape lors de l’audience d’hier à Rome :
Chers frères et sœurs,
Nous poursuivons notre chemin à l’école de l’Evangile, sur les traces de Jésus dans les derniers jours de sa vie. Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur une scène intime, dramatique et pourtant profondément vraie: le moment, pendant la Cène pascale, où Jésus révèle que l’un des Douze est sur le point de le trahir: «En vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera, un qui mange avec moi» (Mc 14, 18).
Des paroles fortes. Jésus ne les prononce pas pour condamner, mais pour montrer que l’amour, lorsqu’il est vrai, ne peut ignorer la vérité. La pièce à l’étage, où tout avait été soigneusement préparé quelques instants auparavant, s’emplit soudain d’une douleur silencieuse, faite de questions, de soupçons et de vulnérabilité. C’est une douleur que nous connaissons bien nous aussi, lorsque l’ombre de la trahison s’insinue dans les relations les plus chères.
Pourtant, la manière dont Jésus parle de ce qui est sur le point d’arriver est surprenante. Il n’élève pas la voix, ne pointe pas du doigt, ne prononce pas le nom de Judas. Il parle de telle manière que chacun peut s’interroger. Et c’est précisément ce qui se passe. Saint Marc nous dit: «Ils devinrent tout tristes et se mirent à lui dire l’un après l’autre: “Serait-ce moi?”» (Mc 14, 19).
Chers amis, cette question — «Serait-ce moi?» — est peut-être l’une des plus sincères que nous puissions nous poser. Ce n’est pas la question de l’innocent, mais celle du disciple qui se découvre fragile. Ce n’est pas le cri du coupable, mais le murmure de celui qui, tout en voulant aimer, sait qu’il peut blesser. C’est dans cette prise de conscience que commence le chemin du salut.
Jésus ne dénonce pas pour humilier. Il dit la vérité parce qu’il veut sauver. Et pour être sauvés, il faut sentir: sentir que l’on est impliqué, comprendre qu’on est aimé malgré tout, sentir que le mal est réel mais n’a pas le dernier mot. Seul celui qui a connu la vérité d’un amour profond peut aussi accepter la blessure de la trahison.
La réaction des disciples n’est pas la colère, mais la tristesse. Ils ne s’indignent pas, ils sont tristes. C’est une douleur qui naît de la possibilité réelle d’être impliqués. Cette tristesse, précisément, si elle est accueillie sincèrement, devient un lieu de conversion. L’Evangile ne nous enseigne pas à nier le mal, mais à le reconnaître comme une opportunité douloureuse pour renaître.
Jésus ajoute ensuite une phrase qui nous inquiète et nous fait réfléchir: «Malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître!» (Mc 14, 21). Ce sont des paroles dures, certes, mais il faut bien les comprendre: il ne s’agit pas d’une malédiction, mais d’un cri de douleur. En grec, ce «malheur» sonne comme une lamentation, un «hélas», une exclamation de compassion sincère et profonde
Nous sommes habitués à juger. Dieu, lui, accepte la souffrance. Lorsqu’il voit le mal, il ne se venge pas, mais s’afflige. Et ce «mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître» n’est pas une condamnation infligée a priori, mais une vérité que chacun de nous peut reconnaître: si nous renions l’amour qui nous a engendrés, si, en trahissant, nous devenons infidèles à nous-mêmes, alors nous perdons véritablement le sens de notre venue au monde et nous nous excluons nous-mêmes du salut.
Pourtant, précisément là, à l’endroit le plus sombre, la lumière ne s’éteint pas. Au contraire, elle commence à briller. Car si nous reconnaissons nos limites, si nous nous laissons toucher par la douleur du Christ, alors nous pouvons enfin naître de nouveau. La foi ne nous épargne pas la possibilité du péché, mais nous offre toujours une issue: celle de la miséricorde.
Jésus ne se scandalise pas face à notre fragilité. Il sait bien qu’aucune amitié n’est à l’abri du risque de trahison. Mais Jésus continue à se fier. Il continue à s’asseoir à table avec les siens. Il ne renonce pas à rompre le pain, même avec celui qui le trahira. Telle est la force silencieuse de Dieu: il n’abandonne jamais la table de l’amour, pas même lorsqu’il sait qu’il sera laissé seul.
Chers frères et sœurs, nous aussi nous pouvons nous demander aujourd’hui, sincèrement: «Serait-ce moi?». Non pas pour nous sentir accusés, mais pour ouvrir un espace à la vérité dans nos cœurs. Le salut commence ici: par la conscience que nous pourrions être ceux qui trahissent la confiance en Dieu, mais aussi ceux qui la recueillent, la protègent et la renouvellent.
Au fond, c’est cela l’espérance: savoir que, même si nous pouvons échouer, Dieu ne nous laisse jamais. Même si nous pouvons trahir, il ne cesse jamais de nous aimer. Et si nous nous laissons toucher par cet amour — humbles, blessés, mais toujours fidèles — alors nous pouvons véritablement renaître. Et commencer à vivre non plus comme des traîtres, mais comme des enfants toujours aimés.
Les actes antichrétiens sont en hausse de 13 % en France
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a appelé les préfets à la vigilance pour la fête de l’Assomption. Les actes antichrétiens sont en hausse de 13 % en France et les terroristes islamistes appellent à s’en prendre aux chrétiens en Europe.
Le 7 août, Bruno Retailleau a adressé un télégramme aux préfets pour la « protection des lieux de culte chrétiens ». Le nombre d’actes antichrétiens recensés par le renseignement territorial est en croissance. Ils vont des atteintes aux biens (incendies, vols, dégradations, profanations) aux agressions verbales ou physiques. Le ministre relève « un contexte d’augmentation depuis le début de l’année », avec 401 actes entre janvier et juin 2025 contre 354 à la même période en 2024, « soit une hausse de 13 % ».
Les enjeux de la lutte pour la souveraineté de la Kabylie face au régime algérien
Lu ici :
Le 8 août 2025, en Sologne, le Président du Gouvernement kabyle en exil (Anavad) et du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), Ferhat Mehenni, a été l’invité d’honneur de la 43ᵉ Université d’Été organisée par le Centre Charlier et Chrétienté-Solidarité, en partenariat avec l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (AGRIF).
Le président a prononcé une conférence de fond consacrée à la question kabyle, suivie d’un débat particulièrement riche qui a permis d’éclairer les enjeux de la lutte pour la souveraineté de la Kabylie face au régime algérien.
Il était accompagné d’une délégation étoffée composée de
- Sab At Maksen, conseiller politique,
- Azwaw At Quasi, président de la Ligue kabyle des droits de l’Homme (LKDH),
- Mourad Amellal, directeur de cabinet,
- Cherif Rakene, membre de la Direction du MAK,
- Augustin Slimi, président du Comité de soutien aux détenus politiques,
- Ferhat Nait El-Djoudi, membre du bureau exécutif de la coordination MAK Paris Île de France
- Augustin At Talev, membre de la coordination sus-citée.
Cette rencontre a illustré la vision d’une Kabylie libre et tolérante fidèle à son sermon millénaire “Jmaa Liman” [Au nom de toutes les croyances], fondée sur une laïcité et un respect inconditionnel de toutes les croyances, principes fondateurs inscrits dans la Constitution kabyle et indissociables du projet d’un État kabyle démocratique et souverain.
Le président de Chrétienté-Solidarité, Yann Baly, et l’ancien eurodéputé, Bernard Antony, ont témoigné d’un vif intérêt et d’une profonde sympathie pour la cause kabyle, exprimant leur soutien au peuple kabyle y compris dans la diaspora qui subit des intimidations et des persécutions politiques des services du régime dictatorial algérien sur le sol français. Le MAK et l’Anavad expriment leur profonde reconnaissance pour cette marque de fraternité et de considération, qui contribue à renforcer la voix de la Kabylie sur la scène internationale.
Après une séance dédicace des ouvrages du président Ferhat Mehenni, l’événement, marqué par un accueil chaleureux et convivial, a également offert un moment artistique où Ferhat Mehenni, figure majeure de la chanson engagée kabyle, a interprété quelques titres, accompagné à la guitare par Agur Sarahwi, offrant ainsi au public une immersion musicale dans l’âme kabyle.
À travers cette invitation, le Centre Charlier et Chrétienté-Solidarité ont démontré, et c’est tout à leur honneur, que la solidarité entre peuples est une valeur chrétienne qui s’enracine dans la défense des libertés et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Envers et contre tous
Ce vendredi 8 Août, j’écoute sur BFM-TV Benjamin Nétanyahu présenter son plan de sécurité pour vaincre le Hamas. Selon ce plan, Tsahal devrait prendre le contrôle de la bande de Gaza après avoir libéré les otages israéliens et désarmé le Hamas. En conclusion de cette présentation à la presse, le premier ministre d’Israël déclare dans une sorte d’appel solennel, presque mystique :
« Nous sommes là ensemble jusqu’au bout, jusqu’à la victoire. Ensemble nous nous battrons et avec l’aide de Dieu, ensemble nous vaincrons. »
Ce n’est pas la première fois que Benjamin Nétanyahu invoque ainsi l’aide de Dieu pour justifier une offensive contre des ennemis d’Israël. Après la guerre éclaire contre l’Iran en Juin dernier, il avait déjà confié à des journalistes :
« Avec l’aide de Dieu, de grands jours nous attendent. Des jours d’unité, des jours de force et avec l’aide de Dieu, des jours de paix. Nous devons réaliser l’aide divine que nous avons reçu. Nous avons eu l’héroïsme de nos combattants, l’aide de nos amis, mais il y a eu aussi l’aide divin du Saint, bénit soit-il. Pour cela, je rend grâce au nom des générations de juifs qui ont attendus de rétablir notre état, qui ont espéré que nous défendrions notre avenir. C’est ce que nous avons fait ! »
En réalité, il a un peu tendance à se prendre pour l’Élu de Dieu. Déjà après les terribles évènements du 7 octobre 2023, il avait déclaré à l’adresse du Hamas :
« Nous sommes le peuple de la lumière, ils sont le peuple des ténèbres, et la lumière triomphera des ténèbres. Je suis responsable de garantir l’avenir de notre pays, et maintenant mon rôle est de conduire Israël à une victoire écrasante. Nous réaliserons la prophétie d’Isaïe ».
