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Bioéthique / France : Politique en France / Homosexualité : revendication du lobby gay / Non classifié(e)

Joachim Son-Forget (ex-LREM) : Voulons-nous réellement des enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ?

Joachim Son-Forget (ex-LREM) : Voulons-nous réellement des enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ?

Tribune remarquable de Joachim Son-Forget, député ex-LREM et  ex-PS, donc libre de s’exprimer contre la PMA. Via Valeurs actuelles :

J’ai bien réfléchi avant de savoir si j’allais être un pro ou un anti-procréation médicalement assisté (PMA). J’ai décidé de ne pas m’attarder sur l’intérêt de parents égoïstes, intention incarnée par la formule de « projet parental ». Dans les couloirs du palais Bourbon, on m’opposa même « mais enfin qu’as-tu contre les gens qui s’aiment ? ». Comme si le critère absolu de bonheur pour un enfant était d’avoir été désiré, d’avoir déjà reçu des likes avant même d’avoir existé.

Je me suis demandé qui serait finalement la victime : l’enfant né de PMA et ses questions existentielles ou celui issu de la méthode habituelle et son incompréhension de ne pas bénéficier des dernières avancées biotechnologiques et de ne pas faire partie de l’humanité augmentée qui se sera un peu « libérée » du joug du hasard.

Comme l’a avoué l’air de rien la ministre de la Santé pendant le débat, l’enfant né d’un don a une chance supplémentaire de ne pas être malade. Dans une surenchère mondiale où la PMA deviendrait la norme, cela deviendra d’abord le privilège des plus riches et des plus puissants, puis des classes moyennes supérieures voulant les imiter, puis les Gilets Jaunes du moment demanderont aussi à pouvoir avoir des enfants parfaits. Qui préférerait le cancer précoce qui vous tombe dessus à 50 ans ou la chorée de Huntington qui anéantit soudainement votre système nerveux à l’âge adulte ? La petite loi française ne pourra rien faire pour s’opposer à de telles évolutions de la pratique, d’autant moins qu’elle aura mis le doigt dans l’engrenage, prise au piège des bons sentiments égalitaristes. Pendant que l’eugénisme sera à l’œuvre sur les Français à naître, on nous vantera toujours les bienfaits de la diversité…

La beauté de l’aléa existait encore avec la fécondation in vitro. Avec la PMA, fini. Le diagnostic préimplantatoire actuel n’est que l’avatar d’un eugénisme plus grave encore, qui au début du 20ème siècle, en Suède, en Suisse, au Japon, au Canada, au Danemark, en Allemagne, aux États-Unis, faisait stériliser des handicapés mentaux. Adolf Hitler a tenté de mettre en œuvre cette folie (…)

Tout ce qui est techniquement possible est en principe réalisé par quelqu’un en ce bas monde, quand les considérations éthiques restent grossièrement « un truc de français humanistes », on l’a vu pour le RGPD. Dire oui à la PMA, « et bien sûr non à la GPA » est une illusion. La GPA n’est que le cadet de nos soucis. Nous sommes déjà dans une autre ère. Notre présent, ce sont les reproductions à 3 génomes (celui des parents et l’ADN mitochondrial d’un donneur, réalisé par des chercheurs aux USA en 2016), et les gamètes artificiels issus de cellules souches permettant de donner naissance à des modèles animaux de souris. Dans notre futur proche, nous n’échapperons pas non plus à la recherche des allèles dangereux, sous prétexte d’éviter à des demi-frères et sœurs qui s’ignorent de s’accoupler.

Ainsi, demain la victime pourrait être l’enfant « naturel », regardé comme un être inférieur par les autres, et reprochant à ses parents de l’avoir fait naître avec un handicap dans la vie : celui de l’aléa, celui des tares qui n’auront pas été prévenues par ses parents.

Mais revenons à la vie intérieure, à l’amour et au bonheur si chers aux pro-PMA pour toutes, puisque c’est sur ce terrain dégoulinant qu’on a voulu nous laisser en hémicycle. Se sont-ils mis une fois à la place des enfants dont ils parlent ? Acclamant une vision essentialiste et marxiste, réduisant l’individu à une construction et faisant fi de la biologie et de son bagage génétique, ils pensent les gamètes comme un simple véhicule et un bien commun à partager, mais ils ne donnent pas les leurs pour autant.

