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Messes de Noël perturbées

Mercredi 25 décembre, en la cathédrale Saint-Charles, à Saint-Etienne, pendant la messe du matin, un homme entre dans la cathédrale, vêtu d’une « tenue traditionnelle », de type djellaba ou qamis, complété par un foulard et peut-être un turban. Un fidèle prévient deux agents de la police  et en une poignée de minutes, la Brigade anticriminalité est sur les lieux. Invité à accompagner les fonctionnaires, l’homme n’oppose aucune résistance et est embarqué dans un véhicule de la BAC.

Un homme est entré dans l’église Saint-Louis de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), mercredi 25 décembre peu avant 17h, en hurlant «Allah Akbar». L’individu s’est ensuite dirigé vers l’autel avant de montrer son postérieur. Le suspect, dépourvu de papiers d’identité, a été interpellé et placé en garde à vue.

I-Média : Macron arrose la presse

Cette semaine dans I-Média, Lucas Chancerelle s’attaque au dossier du financement à la presse avec les aides directes et indirectes de l’Etat français. Des subventions qui financent une propagande bien rodée et des journalistes, ainsi que des médias, en qui les Français n’ont plus confiance. Entre gaspillage de l’argent public et sponsor du politiquement correct, il est temps de repenser ces dépenses faites avec l’argent du contribuable… 

Venue du protestantisme évangélique, elle témoigne avoir été touchée par la foi catholique au pèlerinage de Chartres

Témoignage publié sur le site de l’Union Lex Orandi :

18 000 personnes, 18 000 âmes, 18 000 chemins de vie convergèrent vers les chemins qui lient Paris à Chartres en 2024. Des jeunes, des moins jeunes, des nouveaux convertis, de cathos de berceau, des agnostiques et des curieux, tous réunis derrière croix et bannières pour marcher, quoi qu’il en coûte, pendant trois jours, leurs pas rythmés de prières et de louanges. Qu’y a-t-il de « normal » dans cette image ? N’est-ce pas justement pour échapper un instant à la folie de ce monde que tant sacrifient le confort quotidien pendant trois précieux jours ?

À l’aube de l’édition 2025, selon le journal La Croix, le dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, semble estimer que la situation du pèlerinage est « anormale ». À les entendre, cela justifierait la modification d’un des éléments majeurs de l’événement : la célébration de la messe en rite tridentin, plus simplement « la messe en latin ». En jeune convertie, ce discours attriste mon coeur et ma raison.

La raison d’abord, choquée par cet éloignement de la définition originale du sacré. Étymologiquement, le mot trouve sa source dans le latin sacer — « ce qui ne peut être touché sans être souillé, ou sans souiller », et le verbe sancire — « délimiter, prescrire ». Plus loin encore, le terme original des textes hébraïques, ensuite traduit par « sacré », est celui de קָדוֹשׁ (Kadosh), qui signifie « séparé ». Selon cette lecture, la volonté de normaliser rejoint la volonté d’homogénéiser, de faire sauter les limites… donc de désacraliser. L’heure est à la prudence, car cette voie de nivellement pourrait glisser vers la compromission. Les Écritures nous l’enseignent, nous sommes dans ce monde, pas de ce monde. La tendance à vouloir lui ressembler est contraire au véritable objectif : celui de ressembler au Christ.

Le cœur ensuite, inquiet que d’autres ne puissent goûter à ce qui a largement contribué à mon propre chemin de Foi, à mon retour à l’Église catholique. En 2022, mon premier pèlerinage de Chartres, protestante évangélique convaincue, j’enfile mes baskets motivée par la volonté de comprendre mieux mes frères dans la Foi. Même si nos cœurs se rejoignent, en pratique rien ne s’apparente au culte duquel je viens : ici les jeunes récitent le chapelet, les prêtres sont reconnaissables par leur accoutrement, et ils ne parlent même pas français pendant les offices. Ils savent se tenir en silence, et rester à genoux malgré la fatigue, la chaleur ou la pluie. Ils ne ressemblent à rien de tout ce qui m’est familier. C’est pour cela que j’y suis allée, pour rencontrer « l’anormal » : la révérence profonde induite par cette langue qui a traversé les âges, la joie paisible qui reprend la place qui lui est due — une fois dépouillés des habitudes citadines qui nous ankylosent, et, enfin et surtout : ces rites et ces symboles qui concrétisent l’invisible. Non, le fait que le sacré ne soit pas « normal » ne le rend pas inaccessible, cela le rend reconnaissable.

Comme l’écrivait le théologien C.S. Lewis dans son traité sur l’éducation L’Abolition de l’Homme : « Si l’on parvient à voir à travers tout, alors tout est transparent. Mais un monde totalement transparent est un monde invisible. “Percer tout à jour”, c’est ne plus rien voir du tout. ». Alors, j’en implore les autorités, pour la conversion des âmes : laissez-nous voir le sacré.

France Inter s’inquiète : le nouveau gouvernement n’est pas franchement LGBT friendly

Ce serait une occasion de nous réjouir :

C’est le 4ème gouvernement de l’année : 35 ministres, et parmi eux, de nombreux visages pas franchement LGBT friendly. Par le passé, plusieurs d’entre eux se sont opposés au mariage pour tous ou la PMA à toutes les femmes. Des racines conservatrices qui inquiètent les associations.

Annie Genevard (Agriculture), Laurent Marcangeli (fonction publique), Sébastien Lecornu (armées), Gérald Darmanin (justice), Bruno Retailleau (intérieur), Catherine Vautrin (santé, travail, famille) : ils et elles se sont opposé·e·s au mariage pour tous ou à la PMA pour toutes les femmes. Au casting de ce gouvernement, on trouve même de farouches soutiens de la Manif pour tous.

En 2013, Gérald Damarnin promettait par exemple dans ses tweets de ne jamais marier deux personnes du même sexe. “Je pense que le mariage, c’est un homme et une femme, et qu’un enfant est né d’un homme et d’une femme”, grinçait à l’époque le désormais ministre de la Justice. “Je m’excuse de cet accès de révolution et j’espère que mes électeurs me le pardonneront.”

Depuis, le tout nouveau ministre de la Justice affirme avoir changé, tout comme Catherine Vautrin, ministre notamment en charge de la santé et de la famille. “Onze ans après, on voit les choses différemment”, assure-t-elle.

Pas de quoi rassurer les associations LGBT, qui rappellent que le premier ministre François Bayrou lui-même a voté contre le PACS en 1998. Le Premier ministre a également choisi de maintenir la figure très conservatrice de Bruno Retailleau à l’Intérieur, opposé à la PMA pour toutes, mais aussi à l’interdiction des thérapies de conversion.

“Il y a une droitisation réactionnaire, qui n’augure rien de bon”, s’inquiète James Leperlier, président de l’Inter LGBT. “Les grands oubliés que nous sommes, on n’est pas près d’avoir une voix au chapitre. Le premier risque, c’est le maintien d’un climat de violences et de haine LGTPphobes banalisées dans la société.”

Cette victimisation est une des spécialités du lobby LGBTQXYZ, qui passe sous silence la récente déclaration d’Aurore Bergé. En attendant, la réalité est encore celle-ci :

«Faire à terme de la France un califat en imposant la charia»

Dans un entretien au Monde, Bertrand Chamoulaud, à la tête de la direction nationale du renseignement territorial, s’est inquiété de l’entrisme des Frères musulmans en France. Ce sont eux qui « inquiètent le plus » les renseignements :

« Si le courant salafiste tente d’imposer une vision rigoriste des règles de vie, les défenseurs du courant frériste ont un projet plus construit. »

Ce mouvement diffuse ses idées

« par l’entrisme et au moyen d’un discours très lisse. Ce courant ne préconise pas le recours à la violence pour parvenir à ses fins ». « La finalité est très claire : faire à terme de la France et de l’Europe un califat en imposant la charia. »

Au printemps dernier, alors ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin avait indiqué :

« Certains collaborent avec les Frères musulmans sans même le savoir, dans la population mais surtout parmi les acteurs publics ». « Ils attaquent tous les pans de la société et se constituent en réseau. Ils donnent des consignes de vote, soutiennent des commerces communautaires, usent d’une rhétorique anti-française, lancent des pétitions, entourent les élus locaux, signent des partenariats économiques avec des grandes marques ».

“Noël ne s’explique pas, il s’impose à nous”

Du père Danziec dans l’Homme Nouveau :

« Un Noël à Alger, je peux pas t’expliquer ! » Ces mots ont valeur de gémissement dans la bouche de Jean-Pax Méfret. Avec sa voix chaude et rocailleuse, le chanteur d’Occident laissait en effet passer, dans ces paroles, toute sa mélancolie de pied-noir. Ces 25 décembre dans la ville de son enfance, le pays de ses racines, ces Noëls fêtés dans la Casbah d’« Alger la Blanche », comment les décrire depuis son exil contraint en métropole ?

Mais, qu’il se déroule à Alger, s’arrose à Paris, se célèbre à Rome ou s’illumine en Alsace, peut-on véritablement expliquer Noël ? La messe de minuit reste un mystère. Celui de l’Incarnation. Réalité inouïe de la divinité se faisant chair. D’un Fils de Dieu nous montrant son visage. Le voilà l’inexplicable cadeau de Noël : Dieu vient habiter parmi nous.

Comment cela se fait-il ? Des livres entiers ne suffiraient pas (Jean 21, 25) pour expliquer cet intime secret. Il y a, du reste, toujours quelque chose de vain et de piètre à tenter de percer un mystère. Il serait plus raisonnable de se laisser adouber par lui. Se mettre à genoux et joindre ses mains. Se recueillir auprès de la mangeoire de Bethléem. S’étourdir devant un miracle, à la fois si simple et si vertigineux. « Quand le mystère se fait trop impressionnant, il n’y a qu’une chose à faire, c’est de lui obéir », confie Antoine de Saint-Exupéry au chapitre II du Petit Prince.

Noël s’impose à nous

Oui, Noël ne s’explique pas, il s’impose à nous. Non à la façon d’un énième remaniement ministériel ou d’une hausse d’impôt. Non comme le passage obligé d’un calendrier qui perd ses feuilles comme d’autres perdent leurs cheveux, les mois avançant. Non, Noël a d’autres manières.

Sa magie se répand dans nos esprits sans que nous ayons besoin, forcément, de partir en retraite dans un monastère ou de flâner place de Broglie à l’heure du Christkindelsmärik. Noël s’impose à chacun comme la croissance à l’heure de l’adolescence. Un changement d’atmosphère, irrésistible. La crèche infuse les âmes qui savent conserver les étincelles de l’enfance. […]

Spes non confundit : L’espérance ne déçoit pas (Rm 5, 5). Bulle du Jubilé 2025. “Le désir des jeunes d’engendrer de nouveaux enfants… est une question d’espérance”

Lors de la messe de Noël, le pape François a ouvert la Porte Sainte du Jubilé 2025. C’est l’occasion de lire la Bulle d’indiction du Jubilé ordinaire, publiée en mai dernier, Spes non confundit :

1. « Spes non confundit », « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). Sous le signe de l’espérance, l’apôtre Paul stimule le courage de la communauté chrétienne de Rome. L’espérance sera également le message central du prochain Jubilé que le Pape proclame tous les vingt-cinq ans, selon une ancienne tradition. Je pense à tous les pèlerins de l’espérance qui arriveront à Rome pour vivre l’Année Sainte et à ceux qui, ne pouvant se rendre dans la ville des apôtres Pierre et Paul, la célébreront dans les Églises particulières. Qu’elle soit pour tous un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus, “porte” du salut (cf. Jn 10, 7.9). Il est « notre espérance » (cf. 1 Tm 1, 1), Lui que l’Église a pour mission d’annoncer toujours, partout et à tous.

Tout le monde espère. L’espérance est contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien, bien qu’en ne sachant pas de quoi demain sera fait. L’imprévisibilité de l’avenir suscite des sentiments parfois contradictoires : de la confiance à la peur, de la sérénité au découragement, de la certitude au doute. Nous rencontrons souvent des personnes découragées qui regardent l’avenir avec scepticisme et pessimisme, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur. Puisse le Jubilé être pour chacun l’occasion de ranimer l’espérance. La Parole de Dieu nous aide à en trouver les raisons. Laissons-nous guider par ce que l’apôtre Paul écrivait aux chrétiens de Rome.

Une parole d’espérance

2. « Nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. […] L’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 1-2.5). Nombreux sont les points de réflexion que saint Paul propose ici. Nous savons que la Lettre aux Romains marque une étape décisive dans son activité d’évangélisation. Jusqu’alors, il l’avait exercée dans la zone orientale de l’Empire, et maintenant Rome l’attend avec tout ce qu’elle représente aux yeux du monde : un grand défi à relever pour l’annonce de l’Évangile qui ne peut connaître ni barrières ni frontières. L’Église de Rome n’a pas été fondée par Paul. Il ressent le désir ardent de la rejoindre au plus tôt pour apporter à tous l’Évangile de Jésus-Christ mort et ressuscité, comme annonce de l’espérance qui accomplit les promesses, conduit à la gloire et, fondée sur l’amour, ne déçoit pas.

3. L’espérance, en effet, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix : « En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie » (Rm 5, 10). Et sa vie se manifeste dans notre vie de foi qui commence avec le baptême, se développe dans la docilité à la grâce de Dieu, animée en conséquence par l’espérance toujours renouvelée et rendue inébranlable par l’action de l’Esprit Saint.

C’est en effet l’Esprit Saint qui, par sa présence permanente sur le chemin de l’Église, irradie la lumière de l’espérance sur les croyants : Il la maintient allumée comme une torche qui ne s’éteint jamais pour donner soutien et vigueur à notre vie. L’espérance chrétienne, en effet, ne trompe ni ne déçoit parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? […] Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » ( Rm 8, 35.37-39). Voilà pourquoi l’espérance ne cède pas devant les difficultés : elle est fondée sur la foi et nourrie par la charité. Elle permet ainsi d’avancer dans la vie. Saint Augustin écrit à ce sujet : « Quel que soit le genre de vie, on ne peut vivre pas sans ces trois inclinations de l’âme : croire, espérer, aimer ». [1]

4. Saint Paul est très réaliste. Il sait que la vie est faite de joies et de peines, que l’amour est mis à l’épreuve lorsqu’augmentent les difficultés et que l’espérance semble disparaître devant la souffrance. Pourtant, il écrit : « Nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance » (Rm 5, 3-4). Pour l’apôtre, la tribulation et la souffrance sont les conditions typiques de ceux qui annoncent l’Évangile dans des contextes d’incompréhension et de persécution (cf. 2 Co 6, 3-10). On perçoit dans ces situations une lumière dans l’obscurité. On découvre comment l’évangélisation est soutenue par la force qui découle de la croix et de la résurrection du Christ. Cela conduit à développer une vertu étroitement liée à l’espérance : la patience. Dans un monde où la précipitation est devenue une constante, nous nous sommes habitués à vouloir tout et tout de suite. On n’a plus le temps de se rencontrer et souvent, même dans les familles, il devient difficile de se retrouver et de se parler calmement. La patience est mise à mal par la précipitation, causant de graves préjudices aux personnes. En effet, l’intolérance, la nervosité, parfois la violence gratuite surgissent, provoquant l’insatisfaction et la fermeture.