Le premier ministre d’Israël aime citer des textes bibliques, et en particulier les paroles du prophète Isaïe. Cela lui permet de justifier toutes les attaques lancées contre ses ennemis héréditaires au mépris des règles humanitaires les plus élémentaires. Appuyé sur ces paroles sacrées, il peut rester droit dans ses bottes malgré toutes les oppositions qui se lèvent contre lui !
Et depuis quelques mois, il doit faire face à des manifestations de plus en plus hostiles même au sein de sa propre coalition. Ainsi plusieurs membres du parti ultra-orthodoxe ont quitté leur poste au gouvernement le mois dernier et début août, près de six cent hauts responsables israéliens ont appelé le président américain à faire pression sur Benjamin Nétanyahu pour mettre fin aux bombardement sur la bande de Gaza. Quant à la population israélienne, elle descend de plus en plus souvent dans la rue pour dénoncer les massacres de civiles palestiniens et demander l’ouverture de négociations pour la libération des derniers otages juifs.
Malgré tant d’oppositions, si les textes sacrés semblent lui donner raison de poursuivre son combat, j’ai cependant observé chez lui une fâcheuse tendance à ne se référer qu’au livre du prophète Isaïe. Pire, il n’en retient que quelques passages bien choisis et surtout, il néglige les autres prophètes de la Bible !
On pourrait par exemple lui conseiller le livre de Zacharie, l’un des derniers prophètes d’Israël. Certains passages décrivant les temps de la fin pourraient bien se rapporter à son illustre personne :
« L’Éternel me dit : prends un berger insensé. Car voici, je susciterai dans le pays d’Israël un berger qui n’aura pas souci des brebis qui périssent. Il n’ira pas à la recherche des plus jeunes, il ne guérira pas les blessées, mais il dévorera la chair des plus grasses, il déchirera jusqu’aux cornes de leurs pieds. Malheur au berger indigne qui abandonne ses brebis ! Que l’épée fonde sur son bras et sur son œil droit. »
C’est ce même Zacharie qui a écrit à propos de l’accomplissement de la volonté de Dieu pour le peuple d’Israël :
« Ce n’est ni par puissance, ni par force, mais c’est par mon esprit, dit l’Éternel des armées »
Quand Benjamin Nétanyahu combat le Hamas en bombardant la bande de Gaza et ses habitants, on a du mal à discerner l’esprit de l’Éternel dans un tel acharnement !
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Du 24 au 27 août 2025 : profitez d’une occasion extraordinaire pour une formation intégrale à la prière de l’Église !
Journées liturgiques de Randol du 24 au 27 août 2025 :
Nées sous l’impulsion et avec les encouragements du cardinal Robert Sarah, ancien Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, ces journées se veulent un temps et un lieu de formation intégrale et de réflexion de qualité sur la prière de l’Église.
Conscients que la grave crise que nous traversons aujourd’hui vient en particulier d’une grande ignorance du rôle nécessaire de la liturgie comme chemin de salut, le Père Abbé et les moines de l’abbaye Notre-Dame de Randol vous proposent des conférences de fond sur la prière.
Les conférences sont fondées sur l’enseignement de l’Église : l’apport du second Concile du Vatican, à travers sa Constitution sur la Liturgie, les textes du Magistère, la réflexion et les débats théologiques contemporains, notamment l’enseignement de Benoît XVI, selon l’« herméneutique de la continuité » qu’il a développée.
Ces conférences se déroulent dans un cadre unique : celui de la vie régulière du monastère, à travers son environnement naturel, sa liturgie et le temps consacré à la prière. Elles s’adressent à tous : prêtres, religieux, religieuses, séminaristes, laïcs engagés ou simples fidèles, et bien sûr les familles, désireux d’enraciner leur foi par une connaissance plus approfondie de la liturgie, afin d’en acquérir le goût et l’intelligence, pour la vivre ensuite au quotidien dans le monde.
Possibilité de loger sur place en famille et de prolonger son séjour.
Inscription :
https://randol.org/evenements/abbaye-randol-puy-de-dome/
Abbaye de Randol
285 route de Randol,
63450 Cournols.
Tel : +33 (0) 4 73 393100
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Qu’Il règne sur nos âmes
Deuxième épisode de la série « Pour qu’Il règne »: l’abbé Toulza (FSSP), prédicateur régulier des Exercices de saint Ignace, nous fait découvrir la force de ces retraites qui transforment les âmes.
En suivant saint Ignace, nous comprenons que le Christ est non seulement le fondement de notre vie, mais aussi notre Roi. Un Roi qui appelle chacun à choisir son étendard et à se lever pour conquérir son Royaume dans nos âmes, nos familles, et jusqu’au cœur de la cité.
Des laïcs l’ont compris: à l’école d’Ignace, ils se sont formés, ils se sont engagés, ils ont mis leur vie au service du bien commun.
Une vidéo à ne pas manquer pour tous ceux qui veulent se former, se convertir et agir dans un monde qui en a tant besoin.
S’engager au service du Christ-Roi
Notre-Dame de Chrétienté propose une série de vidéos pour prolonger la grâce du pèlerinage de Chartres avec Isabelle Piot, directrice de la formation de Notre-Dame de Chrétienté.
Dans cet épisode, Philippe Darantière, président de l’association, revient sur l’appel fondamental du pèlerinage: œuvrer pour le règne du Christ, sur la terre comme au ciel, par un engagement chrétien dans la cité.
Une invitation claire: mettez vos talents au service du bien commun et de la royauté sociale du Christ.
Depuis 15 ans, tous les dirigeants de l’INA finissent suspendus
Les institutions publiques françaises sont dirigées par des personnalités plus que douteuses.
Après Sciences Po Paris dirigé pendant 27 ans (1996-2023) par des hommes aux comportements plus que troubles.
- Richard Descoings, de 1996 à 2012, année où il est retrouvé mort nu dans une chambre d’hôtel à New-York
- Frédéric Mion, de 2013 à 2021, année où ce dernier est contraint de démissionner quand la presse révèle qu’il était au courant des faits incestueux de Olivier Duhamel
- Mathias Vicherat, de 2021 à 2023, année où il est mis en garde à vue pour violences conjugales.
Voici l’INA, dirigé pendant 15 ans par personnalités multipliant les ennuis avec la justice. Depuis 15 ans (2010), il n’y a pas eu un dirigeant suspendu de ses fonctions à la tête de l’INA.
- Après Mathieu Gallet (2010-2014), condamné à 30 000 euros d’amende pour “favoritisme” quand il dirigeait l’INA
- Après Agnès Saal (2014-2015), restée moins d’un an en fonction, qui avait dû démissionner à la demande de la ministre de la culture de l’époque, Fleur Pellerin, après la révélation de frais de taxi dépassant 40 000 euros en dix mois.
C’est au tour du président actuel de l’INA Laurent Vallet (2015-2025) d’être suspendu après avoir été interpellé pour l’achat de cocaïne à un mineur de 17 ans.
Bonne nouvelle pour lui : sur le site de l’INA, il est possible de revoir un reportage de 2023 intitulé
“Cocaïne en France : l’inquiétante explosion de la consommation”
Confiez-vous à la Vierge Marie : votre plus puissante médiatrice !
Célébrée chaque 15 août, l’Assomption de la Vierge Marie est l’une des plus grandes solennités de l’année liturgique.
En ce jour, nous faisons mémoire de Marie, notre Mère du Ciel, élevée auprès de Dieu, corps et âme, au terme de sa vie terrestre.
Alors pour l’occasion, l’application Hozana vous invite à confier tout particulièrement une intention de prière à la Sainte Vierge !
Lorsque nous la prions, nous lui demandons d’être notre intermédiaire, notre médiatrice, notre porte-parole auprès de son Fils.
Elle est notre plus puissant intercesseur et elle sait le temps et le moment parfait pour qu’Il nous exauce !
👉 Confiez-lui particulièrement votre intention de prière ici : https://lc.cx/kAwf4r
Les intentions seront ensuite toutes déposées au sanctuaire marial Notre-Dame de Grâces de Cotignac !
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Le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU demande des informations sur le projet de loi en faveur de l’euthanasie
Le 23 juin, le Comité des droits des personnes handicapées, à l’ONU, a demandé à la France, en vertu de l’article 36, paragraphe 1, de la Convention, des informations sur :
- Les mesures adoptées pour garantir la conformité du projet de loi n° 1100/1364-A0 (27 mai 2025) relatif au droit à l’aide à mourir avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées, et en particulier :
- Les critères d’éligibilité proposés, notamment “être atteint d’une affection grave et incurable” et « “présenter une souffrance physique ou psychologique constante liée à cette affection, qui est soit réfractaire aux traitements, soit insupportable» sont conformes à la Convention, car elles semblent fondées sur des perceptions capacitistes de la qualité et de la valeur de la vie des personnes handicapées, notamment l’idée que la « souffrance » est intrinsèque au handicap, sans reconnaître que l’inégalité et la discrimination causent et aggravent la « souffrance » des personnes handicapées.
- Que la législation proposée garantisse le droit de choisir des personnes handicapées, en garantissant la disponibilité d’alternatives à l’aide médicale à mourir, telles qu’un soutien formel et informel, qui respecte leur autonomie, leur volonté et leurs préférences.
- Que le texte proposé garantisse que le consentement n’est pas donné par des tiers, des tuteurs ou des membres de la famille, mais par les personnes handicapées elles-mêmes, et qu’elles seront protégées contre la coercition, l’abus d’influence et l’abus de pouvoir.
- Que les informations fournies aux personnes handicapées soient accessibles et que des moyens et modes de communication alternatifs soient disponibles sur demande.
- Arguments justifiant que « Une personne qui tente de dissuader quelqu’un d’être euthanasié ou de se suicider avec assistance sera passible de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. »
- Justification de la proposition selon laquelle « deux jours seulement après avoir demandé le suicide assisté ou l’euthanasie, une personne peut être légalement mise à mort ».