Je leur ai opposé ma vérité : moi JSF, né en Corée du Sud de parents coréens, adopté français par un couple caucasien, ma réalité génétique est un fait, que le miroir et les autres m’ont toujours renvoyé, dans ma chère Haute-Marne où j’ai grandi 17 années de ma vie. Je connais mon village de Marnay sur Marne et la forêt qui l’entoure comme ma poche certes et « je me sens bien du coin ». Mais je reste avec une morphologie asiatique. J’étais plus souple pour les arts martiaux. Mes yeux étaient bridés. Si un groupe de coréens me croise, il sait que je le suis quand bien même je me sens français. Les faits sont têtus.

(…) Grandir dans une famille sans vraisemblance biologique de parentalité (novlangue pour dire que vous n’avez pas l’air d’être le fils de vos parents) n’est pas facile. Les questions existentielles du jour le jour d’un enfant qui ne connaît pas son ascendance sont douloureuses ; le regard de l’autre qui vous pense plus faible compte bien sûr pour vous enfermer dans ce schéma du « ah ça doit être dur », mais il n’y a pas que cela. Vous tournez autour du pot de vos origines et les approchez par des moyens détournés (je m’intéressais au Japon et à la Chine). Vous les rejetez en allant chercher d’autres cultures où le lien familial patriarcal ou matriarcal est fort pour chercher une solution de substitution (je me suis intéressé fortement aux cultures balkaniques, du Proche et du Moyen-Orient, à la mystique chrétienne et au judaïsme). Vous pouvez faire votre propre famille biologique, parfois tôt (j’ai eu la chance d’avoir mon premier enfant à 23 ans, beau garçon brillant de bientôt 13 ans aujourd’hui, mais les conditions familiales entre moi et sa maman n’étaient pas suffisamment solides pour une telle décision). J’ai toujours eu une fascination pour les grandes familles françaises aristocrates, pour celles qui ont fait l’histoire de France, avec des particules à l’envi. Même quand ils n’apprécient pas leurs familles, eux ont le choix de revendiquer leurs titres ou de laisser leur chevalière dans la table de nuit ; un enfant né sans père n’a pas d’autre option que l’ignorance.

Voulons-nous réellement faire venir au monde de enfants qui naissent sans savoir d’où ils viennent ? Ceux qui veulent un enfant, parce que « j’y ai droit comme tout le monde », ne savent pas ce qu’est la souffrance d’un enfant qui cherche à qui il ressemble. Les parents adoptifs sont une construction sociale, les parents biologiques ne le sont pas, qu’on le veuille ou non. Cette construction sociale peut être une belle histoire, elle l’est souvent, elle n’en est pas moins un chemin très difficile. On se demande au passage pourquoi les facilités d’accès à l’adoption n’ont pas été d’abord discutées avant tout dans le débat parlementaire français. A moins que les gènes comptent finalement plus qu’ils ne le disent à celles qui veulent des enfants toutes seules ou en couples de femmes ? (…)

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4 commentaires

  1. “Comme l’a avoué l’air de rien la ministre de la Santé pendant le débat, l’enfant né d’un don a une chance supplémentaire de ne pas être malade.”
    Sauf que, semble-t-il, “l’enfant né d’un don” subit un handicap sérieux dont “on” se garde bien de parler: “Une étude australienne*, publiée dans la revue Pediatrics, suggère que les parents qui utilisent les technologies de reproduction telles que la FIV ont plus de risques d’avoir des enfants atteints de handicaps ou de déficiences intellectuels que ceux dont les enfants ont été conçus naturellement.”
    *https://www.reuters.com/article/us-health-assistedrepro-disability/assisted-reproduction-tied-to-risk-of-intellectual-disabilities-in-kids-idUSKCN1NK2WZ?feedType=RSS&feedName=healthNews&utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+reuters%2FhealthNews+%28Reuters+Health+News%29
    (résumé en français http://www.genethique.org/fr/plus-de-deficiences-intellectuelles-chez-les-enfants-nes-de-pma-70709.html)
    C’est curieux, on veut des tomates de pleine terre, des fruits bio, mais des enfants “cultivés hors sol avec des semences présélectionnées”?

  2. Analyse surprenante, mais très intéressante, de la part de M. Joachim Son-Forget. Il ne nous avait pas habitué à ce genre de discours, mais, comme Mme Thill, sa radiation des godillots de la République, il a ouvert les yeux et a fait sa révolution copernicienne. Les résultats sont à saluer.

  3. Son témoignage vaut plus que toutes les ratiocinations sur le sujet. Ecoutons-le. Tous à la manifestation du 6 Octobre!

  4. Merci Monsieur pour votre courage, pour cet exposé remarquable et pour votre très beau témoignage qui m’a beaucoup émue. Bravo. Courage, la France a besoin de gens comme vous, tenez bon !!!
    je vous assure de ma prière. Claire

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