De plus, à l’ère d’ internet où l’espace et le temps sont dominés par le “ici et maintenant”, la patience n’est pas la bienvenue. Si nous étions encore capables de regarder la création avec émerveillement, nous pourrions comprendre à quel point la patience est décisive. Attendre l’alternance des saisons avec leurs fruits ; observer la vie des animaux et les cycles de leur développement ; avoir le regard simple de saint François qui, dans son Cantique des créatures composé il y a exactement 800 ans, percevait la création comme une grande famille et appelait le soleil “frère” et la lune “sœur”. [2] Redécouvrir la patience fait beaucoup de bien à soi-même et aux autres. Saint Paul recourt souvent à la patience pour souligner l’importance de la persévérance et de la confiance en ce que Dieu nous a promis, mais il témoigne avant tout que Dieu est patient avec nous, Lui qui est « le Dieu de la persévérance et du réconfort » ( Rm 15, 5). La patience, qui est aussi le fruit de l’Esprit Saint, maintient vivante l’espérance et la consolide en tant que vertu et style de vie. Apprenons donc à souvent demander la grâce de la patience qui est fille de l’espérance et en même temps la soutient.

Un chemin d’espérance

5. De cet entrelacement entre espérance et patience apparaît clairement le fait que la vie chrétienne est un chemin qui a besoin de moments forts pour nourrir et fortifier l’espérance, compagne irremplaçable qui laisse entrevoir le but : la rencontre avec le Seigneur Jésus. J’aime à penser que l’indiction du premier Jubilé de 1300 fut précédé d’un chemin de grâce, animé par la spiritualité populaire. Nous ne pouvons pas oublier, en effet, les diverses formes à travers lesquelles la grâce du pardon fut abondamment répandue sur le saint Peuple fidèle de Dieu. Rappelons, par exemple, le grand “pardon” que saint Célestin V voulut accorder à ceux qui se rendaient à la Basilique Sainte-Marie-de-Collemaggio, à L’Aquila, les 28 et 29 août 1294, six ans avant que le pape Boniface VIII institue l’Année Sainte. L’Église faisait donc déjà l’expérience de la grâce jubilaire de la miséricorde. Et même avant, en 1216, le Pape Honorius III avait accueilli la supplique de saint François qui demandait l’indulgence pour ceux qui visiteraient la Portioncule les deux premiers jours du mois d’août. Il en va de même pour le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle : le Pape Calixte II, en 1122, permit que le Jubilé soit célébré dans ce sanctuaire chaque fois que la fête de l’apôtre Jacques coïnciderait avec un dimanche. Il est bon que cette modalité “diffuse” de célébrations jubilaires se poursuive, afin que la force du pardon de Dieu soutienne et accompagne le cheminement des communautés et des personnes.

Ce n’est pas un hasard si le pèlerinage est un élément fondamental de tout événement jubilaire. Se mettre en marche est caractéristique de celui qui va à la recherche du sens de la vie. Le pèlerinage à pied est très propice à la redécouverte de la valeur du silence, de l’effort, de l’essentiel. L’année prochaine encore, les pèlerins de l’espérance ne manqueront pas d’emprunter des chemins anciens et modernes pour vivre intensément l’expérience jubilaire. Dans la ville même de Rome, il y aura aussi des itinéraires de foi, en plus des traditionnels itinéraires des catacombes et des sept églises. Transiter d’un pays à l’autre comme si les frontières étaient abolies, passer d’une ville à une autre dans la contemplation de la création et des œuvres d’art, permettra de tirer profit des expériences et des cultures diverses pour porter en soi la beauté qui, harmonisée par la prière, conduit à remercier Dieu pour les merveilles qu’Il a accomplies. Les églises jubilaires, le long des itinéraires et dans l’Urbs, seront des oasis de spiritualité où l’on pourra se rafraîchir sur le chemin de la foi et s’abreuver aux sources de l’espérance, avant tout en s’approchant du sacrement de la réconciliation, point de départ irremplaçable d’un véritable chemin de conversion. Dans les Églises particulières, l’on veillera de manière spéciale à la préparation des prêtres et des fidèles aux confessions et à l’accessibilité du sacrement sous forme individuelle.

Je voudrais, au cours de ce pèlerinage, adresser une invitation particulière aux fidèles des Églises orientales, surtout à ceux qui sont déjà en pleine communion avec le Successeur de Pierre. Eux qui ont tant souffert – souvent jusqu’à la mort – en raison de leur fidélité au Christ et à l’Église, ils doivent se sentir particulièrement les bienvenus dans cette Rome qui est aussi leur Mère et qui conserve de nombreux souvenirs de leur présence. L’Église catholique, enrichie par leurs très anciennes liturgies, par la théologie et par la spiritualité des Pères, des moines et des théologiens, veut exprimer symboliquement leur accueil, ainsi que celui de leurs frères et sœurs orthodoxes, alors qu’ils vivent déjà le pèlerinage de la Via Crucis qui les contraint souvent à quitter leurs terres d’origine, leurs terres saintes desquelles ils sont chassés, par la violence et l’instabilité, vers des pays plus sûrs. Pour eux, l’expérience d’être aimés par l’Église, qui ne les abandonnera pas mais qui les suivra où qu’ils aillent, rend le signe du Jubilé encore plus fort.

6. L’Année Sainte 2025 s’inscrit dans la continuité des événements de grâce précédents. Lors du dernier Jubilé ordinaire, le seuil du deuxième millénaire de la naissance de Jésus-Christ a été franchi. Ensuite, le 13 mars 2015, j’ai proclamé un Jubilé extraordinaire dans le but de manifester et de permettre à tous de rencontrer le “visage de la miséricorde” de Dieu, [3] annonce centrale de l’Évangile pour toute personne de toute époque. Le temps est venu d’un nouveau Jubilé au cours duquel la Porte Sainte sera à nouveau grande ouverte pour offrir l’expérience vivante de l’amour de Dieu qui suscite dans le cœur l’espérance certaine du salut dans le Christ. En même temps, cette Année Sainte guidera la marche vers un autre anniversaire fondamental pour tous les chrétiens. En 2033 seront célébrés les deux mille ans de la Rédemption accomplie par la passion, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. Nous sommes ainsi devant un parcours marqué par de grandes étapes dans lesquelles la grâce de Dieu précède et accompagne le peuple qui marche avec zèle dans la foi, œuvre dans la charité et persévère dans l’espérance (cf. 1 Th 1, 3).

Fort de cette longue tradition et convaincu que cette Année Jubilaire sera pour toute l’Église une expérience intense de grâce et d’espérance, je décide que la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre du Vatican sera ouverte le 24 décembre de cette année 2024, marquant ainsi le début du Jubilé ordinaire. Le dimanche suivant, le 29 décembre 2024, j’ouvrirai la Porte Sainte de ma cathédrale Saint-Jean-de-Latran qui fêtera le 1700ème anniversaire de sa dédicace, le 9 novembre de cette même année. Puis, le 1er janvier 2025, en la Solennité de Marie Mère de Dieu, sera ouverte la Porte Sainte de la Basilique papale Sainte-Marie-Majeure. Enfin, le dimanche 5 janvier, la porte sainte de la Basilique papale Saint-Paul-hors-les-murs sera ouverte. Ces trois dernières portes saintes seront fermées au plus tard le dimanche 28 décembre de la même année.

En outre, j’établis que le dimanche 29 décembre 2024, dans toutes les cathédrales et co-cathédrales, les évêques diocésains célébreront la Sainte Eucharistie pour l’ouverture solennelle de l’Année Jubilaire, selon le Rituel qui sera préparé pour l’occasion. Pour la célébration dans l’église co-cathédrale, l’évêque pourra se faire remplacer par un Délégué spécialement désigné. Un pèlerinage, partant d’une église choisie pour la collectio vers la cathédrale, sera le signe du chemin d’espérance qui, illuminé par la Parole de Dieu, rapproche les croyants. Au cours de ce pèlerinage, des passages du présent document seront lus, et l’Indulgence jubilaire sera annoncée au peuple, indulgence qui pourra être obtenue selon les prescriptions contenues dans le même Rituel pour la célébration du Jubilé dans les Églises particulières. Au cours de l’Année Sainte, qui s’achèvera le dimanche 28 décembre 2025 dans les Églises particulières, on veillera à ce que le Peuple de Dieu accueille avec une pleine participation tant l’annonce d’espérance de la grâce de Dieu que les signes qui en attestent l’efficacité.

Le Jubilé ordinaire se terminera par la fermeture de la Porte Sainte de la Basilique papale de Saint-Pierre-du-Vatican, le 6 janvier 2026, Épiphanie du Seigneur. Puisse la lumière de l’espérance chrétienne atteindre chacun comme message de l’amour de Dieu adressé à tous ! Puisse l’Église être un témoin fidèle de cette annonce dans toutes les parties du monde !

Signes d’espérance

7. Outre le fait de puiser l’espérance dans la grâce de Dieu, nous sommes appelés à la redécouvrir également dans les signes des temps que le Seigneur nous offre. Comme l’affirme le Concile Vatican II, « l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques ». [4]Il faut donc prêter attention à tout le bien qui est présent dans le monde pour ne pas tomber dans la tentation de se considérer dépassé par le mal et par la violence. Mais les signes des temps, qui renferment l’aspiration du cœur humain, ayant besoin de la présence salvifique de Dieu, demandent à être transformés en signes d’espérance.

8. Le premier signe d’espérance doit se traduire par la paix pour le monde plongé, une fois encore, dans la tragédie de la guerre. Oublieuse des drames du passé, l’humanité est soumise à une nouvelle et difficile épreuve qui voit nombre de populations opprimées par la brutalité de la violence. Que ces peuples n’ont-ils pas enduré ? Comment est-il possible que leur appel désespéré à l’aide ne pousse pas les responsables des nations à vouloir mettre fin aux trop nombreux conflits régionaux, conscients des conséquences qui peuvent en découler au niveau mondial ? Est-ce trop rêver que les armes se taisent et cessent d’apporter mort et destruction ? Le Jubilé doit rappeler que ceux qui se font « artisans de paix » pourront être « appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9). L’exigence de la paix interpelle tout le monde et impose de poursuivre des projets concrets. La diplomatie doit continuer à s’engager à créer, avec courage et créativité, des espaces de négociation visant à une paix durable.

9. Regarder l’avenir avec espérance, c’est aussi avoir une vision de la vie pleine d’enthousiasme à transmettre. Nous devons malheureusement constater avec tristesse que, dans de nombreuses situations, cette vision fait défaut. La première conséquence est la perte du désir de transmettre la vie. En raison des rythmes de vie frénétiques, des craintes concernant l’avenir, du manque de garanties professionnelles et de protections sociales adéquates, de modèles sociaux où la recherche du profit et non le soin des relations dicte l’agenda, on assiste dans plusieurs pays à une baisse préoccupante de la natalité. Au contraire, dans d’autres contextes, « accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains, est une façon de ne pas affronter les problèmes ». [5]

L’ouverture à la vie avec une maternité et une paternité responsables est le projet que le Créateur a inscrit dans le cœur et dans le corps des hommes et des femmes, une mission que le Seigneur confie aux époux et à leur amour. Il est urgent que, outre l’engagement législatif des États, ils aient le soutien convaincu des communautés croyantes et de la communauté civile dans toutes ses composantes, car le désir des jeunes d’engendrer de nouveaux enfants comme fruit de la fécondité de leur amour donne son avenir à toute société. Ce désir est une question d’espérance puisqu’il dépend de l’espérance et produit l’espérance.

La communauté chrétienne doit être la première à soutenir une alliance sociale pour l’espérance, qui soit inclusive et non idéologique, et qui travaille à un avenir marqué par le sourire de nombre d’enfants qui viendront remplir de trop nombreux berceaux vides en plusieurs lieux du monde. Mais chacun, en réalité, a besoin de retrouver la joie de vivre car l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26), ne peut se contenter de survivre ou de vivoter, de se conformer au présent en se laissant satisfaire de réalités uniquement matérielles. Celles-ci enferment dans l’individualisme et érodent l’espérance, en générant une tristesse qui se niche dans le cœur et le rend aigre et intolérant.

10. Au cours de l’Année Jubilaire, nous serons appelés à être des signes tangibles d’espérance pour de nombreux frères et sœurs qui vivent dans des conditions de détresse. Je pense aux détenus qui, privés de liberté, éprouvent chaque jour, en plus de la dureté de la réclusion, le vide affectif, les restrictions imposées et, dans de nombreux cas, le manque de respect.Je propose aux gouvernements de prendre, en cette Année Jubilaire, des initiatives qui redonnent espoir ; des formes d’amnistie ou de remise de peine visant à aider les personnes à retrouver confiance en elles-mêmes et dans la société ; des parcours de réinsertion dans la communauté auxquels corresponde un engagement concret dans le respect des lois.

La demande d’actes de clémence et de libération permettant de recommencer est un appel ancien qui vient de la Parole de Dieu et qui perdure avec toute sa valeur sapientielle : « Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays » ( Lv 25, 10). La Loi mosaïque est reprise par le prophète Isaïe : « Le Seigneur m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur » ( Is 61, 1-2). Ce sont les paroles que Jésus fait siennes au début de son ministère en déclarant accomplie en lui-même l’ “année de grâce du Seigneur” (cf. Lc 4, 18-19).Partout sur la terre, les croyants, en particulier les pasteurs, doivent se faire les interprètes de ces demandes, parlant d’une seule voix pour réclamer avec courage des conditions dignes pour ceux qui sont emprisonnés, le respect des droits humains et surtout l’abolition de la peine de mort, une mesure contraire à la foi chrétienne qui anéantit toute espérance de pardon et de renouveau. [6] Pour offrir aux détenus un signe concret de proximité, je désire ouvrir moi-même une Porte sainte dans une prison afin qu’elle soit pour eux un symbole qui invite à regarder l’avenir avec espérance et un nouvel engagement de vie.

11. Des signes d’espérance devront être offerts aux malades, qu’ils soient à la maison ou à l’hôpital. Leurs souffrances doivent pouvoir trouver un soulagement dans la proximité de personnes qui les visitent et dans l’affection qu’ils reçoivent. Les œuvres de miséricorde sont aussi des œuvres d’espérance qui réveillent dans les cœurs des sentiments de gratitude. Et que la gratitude atteigne tous les professionnels de la santé qui, dans des conditions souvent difficiles, exercent leur mission avec un soin attentif pour les personnes malades et les plus fragiles.

Qu’il y ait une attention inclusive envers ceux qui, se trouvant dans des conditions de vie particulièrement pénibles, font l’expérience de leur faiblesse, en particulier s’ils souffrent de pathologies ou de handicaps limitant grandement leur autonomie personnelle. Le soin envers eux est un hymne à la dignité humaine, un chant d’espérance qui appelle l’agir harmonieux de toute la société.