- Mesures adoptées pour garantir que les personnes handicapées et les organisations qui les représentent soient étroitement consultées et activement impliquées dans le processus d’élaboration de ce projet de loi.
- Mesures visant à garantir que les autorités de l’État partie s’abstiennent d’affirmer dans les médias publics et les réseaux sociaux que le Comité soutient la légalisation de l’euthanasie.
En septembre 2021, le Comité a examiné le rapport initial de la France et adopté des observations finales (CPRD/C/FRA/CO/1). Au paragraphe 21 de ces observations finales, le Comité a noté avec préoccupation le taux élevé de suicide chez les personnes autistes et les personnes présentant un handicap psychosocial.
Le Comité a recommandé à la France de
« renforcer les mesures visant à mettre en œuvre une stratégie nationale de prévention du suicide pour les personnes handicapées, avec des mesures spécifiques ciblant les personnes autistes et les personnes présentant un handicap psychosocial, et de garantir une consultation étroite et une participation active des personnes handicapées par le biais de leurs organisations représentatives ».
Au paragraphe 40 des présentes Observations finales, le Comité a noté avec préoccupation
« l’absence de dispositions permettant aux personnes handicapées de vivre de manière autonome et au sein de la société, notamment l’absence de logements indépendants, accessibles et abordables, de soutien individualisé et d’égalité d’accès aux services de proximité ».
Le Comité a reçu des informations crédibles indiquant que l’approbation du projet de loi susmentionné constituerait une violation de l’obligation de l’État partie de respecter, protéger et garantir le droit à la vie des personnes handicapées.
Les informations dont dispose le Comité indiquent également que le projet de loi, s’il était approuvé, créerait une fausse dichotomie concernant la notion de « choix », partant du principe que si les personnes handicapées souffrent, l’État partie peut légitimement permettre leur décès sans prévoir de garanties garantissant la fourniture d’un soutien, et sur la base d’hypothèses capacitistes qui minimisent la multitude d’options de soutien qui pourraient permettre aux personnes handicapées de vivre dignement. Il a été également informé sur les défis de l’État partie à garantir des dispositions permettant aux personnes handicapées de vivre de manière autonome et au sein de la société, notamment l’absence de logements indépendants, accessibles et abordables, soutien individualisé et accès égal aux services communautaires.
Le Comité examinera les réponses et toute information crédible lors de sa trente-troisième session, qui se tiendra à Genève (Suisse), du 11 au 29 août 2025.
Et si la conservation de la liturgie traditionnelle était un élément essentiel, voire indispensable, de la communion de l’Église avec elle-même ?
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 6e et dernière partie :
Mais il ne s’agit pas seulement de « protéger » charitablement un groupe, une minorité. Nous estimons devoir poser la question : et si la conservation de la liturgie traditionnelle, et la protection d’espaces de valorisation de cette liturgie, était un élément essentiel, voire indispensable, de la communion de l’Église avec elle-même ? Cette “communion diachronique” de l’Église avec son passé était est un axe majeur de la pensée de Benoît XVI, et peut-être la raison théologique principale qui a guidé le Motu Proprio Summorum Pontificum6. Voilà qui permettrait de donner un sens très profond à la mission que le pèlerinage de Chartres peut remplir, avec sa spécificité propre, au service de l’Église.
D’ici là, nous prions que Notre Dame de la Sainte Espérance nous préserve de l’amertume et de la dureté du cœur, et nous garde dans la joie du service du Christ et de son Église. L’épreuve et la contradiction font partie de l’expérience pèlerine. La tentation d’abandonner, de baisser les bras, de partir aussi. Mais nous ne voulons pas quitter l’unique colonne, celle de l’Église en marche vers le Sanctuaire désiré. Notre rassemblement est particulier, il agace parfois ses voisins, il parle une langue curieuse et parfois s’exprime un peu fort, mais il a sa place, tel qu’il est, dans l’immense pèlerinage des chrétiens. A sa manière, il veut annoncer le Christ. Nous ne savons pas le faire autrement qu’avec nos trois piliers de Chartres : Tradition, Chrétienté, Mission. Pour certains chrétiens, ce sont vraiment ces trois piliers qui constituent leur lien vital avec Jésus. C’est pour eux, pour cette portion du peuple de Dieu, que nous demandons que soit tenue la promesse faite par Jean-Paul II à notre famille spirituelle. Et le jour où ce ne sera plus le Christ que nous annonçons, mais nous-mêmes ou notre propre cause humaine, alors il sera toujours temps de nous interdire : nous l’aurons mérité.
Conservant l’unité dans ce qui est nécessaire, que tous, dans l’Église, chacun selon la charge qui lui est confiée, gardent la liberté qui leur est due, qu’il s’agisse des formes diverses de la vie spirituelle et de la discipline, de la variété des rites liturgiques, et même de l’élaboration théologique de la vérité révélée ; et qu’en tout ils pratiquent la charité. De la sorte, ils manifesteront toujours plus pleinement la véritable catholicité et apostolicité de l’Église (Concile Vatican II, Unitatis Redintegratio 4, §7).
Association Notre-Dame de Chrétienté
Les sables de Barkhane, analogues aux sables de la modernité
Cyril Farret d’Astiès publie chez DMM un sympathique roman sur L’ancien gouvernorat – dans les sables de Barkhane.
Jean, capitaine d’état-major, chargé de communication pour la « grande muette », retrouve à Barkhane son camarade Brieuc, fantasque, libre et quelque peu inadapté chef de commandos de montagne. L’auteur profite des libres discussions entre ses personnages pour remettre en cause la modernité en général, l’hyper-technicisation de l’Armée, la politique africaine de la France, …
Au gré de leur mission, dans le vaste terrain de jeu de l’armée française au Mali, entre le fleuve Gao et le massif des Ifoghas, cette histoire simple est l’occasion de parler de vie, de mort, de civilisation et d’omelette aux cèpes en fredonnant quelques chansons.
Ce récit de guerre est à conseiller à tous ceux qui, petit à petit, dans notre société technique, sérieuse et triste, deviennent passagers clandestins dans leur propre pays.
Déguster la philosophie comme du bon vin
Brice de Beaudrap, doctorant en philosophie et fondateur de VinoPhilo, établit des liens entre le vin et la philosophie. D’ailleurs ces deux matières ont des racines ancestrales. Le vin est l’une des productions les plus anciennes que nous associons au développement de la culture humaine : ses premières traces remontent environ à 8 000 av. J.-C.
Boisson accessible à tous, voire quotidienne pour bien des peuples à travers les siècles, mais aussi terrain d’expression des formes culturelles les plus raffinées, le vin est l’un des compagnons les plus fidèles de notre histoire.
Partant de l’expérience à la fois répandue mais souvent superficielle de la consommation du vin, l’auteur prend prétexte des diverses traditions humaines qui entourent ce breuvage pour faire naître des réflexions philosophiques, au travers de 42 analogies, qui sont autant de leçons sur le rapport du sujet avec ce qui l’entoure.
Que signifie vraiment : « Il ne nous manquerait pas un petit verre de vin ? », prononcé lors d’un dîner en tête à tête ? Quelle est la pensée qui se cache derrière le regard que le vigneron pose sur ses ceps ? Quarante-deux chapitres de ce type pour susciter une soif… de connaissances.
Un livre à déguster accompagné d’un bon verre de vin.
L’essoufflement de la modernité au programme du colloque du CEP fin septembre
Présentation du colloque du CEP des 27 et 28 septembre 2025 à Orsay
– Qu’est-ce que le CEP ?
Fondé en 1997, le CEP (Centre d’Études de et de Prospective sur la science) se propose de développer une alternative à l’actuelle vision scientiste du monde qui, inspirée par un laïcisme étroit, impose d’étudier la Nature, les sociétés et leur histoire comme si Dieu n’existait pas. Il y a là un préjugé aussi anti-scientifique dans son fondement que stérilisant pour l’intelligence dont le rôle – le mot l’indique – est de tout relier. À l’inverse, le CEP développe une vision chrétienne du monde et défend tant l’historicité que la pertinence scientifique de la Bible.
– Pour quoi ce thème sur l’essoufflement de la modernité
« Nous qui sommes modernes, serons anciens dans quelques siècles » écrivait La Bruyère. Il n’est pas sûr que cette heureuse sanction du temps s’étende à tout ce qui, depuis deux siècles, s’est avantageusement qualifié de « moderne », tant dans les œuvres de l’art que dans les productions de la pensée. Il semble même que le ver était dans le fruit et que les traits durables de cette modernité (anthropocentrisme, rationalisme, horizontalité), après avoir largement répandu dans nos sociétés une puissance matérielle et un confort, inédits dans l’Histoire, s’effrayent devant le vide intérieur qui en a résulté. Aux promesses de progrès indéfini et de bonheur pour les peuples répondent l’asservissement aux machines intelligentes, la fragilité des liens sociaux et la « culture de mort ». Le moment était donc venu de s’interroger sur les causes de tels paradoxes.
– Comment se déroulera le colloque :
Il débutera le samedi 27 septembre, se tiendra jusqu’au dimanche 28 septembre après-midi et se clôturera par la Messe.
Le samedi nous entendrons successivement Christian Bizouard, astronome spécialiste, sur la rotation terrestre – un des symboles de la modernité –, puis le Docteur Bernard Roullet, cancérologue, sur la nécessaire remise à plat de la médecine qui s’opère depuis 6 mois aux États-Unis sous l’impulsion de Robert F. Kennedy. Alexandra Henrion Caude, généticienne, nous fera part de son expérience dans la recherche scientifique et Pascal Renardet, fort de sa carrière dans l’industrie minière, nous montrera la pertinence bien oubliée du patriotisme économique. Pour clôturer la journée du samedi, Maxence Hecquard reviendra sur les présupposés philosophiques de la pensée dite « moderne ».
Le dimanche, Dominique Tassot tracera un bilan général de cette fin de cycle et montrera que la mise à l’écart de Dieu, dans tous les domaines, est le grand facteur explicatif de la crise contemporaine. Pour en sortir, Valérie Burgaud, juriste et historienne, tracera la forme à donner aux nouvelles institutions et Yves de Lassus, ancien militaire et président de l’Action familiale et scolaire, nous fera comprendre la mystérieuse actualité du combat pour le Christ-Roi.
Pendant tout le colloque l’accès à la libraire sera possible.

4 scènes fantastiques dans les 4 Fantastiques
Reçu d’un lecteur :
C’est une belle surprise de l’été. Vous accompagnez vos grands ados au cinéma et vous découvrez un film de super-héros qui résonne avec une vision catholique de la vie.
Marvel n’est pas réputé pour ses prises de position éthiques explicites sur des sujets sociétaux sensibles. Pourtant, The Fantastic Four: First Steps, dernier reboot de la célèbre équipe de super-héros, pourrait bien surprendre un spectateur attentif. Derrière son esthétique rétro-futuriste et ses combats cosmiques, le film peut se lire comme une puissante parabole en faveur de la vie dès la conception.
Quatre scènes clés – autant que de héros – laissent entrevoir un message inattendu, voire contre-courant, que certains catholiques y verront comme une forme de plaidoyer anti-avortement.
1. La vie accueillie avec joie
Dès la première scène, l’histoire s’ouvre sur un moment intime : Sue Storm découvre qu’elle est enceinte. Le test de grossesse est positif. Elle partage aussitôt la nouvelle avec son mari Reed Richards. La réaction est celle d’une joie profonde, d’une gratitude presque sacrée. On apprend qu’ils essayaient d’avoir un enfant depuis plusieurs années.
Ce choix d’écriture n’est pas anodin : dans un monde souvent représenté comme cynique ou désenchanté, commencer un blockbuster par l’accueil d’une vie désirée et aimée dès l’annonce de sa conception pose un ton radicalement humain.
2. L’humanité de l’enfant à naître
Plus tard, une scène montre clairement l’enfant dans le ventre de Sue. Les images, presque échographiques mais sublimées par l’imagerie scientifique de Reed, ne laissent pas de place à l’ambiguïté : il ne s’agit pas d’un simple “amas de cellules”, mais bien d’un être humain, complet dans son identité, en devenir.
Le film souligne par des gros plans et une musique douce que la dignité de cet enfant existe déjà, avant même sa naissance. Ce traitement visuel peut être perçu comme un rappel de la valeur intrinsèque de toute vie humaine.
3. Le choix de protéger la vie, quoi qu’il en coûte
Dans une scène centrale, Galactus, l’entité cosmique menaçante, propose un marché : il épargnera la Terre si les parents lui donnent l’enfant à naître. L’offre est terrible – un dilemme digne des tragédies antiques.
Reed et Sue refusent catégoriquement, même si cela semble condamner l’humanité entière. Ce choix est présenté non pas comme un caprice parental, mais comme un acte moral : sacrifier l’innocent pour sauver les autres, c’est déjà perdre ce qui rend l’humanité digne. Ainsi, sauver l’enfant devient le symbole du refus d’instrumentaliser la vie humaine.
4. L’enfant, avenir de l’humanité
Dans la scène finale, l’enfant désormais né intervient pour sauver la vie de l’un des 4 Fantastiques. Cette résolution narrative fait écho à un thème biblique ancien : celui du plus faible qui sauve le plus fort, du petit qui porte en lui l’avenir du monde.
Ce n’est pas un gadget scénaristique, mais l’aboutissement logique de tout ce que le film a construit : les enfants à naître ne sont pas seulement une promesse abstraite, ils sont la force vive qui sauve, transforme et régénère l’humanité.
Un film plus engagé qu’il n’y paraît ?
Même si les scénaristes n’ont peut-être pas voulu faire une déclaration politique explicite, The Fantastic Four: First Stepsoffre, par ces quatre scènes, une lecture possible profondément alignée avec la vision catholique de la vie :
- La vie est un don à accueillir.
- L’enfant à naître est déjà pleinement humain.
- Protéger l’innocent est plus important que toute autre “victoire”.
- L’avenir se construit en sauvegardant les plus fragiles.
Dans un genre cinématographique souvent dominé par le spectaculaire, voir un blockbuster poser la question de la dignité humaine dès la conception est, en soi, un acte… fantastique.
Liturgie et démon de midi
D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
« L’ennemi le plus dangereux de la foi est la négation. Ce n’est pas l’athéisme. Le véritable ennemi est l’indifférence, l’apathie, l’habitude. C’est la maladie spirituelle de notre temps. Notre foi apparaît souvent hésitante, fragile, inconsistante, peu convaincue et peu convaincante. Liée à tant de conditionnements, à des émotions passagères, à des déceptions, à l’habitude… »
« Les lecteurs contemporains voient dans ces descriptions quelque chose qui rappelle beaucoup le mal de la dépression, tant d’un point de vue psychologique que philosophique. En effet, pour ceux qui sont saisis par l’acédie, la vie perd son sens, prier devient ennuyeux, toute bataille semble dénuée de sens. Même si nous avions nourri des passions dans la jeunesse, elles nous paraissent aujourd’hui illogiques, des rêves qui ne nous ont pas rendus heureux. Alors on se laisse aller et la distraction, l’absence de pensée, apparaissent comme la seule issue : on aimerait être hébété, avoir l’esprit complètement vide… C’est un peu comme mourir par anticipation, et c’est déplorable. » Face à ce vice que l’on sait si dangereux, les maîtres de la spiritualité envisagent divers remèdes. Je voudrais signaler celui qui me semble le plus important et que j’appellerais la patience de la foi. Si, sous le fouet de l’acédie, le désir de l’homme est d’être “ailleurs”, de fuir la réalité, il faut au contraire avoir le courage de rester et d’accueillir dans mon “ici et maintenant”, dans ma situation telle qu’elle est, la présence de Dieu. Les moines disent que la cellule est pour eux le meilleur maître de vie, parce qu’elle est le lieu qui te parle concrètement et quotidiennement de ton histoire d’amour avec le Seigneur. Le démon de l’acédie veut détruire précisément cette joie simple de l’ici et maintenant, cette crainte reconnaissante de la réalité ; il veut te faire croire que tout est vain, que rien n’a de sens, qu’il ne vaut pas la peine de se préoccuper de rien ni de personne. Dans la vie, nous rencontrons des gens « sous l’emprise de l’acédie », des gens dont nous disons : « Mais qu’il est ennuyeux ! » et nous n’aimons pas être avec eux ; des personnes qui ont aussi une attitude d’ennui contagieuse. C’est l’acédie. »
Nous n’avons jamais caché les réserves sérieuses sur un appauvrissement de l’expression liturgique de certaines vérités de foi dans le Novus Ordo
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 5e partie :
Sur le plan liturgique, nous reconnaissons que la messe dite de Paul VI est le sacrifice du Christ, qu’elle est pleinement valide, et que des saints se sont sanctifiés par elles, à l’exemple de Carlo Acutis que nous avons pris comme patron protecteur l’an passé au pèlerinage, et de tant d’autres saints. Cependant, nous n’avons jamais caché les réserves sérieuses, émises bien au-delà du cadre de notre famille spirituelle, sur un appauvrissement de l’expression liturgique de certaines vérités de foi dans le Novus Ordo ; ni les réserves sur la façon dont s’est réalisée la réforme, qui tient plus de la « construction » que de « l’évolution organique », selon les analyses du cardinal Ratzinger lui-même. Nous ne retrouvons malheureusement pas, dans la liturgie de la messe telle qu’elle se réalise concrètement en bien des lieux, les prescriptions pourtant exigées par la constitution Sacrosanctum Concilium, conservées uniquement dans l’ancien rite. A l’instar de Benoît XVI, « nous sommes convaincus que la crise de l’Église que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie ». C’est aussi l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons fait le choix de la liturgie tridentine et de sa valorisation, au pèlerinage. Une partie de nos pèlerins assistent aux deux formes du rite romain ; ils sont investis dans les paroisses, au service de leurs diocèses. Conjointement, une autre partie de nos pèlerins expriment leur réelle difficulté à vivre spirituellement de la nouvelle liturgie et nous font part de leur scandale devant les abus liturgiques auxquels ils assistent encore aujourd’hui, sans pourtant que ces abus paraissent condamnés avec force autorité là où il y aurait le devoir de le faire. Il faut reconnaître simplement que, pour une partie du peuple chrétien, minoritaire certes mais bien réelle, la nouvelle liturgie n’est pas son langage pour parler à Dieu, ni pour l’entendre. Et ce n’est pas par la force que cela changera. Est-ce un drame, lorsque l’on sait qu’il existe, dans l’Église catholique, plus de 20 rites liturgiques différents pour permettre à chacun d’entrer en contact avec le Dieu invisible ? Ici plus qu’ailleurs, l’unité de l’Église n’a jamais eu peur de la diversité.