12. Ceux qui, en leurs personnes mêmes, représentent l’espérance ont également besoin de signes d’espérance : les jeunes. Malheureusement, ces derniers voient souvent leurs rêves s’effondrer. Nous ne pouvons pas les décevoir : l’avenir se fonde sur leur enthousiasme. Il est beau de les voir déborder d’énergie, par exemple lorsqu’ils retroussent leurs manches et s’engagent volontairement dans des situations de catastrophes et de malaise social. Mais il est triste de voir des jeunes sans espérance. Lorsque l’avenir est incertain et imperméable aux rêves, lorsque les études n’offrent pas de débouchés et que le manque de travail ou d’emploi suffisamment stable risque d’annihiler les désirs, il est inévitable que le présent soit vécu dans la mélancolie et l’ennui. L’illusion des drogues, le risque de la transgression et la recherche de l’éphémère créent, plus en eux que chez d’autres, des confusions et cachent la beauté et le sens de la vie, les faisant glisser dans des abîmes obscurs et les poussent à accomplir des gestes autodestructeurs. C’est pourquoi le Jubilé doit être dans l’Église l’occasion d’un élan à leur égard. Avec une passion renouvelée, prenons soin des jeunes, des étudiants, des fiancés, des jeunes générations ! Proximité avec les jeunes, joie et espérance de l’Église et du monde !

13. Il devra y avoir des signes d’espérance à l’égard des migrants qui abandonnent leur terre à la recherche d’une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs familles. Que leurs attentes ne soient pas réduites à néant par des préjugés et des fermetures ; que l’accueil, qui ouvre les bras à chacun en raison de sa dignité, s’accompagne d’un engagement à ce que personne ne soit privé du droit de construire un avenir meilleur. De nombreuses personnes exilées, déplacées et réfugiées sont obligées de fuir en raison d’événements internationaux controversés pour éviter les guerres, les violences et les discriminations. La sécurité ainsi que l’accès au travail et à l’instruction doivent leur être garantis, éléments nécessaires à leur insertion dans leur nouveau contexte social.

La communauté chrétienne doit toujours être prête à défendre le droit des plus faibles. Qu’elle ouvre toutes grandes les portes de l’accueil avec générosité afin que l’espérance d’une vie meilleure ne manque jamais à personne. Que résonne dans les cœurs la Parole du Seigneur qui a dit dans la grande parabole du jugement dernier : « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli », car « dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 35.40).

14. Les personnes âgées méritent des signes d’espérance, elles qui font souvent l’expérience de la solitude et du sentiment d’abandon. Valoriser le trésor qu’elles sont, leur expérience de vie, la sagesse dont elles sont porteuses et la contribution qu’elles sont en mesure d’offrir, est un engagement pour la communauté chrétienne et pour la société civile, appelées à travailler ensemble à l’alliance entre les générations.

J’adresse une pensée particulière aux grands-pères et aux grands-mères qui représentent la transmission de la foi et de la sagesse de la vie aux générations plus jeunes. Ils doivent être soutenus par la gratitude des enfants et par l’amour des petits-enfants qui trouvent en eux enracinement, compréhension et encouragement.

15. J’invoque de manière pressante l’espérance pour les milliards de pauvres qui manquent souvent du nécessaire pour vivre. Face à la succession de nouvelles vagues d’appauvrissement, il existe un risque de s’habituer et de se résigner. Mais nous ne pouvons pas détourner le regard des situations si dramatiques que l’on rencontre désormais partout, pas seulement dans certaines régions du monde.Nous rencontrons des personnes pauvres ou appauvries chaque jour et qui peuvent parfois être nos voisins. Souvent, elles n’ont pas de logement ni la nourriture quotidienne suffisante. Elles souffrent de l’exclusion et de l’indifférence de beaucoup. Il est scandaleux que, dans un monde doté d’énormes ressources largement consacrées aux armements, les pauvres constituent « la majeure partie […], des milliers de millions de personnes. Aujourd’hui, ils sont présents dans les débats politiques et économiques internationaux, mais il semble souvent que leurs problèmes se posent comme un appendice, comme une question qui s’ajoute presque par obligation ou de manière marginale, quand on ne les considère pas comme un pur dommage collatéral. De fait, au moment de l’action concrète, ils sont relégués fréquemment à la dernière place ». [7] Ne l’oublions pas : les pauvres, presque toujours, sont des victimes, non des coupables.

Appels à l’espérance

16. Faisant écho à la parole antique des prophètes, le Jubilé nous rappelle que les biens de la Terre ne sont pas destinés à quelques privilégiés, mais à tous. Ceux qui possèdent des richesses doivent être généreux en reconnaissant le visage de leurs frères dans le besoin. Je pense en particulier à ceux qui manquent d’eau et de nourriture : la faim est une plaie scandaleuse dans le corps de notre humanité et elle invite chacun à un sursaut de conscience. Je renouvelle mon appel pour qu’« avec les ressources financières consacrées aux armes et à d’autres dépenses militaires, un Fonds mondial soit créé en vue d’éradiquer une bonne fois pour toutes la faim, et pour le développement des pays les plus pauvres, de sorte que leurs habitants ne recourent pas à des solutions violentes ou trompeuses et n’aient pas besoin de quitter leurs pays en quête d’une vie plus digne ». [8]

Je voudrais adresser une autre invitation pressante en vue de l’Année Jubilaire : elle est destinée aux nations les plus riches pour qu’elles reconnaissent la gravité de nombreuses décisions prises et qu’elles se décident à remettre les dettes des pays qui ne pourront jamais les rembourser. C’est plus une question de justice que de magnanimité, aggravée aujourd’hui par une nouvelle forme d’iniquité dont nous avons pris conscience : « Il y a, en effet, une vraie “dette écologique”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays ». [9] Comme l’enseigne l’Écriture Sainte, la terre appartient à Dieu et nous y vivons tous comme des hôtes et des étrangers (cf. Lv 25, 23). Si nous voulons vraiment préparer la voie à la paix dans le monde, engageons-nous à remédier aux causes profondes des injustices, apurons les dettes injusteset insolvables et rassasions les affamés.

17. Un anniversaire très important pour tous les chrétiens tombera au cours du prochain Jubilé. En effet, cela fera 1700 ans que le premier grand Concile œcuménique, le Concile de Nicée, a été célébré. Il convient de rappeler que, depuis les temps apostoliques, les pasteurs se sont à plusieurs reprises réunis en assemblée pour traiter de questions doctrinales et disciplinaires. Dans les premiers siècles de la foi, les synodes se sont multipliés tant en Orient qu’en Occident, montrant l’importance de préserver l’unité du Peuple de Dieu et la fidélité à l’annonce de l’Évangile. L’Année Jubilaire pourrait être une occasion importante pour concrétiser cette forme synodale que la communauté chrétienne perçoit aujourd’hui comme une expression de plus en plus nécessaire pour mieux répondre à l’urgence de l’évangélisation : tous les baptisés, chacun avec son charisme et son ministère, coresponsables pour que de multiples signes d’espérance témoignent de la présence de Dieu dans le monde.

Le Concile de Nicée avait pour mission de préserver l’unité gravement menacée par la négation de la divinité de Jésus-Christ et de son égalité avec le Père. Environ trois cents évêques étaient présents, réunis dans le palais impérial, convoqués par l’empereur Constantin, le 20 mai 325. Après divers débats, ils se sont tous reconnus, par la grâce de l’Esprit, dans le Symbole de la foi que nous professons encore aujourd’hui dans la célébration eucharistique dominicale. Les pères du Concile ont voulu commencer ce Symbole en utilisant pour la première fois l’expression « Nous croyons », [10] pour témoigner que dans ce “Nous”, toutes les Églises étaient en communion, et que tous les chrétiens professaient la même foi.

Le Concile de Nicée est une pierre milliaire dans l’histoire de l’Église. Son anniversaire invite les chrétiens à s’unir dans la louange et l’action de grâce à la Sainte Trinité et en particulier à Jésus-Christ, le Fils de Dieu, « consubstantiel au Père », [11] qui nous a révélé ce mystère d’amour. Mais Nicée représente aussi une invitation à toutes les Églises et communautés ecclésiales à poursuivre le chemin vers l’unité visible, à ne pas se lasser de chercher les formes adéquates pour répondre pleinement à la prière de Jésus : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » ( Jn 17, 21).

Le Concile de Nicée a également discuté de la date de Pâques. À ce sujet, il y a encore aujourd’hui des positions divergentes qui empêchent de célébrer le même jour l’événement fondateur de la foi. Par un concours de circonstances providentiel, cela aura précisément lieu en 2025. Cela doit être un appel à tous les chrétiens d’Orient et d’Occident pour qu’ils fassent un pas décisif vers l’unité autour d’une date commune de Pâques. Beaucoup, il est bon de le rappeler, n’ont plus connaissance des polémiques du passé et ne comprennent pas comment des divisions peuvent subsister sur ce sujet.

Ancrés dans l’espérance

18. L’espérance forme, avec la foi et la charité, le triptyque des “vertus théologales” qui expriment l’essence de la vie chrétienne (cf. 1 Co 13, 13 ; 1 Th 1, 3). Dans leur dynamisme inséparable, l’espérance est celle qui, pour ainsi dire, oriente, indique la direction et le but de l’existence croyante. C’est pourquoi l’apôtre Paul nous invite : « Ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière » (Rm 12, 12). Oui, nous devons “déborder d’espérance” (cf. Rm 15, 13) pour témoigner de manière crédible et attrayante de la foi et de l’amour que nous portons dans notre cœur ; pour que la foi soit joyeuse, la charité enthousiaste ; pour que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent. Mais quel est le fondement de notre espérance ? Pour le comprendre, il est bon de s’arrêter sur les raisons de notre espérance (cf. 1 P 3, 15).

19. « Je crois à la vie éternelle » : [12] ainsi professe notre foi. L’espérance chrétienne trouve dans ces mots un pilier fondamental. Elle est en effet « la vertu théologale par laquelle nous désirons comme bonheur […] la Vie éternelle ». [13] Le Concile œcuménique Vatican II affirme : « Lorsque manquent le support divin et l’espérance de la vie éternelle, la dignité de l’homme subit une très grave blessure, comme on le voit souvent aujourd’hui, et l’énigme de la vie et de la mort, de la faute et de la souffrance reste sans solution. Ainsi, trop souvent, les hommes s’abîment dans le désespoir ». [14]  Nous, en revanche, en vertu de l’espérance dans laquelle nous avons été sauvés, en regardant le temps qui passe, nous avons la certitude que l’histoire de l’humanité, et celle de chacun, ne se dirige pas vers une impasse ou un abîme obscur, mais qu’elle s’oriente vers la rencontre avec le Seigneur de gloire. Vivons donc dans l’attente de son retour et dans l’espérance de vivre pour toujours en Lui. C’est dans cet esprit que nous faisons nôtre l’émouvante invocation des premiers chrétiens, par laquelle se termine l’Écriture Sainte : « Viens, Seigneur Jésus ! » ( Ap 22, 20).

20. Jésus mort et ressuscité est le cœur de notre foi. Saint Paul, en énonçant en peu de mots – avec seulement quatre verbes – ce contenu, nous transmet le “noyau” de notre espérance : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze »( 1 Co 15, 3-5). Le Christ est mort, a été mis au tombeau, est ressuscité, est apparu. Il a traversé le drame de la mort pour nous. L’amour du Père l’a ressuscité dans la puissance de l’Esprit, faisant de son humanité les prémices de l’éternité pour notre salut. L’espérance chrétienne consiste précisément en ceci : face à la mort, où tout semble finir, nous recevons la certitude que, grâce au Christ, par sa grâce qui nous est communiquée dans le Baptême, « la vie n’est pas détruite, elle est transformée » [15] pour toujours. Dans le Baptême, en effet, ensevelis avec le Christ, nous recevons en Lui, ressuscité, le don d’une vie nouvelle qui brise le mur de la mort et en fait un passage vers l’éternité.

Et si devant la mort, séparation douloureuse qui nous oblige à quitter nos affections les plus chères, aucune rhétorique n’est permise, le Jubilé nous offrira l’occasion de redécouvrir, avec immense gratitude, le don de cette vie nouvelle reçue dans le Baptême, capable de transfigurer le drame. Il est important de penser à nouveau, dans le contexte du Jubilé, à la manière dont ce mystère a été compris dès les premiers siècles de la foi. Pendant longtemps, par exemple, les chrétiens ont construit les fonts baptismaux en forme octogonale et, aujourd’hui encore, nous pouvons admirer de nombreux baptistères anciens qui conservent cette forme, comme à Rome, à Saint-Jean-de-Latran. Cela indique que, dans les fonts baptismaux, un huitième jour est inauguré, le jour de la résurrection, le jour qui dépasse le rythme habituel marqué par l’échéance hebdomadaire, ouvrant ainsi le cycle du temps à la dimension de l’éternité, à la vie qui dure pour toujours. Tel est le but vers lequel nous tendons dans notre pèlerinage terrestre (cf. Rm 6, 22).

Le témoignage le plus convaincant de cette espérance nous est offert par les martyrs qui, fermes dans leur foi au Christ ressuscité, ont été capables de renoncer à leur vie ici-bas pour ne pas trahir leur Seigneur. Ces confesseurs de la vie qui n’a pas de fin sont présents à toutes les époques, et ils sont nombreux à la nôtre, peut-être plus que jamais. Nous avons besoin de garder leur témoignage pour rendre féconde notre espérance.

Ces martyrs appartenant aux différentes traditions chrétiennes sont aussi des semencesd’unité car ils expriment l’œcuménisme du sang. C’est pourquoi je souhaite ardemment qu’il y ait au cours du Jubilé une célébration œcuménique, afin que la richesse du témoignage de ces martyrs soit mise en évidence.

21. Qu’adviendra-t-il donc de nous après la mort ? Avec Jésus, au-delà du seuil, il y a la vie éternelle qui consiste dans la pleine communion avec Dieu, dans la contemplation et la participation à son amour infini. Ce que nous vivons aujourd’hui dans l’espérance, nous le verrons alors dans la réalité. Saint Augustin écrivait à ce propos : « Quand je te serai uni de tout moi-même, plus de douleur alors, plus de travail ; ma vie sera toute vivante, étant toute pleine de toi ». [16]  Qu’est-ce qui caractérisera alors cette plénitude de communion ? Le fait d’être heureux. Le bonheur est la vocation de l’être humain, un objectif qui concerne chacun.

Mais qu’est-ce que le bonheur ? Quel bonheur attendons-nous et désirons-nous ? Non pas une joie passagère, une satisfaction éphémère qui, une fois atteinte, demande toujours plus dans une spirale de convoitises où l’âme humaine n’est jamais rassasiée mais toujours plus vide. Nous avons besoin d’un bonheur qui s’accomplisse définitivement dans ce qui nous épanouit, c’est-à-dire dans l’amour, afin que nous puissions dire, dès maintenant : Je suis aimé, donc j’existe ; et j’existerai toujours dans l’Amour qui ne déçoit pas et dont rien ni personne ne pourra jamais me séparer. Rappelons encore les paroles de l’apôtre : « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39).