Nous abordons la page qui s’ouvre avec une immense confiance dans la bonté de notre mère l’Église et dans la sollicitude du Saint Père. Nous sommes convaincus qu’un dialogue vrai, respectueux des personnes et de leur histoire spirituelle, peut porter du fruit. Nous ne voulons pas faire Église à part. Nous demandons simplement à servir l’Église avec notre identité, notre attachement, notre langue maternelle. Comme nous le rappelait régulièrement l’abbé Coiffet, un des aumôniers du pèlerinage, présent en 1988 : « ce n’est pas nous qui sauverons l’Église, c’est l’Église qui nous sauvera ». C’est dans cet esprit que nous avons reçu avec gratitude l’appel du pape Leon XIV aux églises orientales à « préserver vos traditions sans les édulcorer ne serait-ce que par commodité. » Peut-être y-a-t-il là une piste à explorer pour donner à notre famille spirituelle un statut particulier qui permettrait de sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes. […]
Nous constatons que l’Église traverse depuis trop longtemps une crise majeure, une crise doctrinale et liturgique
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 4e partie :
Contrairement à ce qui a été écrit, nous ne posons pas d’interdits liturgiques au pèlerinage : nous en subissons nous-même suffisamment. Mais nous souhaitons que le pèlerinage continue d’être un lieu où la liturgie traditionnelle est aimée et mise en avant, notamment par les cadres, et donc par les prêtres. Cette année encore, plusieurs prêtres nous disent qu’ils sont heureux d’apprendre cette liturgie pour venir au pèlerinage. Nous avons un contact direct avec chacun en amont de leur inscription, et nous leur demandons deux choses : de se mettre au service de tous les pèlerins et non de leurs propres fidèles, pour être tout à tous et pour qu’aucun chapitre ne manque du ministère de la confession, et de valoriser auprès des pèlerins le thème de la chrétienté et la liturgie tridentine. Nous leur demandons de jouer le jeu de l’esprit propre à ces trois journées d’amour et de mise en avant de ces trésors spirituels, et non pas d’essayer de changer le pèlerinage. Nous distinguons bien entre ceux qui ne veulent pas partager ces fondamentaux et ne manifestent pas d’intérêt pour eux – ceux-là ne viennent pas d’eux-mêmes – et ceux qui apprécient sincèrement le pèlerinage et ses piliers mais ne peuvent pas encore célébrer la forme tridentine, soit par manque de temps pour l’apprendre, soit parce qu’ils sont interdits de la célébrer. Pour eux, aussi rares soient-ils, nous avons toujours essayé de trouver des solutions pour exercer l’hospitalité liturgique et leur permettre de venir.
Pour poser des bases saines au dialogue que nous appelons de nos vœux, il faut encore dire ceci. Si nous sommes attachés aux pédagogies traditionnelles de la foi dans leur intégralité, ce n’est pas uniquement parce que nous avons pour elles un attachement viscéral ; mais c’est aussi parce nous constatons que l’Église traverse depuis trop longtemps une crise majeure, une crise doctrinale et liturgique. Il y a là une difficulté dont nous sommes conscients : l’existence des communautés traditionnelles apparaît à certains comme un « reproche vivant » vis-à-vis d’autres méthodes pastorales et liturgiques dans lesquelles on voudrait, de force, nous diluer. Précisons donc les choses. Oui, nous recevons intégralement le Concile Vatican II et le magistère récent de l’Église, nous l’étudions dans nos livrets de formations, nous l’interprétons, selon le vœu de Benoît XVI, à la lumière de la Tradition, rejetant les interprétations erronées que l’on peut faire de certains passages ambigus du texte conciliaire. Nous ne sommes pas de ceux qui souhaitent établir une rupture entre « Église préconciliaire » et « Église postconciliaire ». Nous croyons en la Tradition vivante (que nous ne confondons aucunement avec les traditions humaines), au développement organique du dogme, mais nous savons que l’Église ne peut modifier, au nom du progrès ou de l’adaptation au monde, la doctrine de Jésus sur les points aussi essentiels que la théologie de la messe, la doctrine du sacerdoce, l’indissolubilité du mariage ou la morale catholique. Nous sommes profondément inquiets de voir que le relativisme doctrinal et le progressisme moral continuent de prospérer en de nombreux lieux de l’Eglise aujourd’hui encore. Nombre de nos pèlerins, même dans la très jeune génération, reconnaissent n’avoir rien reçu en formation doctrinale, se considèrent comme des générations sacrifiées, ont l’impression qu’on leur a caché le contenu de leur foi, et viennent trouver au pèlerinage des réponses claires. Le « kaïros » que nous vivons demande que nous ayons le courage de poser un constat lucide sur cette crise de la transmission de la foi qui continue aujourd’hui, et de réfléchir ensemble sur les moyens à mettre en œuvre pour en sortir, car l’unité de l’Église est d’abord une unité dans la foi. […]
9e dimanche après la Pentecôte : Jésus s’étant approché de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle
Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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Luc. 19, 41-47. In illo témpore : Cum appropinquáret Jesus Jerúsalem, videns civitátem, flevit super illam…
En ce temps-là, Jésus s’étant approché de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle…
Quia domus mea domus oratiónis est. Vos autem fecístis illam speluncam latrónum. Et erat docens cotídie in templo.
Ma maison est une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Et il enseignait tous les jours dans le temple.
Les chants du propre de la messe de ce neuvième dimanche après la Pentecôte sont encore extraits des psaumes, à l’exception cette fois de la Communion. A l’inverse des chants du dimanche précédent, c’est le Graduel qui nous fera entendre une acclamation triomphale à la majesté divine, alors que l’Introït et l’Alléluia sont des prières suppliantes.
► Introït : Ecce Deus
Le texte de l’Introït est tiré du psaume 53, composé par David alors qu’il était poursuivi par des ennemis implacables. Mais cet appel au secours est comme toujours plein de confiance dans la protection divine. Ce psaume est utilisé pendant la semaine sainte, où il est mis dans la bouche du Christ. L’Introït de ce jour commence par un verset exprimant la confiance dans le secours du Seigneur, avant d’implorer sa protection.
Ecce Deus adjuvat me, et Dominus susceptor est animæ meæ : averte mala inimicis meis, in veritate tua disperde illos, protector meus Domine.
Voici que Dieu vient à mon secours, le Seigneur est le soutien de mon âme : détournez les maux sur mes ennemis, dans votre fidélité dispersez-les, Seigneur, notre protecteur.
On voit que la première phrase est une affirmation à la troisième personne de notre confiance en Dieu, exprimée par une mélodie joyeuse et pleine d’allant, tandis que la deuxième phrase passe à la deuxième personne, et devient une prière suppliante, marquée par une mélodie plus tourmentée, surtout la cadence en demi-ton de inimicis meis. Mais on retrouve la confiance à la fin avec une belle courbe calme mais pleine d’assurance sur les mots protector meus. Cet Introït est accompagné bien entendu par le premier verset du psaume 53 :
Deus in nomine tuo salvum me fac : et in virtute tua judica me.
Mon Dieu par votre nom sauvez-moi, et par votre puissance faites-moi justice.
► Graduel : Domine Dominus noster
Entre les supplications de l’Introït et de l’Alléluia, nous allons trouver dans le Graduel du neuvième dimanche après la Pentecôte, une exclamation de louange, d’admiration et de reconnaissance pour le créateur et tous ses bienfaits, sur la terre, univers visible, et dans les cieux, univers invisible. C’est le début du psaume huit.
Domine Dominus noster, quam admirabile est nomen tuum in universa terra ! Quoniam elevata est magnificentia tua super cælos !
Seigneur, notre maître, que votre nom est admirable sur toute la terre ; que votre majesté est élevée au-dessus des cieux !
Pour la sixième fois consécutive en ces dimanches après la Pentecôte, la mélodie de ce Graduel utilise le cinquième mode grégorien, avec des formules typiques qui reviennent souvent et se ressemblent plus ou moins. Mais à chaque fois ces mélodies s’adaptent parfaitement au texte qu’elles doivent servir. Ici on n’a pas au départ un grand élan enthousiaste comme dans l’Introït et l’Alléluia de dimanche dernier ; la mélodie de la première phrase reste d’abord grave, calme et horizontale, exprimant une profonde adoration ; puis elle s’élève en un bel élan d’admiration, précisément sur le mot admirabile, et se poursuit en souples ondulations pleines du bonheur de contempler la splendeur divine.
► Alléluia : Eripe me
L‘Alléluia du neuvième dimanche après la Pentecôte présente un contraste frappant avec le Graduel de cette messe ainsi qu’avec l’Alléluia Magnus Dominus du dimanche précédent. La plupart des Alléluias de ce temps liturgique sont des chants d’action de grâces et des acclamations enthousiastes et triomphales, mais il y a quelques exceptions. Nous avions rencontré dans l’Alléluia du sixième dimanche une prière suppliante mais pleine de confiance. Nous avons cette fois une supplication intense, presque douloureuse. Un Alléluia n’est pas toujours joyeux.
Le texte est le premier verset du psaume 58. Nous avons déjà remarqué que depuis le cinquième dimanche tous les Alléluias ont pour texte le premier verset d’un psaume, et il en sera ainsi tous les dimanches jusqu’au quatorzième dimanche, sans exception.
Eripe me de inimicis meis, Deus meus : et ab insurgentibus in me libera me.
Arrachez-moi à mes ennemis, mon Dieu et délivrez-moi de ceux qui se dressent contre moi.
Ce verset de psaume, où David demande au Seigneur d’abattre les ennemis qui le harcèlent sans cesse, est très utilisé au temps de la Passion dont il est une sorte de refrain ; il y est bien entendu placé dans la bouche du Christ. En ce temps après la Pentecôte, qui représente la longue marche de l’Église depuis les apôtres jusqu’à la fin des temps, il peut être mis dans la bouche de l’Église, c’est tout à fait d’actualité, ou de chaque âme chrétienne en proie aux épreuves et aux tentations. La mélodie est aussi suppliante que le texte. Elle s’étire comme une longue plainte.
Comme cela arrive assez souvent en ce temps après la Pentecôte, nous l’avons déjà constaté au sixième dimanche, et ce sera encore le cas les deux prochains dimanches, l’Offertoire du neuvième dimanche après la Pentecôte est repris à un autre dimanche de l’année. Aujourd’hui nous trouvons celui du troisième dimanche de Carême, méditation aimante et contemplative sur la loi divine et le bonheur qu’il y a à l’observer :
Justitiæ Domini rectæ, lætificantes corda, et dulciora super mel et favum, nam et servus tuus custodiet ea.
Les préceptes du Seigneur sont justes, ils réjouissent les cœurs et sont plus doux qu’un rayon de miel ; aussi votre serviteur les observe-t-il.
Les mots dulciora et ea qui sont au neutre se rapportent au substantif judicia qui figure dans le psaume, mais qui n’est pas repris dans le texte de l’Offertoire. Il est d’ailleurs à peu près synonyme du premier mot de ce texte justitiæ. On notera aussi à la fin, le passage de la troisième à la deuxième personne que l’on rencontre souvent dans les psaumes. Ce texte aurait pu être emprunté au psaume 118, la longue méditation sur la volonté de Dieu et ses commandements que l’on rencontre souvent au cours de l’année liturgique et d’où était tiré l’Offertoire de dimanche dernier.