22. Une autre réalité liée à la vie éternelle est le jugement de Dieu, tant à la fin de notre existence qu’à la fin des temps. L’art a souvent tenté de le représenter – pensons au chef-d’œuvre de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine – en adoptant la conception théologique de l’époque et en transmettant un sentiment de crainte à celui qui regarde. S’il est juste de se préparer avec pleine conscience et sérieux au moment qui récapitule l’existence, il faut en même temps toujours le faire dans la dimension de l’espérance, une vertu théologale qui soutient la vie et permet de ne pas céder à la peur. Le jugement de Dieu, qui est amour (cf. 1 Jn 4, 8.16), ne pourra se fonder que sur l’amour, en particulier sur la manière dont nous l’aurons ou non pratiqué envers les plus nécessiteux en qui le Christ, le Juge en personne, est présent (cf. Mt 25, 31-46). Il s’agit donc d’un jugement différent de celui des hommes et des tribunaux terrestres. Il doit être compris comme un rapport de vérité avec Dieu-amour et avec soi-même dans le mystère insondable de la miséricorde divine. L’Écriture Sainte affirme à cet égard : « Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ; à tes fils tu as donné une belle espérance : après la faute tu accordes la conversion […] et [nous comptons] sur ta miséricorde lorsque nous somme jugés » ( Sg 12, 19.22). Comme l’écrivait Benoît XVI : « Au moment du Jugement, nous expérimentons et nous accueillons cette domination de son amour sur tout le mal dans le monde et en nous. La souffrance de l’amour devient notre salut et notre joie ». [17]

Le jugement concerne donc le salut que nous espérons et que Jésus nous a obtenu par sa mort et sa résurrection. Il est donc destiné à nous ouvrir à la rencontre ultime avec Lui. Et puisque, dans ce contexte, on ne peut pas penser que le mal commis reste caché, celui-ci a besoin d’être purifié pour permettre le passage définitif dans l’amour de Dieu. En ce sens, on comprend la nécessité de prier pour ceux qui ont achevé leur parcours terrestre, la solidarité dans l’intercession priante qui puise son efficacité dans la communion des saints, dans le lien commun qui nous unit dans le Christ, premier-né de la création. Ainsi, l’Indulgence jubilaire, en vertu de la prière, est destinée de manière spéciale à ceux qui nous ont précédés afin qu’ils obtiennent la pleine miséricorde.

23. L’indulgence, en effet, permet de découvrir à quel point la miséricorde de Dieu est illimitée. Ce n’est pas un hasard si, dans l’Antiquité, le terme « miséricorde » était interchangeable avec le terme « indulgence », précisément parce que celui-ci entend exprimer la plénitude du pardon de Dieu, qui ne connaît pas de limites.

Le Sacrement de Pénitence nous assure que Dieu pardonne nos péchés. Les paroles du psaume reviennent avec leur force de consolation : « Il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; Il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse ; […] Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; […] Il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu’est l’orient de l’occident, Il met loin de nous nos péchés » (Ps 103, 3-4.8.10-12). La Réconciliation sacramentelle n’est pas seulement une belle opportunité spirituelle, mais elle représente une étape décisive, essentielle et indispensable sur le chemin de foi de chaque personne. C’est là que nous permettons au Seigneur de détruire nos péchés, de guérir nos cœurs, de nous élever et de nous étreindre, de nous faire connaître son visage tendre et compatissant. En effet, il n’y a pas de meilleure façon de connaître Dieu que de se laisser réconcilier par Lui (cf. 2 Co 5, 20), en savourant son pardon. Ne renonçons donc pas à la Confession, mais redécouvrons la beauté du sacrement de la guérison et de la joie, la beauté du pardon des péchés !

Cependant, comme nous le savons par expérience personnelle, le péché “laisse des traces”, il entraîne des conséquences : non seulement externes dans la mesure où il s’agit des conséquences du mal commis, mais aussi internes, dans la mesure où « tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification soit ici-bas, soit après la mort dans l’état qu’on appelle purgatoire ». [18] Il reste donc, dans notre humanité faible et attirée par le mal, des “effets résiduels du péché”. Ceux-ci sont éliminés par l’indulgence, toujours par la grâce du Christ, qui est, comme l’a écrit saint Paul VI, « notre “indulgence” ». [19] La Pénitencerie apostolique publiera les dispositions permettant d’obtenir et de rendre effective la pratique de l’Indulgence jubilaire.

Une telle expérience de pardon ne peut qu’ouvrir le cœur et l’esprit à pardonner. Pardonner ne change pas le passé et ne peut modifier ce qui s’est déjà passé. Mais le pardon permet de changer l’avenir et de vivre différemment, sans rancune, sans ressentiment et sans vengeance. L’avenir éclairé par le pardon permet de lire le passé avec des yeux différents, plus sereins, même s’ils sont encore embués de larmes.

Lors du dernier Jubilé extraordinaire, j’ai institué les Missionnaires de la Miséricorde qui continuent à remplir une mission importante. Qu’ils exercent aussi leur ministère au cours du prochain Jubilé, en redonnant de l’espérance et en pardonnant chaque fois qu’un pécheur s’adresse à eux avec un cœur ouvert et une âme repentante. Qu’ils continuent à être des instruments de réconciliation et qu’ils aident à regarder l’avenir avec l’espérance du cœur qui vient de la miséricorde du Père. Je souhaite que les évêques puissent profiter de leur précieux service, en particulier en les envoyant dans des lieux où l’espérance est mise à rude épreuve, comme les prisons, les hôpitaux et les lieux où la dignité de la personne est bafouée, dans les situations les plus démunies et les contextes de plus grande détresse, afin que personne ne soit privé de la possibilité d’accueillir le pardon et la consolation de Dieu.

24. L’espérance trouve dans la Mère de Dieu son plus grand témoin. En elle, nous voyons que l’espérance n’est pas un optimisme vain, mais un don de la grâce dans le réalisme de la vie. Comme toute maman, chaque fois qu’elle regardait son Fils, elle pensait à son avenir, et certainement dans son cœur restaient gravées les paroles que Siméon lui avait adressées dans le temple : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction et toi, ton âme sera traversée d’un glaive » (Lc 2, 34-35). Et au pied de la croix, alors qu’elle voit Jésus innocent souffrir et mourir, bien que traversée d’une immense souffrance elle répète son “oui”, sans perdre ni l’espérance ni la confiance dans le Seigneur. Elle collaborait de cette façon, pour nous, à l’accomplissement de ce que son Fils avait dit, en annonçant « qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite » (Mc 8, 31). Et dans le tourment de cette douleur offerte par amour, elle devenait notre Mère, la Mère de l’espérance. Ce n’est pas un hasard si la piété populaire continue à invoquer la Sainte Vierge comme Stella Maris, un titre qui exprime l’espérance sûre que, dans les vicissitudes orageuses de la vie, la Mère de Dieu vient à notre aide, nous soutient et nous invite à avoir confiance et à continuer d’espérer.

À ce propos, j’aime à rappeler que le Sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, à Mexico, s’apprête à célébrer, en 2031, le 500 ème anniversaire de la première apparition de la Vierge. Par l’intermédiaire du jeune Juan Diego, la Mère de Dieu faisait parvenir un message d’espérance révolutionnaire qu’elle répète encore aujourd’hui à tous les pèlerins et aux fidèles : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère ? » [20] Un message similaire est imprimé dans les cœurs de nombre de sanctuaires mariaux à travers le monde, destinations d’innombrables pèlerins qui confient à la Mère de Dieu leurs inquiétudes, leurs peines et leurs espérances. En cette Année Jubilaire, les sanctuaires doivent être des lieux saints pour l’accueil, et des espaces privilégiés pour susciter l’espérance. J’invite les pèlerins qui viendront à Rome à s’arrêter pour prier dans les Sanctuaires mariaux de la ville, pour vénérer la Vierge Marie et invoquer sa protection. Je suis sûr que tous, en particulier ceux qui souffrent et sont affligés, pourront faire l’expérience de la proximité de la plus affectueuse des mamans qui n’abandonne jamais ses enfants, elle qui est pour le saint Peuple de Dieu « un signe d’espérance assurée et de consolation ». [21]

25. En route vers le Jubilé, revenons à l’Écriture Sainte et écoutons ces paroles qui nous sont adressées : « Cela nous encourage fortement, nous qui avons cherché refuge dans l’espérance qui nous était proposée et que nous avons saisie. Cette espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre au-delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en précurseur » (He 6, 18-20). C’est une invitation forte à ne jamais perdre l’espérance qui nous a été donnée, à nous y agripper en trouvant refuge en Dieu.

L’image de l’ancre évoque bien la stabilité et la sécurité que nous possédons au milieu des eaux agitées de la vie si nous nous en remettons au Seigneur Jésus. Les tempêtes ne pourront jamais l’emporter parce que nous sommes ancrés dans l’espérance de la grâce qui est capable de nous faire vivre dans le Christ en triomphant du péché, de la peur et de la mort. Cette espérance, bien plus grande que les satisfactions quotidiennes et l’amélioration des conditions de vie, nous porte au-delà des épreuves et nous pousse à marcher sans perdre de vue la grandeur du but auquel nous sommes appelés, le Ciel.

Le prochain Jubilé sera donc une Année Sainte caractérisée par l’espérance qui ne passe pas, l’espérance qui est en Dieu. Qu’il nous aide aussi à retrouver la confiance nécessaire dans l’Église comme dans la société, dans les relations interpersonnelles, dans les relations internationales, dans la promotion de la dignité de toute personne et dans le respect de la création. Que notre témoignage de foi soit dans le monde un ferment d’espérance authentique, une annonce des cieux nouveaux et de la terre nouvelle (cf. 2 P 3, 13) où nous habiterons dans la justice et la concorde entre les peuples, tendus vers l’accomplissement de la promesse du Seigneur.

Laissons-nous dès aujourd’hui attirer par l’espérance et faisons en sorte qu’elle devienne contagieuse à travers nous, pour ceux qui la désirent. Puisse notre vie leur dire : « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur » (Ps 27, 14). Puisse la force de l’espérance remplir notre présent, dans l’attente confiante du retour du Seigneur Jésus-Christ, à qui reviennent la louange et la gloire, maintenant et pour les siècles à venir.

Donnée à Rome, à Saint-Jean-de-Latran, le 9 mai, Solennité de l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ de l’année 2024, la douzième de mon Pontificat.

“L’espérance est incompatible avec la vie tranquille de ceux qui n’élèvent pas la voix contre le mal”

Homélie du pape François, prononcée lors de la messe de minuit à Saint-Pierre de Rome :

Un ange du Seigneur, enveloppé de lumière, illumine la nuit et annonce la bonne nouvelle aux bergers : « Je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui, dans la cité de David, un Sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur » (Lc 2, 10-11). Au milieu de la stupéfaction des pauvres et du chant des anges, le ciel s’ouvre sur la terre : Dieu s’est fait l’un de nous pour nous rendre semblables à Lui, Il est descendu parmi nous pour nous relever et nous ramener dans l’étreinte du Père.

Cela, sœurs et frère, est notre espérance. Dieu est l’Emmanuel, Il est Dieu avec nous. L’infiniment grand s’est fait petit ; la lumière divine a brillé à travers les ténèbres du monde ; la gloire du ciel est apparue sur terre. Et comment ? Dans la petitesse d’un Enfant. Et si Dieu vient, même lorsque notre cœur ressemble à une pauvre mangeoire, alors nous pouvons dire : l’espérance n’est pas morte, l’espérance est vivante, et elle enveloppe notre vie pour toujours ! L’espérance ne déçoit pas.

Sœurs et frères, avec l’ouverture de la Porte Sainte, nous avons inauguré un nouveau Jubilé : chacun de nous peut entrer dans le mystère de cette annonce de grâce. C’est la nuit au cours de laquelle la porte de l’espérance s’est ouverte au monde ; c’est la nuit au cours de laquelle Dieu dit à chacun : il y a de l’espérance pour toi aussi ! Il y a de l’espérance pour chacun d’entre nous. Mais n’oubliez pas, sœurs et frères, que Dieu pardonne tout, Dieu pardonne toujours. N’oubliez pas cela, c’est une manière de comprendre l’espérance dans le Seigneur.

Pour accueillir ce don, nous sommes appelés à nous mettre en route avec l’étonnement des bergers de Bethléem. L’Évangile dit qu’ayant reçu l’annonce de l’ange, ils « se mirent en route sans tarder » (Lc 2, 16). C’est là l’indication pour retrouver l’espérance perdue, pour la renouveler en nous, pour la semer dans les désolations de notre temps et de notre monde : sans tarder. Et il y a tant de désolation en ce temps ! Nous pensons aux guerres, aux enfants mitraillés, aux bombes sur les écoles et les hôpitaux. Ne tardez pas, ne ralentissez pas le pas, mais laissez-vous attirer par la bonne nouvelle.

Sans tarder, allons voir le Seigneur qui est né pour nous, avec un cœur léger et alerte, prêts à la rencontre, pour pouvoir ensuite traduire l’espérance dans les situations de notre vie. Et ceci est notre mission : traduire l’espérance dans les différentes situations de la vie. Car l’espérance chrétienne n’est pas une fin heureuse à attendre passivement, ce n’est pas l’happy end d’un film : c’est la promesse du Seigneur à accueillir ici, maintenant, sur cette terre qui souffre et qui gémit. Elle nous demande donc de ne pas nous attarder, de ne pas nous enfermer dans nos habitudes, de ne pas nous enfoncer dans la médiocrité et la paresse ; elle nous demande – dirait saint Augustin – de nous indigner des choses qui ne vont pas et d’avoir le courage de les changer ; elle nous demande de devenir des pèlerins à la recherche de la vérité, des rêveurs qui ne se lassent pas, des femmes et des hommes qui se laissent bouleverser par le rêve de Dieu, qui est le rêve d’un monde nouveau, où règnent la paix et la justice.

Apprenons de l’exemple des bergers : l’espérance qui naît en cette nuit ne tolère pas l’indolence des sédentaires et la paresse de ceux qui se sont installés dans leur confort – et tant d’entre nous, risquons de nous installer dans notre confort -; l’espérance n’admet pas la fausse prudence de ceux qui ne se lancent pas par peur de se compromettre et le calcul de ceux qui ne pensent qu’à eux-mêmes ; l’espérance est incompatible avec la vie tranquille de ceux qui n’élèvent pas la voix contre le mal et les injustices qui se commettent sur le dos des plus pauvres. Au contraire, l’espérance chrétienne, tout en nous invitant l’attente patiente du Royaume qui germe et croît, exige de nous l’audace d’anticiper aujourd’hui cette promesse, par notre responsabilité, et pas uniquement cela, aussi à travers et notre compassion. Et c’est peut-être là qu’il est bon de s’interroger sur notre compassion : est-ce que j’ai de la compassion ? Puis-je souffrir-avec ? Pensons-y.

En regardant comment souvent nous nous installons dans ce monde, en nous adaptant à sa mentalité, un bon prêtre écrivain priait ainsi pour Noël : « Seigneur, je te demande un peu de tourment, un peu d’agitation, un peu de remords. À Noël, je voudrais me trouver insatisfait. Content, mais aussi insatisfait. Heureux à cause de ce que Tu fais, insatisfait à cause de mon manque de réponses. Enlève-nous, s’il te plaît, nos fausses paix et mets une branche d’épines à l’intérieur de notre “mangeoire” toujours trop pleine. Mets dans nos âmes le besoin de quelque chose d’autre » (A. Pronzato, La Novena di Natale). Le désir d’autre chose. Ne restez pas immobile. N’oublions pas que l’eau stagnante est la première à se corrompre.

L’espérance chrétienne est précisément ce « quelque chose d’autre » qui nous demande d’avancer « sans tarder ». À nous, disciples du Seigneur, il est en effet demandé de trouver en Lui notre plus grande espérance et de la porter sans tarder, comme des pèlerins de la lumière dans les ténèbres du monde.

Sœurs, frères, c’est cela le Jubilé, c’est le temps de l’espérance ! Il nous invite à redécouvrir la joie de la rencontre avec le Seigneur, il nous appelle à un renouveau spirituel et nous engage à transformer le monde, afin que ce temps devienne vraiment un temps jubilaire : qu’il le devienne pour notre mère la Terre, défigurée par la logique du profit ; qu’il le devienne pour les pays les plus pauvres, accablés de dettes injustes ; qu’il le devienne pour tous ceux qui sont prisonniers des anciens et des nouveaux esclavages.

À nous, à nous tous, incombe le don et l’engagement de porter l’espérance là où elle a été perdue : là où la vie est blessée, dans les attentes trahies, dans les rêves brisés, dans les échecs qui brisent le cœur ; dans la lassitude de ceux qui n’en peuvent plus, dans la solitude amère de ceux qui se sentent vaincus, dans la souffrance qui laboure l’âme ; dans les longues journées creuses des prisonniers, dans les chambres étroites et froides des pauvres, dans les lieux profanés par la guerre et par la violence. Porter l’espérance là, semer l’espérance là.

Le Jubilé s’ouvre pour que soit donnée à tous l’espérance, l’espérance de l’Évangile, l’espérance de l’amour, l’espérance du pardon.

Et revenons à la crèche, regardons la crèche, regardons la tendresse de Dieu qui se manifeste sur le visage de l’Enfant Jésus, et demandons-nous : « Y a-t-il dans notre cœur cette attente ? Y a-t-il dans notre cœur cette espérance ? […] En contemplant la bonté aimante de Dieu qui surmonte nos méfiances et nos peurs, nous contemplons aussi la grandeur de l’espérance qui nous attend. […] Que cette vision d’espérance illumine notre chemin de chaque jour » (C. M. Martini, Omelia di Natale, 1980).

Ma sœur, mon frère, en cette nuit, c’est pour toi que s’ouvre la « porte sainte » du cœur de Dieu. Jésus, le Dieu-avec-nous, est né pour toi, pour moi, pour nous, pour chaque homme et chaque femme. Et tu sais ? Avec Lui, la joie fleurit, avec Lui la vie change, avec Lui l’espérance ne déçoit pas.

Il est trop fort ce Manuel Valls

Ressorti de la naphtaline pour devenir ministre de l’Outre-Mer, l’ancien sinistre de l’Intérieur de François Hollande a déclaré :

A l’échelle mondiale, la guerre en Ukraine se révèle une défaite stratégique pour la Russie

Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de la revue Conflits, estime que le bilan de la guerre en Ukraine est globalement négatif pour la Russie :

En Ukraine, l’armée russe avance. Mais à l’échelle mondiale, cette guerre se révèle une défaite stratégique pour la Russie : soumission à la Chine, économie qui patine, rupture avec l’Europe. Avec près de trois ans de guerre, le bilan est globalement négatif pour Moscou.

La guerre en Ukraine révèle les limites stratégiques de la Russie. Malgré des gains territoriaux, le coût humain et financier est immense, et les résultats sont modestes après trois ans de conflit. L’Ukraine, soutenue par ses alliés, s’affirme comme une nation indépendante, marquée par un fort esprit de résistance. Les sanctions économiques n’ont pas atteint leurs objectifs initiaux, mais elles affaiblissent l’économie russe. Diplomatiquement, la Russie est isolée de l’Europe, renforçant sa dépendance envers la Chine, ce qui pourrait compromettre son influence géopolitique future.

“La plus grande pauvreté c’est d’être rejeté, ne pas être aimé.” Mère Teresa

Cette résurrection des cœurs est la mission de la fondation ANAK-Tnk.

Le cadeau de Noël de Notre-Dame de Chrétienté

Le Cantique Nouveau de Noël : Puer natus in Bethlehem

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
Pendant la période de Noël, en dehors des « classiques » tels que Adeste Fideles, Silent Night, In notte placida et autres, il existe un autre chant qui, pour de nombreux chœurs, est un classique à sa manière : Puer natus in Bethlehem.
Cet hymne raconte l’histoire de la Nativité avec des accents simples mais sincères, empreints d’affection et de chaleur véritablement « populaires ».
On peut supposer que le texte, d’origine médiévale tardive, s’inspire de l’antienne d’introït liturgique Puer natus est nobis, sur laquelle Saint Jean-Paul II, dans son message Urbi et Orbi pour Noël 1979, nous offre cette méditation :
« Voici, nous nous rencontrons en ce jour de Naissance. L’Enfant naît. Le Fils naît. Il naît de la Mère. Pendant neuf mois, comme tout nouveau-né, il a été lié à son sein. Il naît de la Mère dans le temps et selon les lois du temps humain de la naissance. Du Père, il est né éternellement. Il est le Fils de Dieu. Il est le Verbe. Il porte avec lui dans le monde tout l’amour du Père pour l’homme. Il est la révélation de la divine “philanthropie”. En lui, le Père se donne lui-même à tout homme, en lui est confirmée l’héritage éternel de l’homme en Dieu. En lui est révélé, jusqu’à son accomplissement, l’avenir de l’homme. Il parle du sens et de la signification de la vie humaine, indépendamment de la souffrance ou du handicap qui pourraient peser sur cette vie dans ses dimensions terrestres. Tout cela, il l’annoncera par son Évangile. Et, en définitive, par sa Croix et sa Résurrection. Tout cela, il l’annonce déjà par sa Naissance. »
Dans sa naissance se dessine déjà son destin divin : la Mère qui rit deviendra la Mère qui pleure, les présents des Mages deviendront des baumes funéraires, le bois de la crèche deviendra le bois de la croix. Le grégorianiste Fulvio Rampi, commentant l’introït grégorien susmentionné, observait :
« C’est toujours Isaïe 9 qui fournit le texte de cet introït, là où le prophète annonce la naissance d’un “enfant” : une traduction correcte du terme puer, qui résonne immédiatement dans toute sa force mais exige d’être enrichi de sens. L’empreinte messianique de ce “puer” invite en effet à élargir sa compréhension vers une perspective bien plus vaste qu’une simple atmosphère de crèche. Le même “enfant” est d’emblée compris comme “serviteur”, appelé à accomplir le plan salvifique du Père et sur les épaules duquel – comme l’indique la deuxième phrase de l’introït – repose tout le pouvoir. »
À Noël, nous entrevoyons déjà Pâques.
En effet, notre hymne avec refrain, dès la première strophe, nous plonge dans cette histoire sacrée : un enfant est né à Bethléem, et Jérusalem en exulte. Ce qui se passe dans le petit a des répercussions dans le grand, ce qui commence à Bethléem résonnera dans la Jérusalem de l’accomplissement terrestre apparent.
Le nombre de strophes de ce texte, probablement né en région germanique, varie selon les versions. Le refrain nous prépare au mystère de l’Incarnation et à la nouveauté chrétienne : avec joie dans nos cœurs, nous adorons le Christ né avec un cantique nouveau. Cette joie qui nous est demandée n’est pas une joie superficielle, imposée dans de nombreux « petits chants » liturgiques tirant parti des effets dionysiaques de certaines harmonies, mais plutôt une joie découlant de la sérénité apollinienne de la musique liturgique, une sérénité que nous examinerons en détail en analysant ce chant.
Dans les strophes, ce lien avec le charnel est rappelé : assumpsit, concepit, processit, iacet… Comme le dit si bien Vittorio Messori dans son ouvrage Hypothèse sur Marie :
« Sans la racine de chair qu’est le corps de cette Femme, tout le mystère de l’Incarnation finit par perdre l’indispensable matérialité pour devenir un spiritualisme évanescent, un moralisme sermonneur ou, pire, une idéologie dangereuse. »
Cette observation est intéressante, car la tota pulchra, sine macula Marie est précisément Celle qui nous relie à notre destin charnel. Le risque d’un « spiritualisme évanescent », dans notre époque où le matérialisme triomphe, semble une réaction désordonnée, une pathologie présente même au sein de l’Église catholique. En réalité, notre chant invite toute la création à se rendre présente au mystère de l’Incarnation : cognovit bos et asinus quod Puer erat Dominus. Même le bœuf et l’âne, animaux qui, selon une pieuse tradition, réchauffèrent le nouveau-né dans la grotte, eux aussi se sont inclinés devant la divinité de l’enfant. Autrement dit, selon l’auteur anonyme de l’hymne, même l’instinct animal saisit les éclats de la divinité.
Il devient semblable à nous dans la chair, mais dissemblable dans le péché, poursuit le chant, et par son Incarnation, il nous a rendus semblables à Dieu. Saint Josémaria Escriva de Balaguer nous aide à comprendre ce passage :
« La vie de prière et de pénitence et la conscience de notre filiation divine nous transforment en chrétiens d’une profonde piété, semblables à des enfants devant Dieu. La piété est la vertu des fils, et pour que le fils puisse s’abandonner dans les bras de son père, il doit être et se sentir petit, ayant besoin de tout. J’ai souvent médité sur la vie d’enfance spirituelle : elle n’est pas en contradiction avec la force ; au contraire, elle exige une volonté forte, une maturité bien trempée, un caractère ferme et ouvert. Piété d’enfants, donc ; mais pas ignorants, car chacun doit s’efforcer, dans la mesure de ses capacités, d’étudier sérieusement et scientifiquement la foi : la théologie n’est rien d’autre que cela. Piété d’enfants — je le répète — et doctrine sûre des théologiens. Le désir d’acquérir la science théologique — la bonne et sûre doctrine chrétienne — est motivé, tout d’abord, par le besoin de connaître et d’aimer Dieu. En même temps, c’est aussi la conséquence du souci d’une âme fidèle de découvrir le sens profond de ce monde, œuvre du Créateur. Avec une monotonie récurrente, certains tentent de raviver une prétendue incompatibilité entre foi et science, entre intelligence humaine et Révélation divine. Cette incompatibilité se manifeste, mais seulement en apparence, lorsqu’on ne comprend pas les termes réels du problème. »
Cette filiation nous sauve donc de l’arrogance humaine qui cherche à se faire divin sans Dieu.
La mélodie évolue dans le cadre du premier mode grégorien, que nous appelons justement Protus. Il est intéressant de noter que dans les strophes, de style syllabique comme le refrain, prédominent le ré et le fa, deux degrés importants de la gamme, mais qui tendent à faire pencher le tableau modal davantage vers le deuxième que le premier mode. Une tendance à l’abaissement qui nous rappelle peut-être l’abaissement même de Dieu qui s’est fait homme. Le Protus, qui peut nous paraître comme un mode mineur, n’est pas triste mais austère. Telle est la signification de la joie chrétienne, non désordonnée et débridée, mais virile et austère. Cependant, cette austérité connaît des élans de joie, comme en témoigne le refrain aux mots in cordis iubilo, où la mélodie s’élève et s’élève encore comme si cette joie ne trouvait pas de repos. Ce repos est atteint sur le do, le degré le plus élevé atteint dans cette mélodie, affirmant maintenant pleinement le premier mode après les tendances au deuxième des strophes et proclamant, avec un bel intervalle de quinte — consonance parfaite — Christum natum adoremus cum novo cantico.
Un beau chant pour méditer profondément sur le mystère de Noël.
NB: Si vous êtes à Rome le 26 décembre, ne manquez pas le concert de Noël des Romaeterna Cantores, dirigés par le Maestro Aurelio Porfiri. Le concert, offert par Urbi et Orbi Communications, aura lieu dans la majestueuse Basilique de San Crisogono à 19h00. Entrée libre.

« De la crèche au crucifiement, Il nous aime inlassablement. »

D’Aymeric Pourbaix dans France catholique :

[…] Le poète britannique Frederick William Faber, soulignait ainsi que la « beauté céleste » de la crèche, cette douce nuit étoilée où tout semble paisible, va de pair avec le « mystère étonnant de ce Bethléem inhospitalier, qui ne veut pas donner à son Dieu une place pour qu’il puisse naître dans ses murs ».

« De la crèche au crucifiement »

La liturgie, maîtresse de la vie de l’Église, témoigne elle aussi de ce paradoxe. Dès la nuit de Noël, les fidèles entonneront, sans y penser peut-être, ces paroles du « Il est né le Divin Enfant » : « De la crèche au crucifiement, Dieu nous livre un profond mystère. De la crèche au crucifiement, Il nous aime inlassablement. » Puis le temps de Noël nous fera passer sans transition, un jour seulement après la Nativité, à la lapidation du premier martyr, saint Étienne. Avant de nous montrer quelques jours plus tard le massacre des Saints Innocents, morts pour avoir semblé menacer le pouvoir du roitelet Hérode.

Contraste étonnant, que n’a cessé également de scruter Edith Stein. Méditant sur Noël, la philosophe juive convertie au catholicisme, devenue sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix et morte à Auschwitz, affirmait ainsi :

« Le mystère de l’Incarnation et le mystère du mal sont étroitement liés. Sur la lumière descendue du Ciel se détache, d’autant plus sombre et menaçante, la nuit du péché ».

Nativité de Notre-Seigneur – 25 décembre – Messe du Jour Ad tertiam Missam in die Nativitatis Domini

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.

►Introït : Puer natus est

Le texte de l’Introït est extrait de l’une des grandes prophéties d’Isaïe annonçant le mystère de l’Incarnation, comme nous en avons entendu plusieurs au temps de l’Avent.

Puer natus est nobis, et filius datus est nobis : cujus imperium super humerum ejus : et vocabitur nomen ejus magni consilii Angelus.
Un enfant nous est né, un fils nous est donné ; la souveraineté est sur son épaule. On l’appellera du nom d’envoyé du Grand Conseil.

La souveraineté sur son épaule évoque l’instrument par lequel il régnera, c’est-à-dire la Croix. Quant au Grand Conseil dont il est l’envoyé, c’est le grand dessein de la Sainte Trinité de sauver tous les hommes. Le texte d’Isaïe continue d’ailleurs par d’autres qualificatifs que l’on retrouve à d’autres moments de la liturgie de Noël, notamment à l’Introït de la messe de l’aurore. Il contraste singulièrement avec la faiblesse et la modestie de ce tout petit enfant :  » Conseiller admirable, Dieu fort, Prince de la Paix, Père du siècle à venir. «

La mélodie exprime à merveille la joie légère de Noël. Elle s’élance dès le début en un grand élan enthousiaste, puis elle s’apaise en une contemplation amoureuse, se nuançant d’un brin de mélancolie à l’évocation de la Croix, et elle s’achève par l’affirmation solennelle de la qualité de celui qui nous est envoyé. Cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 97 que nous allons retrouver au Graduel et à la Communion :

Cantate Domino canticum novum quia mirabilia fecit
Chantez au Seigneur un cantique nouveau car il a fait des merveilles.