En fait, celui-ci est pris dans un autre psaume, le psaume 18, dont la deuxième partie résume au contraire les mêmes thèmes en quelques versets très condensés. La mélodie est très calme, paisible et assurée, tournant toujours autour de la même note sur laquelle elle pose notes longues et cadences. Cependant la conclusion est surprenante : au lieu de se terminer sur cette même note, la mélodie descend un demi-ton plus bas, restant en suspens comme un long regard qui ne veut pas finir.
► Communion : Qui manducat
L‘Antienne de Communion du neuvième dimanche après la Pentecôte est le seul chant de cette messe dont le texte n’est pas tiré d’un psaume, mais de l’Évangile. Il ne s’agit d’ailleurs pas de l’Évangile du jour, mais d’un passage célèbre du discours sur le pain de vie, dans l’Évangile de saint Jean qui convient particulièrement bien au moment de la Communion. Le nouveau Graduel publié par Solesmes en 1974 a affecté cette Communion à la fête du Saint Sacrement, où elle est également bien à sa place ; le texte figure d’ailleurs dans le verset d’Alléluia de cette fête.
Qui manducat carnem meam, et bibit sanguinem meum, in me manet, et ego in eo, dicit Dominus.
Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui, dit le Seigneur.
On sait qu’en entendant ces mots, auxquels ils ne comprirent rien, un grand nombre de disciples se scandalisèrent et partirent. Nous qui savons et avons éprouvé la réalité de ces paroles, nous les répétons avec joie et enthousiasme. La mélodie est légère avec un grand élan qui monte vers les mots sanguinem meum. La deuxième phrase et ego in eo est plus calme et intérieure. C’est vraiment le Christ qui nous parle cœur à cœur.
Accord entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : de nombreuses questions restent sans réponse
Communiqué de SOS Chrétiens d’Orient :
Hier soir, Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, reçus à la Maison Blanche par Donald Trump, ont signé un premier traité de paix. Ils
« s’engagent à mettre fin à tous les combats pour toujours, à ouvrir le commerce, les voyages et les relations diplomatiques, et à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’autre ».
Cet accord prévoirait la construction d’un corridor spécial qui permettrait à l’Azerbaïdjan rejoindre le territoire du Nakhitchevan. Comme ils l’avaient proposé il y a quelques semaines, les Etats-Unis devraient signer dans les prochaines semaines un accord avec l’Arménie pour la mise en place et la supervision de ce corridor qui pourrait aller jusqu’à une période de 99 ans.
Si la signature de ce premier traité pourrait sembler être une solution de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, de nombreuses questions demeurent sans réponse :
Aujourd’hui une partie du peuple chrétien suffoque, parce qu’on cherche à entraver la respiration de son âme par une sorte de violation de sa conscience
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 3e partie :
Le pèlerinage est un lieu, dans l’Église, où des laïcs et des prêtres viennent pour faire l’expérience de cette respiration et de ce langage particuliers dans l’Église. Il n’est d’ailleurs pas que cela : il est aussi une occasion formidable pour 19000 pèlerins de proposer à nos contemporains un témoignage lumineux de la beauté de la foi catholique, de ferveur spirituelle, à travers ses processions, ses adorations, ses confessions, ses messes. Il est aussi un lieu d’amitié chrétienne internationale, de vie de chapitres, de retrouvailles, de dépouillement, de pénitence joyeuse. Il est enfin ce lieu de l’expérience d’une chrétienté, les pèlerins partageant la conviction qu’il est urgent de promouvoir la royauté sociale de Notre Seigneur sur les sociétés temporelles. Il est tout cela à la fois, dans une harmonie qui n’est pas une fin en soi, mais qui n’est en aucun cas secondaire à nos yeux lorsque l’on considère les fruits spirituels qu’elle porte. Certes, on nous le rappelle avec force, les laïcs n’ont pas d’autorité en matière de liturgie. Mais ils demeurent libres en droit de fonder des associations, d’y inviter qui ils souhaitent, et de choisir de valoriser certains thèmes comme moyens privilégiés de mettre en œuvre la finalité de tout apostolat laïc : « le renouvellement chrétien de l’ordre temporel » (Apostolicam actuositatem, 7). Nous citons à dessein ce texte de Vatican II qui reconnaît une juste autonomie de l’apostolat des laïcs et de ses choix d’actions, le protégeant du danger toujours menaçant d’un dangereux cléricalisme. Nous ne trompons personne ; nous n’avons jamais masqué nos spécificités ; et nous savons que ces thèmes sont loin d’être partagés par tous les chrétiens. Mais le pèlerinage de Chartres ne convient pas à tous les chrétiens ! Nous n’avons jamais eu l’audace de nous considérer comme apportant une réponse universelle qui parle à tout le peuple de Dieu. Nous sommes nous-mêmes surpris par l’attractivité de cette œuvre, pourtant si spéciale à de multiples égards. Et fort heureusement, il existe d’autres œuvres dans l’Église, qui valorisent d’autres expressions de la foi, utilisant des moyens qui leurs sont propres et qui ne sont pas les nôtres, mais qui apportent une complémentarité, avec un dynamisme missionnaire ou un élan caritatif qui peut forcer l’admiration. Nous entretenons d’ailleurs avec certaines d’entre elles d’excellentes relations de collaboration, et jamais il n’a été exigé entre nous que, pour travailler ensemble, il fallait être tous pareil et diluer nos particularismes. Car le mystère du Verbe Incarné est trop riche pour être dit en un seul langage ; et, pour reprendre les propos pertinents d’un théologien qui n’appartient certainement pas à notre famille d’esprit, « il n’y a rien de plus contraire à la véritable unité chrétienne que la recherche de l’unification. Celle-ci consiste toujours à vouloir rendre universelle une forme particulière, à enfermer la vie dans une de ses expressions. »
Cette expression particulière de la foi dont nous faisons l’expérience à Chartres est aujourd’hui à nouveau menacée. Aujourd’hui une partie du peuple chrétien suffoque, parce qu’on cherche à entraver la respiration de son âme par une sorte de violation de sa conscience. On sait pourtant les dégâts qui peuvent se produire dans une âme, lorsqu’on veut la priver autoritairement de la médiation connaturelle et sensible à travers laquelle elle a appris à toucher le Dieu invisible : c’est ce qui s’est passé en 1969 par exemple. Rien n’est plus violent, spirituellement, que de s’entendre dire que notre « langue » ne pourra plus désormais être parlée que de façon exceptionnelle au cœur même du pèlerinage de Chartres. Ou de sentir, comme plusieurs nous l’ont affirmé directement, qu’elle est suspecte d’hérésie, que ses sacrements seraient de fait invalides, que la célébration de cette messe devrait être interdite. Car tout cela nous a été dit. En revanche, rarement est reconnue la valeur intrinsèque de la liturgie traditionnelle, et les bienfaits positifs qu’apportent ces pédagogies aux pèlerins l’espace de trois jours. Notre spécificité est masquée, voire niée, considérée comme anecdotique ou accessoire à l’esprit du pèlerinage ou à son succès ; elle serait la fixette d’une vieille génération qui n’est aucunement partagée par la jeune selon le slogan mainte fois entendu : « Les jeunes ne viennent pas pour cela ». Toujours est-il que c’est « cela » que nous proposons pendant trois jours depuis 43 ans, et que nous n’inscrivons personne de force. Nous entendre dire qu’une messe selon le Vetus Ordo peut aisément être remplacée par une messe selon le Novus Ordo en latin, ad orientem, avec de l’encens et du grégorien : cela témoigne douloureusement du peu de considération qui est fait du lien vital et spirituel qui lie harmonieusement les pédagogies traditionnelles de la foi. On nous dit que le pèlerinage sera enfin pleinement « d’Église » lorsqu’il s’ouvrira au Novus Ordo. Nous recevons cela avec la même violence que lorsque l’on dit à une minorité qu’elle sera enfin acceptée par la majorité lorsqu’elle renoncera à sa culture, lorsqu’elle diluera sa richesse pour se fondre dans la masse. Ce que la société civile est parvenue à faire pour protéger l’identité des minorités au nom de la justice naturelle et du respect des personnes et des cultures, nous avons la certitude que l’Église peut aussi y parvenir sans ruiner son unité. […]
La spiritualité chevaleresque : histoire et actualité
”Il y a plus d’une sorte de chevalerie, et les grands coups de lance ne sont pas de rigueur. A défaut d’épée, nous avons la plume ; à défaut de plume, la parole l’honneur de notre vie”.
Sans doute parce qu’elle est liée aux plus profondes racines de la civilisation occidentale, la chevalerie ne cesse de hanter l’imaginaire de nos contemporains, de passionner nos historiens, de motiver nos militaires et nos militants. Et pourtant la spiritualité chevaleresque est largement méconnue. Puisant aux racines des civilisations indo-européenne, grecque, romaine, celtique, et germanique, façonnée par le combat à cheval, le code d’honneur et le rite de l’adoubement, la chevalerie est à la fois une institution et un esprit. Elle a pu prendre des visages variés au fil des époques où elle s’est élaborée puis développée, ce qui permet de dégager les traits essentiels de sa spiritualité qui a quelque chose d’universel. Identifié au Christ cavalier combattant la Bête de l’Apocalypse, et surtout au Christ mourant sur la croix, le chevalier chrétien suivant son code ressemble à un religieux suivant les conseils évangéliques.
Un petit livre qui tombe à pic dans ces temps de reconquête ! Le général Henri Roure dans une préface vigoureuse introduit cet engouement.
Oui, en parcourant tout au long des siècles l’histoire de la chevalerie, cette institution aux racines lointaines, conserve encore aujourd’hui sa richesse et son attrait.
« La raison en est simple, elle lie l’action et la prière, le soldat et le prêtre, la défense d’un pays, d’un peuple, et l’Eglise. Elle porte vers cette dimension supérieure de la vie que l’homme d’aujourd’hui recherche souvent dans ses errances. En conséquence, sa dimension est sacramentelle. Dès son origine l’homme d’arme à cheval qui n’était pas obligatoirement noble, s’engageait par serment à servir son suzerain et l’Eglise. La chevalerie se traduit donc, avant tout, comme un état d’esprit se référant à l’engagement, donc à l’honneur et à la foi. Elle débouche naturellement sur le service de Dieu, par l’Eglise et le prince. La continuité apparaît comme une évidence. Elle est ainsi l’expression organisée de cette élévation à laquelle tout homme peut aspirer.