►Graduel : Viderunt omnes

Le texte du Graduel de la messe du jour de Noël est tiré du psaume 97 dont nous avons entendu le premier verset à l’Introït : c’est un cantique de louange à la gloire du Seigneur tout puissant qui y est présenté à la fois comme sauveur et comme juge. Les versets retenus ici sont ceux qui affirment l’universalité du salut qui s’étend à tous les peuples.

Viderunt omnes fines terræ salutare Dei nostri : jubilate Deo omnis terra.

Tous les confins de la terre ont vu le salut donné par notre Dieu. Poussez des cris de joie, terre entière ;

Notum fecit Dominus salutare suum : ante conspectum gentium revelavit justitiam suam.
Le Seigneur a fait connaître son salut, il a révélé sa justice devant tous les peuples.

C’est donc à tous les hommes sans exception que le petit enfant de la crèche vient apporter le salut. Cette perspective est chantée ici avec une mélodie très joyeuse, pleine de ferveur et d’enthousiasme. On y trouve de grandes vocalises comme c’est toujours le cas dans les Graduels, mais aussi des notes répétées avec insistance comme une sonnerie de trompette.

► Alléluia : Dies sanctificatus

Le texte du verset de l’Alléluia du jour de Noël n’est pas tiré de la Sainte Écriture. Il insiste surtout sur un des caractères de Noël, qui est d’être une fête de la lumière.

Le Christ qui vient de naître est la lumière du monde, et ce n’est pas pour rien que la fête de sa nativité a été fixée au moment du solstice d’hiver, quand les jours recommencent à augmenter.

Dies sanctificatus illuxit nobis ; venite gentes et adorate Dominum, quia hodie descendit lux magna super terram.
Un jour très saint a brillé pour nous ; venez, peuples, adorez le Seigneur, car aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre.

La mélodie est une mélodie type que l’on entend assez souvent au cours de l’année et particulièrement au temps de Noël. Nous la retrouverons notamment à l’Épiphanie, où l’étoile et les mages reprendront ce même thème. Cette mélodie est par elle-même très lumineuse et pleine d’une ferveur joyeuse. On notera le beau crescendo progressif sur l’invitation pressante adressée à tous les peuples : venez adorer.

► Offertoire : Tui sunt cæli

Comme celui de la messe de minuit, cet Offertoire est assez différent des autres chants de cette messe, qui expriment une joie légère et enthousiaste. Il s’agit ici d’une longue contemplation intérieure et méditative des attributs divins du petit enfant qui vient de naître, et qui est le maître absolu et le roi incontesté de toute la création. Le texte est tiré du psaume 88, un des grands psaumes messianiques.

Tui sunt cæli, et tua est terra : orbem terrarum, et plenitudinem ejus tu fundasti : justitia et judicium præparatio sedis tuæ.
À Vous sont les cieux et à Vous est la terre ; le globe terrestre c’est Vous qui l’avez créé. La justice (c’est-à-dire la perfection divine) et l’équité sont les fondements de votre trône.

La mélodie calme et douce exprime parfaitement cette contemplation émerveillée.

► Communion : Viderunt omnes

Comme à la messe de minuit, la Communion de la messe du jour de Noël reprend le texte de la première phrase du Graduel, tiré du psaume 97 :

Viderunt omnes fines terræ salutare Dei nostri.
Tous les confins de la Terre ont vu le salut donné par notre Dieu.

On y trouve la même ferveur joyeuse et enthousiaste, mais ici dans les limites restreintes d’une petite antienne, où cependant la mélodie monte et redescend à deux reprises toute l’octave dans un grand élan de reconnaissance pour le grand bienfait dont le Seigneur vient de nous combler.

Nativité de Notre-Seigneur – 25 décembre – Messe de Minuit Ad primam Missam in nocte

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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La fête de Noël possède une particularité unique dans toute l’année, qui est de comporter trois messes différentes, alors que les autres jours n’en ont qu’une. Elles étaient souvent autrefois dites les unes à la suite des autres : on se rappelle Les Trois Messes basses d’Alphonse Daudet ; mais elles sont normalement destinées à être célébrées à trois moments différents, avec lesquels elles sont en harmonie : la messe de Minuit emplie de mystères, celle de l’Aurore pleine de lumière et celle du Jour pleine de joie.

Ces messes présentent un contraste étonnant entre les chants du propre et les Évangiles qui y sont lus. À la Messe de Minuit, on lit à l’Évangile le récit de la Nativité dans l’étable de Bethléem et l’apparition des anges aux bergers, tandis que les chants du propre, pleins du mystère qui convient à la nuit, nous font méditer sur la génération éternelle du Verbe au sein de la Très Sainte Trinité. À la Messe du Jour au contraire, on lit à l’Évangile le prologue de saint Jean :  » Au commencement était le Verbe… « , tandis que les chants du propre célèbrent joyeusement la naissance de l’Enfant-Dieu.

Hormis l’Offertoire, les chants du propre de la Messe de Minuit contiennent tous les mots genui te je t’ai engendré, adressés par Dieu le Père à son Fils. On les trouve dans deux passages extraits de deux grands psaumes messianiques, le psaume 2 à l’Introït et à l’Alléluia, le psaume 109 au Graduel et à la Communion.

► Introït : Dominus dixit

Voici le verset du psaume 2 qui est chanté à l’Introït.

Dominus dixit ad me : Filius meus es tu, ego hodie genui te.
Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui je t’ai engendré.

Cet aujourd’hui, c’est le présent éternel du ciel. Ces paroles sont celles du Père, mais ici c’est le petit enfant de la crèche qui les prononce en disant  » Le Seigneur m’a dit « . Aussi la mélodie est-elle simple et dépouillée, presque immatérielle ; seul le mot meus est souligné, exprimant la tendresse du Père pour son Fils. Cet Introït est un des plus courts du répertoire. Il est accompagné bien entendu par le premier verset du psaume 2

Quare fremuerunt gentes et populi meditati sunt inania ?
Pourquoi les nations se sont-elles agitées et les peuples ont-ils comploté en vain ?

Il montre les vains efforts des païens pour s’opposer à la venue et au règne du Messie.

► Graduel : Tecum principium

Après le texte messianique tiré du psaume 2 qui figurait à l’Introït, nous allons trouver dans le Graduel l’autre texte messianique, tiré du psaume 109.

Tecum principium in die virtutis tuæ : in splendoribus sanctorum ex utero ante luciferum genui te.

On retrouve donc les mots genui te qui reviennent quatre fois dans cette messe. Mais ce texte est difficile à traduire car il est plein de symbolisme, s’appliquant à la fois au sacre du roi d’Israël, devenu par l’onction fils de Dieu, c’est à dire son représentant sur terre, et à la génération éternelle du Messie dont le roi n’était que la figure. On peut traduire à peu près ainsi :

À toi la primauté au jour de ta puissance. Dans les splendeurs sacrées, de mon sein, avant l’aurore, je t’ai engendré.

 La deuxième partie de ce Graduel reprend le début du psaume 109, bien connu des fidèles qui assistent aux vêpres du dimanche.

Dixit Dominus Domino meo : sede a dextris meis, donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum.
Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite, tandis que j’abaisse tes ennemis comme un marchepied.

  » Le Seigneur a dit à mon Seigneur « , c’est Dieu le Père qui s’adresse au roi d’Israël, figure du Messie ; c’est celui-ci, deuxième personne de la sainte Trinité, qui est assis à la droite de Dieu, comme nous le chantons dans le Credo.

On voit que nous sommes ici dans un monde de grandeur, de mystère et d’éternité. Ce Graduel a des dimensions imposantes ; si l’Introït de cette messe est un des plus courts du répertoire, le Graduel est au contraire un des plus longs. La mélodie est dans l’ensemble une mélodie type avec des formules que l’on retrouve souvent en d’autres Graduels, mais elle est plus développée, avec une grande introduction qui lui donne un caractère très solennel.

► Alléluia : Dominus dixit

Nous allons trouver dans l’Alléluia de la messe de minuit le même texte que nous avons entendu à l’Introït :

Dominus dixit ad me : Filius meus es tu, ego hodie genui te.
Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré.

Toujours les mots genui te qui reviennent pour la troisième fois dans cette messe. La mélodie est une mélodie type comme celle du Graduel, mais ici sans aucune adjonction, et telle que nous l’avons déjà souvent entendue. Il faut dire pourtant que ses vocalises souples et légères expriment si bien la joie de Noël qu’on les croirait faites pour cela.

► Offertoire : Lætentur cæli

Comme c’est souvent le cas, le chant de l’Offertoire de la messe de minuit est un peu à part, et son texte ne contient pas les mots genui te. Il est tiré du psaume 95, cantique de louange au Seigneur, roi et juge universel :

Lætentur Cæli et exsultet terra ante faciem Domini ; quoniam venit
Que les cieux se réjouissent et que la terre exsulte devant la face du Seigneur, car Il vient.

Le psaume ajoute : car il vient pour juger la terre. Il s’agit donc du retour glorieux du Seigneur à la fin des temps, le dernier avènement. Mais la liturgie en arrêtant le texte à quoniam venit, sans préciser, permet de l’appliquer au premier avènement dans la nuit de Noël et à son avènement dans nos âmes en cette fête de Noël si nous sommes prêts à le recevoir. C’est de cette venue quelle qu’elle soit que les cieux et la terre se réjouissent, joie très intérieure exprimée par une mélodie douce et contemplative aux ondulations calmes et souples.

► Communion : In splendoribus

Le texte de l’antienne de Communion de la messe de minuit est en partie celui du Graduel, le deuxième grand texte messianique tiré du psaume 109.

 In splendoribus sanctorum ex utero ante luciferum genui te.
Dans les splendeurs sacrées, de mon sein, avant l’aurore, je t’ai engendré.

On rencontrons bien entendu pour la quatrième fois les mots genui te, la génération éternelle du Verbe au sein de la Très sainte Trinité. La mélodie est très simple ; les musiciens remarqueront qu’elle est pentatonique c’est à dire qu’il n’y a pas de demi-ton. Elle a une certaine parenté avec celle de l’Introït, mais elle n’en a pas la légèreté céleste. Elle est plus appuyée et plus solennelle. Ici ce n’est plus le petit enfant qui parle, c’est Dieu le Père qui s’adresse à lui directement.

Le site nord-américain Musica Sacra nous offre des partitions du psaume qui peut être interprété en alternance avec cette antienne de communion. C’est aisément déchiffrable pour tout choriste et nous encourageons vivement les chefs de scholas à les imprimer et à les travailler lors des répétitions. La psalmodie est le meilleur moyen d’apprendre à déclamer la phrase latine, à respecter les accents toniques, à prononcer cette langue liturgique sans hésiter…

L’origine des trois messes de Noël par le père Edward McNamara, L.C.

Comme pour de nombreuses pratiques liturgiques, l’origine des trois messes de Noël (à minuit, à l’aube et le jour) n’est pas du tout sûre, explique le père Edward McNamara, L.C., professeur de théologie et directeur spirituel.

La fête liturgique de Noël tombe le 25 décembre de chaque année. Cette fête est née à Rome, autour de l’an 330, peut-être précisément cette année-là. Elle fut très probablement célébrée pour la première fois dans la basilique Saint-Pierre, dont la construction était à peine terminée.

La célébration de Noël s’est ensuite diffusée à partir de Rome, lentement, dans les provinces orientales de l’Empire romain et, petit à petit, elle a été insérée dans le calendrier liturgique des Églises principales. Certaines de ces Églises célébraient la naissance du Christ le 6 janvier – l’Épiphanie – et ont continué à donner davantage d’importance à cette date, même après avoir accepté la date du 25 décembre.

Pendant toute cette période, l’Église à Jérusalem avait continué de développer certains usages particuliers.

Égérie, une femme qui a fait un long pèlerinage en Terre Sainte de 381 à 384, a décrit dans son Itinerarium comment les chrétiens de Jérusalem commémoraient le mystère de Noël le 6 janvier avec une veillée à minuit à Bethléem, suivie d’une procession aux flambeaux vers Jérusalem, qui finissait à l’aube dans l’église de la Résurrection (Anastasis, en grec).

Cinquante ans plus tard, à Rome, le pape Sixte III (432-440) décida d’honorer la proclamation de la maternité divine au Concile d’Éphèse (431), avec la construction de la grande basilique de Sainte Marie Majeure sur la colline de l’Esquilin.

Sixte III fit construire, en outre, une chapelle qui reproduit la grotte de Bethléem (les reliques de la crèche, jusqu’alors conservées dans la basilique de Sainte Marie Majeure, ne furent placées dans la chapelle qu’au VIIsiècle). Probablement inspiré par la coutume de la veillée de minuit célébrée à Bethléem, le pape Sixte III lui-même instaura la tradition d’une messe de minuit célébrée dans la chapelle de la « grotte de la Nativité ».

A Rome existait déjà la coutume de commémorer les fêtes importantes par deux services liturgiques distincts, l’un célébré dans la nuit, l’autre vers l’aube. Il est facile d’imaginer comment cette simple fête, initiée par le pape Sixte III dans la basilique Sainte Marie Majeure, a gagné en importance et s’est développée. La première étape de ce développement consista dans le fait que la plus ancienne liturgie de Noël, celle qui était chantée à Saint Pierre, fut aussi célébrée à Sainte Marie Majeure.

Un développement ultérieur a eu lieu autour de l’année 550. Le pape et certains membres de la curie célébraient une seconde messe un peu avant l’aube dans l’Eglise Sainte Anastasie, située sur un versant du Palatin.

A l’origine, cette dernière célébration se tenait en l’honneur de la mémoire de sainte Anastasie qui tombe le 25 décembre, et elle n’avait donc rien à voir avec Noël. Mais plus tard, cette célébration fut transformée en une seconde messe de Noël, s’inspirant probablement de la coutume de la messe célébrée à l’aube dans l’église de la Résurrection à Jérusalem, et à cause de l’association faite entre le nom d’Anastasia et anastasis (résurrection).

Après cette messe, de caractère quasiment privé, le pape se rendait directement à Saint-Pierre, où une grande foule de fidèles attendaient la liturgie solennelle à l’aube de Noël. Cette coutume continua au moins jusqu’à l’époque du pape Grégoire VII (mort en 1085).

Au début, le privilège des trois célébrations de Noël était réservé aux papes. Le premier témoignage que nous ayons d’un prêtre ordinaire qui célèbre les trois messes provient de la fameuse abbaye de Cluny, en France, avant l’an 1156.

Tous les prêtres peuvent désormais user de ce privilège et célébrer trois messes à Noël, à condition qu’ils respectent précisément les horaires. La première messe est célébrée en correspondance ou à proximité de minuit (la messe de la veille, le soir du 24 décembre, n’est pas considérée comme la première des trois messes), la seconde à l’aube et la troisième à un moment dans la journée du 25 décembre.

La rédaction du Salon beige vous souhaite un joyeux et saint Noël

L’éducation à la sexualité à l’école est une “nécessité absolue”, dès “la maternelle”

Déclaration faite par Aurore Bergé, qui redevient sinistre de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations, poste qu’elle avait déjà dans le gouvernement Attal.

 

Quant au nouveau ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, elle avoue ne pas connaître le sujet :

Éric Lombard, nouveau ministre du grand remplacement

En septembre 2024, celui qui est désormais ministre de l’économie, déclarait :

“Nous avons besoin de logement sociaux partout, dans toutes nos villes (…) C’est un élément de diversité et d’inclusion”

 

Il fut en 1991 conseiller auprès de Michel Sapin au ministère délégué à la Justice, puis au ministère de l’Économie et des Finances de 1992 à 1993.

Un chant mystérieux : Adeste Fideles

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:

J’ai souvent évoqué, en parlant de la liturgie, comment elle souffre d’une crise d’identité qui touche également la musique sacrée. Les textes fournis dans le Missel sont souvent ignorés au profit de chants qui ne sont pas toujours d’une qualité adéquate. Cela concerne même les grandes fêtes, comme Noël, bien qu’il existe ici un répertoire de cantiques qui constitue un précieux bagage pour un répertoire commun enraciné dans la tradition.

Un exemple en est Adeste Fideles, une belle mélodie d’origine incertaine, avec des paroles attribuées à John Francis Wade (XVIIIᵉ siècle). Ce chant a été traduit dans de nombreuses langues vernaculaires, mais il ne fait aucun doute que la version originale en latin possède un charme tout particulier. Nous savons peu de choses sur les origines de ce chant. Un article paru sur le Blog della Musica le qualifie de “chant mystérieux.” En effet, il n’est pas simple de remonter à son auteur principal ; il a été attribué à divers auteurs, et pour le texte, certains ont même évoqué saint Bonaventure. La musique, quant à elle, a été attribuée à plusieurs compositeurs, dont Georg Friedrich Haendel. Cependant, il semble que le compositeur soit bien John Francis Wade (1711–1786).

Mais qui était Wade ? Nous ne savons pas grand-chose de lui. Certains disent qu’il était membre du clergé, d’autres qu’il était laïc. Ce que nous savons, c’est qu’il était anglais et catholique, ce qui n’était pas simple dans l’Angleterre du XVIIIᵉ siècle. Il était copiste de musique, et la version d’Adeste Fideles que nous connaissons aujourd’hui nous est parvenue grâce à lui, datée entre 1740 et 1743 (blogdellamusica.eu). En 1947, Dom Jean Stéphan a tenté de retracer les origines de ce chant dans son ouvrage Adeste Fideles: A Study on Its Origin and Development (Buckfast Abbey, South Devon, 1947).

J’ai été agréablement surpris de découvrir, en éditant le livre de Vittorio Messori La luce e le tenebre, que l’écrivain renommé avait également une prédilection pour ce chant :

« Mon préféré est Adeste Fideles qui, comme chacun sait, nous invite à accourir à Bethléem pour adorer dans une grotte le Verbe incarné en un enfant. C’est un chant d’une grande douceur et majesté, avec des paroles dont la beauté ne peut être pleinement appréciée qu’en latin, langue originale malheureusement presque disparue dans nos paroisses. En effet, c’est un grand classique, interprété par tous les plus grands chanteurs, harmonisé et réarrangé de mille façons différentes, des versions les plus simples aux plus somptueuses, avec chœurs et orchestres à profusion. »

Il est vrai que ce chant a connu un succès extraordinaire à travers le monde.

Je crois que les mots de Messori, “grande douceur et majesté,” décrivent bien le caractère de ce chant. La mélodie invite les fidèles à se mettre joyeusement et triomphalement en marche vers Bethléem, où ils verront et adoreront le Roi des Anges. Le Venite adoremus répété trois fois dans un crescendo emphatique qui se résout sur le mot Dominus nous conduit magnifiquement à la scène humble mais grandiose de la Nativité, la naissance du Sauveur de toutes les nations.

Faisant écho à Messori, l’apologiste catholique Paolo Gulisano écrit :

« Mon chant de Noël préféré est Adeste Fideles. C’est un chant d’une solennité musicale remarquable, presque une marche royale. Et en effet, les paroles évoquent le Roi des Anges que nous sommes appelés à adorer : “Nous verrons, cachée sous un corps humain, la splendeur impérissable du Père éternel.” C’est le chant de la manifestation de la Gloire de Dieu dans un enfant emmailloté. Une autre raison qui rend ce chant si cher à mon cœur est liée à son auteur, John Francis Wade, un catholique anglais du XVIIIᵉ siècle, exilé de son pays en raison de sa foi. Le chant, tant la musique que les paroles, fut composé en 1743 à Douai, en France, où une communauté d’exilés britanniques s’était établie. Il semble que Wade, professeur de musique, se soit inspiré d’un motif traditionnel irlandais. Une autre raison pour laquelle j’aime ce chant est qu’il était très prisé des Jacobites, les catholiques d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande qui se battaient pour la restauration de la dynastie Stuart. C’était une sorte de message codé qui invitait à suivre le Rex Angelorum, lequel, en langage codé, désignait le Rex Anglorum, le véritable souverain légitime des Îles britanniques, Bonnie Prince Charlie. Bref, pour ceux qui me connaissent et connaissent mes intérêts et passions, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi mon choix se porte sur Adeste Fideles! »

La popularité de ce chant est probablement due à la noble simplicité et à la beauté de sa mélodie. Progressant presque entièrement par degrés conjoints, avec quelques rares sauts soigneusement intégrés, il transporte l’âme du fidèle pour qu’elle s’unisse au chœur des anges dans la louange de l’Enfant qui vient, à ce moment de l’histoire où tout le passé se résumait et tout l’avenir surgissait. Nous aussi, nous nous approchons progressivement de cet événement éclatant et contemplons avec les bergers Celui que l’humanité avait toujours attendu.

La construction de l’abbaye de Donezan progresse

Venue de l’abbaye de Fontgombault, une communauté de vingt moines bénédictins de la Congrégation de Solesmes s’est implantée en 2007 dans le Donezan, dans les Pyrénées ariégeoises, à 1350 mètres d’altitude. L’abbaye communique sur la progression de sa fondation :

La maçonnerie se termine en ce mois de juillet, les derniers murs sont réalisés sur le pourtour du plancher du 2nd étage. Ils sont destinés a recevoir toute la charge de la charpente. De ce côté, les travaux progressent : le bureau d’étude a fini son travail et une scierie ariégeoise découpe ces jours-ci les poutres de la charpente du bâtiment de l’hôtellerie. Les ouvriers réalise également les murs du second étage autour des cages d’escaliers.

En ce mois d’août les constructions se poursuivent avec notamment le début du chantier du parement en pierre des murs de l’église. Nous voyons avec joie le début de ce travail attendu depuis de très long mois qui donnera à la maison de Dieu sont aspect final.

Le mois de septembre est employé à terminer la pose des pierres sur le mur sud de la nef et d’une partie du transept et finir les derniers ouvrages de maçonnerie de l’aile de l’hôtellerie. Enfin l’entreprise de gros œuvre taille la charpente de ce même bâtiment en atelier.

Au mois d’octobre, les premières pièces de charpente sont livrées, mais leurs pose doit attendre que les derniers travaux de maçonnerie soient achevés. Sur le front du parement en pierre de l’église, les maçons préparent le côté Nord de la nef et du transept avec la réalisation d’un corbeau qui reprendra la charge du mur en granit et posent isolant.
Les beaux jours du mois de novembre permettent d’achever la maçonnerie et de lancer la pose de la charpente du bâtiment de l’hôtellerie. De leurs côté, une entreprise du Tarn réalise l’escalier principal de ce même bâtiment et une autre de Cerdagne continue la réalisation du mur en pierre sur le bas-côté et le transept Nord ; c’est le côté de l’église que verrons les fidèles en arrivant.

Au mois de décembre, l’entreprise Sicre continue la pose de la charpente tandis que la réalisation du doublage en pierre du mur Sud se poursuit. Les quelques jours de mauvais temps sont mis à profit pour poser l’ossature du plafond en bois du réfectoire.

Vite, soutenez l’Ecole Bienheureux Abbé Fouque et défiscalisez !

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Chers amis,

L’année 2024 se termine bientôt… mais les équipes de l’école-collège catholique hors contrat Bienheureux Abbé Fouque à Marseille sont déjà en train de préparer la rentrée de septembre prochain. Et les défis sont de taille : ouverture d’une classe de 5e au collège, accueil de nouvelles familles qui sont nombreuses à déposer des demandes d’inscription, travaux de mise aux normes des salles que nous ne pouvons pas utiliser pour l’instant, etc.

Nous ne pourrons pas relever ces défis sans l’aide de généreux donateurs qui, en cette fin d’année, cherchent encore à faire des dons déductibles des impôts. Si vous connaissez des personnes de votre entourage dans ce cas, proposez leur de soutenir l’école-collège Bienheureux Abbé Fouque, proposition pédagogique unique dans le paysage marseillais !

Ouverte en septembre 2021 avec 22 élèves, l’Ecole Bienheureux Abbé Fouque accueille aujourd’hui 85 enfants de la maternelle à la sixième et très certainement plus de 100 l’an prochain.

Participez à son développement !

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Des cathos paquets-cadeaux

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Il y a parfois des sermons qui réveillent les synapses. Celui de l’abbé Thibault de Bruyn à la cathédrale de Vannes pour ce quatrième dimanche de Carême en fait partie. Pensez : comparer les chrétiens à des paquets-cadeaux !

En ces temps de folie consumériste généralisée, nous voyons des œufs durs, des bananes et des oranges vendues sous des emballages plastiques. Le bon sens dénonce ces outrances, il a raison. Pourquoi remplacer en moins bien ce que la nature a conçu en pratique, efficace et biodégradable ? De fait les écologistes voient souvent dans l’emballage un mal à éradiquer d’urgence. Ils sont parfois un tantinet idéologisés. Le paquet cadeau est un emballage un peu spécial. Sa fonction est de cacher temporairement le cadeau, afin de ménager la surprise. Dans des familles nombreuses, le volume des emballages cadeaux après Noël peut sembler démesuré, gigantesque. Ce simple motif de camoufler temporairement le cadeau peut sembler futile, mais il participe au plaisir de recevoir.

C’est évident, l’Incarnation est un cadeau d’une incommensurable valeur (même si je n’aime pas ce mot « valeur » employé ici) que Dieu fait à l’humanité. La Parole de Dieu se fait homme en la personne de Jésus. Cet évènement est la preuve, s’il en était besoin, de l’immensité de son amour pour sa création, mais cet évènement historique survenu il y a plus de 2000 ans a pour nous tous une portée actuelle et incalculable. Le problème est que dans notre humanité, trop peu le savent et en sont conscients. Soit qu’ils professent une religion qui serait incompatible avec cette incarnation, soit qu’ils vivent dans des sociétés pas ou peu christianisées, soit que leurs cheminements personnels les aient amenés à l’athéisme ou l’agnosticisme, soit enfin qu’ils soient trop tièdes pour se souvenir de ce que le baptême reçu naguère leur a apporté.

Pour eux tous et pour nous-même, nous devons dire l’importance de ce cadeau. Parce que cette incarnation est le premier acte de notre salut, et que ce salut est destiné à tous les hommes. C’est notre mission de baptisés de le partager. De Prêtre c’est à dire médiateur entre les hommes et Dieu. De Prophète c’est à dire dispensateur de la Parole de Dieu. De Roi, c’est à dire de serviteur.

Serviteur : les paquets-cadeaux que nous sommes devront en outre nous souvenir de notre inutilité. Même si nous sommes les plus beaux paquets du monde, que notre aspect séduit et encourage chacun à découvrir le Verbe incarné et caché derrière nous, il nous faut nous souvenir que c’est la grâce de Dieu qui convertit.

Cette équivalence catho / paquet cadeau peut bien sûr blesser nos ego. Tant mieux ! Mais filons la métaphore. Si nous sommes des contenants, c’est que le contenu accepte d’habiter les contenus indignes que nous sommes. Dominus non dignus. Merci au père Thibault pour ce sermon stimulant et saint et joyeux Noël à tous !

Il n’y a pas de raison de douter de la réalité historique de la nuit du 24 au 25 décembre

D’Anne Bernet dans France catholique :

La nuit de Noël a-t-elle eu lieu précisément il y a 2024 ans ? Si l’on doit au moine Denys le Petit (VIe siècle) d’avoir fixé « l’an 1 » à cette date, les historiens modernes sont partagés sur l’année de naissance de Jésus. Mais qu’il soit né en l’an 1, ou en -4 n’a que peu d’importance : lorsque saint Luc donne pour repère chronologique « en ces jours-là », lorsque paraît un édit de l’empereur Auguste « ordonnant de recenser toute la terre » (Lc 2, 1), l’évangéliste inscrit la naissance du Sauveur dans une époque historique, non dans le « il était une fois » des mythes.

La nuit de Noël

En revanche, il n’y a pas de raison de douter de la réalité historique de la nuit du 24 au 25 décembre, même si l’on nous a rebattu les oreilles d’une récupération tardive par l’Église des célébrations du solstice d’hiver célébré à cette date, du « culte de Mithra », du « soleil invaincu »… Il est vrai que la coïncidence permit d’en finir avec des cultes païens en les christianisant, mais est-ce coïncidence ou volonté divine ? Un argument de poids en faveur de la nuit du 24 au 25 décembre est paru en 1999. Cette année-là, Jacob Talmon, un universitaire israélien, a publié le résultat de ses recherches consacrées à la reconstitution – grâce aux manuscrits de Qumran –, de la Grille des Gardes sacerdotales, calendrier liturgique établissant l’emploi du temps des prêtres […]

Traumatisée par la crainte du triomphalisme, l’Eglise ne revendique plus aucune spécificité parmi les religions du monde

Les éditions Fayard ont publié en version poche le Catéchisme de la vie spirituelle du cardinal Sarah, qui avait été publié en 2022. Pour rendre à Dieu sa place dans nos vies et celle de l’Église, le cardinal Robert Sarah n’invente pas l’eau chaude, ni une pastorale papier crépon, ni de nouvelles recettes mystiques, mais tout simplement l’Évangile de Jésus-Christ : les sept sacrements.