Le chevalier en conséquence combat pour la vérité de la foi, le salut de la patrie et la défense des chrétiens. L’abbé Pellabeuf, prêtre et ancien aumônier militaire, appartenant à une famille de soldats, est indiscutablement bien placé pour conduire le lecteur à cette idée de permanence de l’idéal chevaleresque. « J’ai pensé au baptême des promotions de Saint-Cyriens » où les hommes s’agenouillent, reçoivent un nom collectif puis s’étant plié à l’adoubement, désormais officiers, se lèvent. » Cette proximité entre l’idéal chevaleresque et le soldat d’aujourd’hui, se retrouve dans ce que le maréchal Lyautey a dénommé de rôle social de l’officier .
Cette puissante démonstration a inévitablement amené l’abbé Pellabeuf à aborder les questions contemporaines. Il le fait avec élégance et tact. La spiritualité chevaleresque pourrait se relever si nous lui redonnons toute sa dimension, le facteur déterminant à la sauvegarde de la France dans un monde ou rôde Satan… Et l’abbé Pellabeuf de conclure son livre : « Le bienheureux Pie IX pensait que la chevalerie n’avait pas dit son dernier mot, on peut le penser aujourd’hui. »
Plus d’informations, sommaire et recensions sur LIVRES EN FAMILLE
https://www.livresenfamille.fr/etudes/28976-histoire-et-actualite-de-la-spiritualite-chevaleresque.html
Histoire et actualité de la spiritualité chevaleresque, Abbé Bernard Pellabeuf, Préface du général Henri Roure, Edition Dominique Martin Morin, 132 pages, 14 €
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Victoire contre une nouvelle tentative d’activistes cherchant à faire reconnaître la GPA
Ce 8 août 2025, le Conseil constitutionnel a jugé conforme à la constitution le fait que le conjoint du père biologique d’un enfant obtenu par GPA n’ait pas droit à un congé de paternité. Le Syndicat de la Famille, qui est intervenu dans le cadre de cette QPC, se réjouit d’une décision qui prend en compte la spécificité de la maternité et met en échec une nouvelle tentative de banalisation de la GPA.
Saisie d’une QPC par l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), le Conseil constitutionnel a entendu les parties le 29 juillet dernier, dont Le Syndicat de la Famille : représenté par Maître Claire Le Bret et Maître Henri de Beauregard, celui-ci s’opposait à l’argument d’inégalité avancé par l’APGL qui voulait obtenir le congé de paternité pour le conjoint d’un homme ayant fait une GPA sur la base d’un parallèle avec le conjoint d’une femme ayant accouché.
Le Conseil constitutionnel a finalement jugé conforme à la constitution le fait que le congé de paternité soit réservé au conjoint de la mère et non accessible au conjoint du père. Avec le congé de paternité, le législateur avait en effet souhaité
« éviter que la mère reste isolée après l’accouchement afin de la soutenir et de protéger sa santé, au cours d’une période pendant laquelle elle est particulièrement vulnérable ».
Le Conseil constitutionnel a écarté toute inégalité, jugeant que la situation des couples d’hommes ayant obtenu un enfant par GPA diffère de celle des couples dont la femme vient d’accoucher.
Le Syndicat de la Famille se réjouit de cette décision, dont les enjeux étaient particulièrement importants :
– Par cette décision, le Conseil constitutionnel constate de facto que l’enfant a été séparé de sa mère, laquelle est absente de sa vie de nouveau-né. C’est ce qui rend inopérante la revendication d’un deuxième congé.
– Cette décision prend également en compte la différence entre les couples homme-femme et les couples d’hommes au regard de la procréation et de la filiation, ce que ne cessent de tenter les militants de la GPA dans leur déni de la réalité humaine.
– Cette décision est aussi une reconnaissance de la spécificité de la maternité, ce qui protège les femmes qui deviennent mère et ce, dans un contexte où des mères sont exploitées, déconsidérées et invisibilisées du fait même de la pratique de la GPA.
En outre, se réjouit Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la Famille,
« cette décision met en échec cette nouvelle tentative des promoteurs de la GPA d’obtenir, via cette revendication d’un 2e congé de paternité, une forme de reconnaissance de fait, mais aussi une banalisation de cette pratique inhumaine qui consiste à exploiter une femme pour produire un enfant, lequel est ensuite séparé de sa mère pour toujours. A cet égard, un fait apparaît symptomatique : si le conseil avait donné raison à la QPC de l’APGL, cela n’aurait pas même eu pour effet d’élargir le nombre de bénéficiaires du congé paternité mais d’en supprimer le bénéfice pour tout le monde. »
Cardinal Koch : il serait souhaitable de libérer la messe traditionnelle
Le cardinal Kurt Koch, préfet du dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, a été interrogé sur kath.net par Michael Hesemann. Extraits :
[…] L’année dernière, nous avons pu nous prévaloir de 20 ans de dialogue œcuménique avec les Églises orthodoxes orientales. Lors de l’assemblée générale de janvier, il était prévu de parler de Marie et de l’adoration de Marie. Cependant, les Églises orientales ne voulaient discuter que de « Fiducia supplicans ». J’ai essayé d’inviter le cardinal Fernández, mais cela n’a pas été possible en raison de l’assemblée plénière de son dicastère. Plus tard, il s’est rendu au Caire et y a personnellement parlé au patriarche. Nous avons alors décidé de tenir des réunions séparées au début de cette année : les catholiques et les orientaux entre eux. J’attends maintenant les rapports dans l’espoir de pouvoir reprendre le dialogue.
En ce qui concerne « Fiducia supplicans », le dicastère est responsable de la doctrine de la foi. Il y avait aussi de grandes réserves du côté catholique, en particulier des évêques africains. Ils ne voient pas seulement « Fiducia supplicans » en ce qui concerne les relations homosexuelles, mais pensent aussi à d’autres relations non canoniques, en particulier la polygamie, ce qui est absolument inacceptable pour eux.
Récemment, une conférence s’est tenue à Vienne au cours de laquelle la question du soi-disant grand schisme entre l’orthodoxie et l’Église catholique de 1054 a été discutée. Était-ce un schisme ou plutôt un accroissement de la séparation ? Comment commenteriez-vous cela ?
Il faut supposer que les excommunications de 1054 n’étaient pas une excommunication des Églises. Le cardinal Humbert von Silva Candida a excommunié le patriarche Michael et le patriarche a excommunié le cardinal. Selon la conviction catholique, les excommunications se terminent par la mort des personnes concernées. Il ne s’agissait donc pas d’excommunication des Églises en tant que telles. Cela a peut-être été quelque peu mal compris en 1965, lorsque le pape Paul VI et le patriarche Athénagore ont annulé les excommunications de 1054 […]
Dans son discours devant les Églises orientales, le pape Léon a souligné l’importance de la diversité des liturgies. Il existe également une certaine diversité au sein de la tradition catholique romaine, à savoir la « vieille » messe tridentine et la messe régulière post conciliaire, le Novus Ordo. Comme on le sait, le pape François n’était pas un ami de l’ancienne messe tridentine et l’a fortement limitée. Pensez-vous que le pape Léon sera à nouveau plus ouvert et qu’il pourrait à nouveau impliquer davantage les pratiquants de la liturgie traditionnelle?
Je n’en ai pas parlé au pape Léon et je ne veux pas susciter de faux espoirs. Personnellement, j’apprécierais que nous puissions trouver un bon moyen ici. Le pape Benoît XVI a montré une voie utile en soulignant que quelque chose qui a été pratiqué pendant des siècles ne peut pas être simplement interdit. Cela m’a convaincu. Le pape François a choisi une voie très restrictive à cet égard. Il serait certainement souhaitable d’ouvrir à nouveau la porte désormais fermée. […]
Le pape Léon a déjà parlé de synodalité dans son premier discours à la loggia de la basilique Saint-Pierre – un terme que nous connaissons bien des Églises orthodoxes. Les Allemands associent ainsi leur « voie synodale », ce que le pape Léon ne voulait certainement pas dire. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs la différence entre la synodalité telle que le pape Léon la comprend et la « voie synodale » des évêques allemands ?
Le pape Léon a lui-même donné la clé dans son discours en disant qu’il était un élève de saint Augustin. Augustin a utilisé le mot lors de son ordination épiscopale : « Avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque. » Tout le concept de synodalité réside dans cette tension entre le « être avec vous » en raison du baptême et le « être pour vous » en raison de la consécration.
La synodalité n’est pas une opposition à la hiérarchie, mais les deux se conditionnent mutuellement. Il n’y a pas de synodalité sans primauté et pas de primauté sans synodalité. Le pape François a toujours souligné que la synodalité n’est pas du parlementarisme. Le prototype de la synodalité est le Saint-Esprit. Dans cette ligne, le pape Léon continuera également. Dans son discours, il a également précisé qu’il s’agissait avant tout d’une Église missionnaire et donc synodale. Car la synodalité est au service de la mission.
Pensez-vous que le pape Léon XIV est un ami de l’orthodoxie ?
Oui, on peut le dire. Cela a également été démontré dans son discours devant les Églises orientales catholiques Il a une relation intérieure avec le monde oriental. Ce qu’il a dit sur les Églises orientales catholiques s’applique également de manière analogue aux Églises orthodoxes orientales. […] Avec les Églises orthodoxes orientales et orthodoxes, nous avons beaucoup en commun dans la foi et la compréhension de l’Église. La question centrale est celle du siège de Pierre. Là aussi, il y a une bonne base de départ, car les orthodoxes reconnaissent un ordre de priorité des sièges épiscopaux dans lequel Rome est premier. Mais la question ouverte est de savoir quelles sont les compétences de l’évêque de Rome – s’agit-il d’une pure primauté d’honneur ou y a-t-il des tâches et des droits spécifiques ? En 1995, le pape Jean-Paul II a invité toutes les Églises chrétiennes à trouver ensemble une pratique de la primauté, afin que la fonction pétrinienne ne soit plus un obstacle, mais une aide sur la voie de l’unité. L’année dernière, notre dicastère a publié un document à ce sujet, qui a été envoyé à toutes les églises chrétiennes. Une fois que nous aurons reçu les réponses, nous créerons une synthèse et discuterons avec le pape Léon de la suite.
Les orthodoxes ne sont pas toujours d’accord entre eux, par exemple en ce qui concerne la primauté d’honneur. Comment cela affecte-t-il le dialogue avec Rome ?
C’est en effet un gros problème. Alors que nous cherchons l’unité avec les orthodoxes, de nouvelles divisions apparaissent au sein de l’orthodoxie, par exemple en ce qui concerne l’explication de l’autocéphalie de l’Église orthodoxe en Ukraine. Cette question est controversée au sein de l’orthodoxie. Mais pour notre dialogue œcuménique, il est crucial que nous le menions avec toutes les Églises orthodoxes canoniques, comme le souhaitent les Églises orthodoxes elles-mêmes.
Comment voyez-vous les chances que Rome puisse agir comme médiateur dans les divisions de l’orthodoxie ?
Ce n’est pas facile. Même avant la guerre en Ukraine, les relations entre Moscou et Constantinople étaient difficiles. Avec la guerre, la situation est devenue beaucoup plus difficile. Rome ne peut agir en tant que médiateur que si les différents acteurs du conflit le souhaitent. Pour le moment, ça n’en a pas l’air.
Accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
Donald Trump a annoncé un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui prévoit le contrôle du corridor du Zanguezour par les États-Unis. Analyse de Tigrane Yégavian dans Conflits :
Que pourrait apporter à Washington le contrôle du « corridor de Zanguezour » ?
1. L’encerclement de l’Iran et l’affaiblissement de sa position géo-économique
La création du « corridor de Zanguezour » s’inscrit pleinement dans la logique de la célèbre « méthode de l’anaconda » de Mahan. Combiné au « corridor de David » et au « canal Ben Gourion », il pourrait paralyser le système de transport iranien :
Le corridor de David frappe l’Iran par l’ouest, en assurant à Israël un accès direct au Kurdistan irakien.
Le canal Ben Gourion réduit considérablement la dépendance des pays du Golfe vis-à-vis du détroit d’Ormuz, de facto contrôlé par l’Iran.
Le corridor de Zanguezour entrave la communication Russie-Iran-Inde dans le cadre du corridor Nord-Sud, affaiblissant le rôle de l’Iran dans les chaînes de transit internationales.
2. Contenir la Chine en s’assurant une position dans le « corridor central » de la « Belt and Road Initiative »
Le contrôle du corridor de Zanguezour permettrait à Washington de renforcer sa présence dans le « corridor central », composante de l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route ».
Cela offrirait au deep state américain un double avantage :
a) freiner l’expansion de l’influence chinoise en Asie centrale et au Proche-Orient ;
b) garantir sa présence dans les communications Europe-Caucase-Asie, limitant ainsi l’autonomie géo-économique de l’UE.
Ce dernier aspect est particulièrement important dans le contexte de la politique européenne de diversification énergétique, qui à terme pourrait nuire à Washington : les États-Unis cherchent à se positionner comme un fournisseur clé d’hydrocarbures sur le marché européen.
3. Évincer la Russie
Le contrôle du corridor s’intègre dans une stratégie visant à former un axe antirusse en : rompant le lien stratégique Russie-Iran, excluant le facteur russe des infrastructures critiques régionales, et redéfinissant l’orientation politico-économique de l’Arménie.
Dans ce cadre, on observe : le ciblage des entreprises opérant en Arménie avec des capitaux russes, la mise à l’ordre du jour d’un projet expérimental de réacteur nucléaire modulaire américain, enfin la réécriture de l’histoire des relations arméno-russes.
Reportages : L’objectivité absolue n’existe pas
Clémence Dibout, grand reporter à BFM TV, a été interrogée dans Conflits sur ses reportages en zone de guerre. Extrait :
L’information peut-elle rester objective dans un conflit ?
L’objectivité absolue n’existe pas. On a toujours accès à un réseau ou une brigade en particulier. Si on a accès à un camp, c’est que quelqu’un a un intérêt à nous y emmener. Il faut juste en être conscient. Même les démocraties cherchent à contrôler le récit. Être totalement seul sur une ligne de front n’est ni professionnel ni souhaitable. On accompagne une armée régulière, parfois même un groupe terroriste… Ce n’est pas du bénévolat ni de la grandeur d’âme, c’est une logique d’accès à l’info. Notre travail, c’est aussi de comprendre pourquoi on nous montre telle chose à tel moment.
Le statut de journaliste protège-t-il encore ?
Plus autant. L’idée – c’est pourtant toujours vrai – que les journalistes sont des observateurs extérieurs au conflit prévalait avant. Ça n’est plus le cas. On influence le récit, donc on devient pour les belligérants une partie du conflit. Donc une cible. En Ukraine, en février 2023, mon équipe et moi nous sommes fait tirer dessus par des chars alors qu’on venait d’arriver. On avait les gilets “PRESS”, mais on ne saura jamais s’ils ont tiré parce qu’on était journalistes. C’est devenu très difficile. […]
Idées reçues sur l’Inquisition
Le P. Cyrille, moine de l’abbaye du Barroux, s’appuyant sur l’histoire, les archives ainsi que sur les meilleures et plus récentes études concernant l’inquisition, écrit sous forme de lettres adressées à son ami « Joris », aux légendes noires qui ne cessent de polluer la véritable histoire.
Dans Le Figaro Histoire, Isabelle Schmitz a écrit une belle recension de cet ouvrage :




On a peu approfondi en quoi consistait cet « attachement » aux pédagogies traditionnelles de la foi
A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 2e partie :
« Vous ne pouvez pas être dans la communion de l’Église, si vous n’adoptez pas le Novus Ordo, partiellement ou totalement. Dura lex, sed lex. Rentrez dans le rang : l’Église a parlé, obéissez. » Mais nous avons souvenir, quant à nous, d’une autre parole, certaine, de l’Église, qui plus est une promesse, dans laquelle notre famille spirituelle a mis toute sa confiance. En 1988, alors que Mgr Lefebvre sacrait quatre évêques contre l’avis de Rome, les laïcs organisateurs du pèlerinage de Chrétienté ont pris la décision profondément douloureuse de s’écarter de cette voie pour rester unis de façon visible au Saint-Siège. C’est au nom de l’unité de l’Église, qu’on nous accuse aujourd’hui de mettre à mal, que ces laïcs et ces prêtres, profondément attachés aux pédagogies traditionnelles de la foi, se sont tournés vers le saint pape Jean-Paul II. Ce jour-là, le Saint Père leur a dit que leur attachement était « légitime » ; il a évoqué la beauté et la richesse de ce trésor de l’Église ; et pour faire honneur à cette démarche filiale, il a fait la promesse de garantir et de protéger, de manière large et généreuse, les aspirations des fidèles attachés aux formes liturgiques et disciplinaires antérieures de la tradition latine, sans aucune contrepartie d’ordre liturgique, sinon de reconnaître le Concile Vatican II et la validité du Novus ordo. L’Église catholique, prenant en considération les personnes, et leur histoire, nous a dit que nous sommes en communion avec l’Église en faisant le choix de la liturgie tridentine comme chemin véritable de sanctification. Nous ne pouvons douter de cette parole, dont la valeur demeure car elle dépasse les douloureuses contingences historiques de 1988.
Aujourd’hui encore, malgré les vexations multiples, notre famille spirituelle conserve une paisible espérance dans cette parole de l’Église, de qui elle a appris qu’en justice naturelle, pacta sunt servanda (la parole donnée doit être tenue). On nous dit que nous avons rompu le pacte, en durcissant nos positions, en refusant les mains tendues. Mais depuis 1988, nous n’avons rien changé de ce délicat équilibre entre fidélité envers le Siège de Pierre et attachement aux pédagogies traditionnelles de la Foi.
On a peu approfondi en quoi consistait cet « attachement » aux pédagogies traditionnelles de la foi. Certains le minimisent, le réduisant à une sensibilité, à une catégorie politique, à une nostalgie craintive ou une peur de la modernité qui passera avec le temps et la génération suivante. D’autres l’exagèrent, nous reprochant de faire de la liturgie une fin en soi, ou de l’instrumentaliser telle une arme au service d’un combat. Nous savons bien pourtant, nous pèlerins, que la fin c’est le Ciel, qu’il ne faut pas confondre le but d’avec la route qui y conduit, et qu’il y a plusieurs chemins qui mènent au Sanctuaire de tout repos. Mais nous croyons en l’importance des médiations dans l’ordre du Salut, en la valeur intrinsèque de celles-ci. Nous croyons en la liberté des enfants de Dieu pour user, selon leurs besoins et leur prudence, des richesses que l’Église leur propose depuis 2000 ans. Or, pour notre famille spirituelle, la liturgie traditionnelle est purement et simplement le milieu surnaturel de notre rencontre avec le Christ. Ses mots, ses sacrements, sa messe, ses offices, sa catéchèse ont été pour beaucoup d’entre nous la matière première de notre foi, le vecteur de la grâce, l’expression instinctive de notre relation à Dieu : en un mot, notre langue maternelle pour parler au Seigneur, mais aussi pour l’entendre. Pour d’autres, ces harmoniques ont été la cause, seconde mais providentielle, d’une conversion, ou d’un renouvellement radical de la foi. Pour beaucoup de prêtres, cette liturgie est devenue “viscérale”, au sens biblique, pénétrant de façon totalisante chaque fibre de leur être sacerdotal. Il n’est pas question-là de vague sentimentalité esthétique, mais de vie, de respiration, d’expression incarnée de la foi. Qui croit que le christianisme est une religion de l’Incarnation comprend que ces médiations ne sont nullement accidentelles, accessoires ou interchangeables à coup de décrets et d’interdits. […]