« Il m’a semblé que l’éclipse de Dieu dans nos sociétés postmodernes, la crise des valeurs humaines et morales fondamentales et ses répercussions jusque dans l’Église, où l’on constate la confusion au sujet de la vérité divinement révélée, la perte du sens authentique de la liturgie et l’obscurcissement de l’identité sacerdotale, demandaient avec force qu’un véritable catéchisme de la vie spirituelle soit proposé à tous les fidèles. Ce livre veut indiquer les principaux moyens d’entrer dans la vie spirituelle, dans un but pratique et non académique. Ce catéchisme, organisé autour des sacrements, de la prière, de l’ascèse, de la liturgie, vise le même but : faire prendre à chacun conscience que son baptême est le début d’une grande conversion, d’un grand retour vers le Père. »

La base de la foi, c’est le Credo, qui mérite d’être médité :

Beaucoup de prêtres et de fidèles laïcs semblent avoir perdu la foi dans le premier article du Credo, qui confesse le Père comme “tout-puissant”, peut-être sous l’influence des théologies contemporaines de la création comme retrait de Dieu – un renoncement de principe à l’universalité de la Providence et du gouvernement divin dont témoigne pourtant la Révélation […]

Le cardinal revient aussi sur l’hystérique période de Covid, durant laquelle l’Eglise s’est soumise aux injonctions et déplore un alignement sur le politiquement correct :

Donnant souvent l’impression d’être à la remorque de la bien-pensance mondialiste, l’Eglise ait souvent figure d’organisation philanthropique engagée parmi d’autres au service des pauvres, des questions sociopolitiques, de l’environnement, de l’immigration, etc., davantage qu’elle n’apparaît comme dépositaire des paroles de Celui qui a dit : “Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la vie” (Jn 14,6). Son visage disparaît derrière la façade ennuyeuse d’une écrasante bureaucratie, avec ses assemblées qui votent, même sur des questions doctrinales, ses comités et commissions sans nombre, ses fonctionnaires qu’il faut rémunérer, ses difficultés administratives et financières au milieu desquelles elle semble avoir perdu le sens de sa mission. […]

L’Eglise catholique a choisi ce qu’on veut nous faire considérer comme la voie de l’humilité : traumatisée par la crainte du triomphalisme, elle ne revendique plus aucune spécificité parmi les religions du monde, acceptant de fait d’être simplement considérée comme l’une des trois “religions du Livre”, n’ayant plus l’audace de défier le relativisme et l’indifférentisme religieux dominants par la revendication de la possession de la pleine vérité sur Dieu et l’homme.

Changement de président à la tête de Notre-Dame de Chrétienté

Message de Noël aux pèlerins et sympathisants de Notre-Dame de Chrétienté du président de Notre-Dame de Chrétienté :

Chers amis pèlerins,

Le beau temps de l’Avent rempli d’espérance a été troublé ces derniers jours par les bruits d’une possible « interdiction de cathédrale » à Chartres lors de notre prochain pèlerinage. Les articles et enquêtes se sont multipliés avec les commentaires de gauche… comme de droite faisant penser à ces mots de Raymond Devos « Je n’ai rien à dire et je tiens à ce que cela se sache ! »

Que penser de tout cela ? D’abord, redisons-le, Notre-Dame de Chrétienté ne dispose d’aucune information directe. Nous n’avons été contactés par aucune autorité ecclésiastique. Nous aussi ne faisons que commenter les rumeurs.

« Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites ! Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes… Et ne m’objectez pas que vos amis sont sûrs, Et que vous parlez bas ».

Ces rumeurs sont-elles réalistes ? Il nous faut bien répondre positivement puisque les pèlerinages frères de Notre-Dame de Chrétienté de Covadonga (Espagne) et Lujan (Argentine) ont subi récemment des interdictions de cathédrale.

Cette nouvelle persécution est-elle importante pour l’organisation du prochain pèlerinage ? En aucune manière. Une interdiction serait incomprise par les catholiques de France, sans oublier les pèlerins étrangers si nombreux à Chartres puisque notre notoriété dépasse largement les milieux français.

Est-ce vraiment important pour les pèlerins, marcheurs ou organisateurs, d’être interdits de cathédrale ? Je ne le crois pas. En revanche, comme je le disais au journal la Croix, ce serait une tristesse à défaut d’un étonnement.

Si j’ai bien compris la mécanique vaticane : le Dicastère pour le Culte Divin et la discipline des Sacrements se prononcerait à la demande de l’évêque du lieu l’interrogeant sur l’autorisation de célébrer une messe tridentine dans la cathédrale. Le cardinal Roche, préfet de ce Dicastère, est connu pour son animosité envers la liturgie traditionnelle qui semble pour lui l’un des graves problèmes de l’Eglise du XXIe siècle. Il ne faudrait pas s’étonner que le Dicastère préconise l’application du rescrit du pape François du 21 février 2023 pour interdire une messe de rite tridentin dans la cathédrale de Chartres. Je ne suis pas du tout certain que le Saint-Père soutienne ce zèle administratif mais le motu proprio Traditionis Custodes a bien été voulu par lui.

Les observateurs de toutes tendances ont du mal à penser que cette machinerie répressive soit motivée par le salut des âmes. Cet imbroglio ne nous impressionne en rien. Armé du seul « sens de la foi des fidèles », le bon sens catholique, l’un des thèmes de prédilection du pape François, nous ne croyons pas que cet autoritarisme cléricalisant soit utile au salut des âmes. Notre expérience de pèlerin de terrain, de père de famille, de catholique de base nous fait penser exactement le contraire. Lors de notre dernier pèlerinage, nous avions lancé en ce sens une supplique au Saint Père, lors de la messe de Pentecôte célébrée aux Courlis.

Comment comprendre l’activisme forcené de certaines excellences ou éminences quand, il y a peu, elles appliquaient avec lenteur, prudence et réticence le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI ?

Nous en perdons notre latin et notre confiance ce qui est plus grave.

Cet été, j’avais participé à l’université d’été de Renaissance Catholique (un moment très utile de formation que je recommande) à Abilly en Indre-et-Loire. Abilly est un bourg d’un millier d’habitants, construit autour de l’église Saint-Martin. Comme dans beaucoup d’églises de France, les fidèles sont devenus rares. Pourtant la mairie a tenu à restaurer l’église en investissant largement ces dernières années. Quelle n’a pas été la surprise des habitants d’Abilly (et du maire) de constater que l’église Saint-Martin (qui n’est pourtant pas une cathédrale) était interdite de messe tridentine, et pour les 4 jours de l’université, alors que pour une fois il y avait un prêtre et des fidèles, des familles dans le bourg ! Une situation ubuesque qui ne servira pas le rayonnement de l’Eglise synodale et évangélisatrice dans la région.

Je vous en avais déjà parlé lors d’un article après le pèlerinage dans l’Appel de Chartres, j’ai décidé de ne pas me présenter pour un nouveau mandat de président de Notre-Dame de Chrétienté après douze années de service.

Je voudrais d’abord remercier le Bon Dieu et la Très Sainte Vierge Marie d’avoir protégé notre pèlerinage et notre association pendant tout ce temps.

Grâce à la confiance de nos aumôniers généraux, de tous les prêtres, des pèlerins, des membres de l’Assemblée Générale, du Conseil d’Administration et de tout l’encadrement, nous avons fait croître ensemble cette œuvre magnifique pour la plus grande gloire de Dieu. J’ai voulu pendant toutes ces années vous rappeler les intuitions de nos fondateurs, vous raconter notre histoire dont nous pouvons être fiers, approfondir les raisons intellectuelles de nos choix notamment liturgiques. J’ai voulu, et merci d’avoir supporté mes répétitions lassantes, redonner le sens de l’engagement militant en évitant les divisions entre nous. Notre-Dame de Chrétienté est une œuvre spirituelle avec une volonté d’action politique (dans le sens noble du mot politique) puisque « le combat politique est le lieu privilégié du combat de l’Église contre le démon » (Père Roger-Thomas Calmel).

Comme pour ponctuer ces douze années, le thème de 2025 pour le centième anniversaire de Quas Primas sera « Pour qu’Il règne, sur la terre comme au ciel ». Magnifique thème à l’origine de la création de notre pèlerinage traditionnel de chrétienté. Toutes ces années, nous avons cherché, avec Péguy, Dom Gérard, Madiran entre autres, à approfondir cette indispensable alliance du temporel et du spirituel (la chrétienté), ignorée de nos jours et pourtant si importante : « Car le surnaturel est lui-même charnel, Et l’arbre de la grâce est raciné profond, Et plonge dans le sol et cherche jusqu’au fond».

Chers amis pèlerins, je vous remercie infiniment de votre confiance et de votre engagement au service du Bon Dieu. Notre-Dame de Chrétienté a besoin de vous, de votre enthousiasme, de vos prières pour demain. Un immense merci de rester fidèles et unis comme doivent l’être les membres de la famille des pèlerins de Chartres.

Je proposerai au Conseil d’Administration comme prochain président Philippe Darantière qui saura mener et développer avec force et fidélité notre association. Comme l’avait fait auparavant mon ami Hervé Rolland à qui Notre-Dame de Chrétienté doit beaucoup, je resterai auprès de Philippe au Conseil d’Administration de Notre-Dame de Chrétienté si la prochaine Assemblée Générale en décide ainsi bien évidemment.

Je vous souhaite très chers amis un bon temps de l’Avent, un joyeux Noël fervent, doux et confiant en Notre Seigneur Jésus Christ.

Soyons tous unis par la prière pendant la messe de minuit devant la crèche en pensant aux éprouvés tout autour de nous.

Prions enfin pour le pape, nos évêques, nos prêtres et la Sainte Eglise, en demandant au Saint Esprit d’éclairer et de renforcer notre foi dans la charité.

Notre-Dame de Paris, priez pour nous,
Notre-Dame de Chartres, priez pour nous,
Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous,

Jean de Tauriers

Yannick Neuder nommé ministre délégué à la Santé et de l’Accès aux soins

François Bayrou a dévoilé son gouvernement.

Yannick Neuder, député LR, a été nommé ministre délégué à la Santé et de l’Accès aux soins. En avril 2024, avec 6 autres députés, il avait écrit à la présidente de l’assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, pour dénoncer le manque de données chiffrées dans l’étude d’impact du texte sur l’euthanasie :

« Nous n’avons aucun élément chiffré sur le volet soins palliatifs, ni sur le volet “aide à mourir”. Cela aurait mérité l’esquisse d’un ou plusieurs scénarios ».  « C’est l’angle mort du projet de loi sur la fin de vie ».

Ces lacunes « participent au grand flou qui entoure ce texte » déplorent-ils.

« L’évaluation du nombre de Français qui pourraient avoir recours à l’“aide à mourir” est une question centrale ». « Le gouvernement aurait pu donner une projection, avec une estimation basse et une estimation haute ». « Cela l’aurait obligé à être plus explicite sur l’“aide à mourir” ». « Ce que l’on nous présente comme un nouveau modèle français de la fin de vie s’apparente plutôt à un mélange de ce qui se pratique en Suisse et en Belgique. Or le phénomène est loin d’être marginal dans ces deux pays ».

À l’Assemblée nationale, Yannick Neuder se saisit principalement des sujets de santé, en demandant notamment la réintégration des soignants non-vaccinés contre la Covid-19.

Il dépend de Catherine Vautrin, ministre du travail, de la Santé, des solidarités et des Familles, qui a déjà changé d’avis sur le sujet.

Dominique Greiner, DG de Bayard Presse, s’en prend à Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin pour éviter de se remettre en cause

Dominique Greiner, directeur général de Bayard Presse, a été interrogé dans La Revue des médias de l’INA sur le psychodrame qui a agité le groupe propriétaire de la congrégation des Assomptionnistes. Il déclare notamment :

Bayard se définit comme un éditeur catholique. Sa mission, c’est de servir au dialogue entre la société et l’Église. Faire comprendre à l’Église ce qui se passe dans le monde d’un côté, et expliquer les positions et l’actualité de l’Église dans la société. Et catholique on ne le sera jamais assez. On ne sera jamais assez ouvert, universel ou à l’écoute de tout ce qui se passe. Il faut continuer à s’ouvrir et être conscient de la quête humaine dans le champ des savoirs artistiques.

Foutaises… Pour mémoire, voici ce que déclarait Alban du Rostu suite à la cabale dont il a été victime :

Je n’imaginais pas que ce serait dans un groupe chrétien qu’on me reprocherait d’être chrétien, et dans un groupe qui s’adresse à toute la population qu’on me reprocherait d’avoir travaillé avec un entrepreneur de droite. Être évincé d’un poste contre ma volonté, après un long processus de sélection, la signature d’un contrat de travail et sous la pression de syndicats et d’équipes qui refusent de me rencontrer au prétexte qu’on m’impute les opinions d’autres personnes, n’est-ce pas là de la discrimination? […] Est-il de coutume de reprocher à un candidat à un emploi les opinions politiques de ses précédents employeurs? […] Jamais je n’aurais pu imaginer que ce soit dans un groupe portant haut les valeurs de tolérance et d’ouverture que je puisse subir un tel sectarisme.

Dominique Greiner déclare également :

L’argent corrompt. L’Église catholique se retrouve aujourd’hui en difficulté pour se positionner, notamment face à Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin. Ils polluent le débat par leur puissance économique et financière et promeuvent une forme du catholicisme. Qui n’est que ça : une forme du catholicisme. Très étroite, par ailleurs. […]

Rappelons qu’

  • en 2018, un éditorial de La Croix s’était félicité du résultat du référendum irlandais pro avortement. Notre ami Thibaud Collin en avait fait les frais. La Croix avait même fait un procès à votre blog, que nous avions gagné… La même éditorialiste s’en prenait sur un plateau de télévision à … La Manif Pour Tous.
  • en 2019, nous évoquions un article en faveur de l’euthanasie de Vincent Lambert.
  • en 2020, La Croix a conseillé et mis 3 étoiles à un film faisant la promotion de l’avortement chez les adolecentes.
  • une tribune dans La Croix demandait que Notre-Dame de Paris devienne un musée.

Et Dominique Greiner de se demander :

Si en tant qu’éditeur catholique on n’arrive pas à parler aux catholiques d’aujourd’hui, quelque chose ne va pas. Nos publics ont vieilli avec nous, il faut trouver de nouvelles médiations.

Oui, changeons de journal.

Sur le site du Vatican, les pèlerinages du Jubilé 2025 illustrés avec… le pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté

Au moment où se fait jour la menace d’interdire la messe du pèlerinage de Pentecôte à Chartres, un facétieux du Vatican a illustré les différents pèlerinages organisés pour le Jubilé avec une photo du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté :

«Ces gens qui veulent interdire nos crèches, on devrait leur imposer de travailler le 25 décembre»

Depuis 26 ans, Lucéram (Alpes-Maritimes) se mue en crèche géante pendant huit semaines.

En 1998, le village aux 1200 âmes avait installé 33 crèches provençales, il y en a cette année plus de 450.

«Tout le village est mis à contribution, c’est aussi ce qui fait notre particularité. Tout le monde, ou presque, participe. Le maire lui-même a condamné son escalier pour installer des santons»

«Les polémiques autour du sujet me rendent triste». «On est quand même en droit de défendre nos racines chrétiennes. Il y a une église à Lucéram et sept chapelles, cela veut bien dire ce que cela veut dire. La Laïcité, c’est aussi la tolérance». «Ces gens qui veulent interdire nos crèches, on devrait leur imposer de travailler le 25 décembre». […]

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